La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/1872/Introduction/Le germe : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
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« Roland, préfet de la Marche de Bretagne, mourut dans ce combat<ref>{{lang|la|''Vita Karoli''}}, {{sc|ix}}.</ref> : » voilà tout ce que nous apprend l’Histoire sur l’un des héros dont la gloire a été le plus œcuménique. Peu de contrées ont été sans entendre le nom de Roland. Une Épopée tout entière, une véritable Épopée nationale lui doit son existence et sa beauté ; les plus grands poëtes s’en sont inspirés ; le peuple, — honneur plus rare encore, — le vrai peuple a conservé obstinément jusqu’à nos jours la mémoire de Roland, et, à l’heure même où nous écrivons ces lignes, quelque paysan sans doute lit en pleurant, dans ''Galien le Restauré'' ou dans les ''[[A pour œuvre citée::Conquestes du grand Charlemagne]]'', le récit défiguré, mais encore héroïque, de sa mort à Roncevaux. Il n’est peut-être pas de popularité comparable à cette popularité. Et si vous me demandez d’où tant de gloire a pu sortir, je vous répèterai ces huit mots d’Éginhard : {{lang|la|''In quo prœlio Hruodlandus, limitis Britannici prœfectus, interficitur''}}<ref group="NDLR">Dans quelle bataille Roland, le préfet de la frontière de la Bretagne, est tué </ref>. Voilà pourtant ce que c’est que de bien mourir ! Ce préfet de la Marche de Bretagne n’a fait que son devoir quand, au fond de je ne sais quel vallon obscur, il résista vaillamment à la perfidie des Gascons. Mais c’est ainsi que Dieu récompense souvent le simple accomplissement
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« Roland, préfet de la [[A pour région citée::Marche de Bretagne]], mourut dans ce combat<ref>{{lang|la|''Vita Karoli''}}, {{sc|ix}}.</ref> : » voilà tout ce que nous apprend l’Histoire sur l’un des héros dont la gloire a été le plus œcuménique. Peu de contrées ont été sans entendre le nom de Roland. Une Épopée tout entière, une véritable Épopée nationale lui doit son existence et sa beauté ; les plus grands poëtes s’en sont inspirés ; le peuple, — honneur plus rare encore, — le vrai peuple a conservé obstinément jusqu’à nos jours la mémoire de Roland, et, à l’heure même où nous écrivons ces lignes, quelque paysan sans doute lit en pleurant, dans ''Galien le Restauré'' ou dans les ''[[A pour œuvre citée::Conquestes du grand Charlemagne]]'', le récit défiguré, mais encore héroïque, de sa mort à Roncevaux. Il n’est peut-être pas de popularité comparable à cette popularité. Et si vous me demandez d’où tant de gloire a pu sortir, je vous répèterai ces huit mots d’Éginhard : {{lang|la|''In quo prœlio Hruodlandus, limitis Britannici prœfectus, interficitur''}}<ref group="NDLR">Dans quelle bataille Roland, le préfet de la frontière de la Bretagne, est tué </ref>. Voilà pourtant ce que c’est que de bien mourir ! Ce préfet de la Marche de Bretagne n’a fait que son devoir quand, au fond de je ne sais quel vallon obscur, il résista vaillamment à la perfidie des Gascons. Mais c’est ainsi que Dieu récompense souvent le simple accomplissement
 
d’un devoir… Quoi qu’il en soit, nous connaissons maintenant le germe, l’humble germe de notre poëme national : « Comme Charles revenait de son expédition d’Espagne, en 778, son Arrière-garde fut attaquée par des montagnards basques. Un certain Roland périt dans cette affaire avec beaucoup d’autres. » Ô petits commencements d’une grande chose !
 
d’un devoir… Quoi qu’il en soit, nous connaissons maintenant le germe, l’humble germe de notre poëme national : « Comme Charles revenait de son expédition d’Espagne, en 778, son Arrière-garde fut attaquée par des montagnards basques. Un certain Roland périt dans cette affaire avec beaucoup d’autres. » Ô petits commencements d’une grande chose !
 
===Notes de l'introduction===
 
===Notes de l'introduction===

Version actuelle datée du 26 septembre 2023 à 15:20

Le germe


I. — le germe


Chanson de Roland (1872) Gautier, I, page 007.jpg[viij] « Roland, préfet de la Marche de Bretagne, mourut dans ce combat[1] : » voilà tout ce que nous apprend l’Histoire sur l’un des héros dont la gloire a été le plus œcuménique. Peu de contrées ont été sans entendre le nom de Roland. Une Épopée tout entière, une véritable Épopée nationale lui doit son existence et sa beauté ; les plus grands poëtes s’en sont inspirés ; le peuple, — honneur plus rare encore, — le vrai peuple a conservé obstinément jusqu’à nos jours la mémoire de Roland, et, à l’heure même où nous écrivons ces lignes, quelque paysan sans doute lit en pleurant, dans Galien le Restauré ou dans les Conquestes du grand Charlemagne, le récit défiguré, mais encore héroïque, de sa mort à Roncevaux. Il n’est peut-être pas de popularité comparable à cette popularité. Et si vous me demandez d’où tant de gloire a pu sortir, je vous répèterai ces huit mots d’Éginhard : In quo prœlio Hruodlandus, limitis Britannici prœfectus, interficitur[NDLR 1]. Voilà pourtant ce que c’est que de bien mourir ! Ce préfet de la Marche de Bretagne n’a fait que son devoir quand, au fond de je ne sais quel vallon obscur, il résista vaillamment à la perfidie des Gascons. Mais c’est ainsi que Dieu récompense souvent le simple accomplissement d’un devoir… Quoi qu’il en soit, nous connaissons maintenant le germe, l’humble germe de notre poëme national : « Comme Charles revenait de son expédition d’Espagne, en 778, son Arrière-garde fut attaquée par des montagnards basques. Un certain Roland périt dans cette affaire avec beaucoup d’autres. » Ô petits commencements d’une grande chose !

Notes de l'introduction

  1. Vita Karoli, ix.

Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. Dans quelle bataille Roland, le préfet de la frontière de la Bretagne, est tué