La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/1872/Introduction/Cantilènes

De Wicri Chanson de Roland

De la première forme qu’a revêtue la légende de Roland : les cantilènes

Chanson de Roland (1872) Gautier, I, page 031.jpg[xxxij]

V. — de la première forme qu’a revêtue la légende de roland : les cantilènes


Nous connaissons les origines de notre Légende ; nous avons assisté à sa formation. Aux IXe siècle- et Xe siècles, elle circule, vivante, sur toutes les lèvres : on peut supposer que dès lors elle est presque complète. Déjà, sans doute, le roi Marsile y est mis Chanson de Roland (1872) Gautier, I, page 032.jpg[xxxiij] en scène et conclut avec le traître Ganelon l’infâme marché que tout le moyen âge a comparé à celui de Judas ; déjà, sans doute, Charlemagne y est représenté comme vengeant son neveu sur les Sarrazins qu’il taille en pièces, et sur Ganelon qu’il fait condamner au dernier supplice. Mais enfin, jusqu’ici, notez-le bien, il n’a encore été question que de traditions orales : rien n’est fixé, rien n’est écrit.

Il s’agit maintenant de savoir comment, pour la première fois, la Légende a pris une forme, et quelle forme elle a prise.

Deux systèmes sont en présence. Entre les traditions orales que nous avons exposées plus haut et le poëme que nous publions plus loin, il n’y a pas eu, suivant M. Paul Meyer, de forme intermédiaire : « Les Chansons de geste ont été composées directement d’après la tradition[1]. »

Suivant une autre école, à laquelle appartiennent MM. Guessard, G. Paris et l’auteur de cette Introduction, la Légende, avant de s’épanouir dans une Chanson de geste, a d’abord donné lieu à des Chants populaires moins narratifs et plus courts que nos vieux poëmes et méritant le nom de lyrico-épiques. Pour plus de commodité, nous avons conservé à ces chants le nom de « cantilènes[2] ».


A-t-il existé des Cantilènes épiques, ou bien nos Chansons de geste sont-elles en réalité la première forme qu’ait reçue notre Épopée nationale ?

Voilà la question nettement posée.

Les partisans des Cantilènes ont été en notre personne vivement attaqués par M. Paul Meyer. Nous allons essayer de répondre, en exposant très-simplement un système auquel nous demeurons profondément attaché, mais dont nous avons dû modifier plus d’un trait.

Que quelques Chansons de geste aient été composées directement d’après la tradition, nous l’admettrons volontiers et avons toujours été disposé à l’admettre. Mais nous ne saurions aller plus loin, et affirmons qu’il a existé des Cantilènes, ou, si nos lecteurs le préfèrent, des Chants lyrico-épiques.

Nous laisserons de côté tous les arguments à portée douteuse. Nous n’alléguerons plus ici que, chez tous les peuples, l’Hymne a précédé l’Épopée ; nous n’ajouterons pas que cette progression est dans la logique et la force des choses. Nous voulons même écarter de notre raisonnement tous les documents susceptibles de plusieurs interprétations[3]. Nous ne parlerons même pas du

Ludwigslied ou de la Cantilène de Saucourt[4], que M. Paul Meyer considère comme un poëme clérical, et qu’il récuse avec une sévérité peut-être excessive. Deux textes nous suffiront : l’un appartient à notre première race, le second est du XIe siècle. Le premier est le Chant de saint Faron ; l’autre est le texte si précieux de la Vie de saint Guillaume de Gellone…

Personne, parmi les érudits, ne récuse l’autorité du Chant de saint Faron. Le sujet en est bien connu… En 620, le roi Clotaire reçut une ambassade de Bertoald, roi des Saxons : ces messagers tinrent devant lui un langage dont rien n’égala l’outrecuidance. À barbare barbare et demi. Clotaire, indigné, fit jeter les ambassadeurs en prison et ordonna qu’on leur tranchât la tête le lendemain. Par bonheur, il y avait à la cour du roi frank un homme de sang-froid ; mieux encore, un véritable chrétien. C’était Faron, qui devait un jour être évêque de Meaux, mais qui n’était point encore engagé dans les saints Ordres. Il résolut de sauver les messagers saxons et avec eux l’honneur de la nation franke. Il se fit ouvrir les portes de leur prison, les instruisit rapidement de la foi chrétienne, les émut, les convertit, les baptisa. Puis, le lendemain : « Ce sont des chrétiens, dit-il à Clotaire ; vous ne pouvez les faire périr. » Le Roi pardonna aux ambassadeurs, mais en réalité n’oublia

rien, et, deux ans après, sut se venger en triomphant des Saxons, dont il massacra un grand nombre. Quoi qu’il en soit, cette victoire excita l’enthousiasme des Franks, et c’est alors, suivant Helgaire, évêque de Meaux au IXe siècle et biographe de saint Faron, qu’un Chant public en langue vulgaire circula parmi les Franks. Et Helgaire nous a bien voulu conserver huit « vers » de ce petit poëme[5], destiné à célébrer la bonté de saint Faron autant que la victoire du Roi.

Suivant la théorie de M. Paul Meyer, ce chant de saint Faron aurait donc été une vraie Chanson de geste : et voilà ce que nous nions énergiquement. Le biographe, en effet, nous apprend que ce chant « était sur toutes les lèvres et que les femmes le chantaient en chœur en battant des mains » : Per omnium pene volitabat ora, ita canentium feminæque choros inde plaudendo componebant. Or, rien de tout cela ne convient à une Chanson

de geste. Une Chanson de geste présente un minimum de trois ou quatre mille vers que la mémoire du peuple n’aurait jamais retenus. Les Chansons de geste ont toujours été chantées non par tout un peuple, mais par les gens du métier, par les jongleurs. Les Chansons de geste enfin étaient sans doute récitées sur une sorte de mélopée monotone qui n’aurait guère convenu à ces rondes et à ces battements de mains dont nous parle Helgaire. Il s’agissait en réalité d’un de ces Chants populaires, courts et vivement cadencés comme ceux que nos petites filles chantent encore en dansant. Nous nous trompons peut-être ; mais cette démonstration nous paraît d’une rigueur presque mathématique.

Et maintenant transportons-nous au XIe siècle… Le biographe de saint Guillaume nous raconte[6] comment il circulait de son temps une foule de chants populaires dont son héros était l’objet. Or, quels étaient les principaux caractères de ces chants ? Écoutez bien : ce sont ceux de la Cantilène de saint Faron. « Quels sont les chœurs de jeunes gens, quelles sont les assemblées des peuples, quelles sont surtout les réunions de chevaliers et de nobles, quelles sont les veilles religieuses qui ne fassent doucement retentir, qui ne chantent cette histoire en cadence, modulatis vocibus decantant ? » Encore un coup, sont-ce là les caractères des Chansons de geste ? Ont-elles jamais été chantées en cadence par des chœurs de jeunes gens, par les assemblées des peuples, par les nobles et les chevaliers ? Ont-elles été chantées par toute une nation modulatis vocibus ? Non, non : tous les mots de l’hagiographe conviennent

à des chants populaires, courts, mélodiques, moitié narratifs et moitié lyriques, comme nous en avons encore un si grand nombre. Que les cantilenæ dont Orderic Vital nous parle au sujet du même Guillaume soient de vraies Chansons de geste, nous en sommes assuré, puisque l’historien nous les représente chantées par des jongleurs. Mais ce dernier caractère, ce caractère essentiel manque aux chants que signale le biographe anonyme de saint Guillaume, et nous partons de là pour affirmer que « ce n’étaient point là des Épopées, mais des Cantilènes ».

Ces Cantilènes offraient d’ailleurs plusieurs autres caractères qu’il est moins facile de déterminer. Elles étaient généralement peu développées, naissaient le plus souvent d’un grand fait historique, et étaient le plus ordinairement consacrées à perpétuer le souvenir de ce seul fait mis en lumière. Quant à leur langue, nous nous étions beaucoup trop avancé en supposant jadis qu’elles avaient été tudesques jusqu’au VIIe siècle. Le jour même où s’est opérée la fusion des Barbares avec les Gallo-Romains, des Germains avec les Celtes latinisés, ce jour-là, les Cantilènes ont pu être chantées en langue romane. Mais il ne faut pas oublier que ces chants étaient essentiellement guerriers et à l’usage de la race militaire de notre pays. Or, quelle était cette race militaire à l’époque mérovingienne, sinon celle des vainqueurs, sinon les Germains ? Voilà donc en quel sens on peut dire fort exactement que ces Cantilènes sont d’origine germanique. Quant à leurs idées, c’étaient visiblement les mêmes que celles de nos propres Chansons de geste, dont nous avons attesté plus haut la profonde germanicité. Sans les invasions enfin, les Cantilènes n’auraient pas eu de raison d’être ; elles n’auraient pas été.

Toutefois nous sentons que nous sommes ici et que nous allons entrer plus avant sur le terrain de l’hypothèse. Mais les documents nous manquent, et nous ne pouvons vraiment raisonner que par analogie. Sur le même héros circulaient sans doute dix ou vingt Cantilènes consacrées à chacune de ses grandes actions, à chacune des péripéties notables de sa vie et

de sa mort. Nous avons supposé, nous supposons encore aujourd’hui, que le jour vint où l’on réunit, où l’on souda entre elles toutes ces cantilènes pour en faire une seule et même Chanson de geste. C’est ce qui nous faisait dire il y a quelques années : « Les Chansons de geste dérivent des Cantilènes. Pour former une Chanson de geste, on n’a eu qu’à juxtaposer un certain nombre de Cantilènes dont chacune avait sa vie propre et indépendante. » Et plus loin : « Les premières Chansons de geste n’ont été que des bouquets, des chapelets de Cantilènes[7]. »

Avant notre Chanson de Roland, il existait probablement toute une série de Chants populaires qui se rapportaient à chacune des parties de notre poëme : le Conseil du roi Marsile[8] ; le Message de Blancandrin[9] ; le Conseil de Charlemagne[10] ; la Trahison de Ganelon[11] ; les Songes de l’Empereur et Roland à l’arrière-garde[12] ; les Pairs de Marsile[13] ; la Grande Bataille[14] ; le Cor[15] ; la Mort d’Olivier[16] ; la Mort de Roland[17] ; le Soleil

s’arrête[18] ; Baligant[19] ; Charles à Roncevaux[20] ; la Bataille de Saragosse[21] ; la Mort d’Aude[22] ; le Procès de Ganelon[23]. Encore une fois, la préexistence de ces Cantilènes « Rolandiennes » et la liste que nous venons de donner ne sont que des hypothèses. Néanmoins il faut observer qu’aux endroits précédemment indiqués de la Chanson de Roland, se trouvent presque toujours de véritables pauses où l’Épopée a tout l’air de « recommencer ». Le jongleur pouvait fort bien et devait choisir l’un ou l’autre de ces passages comme le point de départ d’une de ses Séances...

Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il existait des cantilènes sur Roland ; car on peut strictement lui attribuer toute la popularité que le biographe de saint Guillaume accorde à son héros. Il est certain que Roland a été chanté par des chœurs de jeunes gens, par des assemblées de chevaliers, par tout un peuple. Oui, cela est incontestable. Mais qu’un poëte ait rassemblé ces Cantilènes orales, les ait juxtaposées, leur ait donné l’unité qui leur manquait, cela n’est plus, hélas ! qu’une hypothèse, et non pas une certitude.

Encore faut-il bien s’entendre. Déjà nous avions fait nos réserves sur cette théorie de la juxtaposition des Cantilènes. Déjà nous avions dit : « Ce procédé d’agglutination ou de soudure n’a été employé que pour un très-petit nombre de poëmes, et, de très-bonne heure, on a composé des Chansons d’une incontestable et essentielle unité[24]. »

Aujourd’hui nous irions volontiers plus loin. Nos premiers épiques eux-mêmes n’ont pas soudé réellement, matériellement, des Cantilènes préexistantes. Ils se sont seulement inspirés de ces chants populaires ; ils en ont seulement emprunté les

Modèle:Tiret2 traditionnels et légendaires ; ils n’en ont pris que les idées, l’esprit, la vie. Ils ont trouvé tout le reste. La forme épique leur appartient en propre, et telle n’était point celle des Chants populaires ou Cantilènes, lesquels étaient sans doute ornés de refrains et chantés sur un rhythme beaucoup plus vif.

Le génie inconnu qui a écrit la Chanson de Roland n’est donc pas, et, en vérité, il ne peut être un compilateur vulgaire. Ce n’est certes pas un compilateur qui donnerait jamais à une œuvre cette unité vitale, cette sublime et incomparable unité. Non, non : il avait dans l’oreille le souvenir exact d’un certain nombre de chants populaires ; il les avait classés dans sa mémoire ; peut-être même les avait-il fixés sur le parchemin. Mais il s’est contenté de les imiter, et de les imiter à la façon des maîtres, c’est-à-dire en surpassant infiniment son modèle...

Il est temps d’ouvrir son œuvre, il est temps de l’admirer.

Notes de l'introduction

  1. V. l’exposé de la doctrine de M. Paul Meyer dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, t. XXVIII, p. 331 et ss. En voici le résumé : « Les plus grandes probabilités sont en faveur d’une Épopée formée directement d’après une tradition, en certains cas contemporaine des faits, en d’autres déjà lointaine. — L’hypothèse selon laquelle nos Chansons de geste seraient le développement ou la compilation de chants lyriques issus des événements, dénuée de tout fondement si on suppose ces chants germaniques, est bien peu vraisemblable si on les suppose romans. » (Ibid., p. 342.)
  2. Dans sa récente préface d’Aliscans, M. Guessard parle de la « très-plausible hypothèse » des cantilènes. Quant à M. Gaston Paris, il a soutenu la même doctrine, tout aussi radicalement que nous-même. Après avoir fourni les preuves de l’existence ininterrompue de chants consacrés à la gloire de Charlemagne depuis le IXe siècle- jusqu’au XIe siècle-, il ajoute : « Les Cantilènes primitives, qui célébraient des faits isolés, ne pouvaient se perpétuer longtemps sous leur première forme. Elles devaient ou disparaître entièrement ou se transformer pour continuer à vivre. Il leur fallait se rattacher entre elles par un centre commun ; effacer dans une unité poétique leurs disparates de ton, leurs différences d’inspiration, leur variété Modèle:Tiret2 ; perdre, en un mot, leur existence individuelle pour devenir les membres d’un tout organique. En France, les circonstances se prêtèrent à ce changement. Les chansons de geste remplacèrent les cantilènes, et développèrent les germes d’épopée que celles-ci leur apportaient. » (Histoire poétique de Charlemagne, p. 69.) Nous n’avons jamais été plus loin.
  3. Ces documents que nous avons discutés au t. I de nos Épopées françaises, sont le Hildebrandslied, le Ludwigslied et la Cantilène de sainte Eulalie. — Dès le milieu du IXe siècle, il s’est produit, disions-nous, deux courants très-distincts dans notre poésie populaire : l’un tout à fait germain et aboutissant aux Nibelungen ; l’autre « roman » et devant, après bien des transformations, aboutir à notre Roland. L’un de ces deux courants est représenté par le « Chant d’Hildebrand et d’Hadebrand (VIII-IXe siècle- s.) ; l’autre par le Ludwigslied, qui est plus connu parmi nous sous le nom de « Cantilène de Saucourt ». — D’après ces deux exemples, nous nous croyions en droit d’affirmer la persistance des Cantilènes à l’époque carlovingienne. Mais M. Paul Meyer récuse le premier de ces textes comme absolument étranger à l’Épopée française, et le second « à cause de son origine ecclésiastique ». Ce dernier point est contestable, et il serait, au contraire, difficile de nier la popularité de la Cantilène. — Reste le Chant de sainte Eulalie, du xe siècle, que notre adversaire considère comme « ne se rattachant pas directement à notre sujet. » Nous observerons cependant qu’il y a toujours eu corrélation entre les chants populaires de l’ordre religieux et ceux de l’ordre militaire. Ils ont généralement passé par les mêmes phases et subi les mêmes vicissitudes, et cette corrélation existe encore de nos jours. Leur popularité, aux uns et aux autres, se reconnaît à ce caractère distinctif : « d’être chantés par tout le peuple, et non pas seulement par des chanteurs de profession. » Nous ne saurions trop insister là-dessus.
  4. Le Ludwigslied fut composé à l’occasion de la grande victoire que Louis III remporta en 881, à Saucourt-en-Vimeux, sur les Normands envahisseurs commandés par Gormond et secourus par le traître Isambard. La Cantilène parle du roi Louis comme étant encore vivant. Or, il mourut le 4 avril 882. Donc, le Ludwigslied est antérieur à cette date. Ce précieux monument de la langue tudesque, découvert par Mabillon, a été publié pour la première fois par M. Hoffmann de Fallersleben. (V. sa traduction, Épopées françaises, I, 56-58.)
  5. Voici ces huit vers et tout le passage d’Helgaire : « Ex qua victoria carmen publicum juxta rusticitatem per omnium pene volitabat ora ita canentium feminæque choros inde plaudendo componebant :

    De Chlotario est canere rege Francorum
    Qui ivit pugnare in gentem Saxonum.
    Quam graviter provenisset missis Saxonum
    Si non fuisset inclytus Faro de gente Burgundionum.

    Et, in fine hujus carminis :

    Quando veniunt missi Saxonum in terram Francorum
    Faro ubi erat princeps,
    Instinctu Dei transcunt per urbem Meldorum
    Ne interficiantur a rege Francorum.

    Hoc enim rustico carmine placuit ostendere quantum ab omnibus celeberrimus habebatur. » (Vita sancti Faronis, Meldensis episcopi ; Acta sanctorum ordinis sancti Benedicti, sæcul. II, p. 617. — Historiens de France, III, 505.) On remarquera déjà, dans cette Cantilène, certains procédés littéraires qu’on retrouvera plus tard dans nos Chansons de geste, à tel point qu’il ne serait pas impossible de traduire fort exactement ce texte latin en vers épiques des XIIe siècle--XIIIe siècles :

    Oez, seignurs, bone chançun vaillant.
    C’est de Loier, le riche rei des Franks
    Ki cuntre Saisnes se combatit forment.
    E lur message oüssent grant ahan
    Se li Burguinz Fares ne fust presenz...

  6. Voici tout le texte en question : « Quæ enim regna, quæ provinciæ, quæ gentes, quæ urbes Willelmi ducis potentiam non loquuntur, virtutem animi, corporis vires, gloriosos belli studio et frequentia triumphos ? Qui chori juvenum, qui conventus populorum, præcipue militum ac nobilium virorum, quæ vigiliæ sanctorum dulce non resonant et modulatis vocibus decantant qualis et quantus fuerit ; quam gloriose sub Carolo glorioso militavit ; quam fortiter quamque victoriose barbaros domuit… ; quanta ab iis pertulit, quanta intulit ac demum de cunctis regni Francorum finibus crebro victos et refugas perturbavit et expulit. » (Vita auctore gravi scripta, sæculo XI, Acta Sanctorum Maii, VI, 811.)
  7. Épopées françaises, I, 150. La même théorie qui a été vivement combattue par M. Paul Meyer (l. I, p. 331 et ss.) et que nous avons dû modifier, a été soutenue tout récemment par un jeune élève de l’École des Chartes : « Les Chansons de geste, dit M. Camille Pelletan, dérivent des Cantilènes des IXe siècle- et xve siècles, soudées ensemble. — En effet, les chansons populaires ont conservé en France des règles prosodiques et des caractères littéraires d’où l’on peut dériver la prosodie et le style des Chansons de geste. Et différentes raisons portent à croire que les règles de la versification des chansons populaires ont peu changé. — D’autre part, les plus anciens de nos poëmes sont évidemment dus à la réunion de fragments différents, surtout très-mal soudés, et dont quelques-uns ont conservé le caractère et l’apparence de chansons populaires. »
  8. Chanson de Roland, vers 10-95.
  9. Ibid., vers 96-167.
  10. Ibid., vers 168-365.
  11. Ibid., vers 366-668.
  12. Ibid., vers 669-825.
  13. Ibid., vers 826-1016.
  14. Ibid., vers 1,017 et ss.
  15. Ibid., vers 1,691 et ss.
  16. Ibid., vers 1,952 et ss.
  17. Ibid., vers 2,134 et ss.
  18. Chanson de Roland, vers 2,398 et ss.
  19. Ibid., vers 2,609 et ss.
  20. Ibid., vers 2,845 et ss.
  21. Ibid., vers 2,974 et ss.
  22. Ibid., vers 3,705 et ss.
  23. Ibid., vers 3,734 et ss.
  24. Épopées françaises, I, 150-151.

Voir aussi