La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Partie 1/Cordoue/Olivier

De Wicri Chanson de Roland

Cette page introduit une note sur Olivier.

Elle est extraite du chapitre « A Cordoue, le conseil tenu par Charlemagne »

Cette note est relativement indépendante du chapitre concerné.

Facsimilés

Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 55.jpg Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 56.jpg

La note

Olivier est le fils de Renier de Gennes :

Vus fustes filz à l'bon cunte Renier. (V. 2208)

Le premier de nos poèmes où il apparaisse avec un rôle important, c'est Girars de Vienne (fin du XIIe , commencement du XIIIe siècle).

Il y figure parmi les adversaires de Charlemagne, et on l'y voit lutter avec Roland (pp. 106-155 de l'édition P. Tarbé . Après un duel gigantesque, les deux héros finissent par tomber dans les bras l'un de l'autre (Ibid., pp. 155, 156), et tel est le commencement de cete amitié touchante qui fait d'Olivier el de Roland l'Oreste et le Pylade, le Pyihias el le Damon de notre épopée nationale. Dans le même temps, la sœur d'Olivier est fiancée à Roland, et nous allons bientôt la rencontrer dans notre drame.

Une chanson du XIIIe siècle, le Voyage à Jérusalem ( ce n'est à vrai dire qu'un fabliau épique ), nous montre Olivier à Constantinople , où il a de la fille du roi Hugon un fils qui sera le Galien de nos romans.

Mais le poème où la gloire d'Olivier jette le plus d'éclat, son poème, c'est Fierabras (XIIIe siècle) : il en est le héros. C'est lui qui, dans un combat interminable, lutte ici contre le géant sarrasin; c'est lui qui convertit Fierabras. (Vers 369-1694 de l'édit. Krœber et Servois.) Cependant le vainqueur tombe lui-même entre les mains du roi païen Balant (v. 1692-1862), et il fût mort très misérablement, s'il n'avait été délivré par la fille de Balant, par Floripas. (Vers 2713-5861.)

Dans l'Entrée en Espagne (XIIIe-XIVe siècle), Olivier est vaincu par Ferragus, fait prisonnier par les païens et délivré par Roland. (Ms. XXI de Venise, f° 27, et 80, 81.) Il combat avec son ami sous les murs de Pampelune, le suit à Nobles (Ibid., f° 177-202), tue le Sarrasin Folquenor (f° 202-211) et plaide tendrement pour son cher compagnon, pour son Roland que l'Empereur insulte.

La Chronique du faux Turpin (écrite en 1109-1119) ne donne pas tant d'importance à Olivier, et se contente de raconter qu'il fui enseveli à Belin. Il a certainement existé, dès le xm e siècle, un Galien en vers, qui n'est point parvenu jusqu'à nous, mais dont trois versions en prose nous sont restées (Bibl. nat. fr. 1470, xv e siècle; Bibl. de l'Arsenal, 3351, xv e siècle ; Galien incunable). On y voit le fils de notre Olivier, Galien, cherchant son père sur toute la surface de la terre, et le trouvant enfin sur le champ de bataille de Roncevaux, où Olivier a le temps de le reconnaître; et il expire en le montrant à Roland.

Parmi tous ces éléments de la légende d'Olivier, il en est de fort anciens, et ce sont ceux qui se trouvent dans notre Roland. Les plus dignes d'attention sont ensuite ceux que nous offrent Girars de Viane, et néanmoins ils nous semblent postérieurs d'un ou de deux siècles. Le Voyage à Jérusalem, l' Entrée en Espagne et Galien n'ont rien de profondément traditionnel , et quant à la lutte d'Olivier contre Fierabras dans le poème de ce nom, il n'y faut voir qu'une des formes de ce sujet banal : « Combat d'un héros français contre un géant païen, » qui a été traité tant de fois par nos épiques.