La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Partie 1/Cordoue

De Wicri Chanson de Roland
Fig. 11. — Les messagers païens descendent de leurs mules. — Et saluent Charles... (Vers 120, 121.) (Composition de Zier.)
A Cordoue
Conseil tenu par Charlemagne

Dans la ville de Cordres, ici traduite par Cordoue, Charlemagne réunit ses conseillers pour examiner les propositions portées par les messagers de Marsile.

Avant propos

Cordres ou Cordoue, le lieu dans lequel se déroule ce conseil est source de discussions.

Dans le chapitre précédent, une note montre l'évolution de Léon Gautier sur le sujet.

laisses 
VIII IX
X XI XII XIII XIV
XV XVI XVII XVIII XIX
XX XXI XXII XXIII XXIV
XXV XXVI XXVII XXVIII XXIX
Pour voir les 


Notes originales
   



Les couplets (laisses)

VIII

Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 54.jpg
O. => VIII
L’Empereur se fait tout joyeux et est de belle humeur.
Il a pris Cordoue, il en a mis les murs en pièces,
Avec ses machines il en a abattu les tours ;
Ses chevaliers y ont fait un butin abondant
 100  D’or, d’argent, de riches armures.
Dans la ville il n’est pas resté un seul païen
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 55.jpg
Qui ne soit forcé de choisir entre la mort et le baptême…
Le roi Charles est dans un grand verger ;
Avec lui sont Roland et Olivier,
 105
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 56.jpg
Le duc Samson, le fier Anséis,
Geoffroi d’Anjou, qui porte le gonfanon royal,
Gerin et son compagnon Gerier
Et, avec eux, beaucoup d'autres ;
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 57.jpg
Hommes barbus et vieux[NDLR 1]
Quinze mille chevaliers qui sont des Français de France.
 110  Ils sont assis sur des tapis blancs,
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 58.jpg
Et, pour se divertir, jouent aux tables :
Les plus sages, les plus vieux jouent aux échecs,
Et les bacheliers légers à l’escrime…
Sous un pin, près d’un églantier,
 115  Est un fauteuil d’or massif :
C’est là qu’est assis le roi qui tient douce France.
Sa barbe est blanche et son chef tout fleuri ;
Son corps est beau, et fière est sa contenance.
À celui qui le veut voir il n’est pas besoin de le montrer.
 120  Les messagers païens descendent de leurs mules,
Et saluent Charles en tout bien, tout amour. [Aoi]

IX

O. => IX
Blancandrin, le premier, prend la parole,
Et dit au Roi : « Salut au nom de Dieu,
« Du Glorieux que vous devez adorer !
 125 
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 59.jpg
« Voici ce que vous mande le roi Marsile, le vaillant :
« Après s'être bien enquis de votre loi, qui est la loi du salut,
« Il veut largement partager ses trésors avec vous.
« Vous aurez des lions, des ours, des lévriers enchaînés,
« Sept cents chameaux, mille autours après la mue,
 130 « Quatre cents mulets chargés d’argent et d’or,
« Tout ce que peuvent porter cinquante chars.
« Vous aurez tant et tant de besants de l’or le plus fin,
« Que vous pourrez enfin payer tous vos soldats.
« Mais il y a trop longtemps que vous êtes en ce pays,
 135 « Et vous n’avez plus qu’à retourner en France, à Aix.
« Mon maître vous y suivra ; c’est lui-même qui vous le promet. »
« Et il recevra votre loi
« Il y deviendra, mains jointes, votre vassal
« Et tiendra de vous le royaume d'Espagne. »
L'Empereur élève alors ses deux mains vers Dieu;
Il baisse la tête et commence à penser.    [Aoi]

X

Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 60.jpg
O. => X
L'Empereur demeurait là, tète baissée ;
140     Car jamais sa parole ne fut hâtive,
Et sa coutume est de ne parler qu'à loisir.
Quand enfin il se redressa, très fier était son visage :
« Vous avez bien parlé, » dit -il aux messagers.
« Cependant le roi Marsile est mon grand ennemi.
145 « Ces paroles que vous venez de prononcer,
« En quelle mesure puis-je m'y fier ?
« — Vous aurez de bons otages, » répond le Sarrasin ;
« Nous vous en donnerons dix, quinze, vingt,
« Mon fils sera du nombre, dût-il y périr ;
150 « Et vous n'en aurez pas de plus nobles.
« Lorsque vous serez de retour en votre palais seigneurial ,
« A la grande fête de saint Michel du Péril,
« Mon maître, c'est lui qui vous le promet, vous suivra
« A vos eaux d'Aix, que Dieu a fait jaillir pour vous,
155 « Et là consentira à devenir chrétien.
« — C'est ainsi, » répond Charles, « qu'il pourra encore se sauver.    [Aoi]

XI

O. => XI
Le jour fut beau, et commençait à décliner.
Charles fait conduire les dix mules dans ses étables;
Puis , dans le grand verger, fait tendre un pavillon
160 Et y donne l'hospitalité aux dix messagers :
Douze sergents en prennent soin ;
Jusqu'au jour clair ils y passent la nuit...
L'Empereur se lève de grand matin.
Charles entend messe et matines ;
165     Puis va s'asseoir sous un pin,
Et mande ses barons pour tenir son conseil :
Car il ne veux rien faire sans ceux de France.   Aoi.

XII

Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 51.jpg
O. => XII
L'Empereur va sous un pin,
Et mande ses barons pour tenir son conseil
170     C'est le duc Ogier et l'archevêque Turpin ;
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 62.jpg
C'est Richard le Vieux et son neveu Henri ;
C'est le brave comte de Gascogne, Acelin ;
C'est Thibaud de Reims et son cousin Milon.
Gerier et Gerin y sont aussi,
175     Et le comte Roland y est venu avec eux,
Suivi du noble et vaillant Olivier.
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 63.jpg
Il y a là plus de mille Français de France.
On y voit aussi Ganelon, celui qui fit la trahison.
Alors commence ce conseil de malheur. Aoi.

XIII

180  
O. => XIII
« Seigneurs barons , dit l'empereur Charles ,
« Le roi Marsile vient de m'envoyer ses messagers.
« Il me veut donner une large part de ses richesses,
« Des lions, des ours, des lévriers enchaînés,
« Sept cents chameaux, mille autours après leur mue,
185   « Quatre cents mulets chargés d'or arabe ,
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 64.jpg
« Plus de cinquante chars tout chargés.
« Mais il y met cette condition : c'est que je retourne en France.
« Il s'engage à me rejoindre dans mon palais d'Aix,
« Pour y recevoir notre loi, qui est la loi du salut.
190   « Il se fera chrétien et tiendra de moi ses Marches.
« Mais en a-t-il vraiment l'intention, voilà ce que je ne sais pas.
« — Prenons bien garde , » s'écrient les Français. Aoi.

XIV

O. => XIV
L'Empereur a fini son discours.
Le comte Roland, qui point ne l'approuve,
195   Se lève, et, debout, parle contre son oncle :
« Croire Marsile serait folie, » dit-il au Roi.
« Il y a sept grandes années que nous sommes entrés en Espagne.
« Je vous ai conquis Commible et Nobles ;
« J'ai pris Valtierra et la terre de Piña,
200   « Avec Balaguer, Tudela et Séville.
« Mais, quant au roi Marsile, il s'est toujours conduit en traître.
« Jadis il vous envoya quinze de ses païens,
« Portant chacun une branche d'olivier,
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 65.jpg
« Et qui vous tinrent le même langage.
205   « Vous prîtes aussi le conseil de vos Français,
« Qui furent assez fous pour être de votre avis.
« Alors vous envoyâtes au païen deux de vos comtes :
« L'un était Basan , l'autre Basile.
« Que fit Marsile? Il prit leurs têtes, là-haut, dans les montagnes au-dessous de Haltoïe.
210   « Faites la guerre, comme vous l'avez entreprise;
« Conduisez sur Saragosse votre armée;
« Mettez-y le siège, dût-il durer toute votre vie,
« Et vengez ceux que le félon Marsile a fait mourir. » Aoi.

XV

O. => XV
L'Empereur tient la tête baissée.
215   Il tourmente sa barbe et tire sa moustache ;
A son neveu ne répond rien, ni bien ni mal.
Tous les Français se taisent, tous, excepté Ganelon.
Ganelon se lève, s'avance devant Charles,
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 66.jpg
Et très fièrement commence son discours :
220   « Vous auriez tort d'en croire les fous , » dit-il au Roi ,
« Les autres ou moi ; n'écoutez que votre avantage.
« Quand le roi Marsile vous fait savoir
« Qu'il est prêt à devenir, mains jointes, votre vassal;
« Quand il consent à tenir toute l'Espagne de votre main
225   « Et à recevoir notre foi ,
« Celui qui vous conseille de rejeter de telles offres
« N'a guère souci de quelle mort nous mourrons.
« Conseil d'orgueil ne doit pas l'emporter plus longtemps.
« Laissons les fous, et tenons-nous aux sages. » Aoi.

XVI

230  
O. => XVI
Naimes alors s'avance à son tour :
Il avait la barbe blanche et tout le poil chenu;
Dans toute la cour il n'est pas de meilleur vassal.
« Vous l'avez entendue, » dit-il au Roi,
« La réponse du comte Ganelon.
« Sage conseil, pourvu qu'il soit suivi!
235   « Le roi Marsile est vaincu dans la guerre.
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 67.jpg
« Vous lui avez enlevé tous ses châteaux,
« Vos machines ont brisé tous ses murs ;
« Vous avez brûlé ses villes, vous avez battu hommes.
« Or il ne vous demande aujourd'hui que d'avoir pitié de lui.
240   « Ce serait péché que d'exiger davantage,
« D'autant que par ses otages il vous offre toute garantie.
« Vous n'avez plus qu'à lui envoyer un de vos barons,
« Car il est temps que cette grande guerre prenne fin. »
Tous les Français de dire alors : ce Le Duc a bien parlé. » Aoi.

XVII

O. => XVII
« Seigneurs barons, quel messager pourrons-nous envoyer
245   « Vers le roi Marsile à Saragosse?
« — J'irai, si vous le voulez bien, » répond le duc Naimes.
« Donnez -moi sur-le-champ le gant et le bâton.
« — Non, » répond le Roi, « vous êtes un homme sage.
« Par la barbe et les moustaches que voici,
250   « Vous n'irez pas à cette heure aussi loin de moi.
« Rasseyez-vous, je vous l'ordonne. » Aoi.

XVIII

O. => XVIII
« Seigneurs barons, quel messager pourrons-nous envoyer
« Vers le Sanasin qui règne à Saragosse?
« — J'y puis fort bien aller, » s'écrie Roland.
255   « — Non, certes, répond le comte Olivier.
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 68.jpg
« Vous avez un cœur trop ardent et farouche;
« J'aurais souci pour vous d'une méchante affaire
« J'irai plutôt s'il plaît au Roi. »
L'Empereur baisse la tête :
« Taisez-vous tous les deux, » répondit-il;
260   « Vous n'y mettrez les pieds ni l'un ni l'autre.
« Par cette barbe blanche que vous voyez,
« J'entends qu'on ne choisisse aucun des douze pairs. »
Les Français se taisent; les voilà cois. Aoi.

XIX

O. => XIX
Turpin de Reims se lève, sort de son rang,
Et interpelle Charles de sa grande et haute voix :
265   « Beau sire roi, laissez en paix vos Francs.
« Vous êtes depuis sept ans dans ce pays,
« Et vos barons n'y ont eu que travaux et douleurs.
« C'est à moi, Sire, qu'il faut donner le gant et le bâton.
« J'irai trouver le Sarrasin d'Espagne,
270   « Et lui dirai un peu ma façon de penser. »
L'Empereur, plein de colère, lui répond :
« Par cette barbe, vous n'en ferez rien;
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 69.jpg
« Allez vous rasseoir sur ce tapis blanc,
« Et ne vous avisez plus de parler, à moins que je ne vous l'ordonne. » Aoi.

XX

O. => XX
« Chevaliers francs , » dit l'empereur Charles ,
275   «. Élisez-moi un baron de ma terre,
« Qui soit mon messager près de Marsile ,
« Et qui, au besoin, puisse se battre comme il faut.
« — Eh ! » dit Roland , « ce sera Ganelon , mon beau-père ;
« Si vous le laissez ici, vous n'en enverrez point de meilleur.
« — Il s'en acquitterait fort bien, » s'écrient tous les Français.
« Et, si le Roi le veut, il est trop juste qu'il y aille. » Aoi.

XXI

O. => XXIV
280 [NDLR 2]  « Ganelon, » dit le Roi, avancez près de moi
« Pour recevoir le bâton et le gant.
« C'est la voix des Francs qui vous désigne : vous l'avez entendu.
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 70.jpg
« — Non , » répond Ganelon , « tout cela est l'œuvre de Roland.
« Et plus jamais je ne l'aimerai de ma vie.
285   « Et je n'aimerai plus Olivier, parce qu'Olivier est son ami.
« Et je n'aimerai plus les douze Pairs, parce qu'ils l'aiment.
« Et là, sous vos yeux, Sire, je leur jette mon défi.
« — C'est trop de colère, » dit le Roi.
« Puisque je l'ordonne, vous irez.
290   « — J'y puis aller, mais c'en est fait de moi,
« Comme jadis de Basile et de son frère Basan. » Aoi.

XXII

O. => XXIII
« Je vois bien, » dit Ganelon, «. qu'il me faut aller à Saragosse.
« Qui va là-bas n'en revient point.
« Sire, n'oubliez pas surtout que votre sœur est ma femme.
295   « J'en ai un fils; on ne pourrait trouver de plus bel enfant.
« C'est Baudouin, qui, s'il vit, sera un preux.
« Je lui laisse mes terres et mes fiefs;
« Gardez-le bien; car je ne le reverrai plus de mes yeux.
« — Vous avez le cœur trop tendre, » lui répond Charles.
300   « Puisque je vous L'ordonne, il faut y aller. » Aoi.

XXIII

O. => XX v. 280
Le comte Ganelon en est tout plein d'angoisse :
Il rejette de son cou ses grandes peaux de martre ,
Et reste avec son seul bliaud de soie.
Il a les yeux vairs et très fier le visage;
305  
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 71.jpg
Son corps est tout gracieux, larges sont ses côtés;
Ses pairs ne le peuvent quitter des yeux , tant il est beau .
« Fou, » dit-il à Roland, « pourquoi cette rage?
« On le sait assez que je suis ton beau-père.
« Ainsi tu m'as condamné à aller vers Marsile !
310   « C'est bien; mais si Dieu permet que j'en revienne,
« J'attirerai sur toi tel deuil et tel malheur,
« Qui dureront autant que ta vie.
« — Orgueil et folie, » répond Roland.
« On sait trop bien que je ne prends nul souci des menaces.
315   « Mais, pour un tel message, il faut un homme sage.
« Et, si le Roi le veut, je suis prêt à le faire à votre place. » Aoi.

XXIV

O. => XXI
« Tu n'iras point à ma place, » dit Ganelon.
« Tu n'es pas mon vassal, et je ne suis point ton seigneur.
« Charles ordonne que je fasse son service :
320   « J'irai donc à Saragosse , vers Marsile ; « Mais j'y ferai quelque folie
« Pour soulager ma grande colère. »
Lorsque Roland l'entend, il commence à rire. Aoi.

XXV

O. => XXII
Quand Ganelon voit que Roland rit de lui,
325   Il en a telle douleur, que, de colère, son cœur est tout près de se fendre.
Peu s'en faut qu'il n'en perde le sens;
« Je ne vous aime pas, » dit-il au comte Roland:
« Vous avez fait sur moi tomber ce choix injuste.
« Droit Empereur, me voici devant vous,
330   Tout prêt à remplir votre commandement. Aoi.

XXVI

« Beau sire Ganelon, » lui dit Charles, « écoutez :
« Vous allez, je le sais, partir pour ce message.
« Vous direz de ma part à Marsile
« Qu'il devienne, mains jointes, mon vassal,
« Et qu'il ait à recevoir le saint baptême.
« Je lui veux donner en fief la moitié de l'Espagne ;
« L'autre moitié sera pour Roland le baron.
« Si Marsile ne veut pas accepter cet accord,
« Sous les murs de Saragosse j'irai mettre le siège,
« Je le ferai prendre et lier de force.
« On le mènera tout droit à Aix, siège de l'Empire;
« Un jugement y finira sa vie,
« Et il y mourra en grand deuil et en grande honte.
« Prenez donc cette lettre, qui est munie de mon sceau,
« Et remettez-la au païen dans le 'poing droit. Aoi.

XXVII

L'Empereur tend à Ganelon le gant de la main droite ;
Mais le comte voudrait bien n'être point là.
Comme il va pour le saisir, le gant tombe par terre.
« Dieu! " s'écrient les Français , « que va-t-il arriver?
335   « Ce message sera pour nous la cause de grands malheurs.
« — Vous en saurez des nouvelles, » leur répond Ganelon. Aoi.

XXVIII

O. => XXVI
Ganelon dit à l'Empereur : « Donnez-moi congé, Sire;
« Puisqu'il faut y aller, je n'ai plus de temps à perdre.
« — Allez, » dit le Roi, « pour l'honneur de Jésus et pour le mien. »
340   Et, de sa main droite, il fait sur Ganelon le signe
de la croix; il lui donne l'absolution,
Puis lui remet le bâton et la lettre. Aoi.

XXIX

Le comte Ganelon s'en va dans sa maison
Et se prend alors à revêtir ses armes,
Les meilleures qu'il y peut trouver.
345   A ses pieds il fixe les éperons d'or,
A son côté ceint Murgleis, son épée,
Et monte sur son destrier Tachebrun.
Son oncle Guinemer lui tient l'étrier.
Que de chevaliers vous eussiez vus pleurer !
350   Et tous : « O baron, » lui disent-ils, « quel malheur pour vous !
« 11 y a si longtemps que vous êtes à la cour du Roi
« Et que l'on vous y tient pour un noble vassal !
« Quant à celui qui vous a désigné pour aller là-bas,
« Charlemagne lui-même ne saura le défendre.
355   «. Jamais le comte Roland n'eût dû avoir une telle pensée :
« Car vous êtes d'un si haut parentage ! »
Puis : « Seigneur, » lui disent-ils, « emmenez-nous.
« — A Dieu ne plaise, » répond Ganelon.
« — Tant de bons bacheliers mourir! non, plutôt mourir seul.
360   « Vous, seigneurs, retournez en douce France.
« Saluez ma femme de ma part :
« Saluez aussi Pinabel, mon ami et mon pair,
« Et mon fils Baudouin, que vous savez.
« Défendez-le bien, et gardez-lui son fief. »
365   Alors Ganelon entre en sa voie, et s'achemine vers Saragosse. Aoi.

Notes originales

104. Roland

Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 55.jpg

104.↑ Roland. Roland, dans toute notre légende épique, est représenté comme le neveu de Charlemagne...

104. Olivier

104.↑ Olivier. Olivier est le fils de Renier de Gennes...

105. Le duc Samson

105.↑ Le duc Samson. Ce personnage est compté au nombre des douze Pairs ;

1° par la Chanson de Roland ;
2° par la Karlamagnus Saga (histoire islandaise de Charlemagne ; XIIIe siècle) ;
3° par les Remaniements de notre Roland (XIIIe siècle; manuscrits de Paris, de Venise, de Cambridge, etc.);
4° par Gui de Bourgogne (xn e siècle),
5° par la Chronique de Weihenstephan (le manuscrit est du xv e siècle, et l'original du xiv e );
et 6° par L'Entrée en Espagne (xm e -xiv e siècle).

Il est partout représenté comme duc de Bourgogne ; et c'est le père de Gui de Bourgogne.

L'auteur de notre Roland le fait mourir à Roncevaux (v. 1535) de la main du païen Valdabrun.

105. Anséis

105.↑ Anséis. Il s'agit ici d'Anséis « le Vieux » (v. 796). Il est mis au nombre des douze Pairs par la Chanson de Roland, par les Remaniements de Paris, de Venise, de Cambridge, etc., par la Chronique de Weihenstephan, par L'Entrée en Espagne et par Ottinel (XIIe siècle). Il ne faut pas le confondre avec Anséis le Jeune, ou Anséis de Carthage, personnage purement imaginaire et qui n'a rien de traditionnel. Ce dernier est le héros d'un poème de notre décadence épique où il est représenté comme le successeur de Roland et comme le premier roi d'Espagne après les grandes représailles de Charles contre les Sarrasins.

106. Geoffroi d'Anjou

106.↑ Geoffroi d’Anjou, qui porte le gonfanon royal.

Le gonfanon de Charlemagne n'est autre que la bannière de saint Pierre ou des Papes. De là son nom de Romaine : Saint Pierre fut; si aveit non Romaine ; mais notre poète nous dira plus loin que, depuis la grande bataille de Saragosse, cette enseigne s'appela Munjoie.

Voir la note du v. 3095.

107. Gerin... Gerier

107.↑ Ils sont compris au nombre des douze Pairs par la Chanson de Roland, par les Remaniements de Paris et de Cambridge, par la Karlamagnus Saga, etc.

Gérin seul est conservé par l'auteur d'Ottinel et par celui du Voyage à Jérusalem.

111. Ils jouent aux tables

111.↑ Ils jouent aux tables.

Le jeu des tables (c'est le tric-trac), et, plus encore, celui des échecs tiennent une très grande place dans nos romans ; c'est par excellence le jeu des barons.

Une partie d'échecs est la péripétie principale d'une de nos plus anciennes chansons, d'Ogier le Danois. Le fils d'Ogier, Baudouinet, joue aux échecs avec Charlot, le fils de Charlemagne ; il gagne la partie. Charlot, furieux d'avoir été échec et mat en quelques coups, se précipite sur son adversaire et, d'un coup d'échiquier, Le tue sur place. De là toute la guerre de Charlemagne contre Ogier.

Dans Renaus de Montauban, même épisode. La lutte entre les fils d'Aimon el le grand Empereur a pour cause ou pour prétexte une partie d'échecs, à la Suite de laquelle le neveu de l'Empereur, Bertolais, est tué par Renaud. (Édit. Michelant, p. 51.)

Voyez dans le Saint Martin de M. Lecoy de la Marche (p 38.), la représentation d'un pion pour jeu de tables ; nous le reproduisons ci dessous.

Chanson de Roland Gautier 1895 page 58 fig.png

118. Son corps est beau

118.↑ Son corps est beau.

S'il faut en croire la Chronique de Turpin, le grand Empereur avait huit pieds de haut. Sur ses deux mains il élevait un cavalier armé et brisait aisément trois ou quatre fers à cheval. Tous nos poètes ont célébré la barbe blanche de Charles, ses yeux extraordinairement ardents et sa terrible regardeïre. Et tout le moyen âge a eu peur de ce regard, semblable à cet évèque dont parle le moine de Sainl-Gall, sur lequel l'Empereur jeta seulement un coup d'œil et qui fut soudain foudroyé. Cf. Nos Épopées françaises, 2 e édition, II, 121.

124. Le Glorieux

124.↑ Le Glorieux. On pourrait aisément composer une théodicée d'après les seuls textes de nos Chansons de geste. La spiritualité de Dieu est, de tous ses attributs, relui que nos poètes ont mis le plus volontiers en lumière, et l'épithète qu'ils accolent le plus souvent au mot « Dieu » est celle-ci : « Dieu qui est un pur esprit, Dex l'espirital. » C'était là une protestation contre la pluralité des anciens dieux et contre leur matérialité grossière.

Dans la Chanson de Roland et dans la plupart de nos autres poèmes, Dieu est encore qualifié de glorieux, et par ce mot il faut à la fois entendre la suprême béatitude, la suprême puissance . la suprême invincibilité.

On peut rapprocher de cette expression les suivantes, qui sont à peu près synonymes : Le Dieu de majesté, le Roi du monde, le Dieu du paradis, le Roi très grand qui est au-dessus de nous.»

Les autres attributs de Dieu ne sont pas d'ailleurs exprimés avec moins de clarté.. Le Dieu de nos épopées est tout-puissant. Il est éternel, et à tout instant nos poètes s'écrient : Cil Damedex qui fut, est et qui iert. Mais le titre que les trouvères se plaisent surtout à lui décerner, c'est celui de « créateur » : Par Deu le créateur. — Par Deu qui tout forma. — Qui fist pluie et gelée. — Qui fist la rose en mai. — Qui nos fist à s'image, etc. etc. Rien n'était en réalité plus utile que de telles épithètes si souvent répétées, puisque le dogme de la création avait été méconnu de toute l'antiquité païenne. Et tel est le point de vue pratique et élevé auquel on doit surtout considérer nos anciens poèmes.

166. Conseil

Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 61.jpg

Près de l'Empereur ou du Roi frank se tient toujours, dans nos chansons, un conseil dont l'origine est germaine. Les Cours plénières de nos romans rappellent les Champs de mai. Mais il faut distinguer entre la « Cour plénière » et le « Conseil « proprement dit. Dans le Conseil , l'Empereur prend encore l'avis de ses barons, mais n'est aucunement forcé de le suivre. Ln d'autres termes, les conseillers n'ont ici qu'une autorité toute consultative, et c'est au Roi seul qu'appartient la décision. Le Conseil, d'ailleurs, semble se transformer plus d'une fois en haute cour, quand il s'agit de juger un des hommes du roi : c'est l'ancien placitum palatii; c'est le tribunal qui, à la fin de notre poême, jugera le traître Ganelon.

170. Ogier

Ogier le Danois, un dos plus célèbres héros de notre épopée nationale. Il est fils de Geoffroi, roi de Danemark, qui est forcé de le laisser en otage à la cour de Charlemagne. Les ambassadeurs du roi de France ayant été insultés par Geoffroi, Ogier est condamné à mort et va périr, lorsqu'on se décide soudain à une grande expédition en Italie. Le Danois devient rapidement le héros de l'armée française : il est vainqueur, dans un double combat, de Caraheu et de Brunamont, et, grâce à lui, Charles peut l'aire son entrée à Rome. (Chevalerie Ogier, poème du XIIe siècle, attribué à Raimbert de Paris, vers 174-3102.) Ogier est devenu le favori du roi de France, lorsqu'un jour, dans une parties d'échecs dont nos épopées ont tant abusé, son fils, Baudouinet, est tué par le fils de l'Empereur, par Charlot (v. 3152-3180.) De là une haine irréconciliable du Danois contre le roi de France. Il veut tuer Charlot, et, sur le point de tomber aux mains de ses ennemis, se réfugie à la cour du roi Didier, à Pavie. Charles déclare la guerre au Lombard, et lui livre une formidable bataille où Ogier fait en vain des prodiges de valeur (v. 3181 - 5838). C'est alors qu'a lieu ce fameux siège de Castelfort, qui a été si populaire durant tout le moyen âge. Ogier, affamé et tout près de succomber, parvient à s'ouvrir un chemin; mais, de nouveau poursuivi, il est fait prisonnier, et le voilà captif à Reims (v. 5884 - 9424). Charles l'y veut laisser mourir de faim, mais une invasion des Sarrasins le force un jour à faire un nouvel appel au courage du Danois, qui se bat contre le géant Bréhus et sauve la France (v. 9425-12969). Il reçoit en récompense le Comté de Hainaut , e1 y meurt en odeur de sainteté (v. 12970-13042).

Toute cette légende d'Ogier s'est formée en même temps que celle de Roland, et remonte par conséquent aux VIIIe IXe siècles.

Ajoutons qu'Ogier n'est pas mis dans noire poème au rang des douze Pairs , mais qu'il reçoit cet honneur dans le Voyage à Jérusalem, Gui de Bourgogne, Renaus de Montauban, Fierabras, Ottinel et l'Entrée en Espagne.

170. Turpin

170.↑ - Il y a eu un véritable archevêque de ce nom, lequel vécut sur le siège de Reims,[...] Mais le Turpin de nos épopées présente des traits que l'histoire n'a point fournis. [...]

171. Richard

172. Acelin

Acelin est nommé une autre fois, au vers 2882, où l'on voit qu'il ne faisait point partie de l'arrière-garde. Il est un de ceux qui soutiennent l'Empereur dans leurs bras, alors qu'il tombe en pâmoison devant le corps inanimé de Roland.

173. Thibaud de Reims

173.↑ Thibaud de Reims est un des comtes qui seront plus tard chargés par l'Empereur de garder les corps des héros morts à Roncevaux. Alors, comme ici, son nom est associé' à celui de Milon (v. 2433). C'est à lui qu'est confié, lors de la grande bataille contre Baligant, le commandement du sixième corps (v. 3058).

Ce nom de « Thibaud de Reims » a-t-il pénétré dans la légende de Roland à l'époque où régnait le premier comte de Champagne de ce nom (année 1063) ? Nous ne le pensons pas, parce que Reims ne faisait point partie du comté de Champagne.

Milon est un de ceux qui sont chargés de conduire sur des carettes les corps d'Olivier, de Turpin et de Roland i v. 2971 ). Dans les Remaniements du Roland, il est un des messagers que Charles envoie à sa sœur Gille.

178. Ganelon

178.↑ Ganelon n'a dans le Roland qu'une vie individuelle, el sa famille n'y est pas constituée à l'état de geste. Il en est à peu près de même de l'Entrée en Espagne, où il est encore montré sous les traits d'un baron courageux et loyal ; et de la Prise de Pampelune , où il est déjà, au contraire, dénoncé comme un traître. C'est à son instigation que, d'après ce poème traditionnel, Basin et Basile sont envoyés comme ambassadeurs à la cour du roi Marsile, et c'est lui qui tente de faire assassiner par les païens un troisième messager, nommé Guron.

Mais quand nos épiques furent atteints de la monomanie cyclique ; en d'autres tenues, quand ils voulurent classer tous leurs personnages en des familles distinctes, ils imaginèrent de faire de Ganelon le fils de Griffon d'Hautefeuille , qui lui-même fut présenté comme le troisième fils de Doon de Mayence. Voilà donc Ganelon installé dans cette geste de Doon qui, avec celles du Roi et de Garin de Montglane, est une de nos trois grandes Gestes : et de là vient ce nom de Mayençais qui fut donné aux traîtres de nos romans. On ne s'arrêta pas en si beau chemin ; l'auteur de Jourdain de Blaives (XIIe siècle) alla jusqu'à créer décidément une quatrième geste, « celle des traîtres, » et l'auteur de Parise la duchesse (XIIe siècle) énuméra avec quelque complaisance les « douze traîtres » de la race de Ganelon. Voir Gaufrey, édit. Guessard, vers 3999 et suivants ; Renaus de Montauban, édit. Michelant, pp. 421-442, etc. Cf. la Noie de notre première édition, II , PP. 78-81.

198. Nobles

198.↑ Nobles. Ce n'est pas Constantinople, comme l'a cru Génin; ce n'est point Grenoble, comme le suppose un des continuateurs du faux Turpin ; et nous ne saurions davantage admettre, avec M. P. Raymond, qu'il s'agisse ici d'Orthez, dont l'ancien château a porté le nom de Nobile. A coup sur, Nobles ou Noples est en Espagne.

Le plus ancien récit auquel ait donné lieu la prise de celle ville, et qui soit parvenu in extenso jusqu'à nous, est celui de la Karlamagnus Saga (XIIIe siècle) : Olivier et Roland s'emparent de Nobles sur l'ordre exprès de Charlemagne ; ils mettent à mort le roi Fouré , que l'Empereur leur avait commandé d'épargner, et cherchent, mais en vain, à effacer la trace de ce sang injustement répandu. Charles, malgré tout, s'aperçoit de la désobéissance de son neveu, et lui donne alors ce coup de gant sur le visage qui est resté si célèbre dans notre légende épique (1re branche de la Saga, 51, 52). (Cette version est la seule qui nous permette de saisir le sens des vers 1775-1779) de notre Roland :

Ja priai li Noples seinz la vostre cumant;
Puis od les ewes lavât les prez de l' sanc :
Pur ço le fist ne fust aparissant.

Un autre récit nous est fourni par l'Entrée en Espagne (XIIIe -XIVe siècles) : Nous y voyons Roland abandonner son oncle au milieu d'une grande bataille contre les Sarrasins et s'échapper avec les onze autres Pairs, pour s'en aller conquérir Nobles. C'est au retour de cette équipée qu'il est frappé par Charles , quitte le camp français et fait son voyage en Orient, (Voir le manuscrit fr.XXI de Venise f° I77--2I7.)

190. La terre de Piña

La terre de Piña, c'est évidemment la petite ville de Pina, près de Sarragosse.

200. Balaguer

200.↑ Balaguer. Voir la note du vers 63.

200. Tuleda

200.↑ Tudela. C'est Tudela, en Navarre, sur les confins de l'Aragon, de la Navarre et de la Castille

200. Séville

200.↑ Séville. Nous traduisons ainsi le mol Sébilie. Il s'agit évidemment de Séville, dont notre poète ignorant avait vaguement entendu parler et qu'il s'imaginait être située au nord de l'Espagne.

207. Deux de vos comtes

207.↑ Deux de vos comtes, etc. Le récit détaillé de l'ambassade de Basin ol de Basile se trouve dans la Prise de Pampelune, poème du commencement du xiv siècle, mais écrit d'après des données traditionnelles. Nous en avons donné l'analyse dans uns Epopées françaises, l re édition, II. 366-376, et .M. Mussalia en a publié le texte (Vienne, IU64

230. Naimes

230.↑ Naimes. C'est dans une chanson du XIIe siècle, c'est dans Aubri le Bourgoing, que nous trouvons le récit de la naissance et des enfances de Naimes. Fils de Gasselin, roi de Bavière, et de la reine Seneheult, il n'échappe qu'à grand'peine à la haine d'un ususpateur, nommé Cassile (c'est le Tassillon de l'histoire). Charlemagne vient au secours de l'héritier légitime, qu'il rétablit : de là cette profonde affection du Bavarois pour l'Empereur. 11 joue un grand rôle dans Aspremont, mais surtout dans Acquin (XIIe siècle), où son duel avec le roi norois met fin à la guerre de Bretagne. Sa mort est racontée dans Anseïs de Carthage, méchant poème de la décadence, et qui n'a rien de traditionnel. (B. N. fr. 793, f° 92.) En résumé, c'est dans Aubri, et surtout dans Roland, que se trouvent les meilleurs éléments de sa légende.

Il est le Nestor de nos Chansons de geste, et nos poètes le représentent partout sous les traits d'un vieillard prudent et sage. Tel conseillier n'orent onques li Franc : ce vers d'Aspremont résume tout son portrait.

256. Vous avez un cœur trop ardent

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256.↑ Vous avez un cœur trop ardent et farouche Le caractère d'Olivier et celui de Roland sont ici mieux dessinés que dans tous nos autres poèmes.

Olivier y est le type du courage réfléchi, et Roland nous offre celui du courage sans calcul et sans modération : Roillanz est preux , e Oliviers est sages. (V. 1093.)

262. Les douze Pairs

L'origine des douze Pairs est complexe, d'une part, il est certain que le compagnonnage militaire est essentiellement une idée germanique, et les douze Pairs ne sont en réalité que les membres d'un compagnonnage de ce genre : on les appelle même « les douze Compagnons ». Mais, d'autre part, le chiffre douze, bien qu'il soit consacré parmi les tribus germaniques, nous semble d'origine chrétienne. Bref, on a donné à Charles douze Pairs, parce que le Christ avait eu douze apôtres.

M. G. Paris (Histoire poétique de Charlemagne, p. 417) dit que la conception des douze Pairs n'apparaît pas dans notre poésie primitive. Cette opinion nous semble excessive, puisque nous trouvons les douze Pairs dans le Roland, dans le Voyage à Jérusalem, dans la Karlamagnus Saga et même dans Ogier, quoique avec moins de précision. Il n'est pas plus exact de dire qu'ils figurent uniquement dans la guerre d'Espagne, puisque nous les trouvons dans Renaus de Montauban, dans le Voyage, dans Fierabras et dans Simon de Rouille.

281. Le bâton et le gant

281.↑ Le bâton et le gant. « Le gant était surtout employé comme symbole. Jeter sou gant . c'était provocation ; le présenter, c'était soumission. » (J. Quicherat, Histoire du costume, p 141.) La principale mission de nos ambassadeurs épiques consiste à jeter un défi solennel : de là , le gant qu'on leur confie. Cf. le récit de l'ambassade de Lohier dans Renaus de Monlauban, édit. Michelant, p. 11 : Or li dones errant le gant et le baston, etc.

303. Son bliaud

303.↑ Son bliaud C'est un vêtement qui se porte en guerre sous la tunique de mailles, et en paix sous le manteau de fourrure. « On conserve au musée de Munich un bliaud des premières années du XIe siècle qui auriat pour avoir appartenu a l'empereur Henri II. Il est de soie blanche damassée, bordé a toutes ses ouvertures d'une autre soir brochée dont la couleur paraît avoir été violette. Tout le long des bordures est cousue de la ganse de soie verte. Ce vêtement n'a qu'un mètre huit centimètres de hauteur. Relevé par la ceinture, il ne devait pas atteindre les genoux. » (J. Quicherat , Histoire des costumes en France, 1875, p. 139.)

330. Couplet ajouté

330. Le couplet suivant n'est pas dans le manuscrit d'Oxford : c'est pourquoi nous l'avons imprimé en italiques, et n'avons pas donné de numéros d'ordre aux vers qui le composent. Il en sera ainsi pour toutes les additions que nous ferons au texte original, pour toutes les lacunes que nous comblerons. Et nous ne les comblerons jamais , comme nous l'avons dit. qu'à l'aide du plus ancien manuscrit de Venise, qui est notre source la plus précieuse, et de tous nos Remaniements ( textes de Paris , de Versailles, de Lyon, de Venise et de Cambridge). Voir, dans notre septième édition, les Notes pour l'établissement du texte, où nous donnons la raison de toutes ces additions,



Facsimilés

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Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. Ce vers figure notamment dans Venise 4, laisse IX, vers 106 (Asà li sunt de vecli et de barber:).
  2. La numérotation des vers est décalée à partir de ce point
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