Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
(Transcription et traduction par Léon Gautier)
(Notes (version de Léon Gautier))
 
(38 révisions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 73 : Ligne 73 :
 
|- valign='top'
 
|- valign='top'
 
|<span id="Vers 6"></span>
 
|<span id="Vers 6"></span>
|[[Fors]] Sarraguce, ki est en une muntaigne.
+
|[[Fors]] Sarraguce, ki est en une muntaigne {{CdR MO NG lien|6}}.
 
|
 
|
 
|Hors Saragosse, qui est au haut d’une montagne.
 
|Hors Saragosse, qui est au haut d’une montagne.
 
|- valign='top'
 
|- valign='top'
|<span id="Vers 7"></span>
+
|{{CdR MO dec vers|7}}
|Li [[reis]] Marsilies la tient, ki Deu n’enaimet ;
+
|Li [[reis]] Marsilies {{CdR MO NG lien|7}} la tient, ki Deu n’enaimet ;
 
|
 
|
 
|Le roi Marsile la tient, Marsile qui n’aime pas Dieu,
 
|Le roi Marsile la tient, Marsile qui n’aime pas Dieu,
 
|- valign='top'
 
|- valign='top'
|<span id="Vers 8"></span>
+
|{{CdR MO dec vers|8}}
 
|Mahumet sert e Apollin recleimet :
 
|Mahumet sert e Apollin recleimet :
 
|
 
|
Ligne 106 : Ligne 106 :
 
{{Début 2 colonnes}}
 
{{Début 2 colonnes}}
 
{{FPM, CR, début texte}}
 
{{FPM, CR, début texte}}
{{FPM, CR, section|I.}}
+
{{FPM, section, O|1|I}}
 +
 
 
{{FPM, CR, vers  |[[A pour variante de Charlemagne::Carles]] li reis, nostre emperère magne*,}}
 
{{FPM, CR, vers  |[[A pour variante de Charlemagne::Carles]] li reis, nostre emperère magne*,}}
 
{{FPM, CR, aster |Grand.}}
 
{{FPM, CR, aster |Grand.}}
Ligne 131 : Ligne 132 :
  
 
==Transcription et traduction de Joseph Bédier==
 
==Transcription et traduction de Joseph Bédier==
Voir la [[Chanson de Roland (1922) Bédier/page 2|page 2]] de l'édition de 1922.
+
{{Manuscrit d'Oxford/Bandeau Bédier
 +
|num. Bédier=I
 +
|page=2
 +
<!--
 +
|précédent=XIII
 +
|précédent Bédier=XIII
 +
-->
 +
|suivant=II
 +
|suivant Bédier=II
 +
}}
 +
Voir aussi la [[Chanson de Roland (1922) Bédier/page 2|page 2]] de l'édition de 1922.
 
{{Début 2 colonnes}}
 
{{Début 2 colonnes}}
 
<poem>
 
<poem>
Ligne 154 : Ligne 165 :
 
<br/>Il ne peut pas s’en garder : le malheur l’atteindra.
 
<br/>Il ne peut pas s’en garder : le malheur l’atteindra.
 
{{Fin 2 colonnes}}
 
{{Fin 2 colonnes}}
 +
 +
==Version rythmée d'Eduard Böhmer==
 +
[[Fichier:Rencesval Boehmer 1872 laisse I.jpg|200px|right]]
 +
En 1872, [[Eduard Böhmer]] a composé une édition critique du manuscrit d'Oxford.
 +
 +
Il a choisi un format d'édition qui marque la structure des vers en 2 parties (en quatre et six syllabes).
 +
{|
 +
|-
 +
|
 +
|Carles li reis
 +
|&nbsp;
 +
|nostre emperere magnes
 +
|&nbsp; &nbsp;1
 +
|-
 +
|
 +
|set ans tuts pleins
 +
|
 +
|ad estet en Espaigne
 +
|-
 +
|
 +
|Tresqu’ en la mer
 +
|
 +
|cunquist la terre altaigne.
 +
|-
 +
|
 +
|n’i at castel
 +
|
 +
|qui devant lui remaignet ;
 +
|-
 +
|&nbsp;5&nbsp;
 +
|murs ne citets
 +
|
 +
|n’i est remes a fraindre,
 +
|-
 +
|}
 +
{{Clr}}
 +
 +
==Version musicale médiévale de Daron Burrows==
 +
[[Fichier:Daron Burrows performing Laisse 1 of the Chanson de Roland.webm|400px|right]]
 +
[[A pour compositeur cité::Daron Burrows]], professeur à l'[[Université d'Oxford]] donne ici une version chantée de cette laisse, comme elle devait être déclamée par un jongleur.
 +
<score vorbis="1">
 +
\new Staff \with {
 +
  midiInstrument = "voice oohs"
 +
 +
  } {
 +
  \relative c'' { 
 +
  \time 3/4
 +
      c4 b4 a4 c2.
 +
      c4 c4 c4
 +
      b4 a4 c4
 +
  }  }
 +
\addlyrics {
 +
              Car -- les li reis  nostr' em -- p're -- re ma -- gnes.
 +
              Set anz tuz pleins ad e - stet en E - s paigne
 +
            Tre -- s qu'en la mer tere al -- taigne Mur ne ci -- tet n'i est re -- mes a
 +
              Fraindres Fors Sar -- ra -- guce  ki est en une mum -- taigne
 +
            }
 +
</score>
 +
 +
 +
<score vorbis="1">
 +
\new Staff \with {
 +
  midiInstrument = "voice oohs"
 +
  } {
 +
  \relative c'' { 
 +
  \time 3/4
 +
      c4 c4 d4 e2.
 +
      c4 c4 c4
 +
      b4 a4 c4
 +
  }  }
 +
\addlyrics {
 +
             
 +
              Set anz tuz pleins ad es -- tet en Es -- paigne
 +
         
 +
            }
 +
</score>
 +
 +
{{Clr}}
  
 
==Version musicale de Gilles Mathieu==
 
==Version musicale de Gilles Mathieu==
Ligne 164 : Ligne 253 :
 
  |précédent=
 
  |précédent=
 
}}
 
}}
 +
[[Fichier:G Mathieu Chanson Nancy 2 1.mp3|right|thumb|Une interprétation par la chorale universitaire de Nancy en 2009]]
 
Les 5 premiers vers dans le [[Chanson de Roland (Gilles Mathieu)/2 - La cité sur la colline|deuxième mouvement de la composition de Gilles Mathieu]], et plus précisément [[Chanson de Roland (Gilles Mathieu)/2 - La cité sur la colline/Mesures 1 à 21|les mesures 1 à 21]].
 
Les 5 premiers vers dans le [[Chanson de Roland (Gilles Mathieu)/2 - La cité sur la colline|deuxième mouvement de la composition de Gilles Mathieu]], et plus précisément [[Chanson de Roland (Gilles Mathieu)/2 - La cité sur la colline/Mesures 1 à 21|les mesures 1 à 21]].
 +
{{Clr}}
 
<score vorbis="1">
 
<score vorbis="1">
 
\new Staff \with {
 
\new Staff \with {
Ligne 212 : Ligne 303 :
  
 
==Notes (version de Léon Gautier)==
 
==Notes (version de Léon Gautier)==
{{Manuscrit d'Oxford/Bandeau Gautier/Notes}}
+
{{Manuscrit d'Oxford/Bandeau Gautier/Notes
 +
|laisse Gautier=I
 +
|laisse suivante Gautier=II
 +
|laisse suivante=II
 +
|vers Gautier=1
 +
}}
 
{{Wicri travaux|texte=partie en cours de finition}}
 
{{Wicri travaux|texte=partie en cours de finition}}
 
{{Corps article/Début}}
 
{{Corps article/Début}}
{{Lien page gauche avec icône|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 010.jpg}}
+
{{Corps article/Image page gauche|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 010.jpg}}{{Corps article/Numéro Page droite|3}}
 
{{CdR MO NG vers|1}}
 
{{CdR MO NG vers|1}}
 
;<span id="G 1 Emperere">''Emperere''</span>.:  
 
;<span id="G 1 Emperere">''Emperere''</span>.:  
Ligne 221 : Ligne 317 :
 
{{Wicri article détaillé|texte=[[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I/Gautier/1. Emperere|''Pour accéder à la note complète sur Emperere'']]}}
 
{{Wicri article détaillé|texte=[[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I/Gautier/1. Emperere|''Pour accéder à la note complète sur Emperere'']]}}
 
;<span id="NG vers 1 Magne">''Magne''</span>.:  
 
;<span id="NG vers 1 Magne">''Magne''</span>.:  
{{Lien page gauche avec icône|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 011.jpg}}
+
{{Corps article/Image page gauche|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 011.jpg}}{{Corps article/Numéro Page droite|4}}
: O. Nous avons restitué ''magnes'', à raison des règles de la Déclinaison romane. Voici ces règles :  
+
 
 +
: {{CdR MO NG Abr|O}}. Nous avons restitué ''magnes'', à raison des règles de la Déclinaison romane. Voici ces règles :  
 
:{{sc|Première déclinaison romane}} (''correspondant à la première déclinaison latine''). Les Substantifs de cette famille ne prennent pas l’''s'' au singulier, et la reçoivent toujours au pluriel. Pas de distinction entre le [[cas sujet]] et le [[cas régime]].  
 
:{{sc|Première déclinaison romane}} (''correspondant à la première déclinaison latine''). Les Substantifs de cette famille ne prennent pas l’''s'' au singulier, et la reçoivent toujours au pluriel. Pas de distinction entre le [[cas sujet]] et le [[cas régime]].  
 
: {{sc|Seconde déclinaison romane}} (''correspondant à la seconde et à la quatrième déclinaisons latines''). Les Noms et Adjectifs masculins de cette déclinaison reçoivent une ''s'' au cas sujet du singulier et au cas régime du pluriel (''paiens, magnes,'' etc.) ; ils n’en prennent pas au cas sujet du pluriel ni au cas régime du singulier (''paien, magne'').  
 
: {{sc|Seconde déclinaison romane}} (''correspondant à la seconde et à la quatrième déclinaisons latines''). Les Noms et Adjectifs masculins de cette déclinaison reçoivent une ''s'' au cas sujet du singulier et au cas régime du pluriel (''paiens, magnes,'' etc.) ; ils n’en prennent pas au cas sujet du pluriel ni au cas régime du singulier (''paien, magne'').  
Ligne 228 : Ligne 325 :
 
::1° Les Substantifs masculins ou féminins, qui ont une ''s'' au nominatif singulier de la déclinaison latine, ont donné naissance à des Noms français qui suivent en général la règle de la deuxième déclinaison.  
 
::1° Les Substantifs masculins ou féminins, qui ont une ''s'' au nominatif singulier de la déclinaison latine, ont donné naissance à des Noms français qui suivent en général la règle de la deuxième déclinaison.  
 
::2° Les Substantifs masculins ou féminins qui n’ont pas d’''s'' au nominatif singulier de la déclinaison latine, ont donné naissance à des Noms français qui ne prennent pas en général l’''s'' finale au cas sujet du singulier et qui, pour tout le reste, suivent ordinairement la règle de la deuxième déclinaison. Mais {{sc|il y a déjà tendance}}, dans le texte d’Oxford, à ce que ces noms eux-mêmes prennent, {{sc|par extension et par analogie}}, une ''s'' finale au sujet singulier. ([[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I/Gautier/1. Emperere|Voir notre première note]].)
 
::2° Les Substantifs masculins ou féminins qui n’ont pas d’''s'' au nominatif singulier de la déclinaison latine, ont donné naissance à des Noms français qui ne prennent pas en général l’''s'' finale au cas sujet du singulier et qui, pour tout le reste, suivent ordinairement la règle de la deuxième déclinaison. Mais {{sc|il y a déjà tendance}}, dans le texte d’Oxford, à ce que ces noms eux-mêmes prennent, {{sc|par extension et par analogie}}, une ''s'' finale au sujet singulier. ([[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I/Gautier/1. Emperere|Voir notre première note]].)
{{Lien page gauche avec icône|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 012.jpg}}
+
{{Corps article/Image page gauche|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 012.jpg}}{{Corps article/Numéro Page droite|5}}
 
:: 3° Pour le cas sujet du pluriel, il y a quelque hésitation chez notre scribe. Le plus souvent, pour les noms masculins, il n’emploie pas l’''s'' finale au sujet pluriel. ([[../Laisse II#G note 20|Voir notre note du vers 20]].)
 
:: 3° Pour le cas sujet du pluriel, il y a quelque hésitation chez notre scribe. Le plus souvent, pour les noms masculins, il n’emploie pas l’''s'' finale au sujet pluriel. ([[../Laisse II#G note 20|Voir notre note du vers 20]].)
  
Ligne 235 : Ligne 332 :
 
::2° Parce qu’elle est observée dans tous les monuments de notre langue qui sont contemporains de la ''Chanson de Roland''.  
 
::2° Parce qu’elle est observée dans tous les monuments de notre langue qui sont contemporains de la ''Chanson de Roland''.  
 
::3° Parce que, dans notre manuscrit même, elle est {{sc|le plus souvent}} observée. (Dans les 500 premiers vers de notre poëme, elle est, pour le sujet singulier, violée 39 fois, observée 182 fois.)
 
::3° Parce que, dans notre manuscrit même, elle est {{sc|le plus souvent}} observée. (Dans les 500 premiers vers de notre poëme, elle est, pour le sujet singulier, violée 39 fois, observée 182 fois.)
 +
 +
;''Carles li reis'', etc. :Pour la légende de Charlemagne, voir [[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse VIII/Gautier/96. Charlemagne|la note du vers 96]].
 +
 +
;''Phonétique des voyelles'':Nous donnons ici le Tableau (pour les voyelles) de la Phonétique de notre Chanson.
 +
{{Wicri article détaillé|texte=[[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I/Gautier/1. Phonétique voyelles|''Pour accéder à la note complète sur la phonétique des voyelles'']]}}
 +
 
{{CdR MO NG vers|2}}
 
{{CdR MO NG vers|2}}
{{Lien page gauche avec icône|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 014.jpg}}
 
;<span id="G 2 Set anz">''Set ans''</span>.: Suivant l’auteur de ''[[Gui de Bourgogne]]'', c’est ''vingt-sept ans'' que Charles aurait passés en Espagne. Mais la leçon de ''Gui de Bourgogne'' ne fut jamais populaire, et Génin a raison de citer ici la [[A pour ouvrage cité::La Farce de Maître Pathelin|farce de Pathelin]], « où maître Pierre se vante à sa femme d’être aussi savant que s’il avait été à l’école ''autant que Charles en Espaigne''. » (V. aussi Martial de Paris, cité par [[A pour auteur cité::Émile Littré|Littré]] au mot {{sc|Charlemagne}} de son grand ''Dictionnaire de la langue française''. )
 
  
;''Ested'':. O. Le ''d'' se prend pour le ''t'' à la fin de quelques verbes, participes, noms et adjectifs du texte d’Oxford. Dans les mille premiers vers de la Chanson, le ''d'' final, à la place du ''t'', ne se retrouve pas plus de 26 fois sur un millier de cas. Nous l’avons partout remplacé par le ''t'', qui, d’ailleurs, est plus étymologique.  
+
{{Corps article/Image page gauche|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 014.jpg}}{{Corps article/Numéro Page droite|7}}
 +
;<span id="G 2 Set anz">''Set ans''</span>.: Suivant l’auteur de ''[[Gui de Bourgogne]]'', c’est ''vingt-sept ans'' que Charles aurait passés en Espagne. Mais la leçon de ''Gui de Bourgogne'' ne fut jamais populaire, et [[A pour personnalité citée::François Génin|Génin]] a raison de citer ici la [[A pour ouvrage cité::La Farce de Maître Pathelin|farce de Pathelin]], « où maître Pierre se vante à sa femme d’être aussi savant que s’il avait été à l’école ''autant que Charles en Espaigne''. » (V. aussi Martial de Paris, cité par [[A pour auteur cité::Émile Littré|Littré]] au mot {{sc|Charlemagne}} de son grand ''Dictionnaire de la langue française''. )
 +
 
 +
;''Ested'':. {{CdR MO NG Abr|O}}. Le ''d'' se prend pour le ''t'' à la fin de quelques verbes, participes, noms et adjectifs du texte d’Oxford. Dans les mille premiers vers de la Chanson, le ''d'' final, à la place du ''t'', ne se retrouve pas plus de 26 fois sur un millier de cas. Nous l’avons partout remplacé par le ''t'', qui, d’ailleurs, est plus étymologique.  
 
:Toutefois, il est un mot très-usuel, où le ''d'' a définitivement pénétré, sauf de très-rares exceptions : c’est ''ad'' venant d’{{lang|la|''habet''}} (''abt''). Nous l’avons partout laissé tel que notre manuscrit nous l’offrait ; car nous nous proposons, dans ce texte critique, de reconstituer notre vieux poëme {{sc|tel qu’il aurait été écrit par un scribe instruit et soigneux, avec les règles générales de la langue de son temps et les règles particulières de son dialecte spécial}}.
 
:Toutefois, il est un mot très-usuel, où le ''d'' a définitivement pénétré, sauf de très-rares exceptions : c’est ''ad'' venant d’{{lang|la|''habet''}} (''abt''). Nous l’avons partout laissé tel que notre manuscrit nous l’offrait ; car nous nous proposons, dans ce texte critique, de reconstituer notre vieux poëme {{sc|tel qu’il aurait été écrit par un scribe instruit et soigneux, avec les règles générales de la langue de son temps et les règles particulières de son dialecte spécial}}.
  
;''Ad ested en Espaigne'': — La ''Keiser Karl Magnus’s Kronike'' dit : « L’Empereur ayant soumis l’Espagne et ''la Galice…'' »
+
;''Ad ested en Espaigne'': — La ''[[Keiser Karl Magnus’s Kronike]]'' dit : « L’Empereur ayant soumis l’Espagne et ''la Galice…'' »
  
;<big>[[#Vers 3|{{sc|Vers 3.}} ↑]]</big>:
+
{{CdR MO NG vers|3}}
;''Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne'': O. — Le manuscrit de Versailles et celui de Venise VII nous offrent : ''Conquist'' ou ''conquest la terre jusqu’à la mer altaigne'', et nous avons adopté cette version comme plus logique et plus précise. — ''Altaigne'' est, de toute la famille dérivant d’''altus'', le seul vocable qui n’ait pas pris l’''h'' (Cf. ''halt, halte, haltur''). Dans l’appendice de son ''Dictionnaire étymologique'' (p. 560), [[A pour auteur cité::Auguste Brachet|M. Brachet]] dit, après M. Max Müller, au sujet de cette ''h'' initiale : « Cette aspiration est due à l’influence des formes germaniques correspondantes (''hoch'', etc.). » Sans rejeter absolument cette opinion, il convient d’observer que certains mots de notre texte, — les uns venus du germain, comme ''helme'' ; les autres du latin, comme ''honor'', — {{sc|prennent ou rejettent tour à tour}} l’''h'' initiale, qui, d’ailleurs, n’impliquait pas l’aspiration et s’élidait très-légitimement.
+
;''Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne'': {{CdR MO NG Abr|O}}. — Le manuscrit de Versailles et celui de Venise VII nous offrent : ''Conquist'' ou ''conquest la terre jusqu’à la mer altaigne'', et nous avons adopté cette version comme plus logique et plus précise. — ''Altaigne'' est, de toute la famille dérivant d’''altus'', le seul vocable qui n’ait pas pris l’''h'' (Cf. ''halt, halte, haltur''). Dans l’appendice de son ''Dictionnaire étymologique'' (p. 560), [[A pour auteur cité::Auguste Brachet|M. Brachet]] dit, après M. Max Müller, au sujet de cette ''h'' initiale : « Cette aspiration est due à l’influence des formes germaniques correspondantes (''hoch'', etc.). » Sans rejeter absolument cette opinion, il convient d’observer que certains mots de notre texte, — les uns venus du germain, comme ''helme'' ; les autres du latin, comme ''honor'', — {{sc|prennent ou rejettent tour à tour}} l’''h'' initiale, qui, d’ailleurs, n’impliquait pas l’aspiration et s’élidait très-légitimement.
  
;<big>[[#Vers 4|{{sc|Vers 4.}} ↑]]</big>:
+
{{CdR MO NG vers|4}}  
 
;''N’i ad castel'': ''Ad'', employé dans ce sens, gouverne toujours après lui l’accusatif. En d’autres termes, ''castel'' et les mots analogues sont nécessairement régimes. « Il y a un roi », se traduirait, dans un thème étymologique, par : {{lang|la|''Illud ibi habet unum regem''}}. Cette observation, trop élémentaire peut-être, est néanmoins utile pour expliquer certaines parties de notre texte critique.
 
;''N’i ad castel'': ''Ad'', employé dans ce sens, gouverne toujours après lui l’accusatif. En d’autres termes, ''castel'' et les mots analogues sont nécessairement régimes. « Il y a un roi », se traduirait, dans un thème étymologique, par : {{lang|la|''Illud ibi habet unum regem''}}. Cette observation, trop élémentaire peut-être, est néanmoins utile pour expliquer certaines parties de notre texte critique.
  
:Au lieu de ''remaigne'' O, lire ''remaignet''. Toutes les troisièmes personnes du singulier, sauf des cas excessivement rares, se terminent, dans le texte d’Oxford, par un ''t'' qui est étymologique,
+
:Au lieu de ''remaigne'' O, lire ''remaignet''. Toutes les troisièmes personnes du singulier, sauf des cas excessivement rares, se terminent, dans le texte d’Oxford, par un ''t'' qui est étymologique, mais qui, d’ailleurs, ne se prononçait pas. Le scribe a oublié cette règle huit ou dix fois peut-être dans tout son texte : nous l’avons rétablie partout.
mais qui, d’ailleurs, ne se prononçait pas. Le scribe a oublié cette règle huit ou dix fois peut-être dans tout son texte : nous l’avons rétablie partout.
 
 
{{Lien page gauche avec icône|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 015.jpg}}
 
{{Lien page gauche avec icône|Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 015.jpg}}
  
 
{{CdR MO NG vers|5}}
 
{{CdR MO NG vers|5}}
{{sc|Vers 5.}} — ''[[Citet]]''. O<ref>Cette note corrige une erreur du copiste</ref>. À cause du cas sujet, ''[[citez]]''.
+
;''[[Citet]]'': O<ref>Cette note corrige une erreur du copiste</ref>. À cause du cas sujet, ''[[citez]]''.
  
;<big>[[#Vers 6|{{sc|Vers 6.}} ↑]]</big>:
+
{{CdR MO NG vers|6}}
 
{{sc|Vers 6.}} — ''Mun''[''tai'']''gne''. Mü. On lit fort bien le mot entier dans le manuscrit d’Oxford ; les crochets sont inutiles. — « Il restait un château que l’Empereur n’avait pu réduire ; on rappelait Saragus, et il était situé sur une montagne élevée. » (''Keiser Karl Magnus’s Kronike.'')
 
{{sc|Vers 6.}} — ''Mun''[''tai'']''gne''. Mü. On lit fort bien le mot entier dans le manuscrit d’Oxford ; les crochets sont inutiles. — « Il restait un château que l’Empereur n’avait pu réduire ; on rappelait Saragus, et il était situé sur une montagne élevée. » (''Keiser Karl Magnus’s Kronike.'')
  
;<big>[[#Vers 7|{{sc|Vers 7.}}  ↑]]</big>:  — ''Marsilie''. O. À cause du cas sujet, ''Marsilies''.
+
{{CdR MO NG vers|7}}   
 +
;''Marsilie'': {{CdR MO NG Abr|O}}. À cause du cas sujet, ''Marsilies''.
  
 
{{Wicri article détaillé|texte=[[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I/Gautier/7. Marsilie|''Pour accéder à la note complète sur Marsilie'']]}}
 
{{Wicri article détaillé|texte=[[Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I/Gautier/7. Marsilie|''Pour accéder à la note complète sur Marsilie'']]}}
Ligne 266 : Ligne 370 :
 
;<big>[[#Vers 8|{{sc|Vers 8.}}  ↑]]</big>:
 
;<big>[[#Vers 8|{{sc|Vers 8.}}  ↑]]</big>:
 
'''''Mahummet'''''
 
'''''Mahummet'''''
: O. La forme la plus fréquemment employée dans notre texte est : ''Mahumet''.
+
: {{CdR MO NG Abr|O}}. La forme la plus fréquemment employée dans notre texte est : ''Mahumet''.
  
 
{{CdR MO NG vers|9}}
 
{{CdR MO NG vers|9}}

Version actuelle datée du 12 novembre 2023 à 10:01

Cette page démarre la navigation dans les laisses du manuscrit d'Oxford.

 

Les conquêtes de Charlemagne

Empire carolingien 768-811.jpg

Ce premier couplet vante les conquêtes de Charlemagne.

La carte ci-jointe montre leur étendue au moment de la bataille de Ronvevaux.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse I regroupe les 9 premiers vers du premier feuillet (1 recto ) du manuscrit d'Oxford.

Chanson de Roland Manuscrit Oxford feuillet 1r haut.png
Remarques de la rédaction Wicri

Le troisième vers de la transcription de Léon Gautier ne suit pas le manuscrit.

Cunquist la tere tresqu’en la mer altaigne.

Là où Francisque Michel et Joseph Bédier suivent le manuscrit avec :

Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne.
 
Page1-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg

Transcription et traduction par Léon Gautier

À SARAGOSSE. — CONSEIL TENU PAR LE ROI MARSILE

I

1 Carles li Reis, nostre emperere magnes , Charles le roi, notre grand empereur,
Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne : Sept ans entiers est resté en Espagne :
Cunquist la tere tresqu’en la mer altaigne. Jusqu’à la haute mer, il a conquis la terre.
N’i ad castel ki devant lui remaigne ; Pas de château qui tienne devant lui,
5 Murs ne citez n’i est remés à fraindre Pas de cité ni de mur qui reste encore debout
Fors Sarraguce, ki est en une muntaigne . Hors Saragosse, qui est au haut d’une montagne.
Li reis Marsilies la tient, ki Deu n’enaimet ; Le roi Marsile la tient, Marsile qui n’aime pas Dieu,
Mahumet sert e Apollin recleimet : Qui sert Mahomet et prie Apollon ;
Ne s’ poet guarder que mals ne li ataignet. Aoi. Mais le malheur va l’atteindre : il ne s’en peut garder.

Transcription commentée de Francisque Michel

Francisque Michel-02.png
Chanson de Roland (Francisque Michel 1869) Exemplaire annoté par Paul Meyer
Navigation dans le manuscrit d'Oxford
Laisse I (page 1)Next CDR.png II (W: II )
Manuscrit d'Oxford Lettrine 1.png

I. ( => F. M. )


Carles li reis, nostre emperère magne*,  *Grand.
Set anz tuz pleins* ad ested en Espaigne,  *Sept ans entiers.
Tresqu'en* la mer cunquist la tere altaigne**;  *Jusqu'en **Élevée, montagneuse.
N'i ad castel ki devant lui remaigne*,  *Reste, tienne.
Mur ne citet n'i est remés à fraindre*  *Resté à briser.
Fors* Sarraguce, k'iest en une muntaigne.  *Si ce n'est.
Li reis Marsilie la tient, ki Deu n'enaimet* :  *Qui n'aime pas Dieu.
Mahummet sert e Apollin recleimet*  *Invoque.
Ne s' poet guarder que mals ne li ateignet*. AOI.  *Ne l'atteigne.
 
RCR 543952103 85137 Page 035.jpg

Transcription et traduction de Joseph Bédier

Voir aussi la page 2 de l'édition de 1922.


CARLES li reis, nostre emperere magnes,
Set anz tuz pleins ad estet en Espaigne :
Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne.
N’i ad castel ki devant lui remaigne ;
Mur ne citet n’i est remés a fraindre,
Fors Sarraguce, ki est en une muntaigne.
Li reis Marsilie la tient, ki Deu nen aimet.
Mahumet sert e Apollin recleimet :
Nes poet guarder que mals ne l’i ateignet. aoi.

 


LE roi Charles, notre empereur, le Grand,
sept ans tout pleins est resté dans l’Espagne :
jusqu’à la mer il a conquis la terre hautaine.
Plus un château qui devant lui résiste,
plus une muraille à forcer, plus une cité,
hormis Saragosse, qui est dans une montagne.
Le roi Marsile la tient, qui n’aime pas Dieu.
C’est Mahomet qu’il sert, Apollin qu’il prie.
Il ne peut pas s’en garder : le malheur l’atteindra.

Version rythmée d'Eduard Böhmer

Rencesval Boehmer 1872 laisse I.jpg

En 1872, Eduard Böhmer a composé une édition critique du manuscrit d'Oxford.

Il a choisi un format d'édition qui marque la structure des vers en 2 parties (en quatre et six syllabes).

Carles li reis   nostre emperere magnes    1
set ans tuts pleins ad estet en Espaigne
Tresqu’ en la mer cunquist la terre altaigne.
n’i at castel qui devant lui remaignet ;
 5  murs ne citets n’i est remes a fraindre,

Version musicale médiévale de Daron Burrows

Daron Burrows, professeur à l'Université d'Oxford donne ici une version chantée de cette laisse, comme elle devait être déclamée par un jongleur.


\new Staff \with {
  midiInstrument = "voice oohs"
 
  } {
  \relative c'' {  
   \time 3/4 
       c4 b4 a4 c2.
       c4 c4 c4
       b4 a4 c4 
  }  }
 \addlyrics { 
              Car -- les li reis  nostr' em -- p're -- re ma -- gnes.
              Set anz tuz pleins ad e - stet en E - s paigne
             Tre -- s qu'en la mer tere al -- taigne Mur ne ci -- tet n'i est re -- mes a
              Fraindres Fors Sar -- ra -- guce  ki est en une mum -- taigne
            }



\new Staff \with {
  midiInstrument = "voice oohs"
  } {
  \relative c'' {  
   \time 3/4 
       c4 c4 d4 e2.
       c4 c4 c4
       b4 a4 c4 
  }  }
 \addlyrics { 
              
              Set anz tuz pleins ad es -- tet en Es -- paigne
           
            }

Version musicale de Gilles Mathieu

Une interprétation par la chorale universitaire de Nancy en 2009

Les 5 premiers vers dans le deuxième mouvement de la composition de Gilles Mathieu, et plus précisément les mesures 1 à 21.


\new Staff \with {
  midiInstrument = "voice oohs"
  instrumentName = #"S "
  shortInstrumentName = #"S "
  } {
  \relative c' {  
   \time 4/4 \key bes \major 
        r2 r4 \f d4\(
        a'4. b8 c b a g
    \time 3/4 
      a2 d,4
      f4. g8 e4
      d2\) d4\(
     \time 4/4
      a'4. bes?8 c bes? a g
   \time 3/4
      a2\) d,4 
      ees?4.\( f8 ees?4
      d2.\)
 \time 4/4
      bes'4\p g d bes'
      c1
      g2 g2
      a2. r4
      bes2\< bes4 bes
      c2 c4 c
      ees2 ees4 ees\!
      d2.\f d4\p
      c2 g2
      bes2. bes4
      g4 g g g
   \time 12/8 
      a1.
  }  }
 \addlyrics { 
              Car - les
              li - re -- is  nostr' em -- pe -- rer ma -- gnes.
              Set anz tuz pleins ad e - stet en E - s paigne
             Tre -- s qu'en la mer tere al -- taigne Mur ne ci -- tet n'i est re -- mes a
              Fraindres Fors Sar -- ra -- guce  ki est en une mum -- taigne
            }

 

Notes (version de Léon Gautier)

logo travaux partie en cours de finition

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 010.jpg[3]

Vers 1.
Emperere.
Dans le manuscrit de la Bodléienne, on lit tantôt emperere, tantôt empereres. [...]
Magne.

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 011.jpg[4]

O. Nous avons restitué magnes, à raison des règles de la Déclinaison romane. Voici ces règles :
Première déclinaison romane (correspondant à la première déclinaison latine). Les Substantifs de cette famille ne prennent pas l’s au singulier, et la reçoivent toujours au pluriel. Pas de distinction entre le cas sujet et le cas régime.
Seconde déclinaison romane (correspondant à la seconde et à la quatrième déclinaisons latines). Les Noms et Adjectifs masculins de cette déclinaison reçoivent une s au cas sujet du singulier et au cas régime du pluriel (paiens, magnes, etc.) ; ils n’en prennent pas au cas sujet du pluriel ni au cas régime du singulier (paien, magne).
Troisième déclinaison romane (correspondant à la troisième déclinaison latine).
1° Les Substantifs masculins ou féminins, qui ont une s au nominatif singulier de la déclinaison latine, ont donné naissance à des Noms français qui suivent en général la règle de la deuxième déclinaison.
2° Les Substantifs masculins ou féminins qui n’ont pas d’s au nominatif singulier de la déclinaison latine, ont donné naissance à des Noms français qui ne prennent pas en général l’s finale au cas sujet du singulier et qui, pour tout le reste, suivent ordinairement la règle de la deuxième déclinaison. Mais il y a déjà tendance, dans le texte d’Oxford, à ce que ces noms eux-mêmes prennent, par extension et par analogie, une s finale au sujet singulier. (Voir notre première note.)

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 012.jpg[5]

3° Pour le cas sujet du pluriel, il y a quelque hésitation chez notre scribe. Le plus souvent, pour les noms masculins, il n’emploie pas l’s finale au sujet pluriel. (Voir notre note du vers 20.)
La Règle de l’s
La « Règle de l’s (comme on l’a assez inexactement appelée) est commune à la langue d’oïl et à la langue d’oc. « Elle n’a pas toujours été suivie avec une rigueur absolue, et commence à disparaitre au xive siècle » : tel est aujourd’hui le sentiment général de tous ceux qui s’occupent de philologie romane ; telle est la proposition qui résume le plus exactement la doctrine commune sur cette règle dont l’importance a été exagérée. Quoi qu’il en soit, nous l’avons, dans notre texte critique, observée partout, et alors même que notre scribe ne s’y conformait point :
1° Parce qu’elle est étymologique.
2° Parce qu’elle est observée dans tous les monuments de notre langue qui sont contemporains de la Chanson de Roland.
3° Parce que, dans notre manuscrit même, elle est le plus souvent observée. (Dans les 500 premiers vers de notre poëme, elle est, pour le sujet singulier, violée 39 fois, observée 182 fois.)
Carles li reis, etc. 
Pour la légende de Charlemagne, voir la note du vers 96.
Phonétique des voyelles
Nous donnons ici le Tableau (pour les voyelles) de la Phonétique de notre Chanson.
Vers 2.

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 014.jpg[7]

Set ans.
Suivant l’auteur de Gui de Bourgogne, c’est vingt-sept ans que Charles aurait passés en Espagne. Mais la leçon de Gui de Bourgogne ne fut jamais populaire, et Génin a raison de citer ici la farce de Pathelin, « où maître Pierre se vante à sa femme d’être aussi savant que s’il avait été à l’école autant que Charles en Espaigne. » (V. aussi Martial de Paris, cité par Littré au mot Charlemagne de son grand Dictionnaire de la langue française. )
Ested
. O. Le d se prend pour le t à la fin de quelques verbes, participes, noms et adjectifs du texte d’Oxford. Dans les mille premiers vers de la Chanson, le d final, à la place du t, ne se retrouve pas plus de 26 fois sur un millier de cas. Nous l’avons partout remplacé par le t, qui, d’ailleurs, est plus étymologique.
Toutefois, il est un mot très-usuel, où le d a définitivement pénétré, sauf de très-rares exceptions : c’est ad venant d’habet (abt). Nous l’avons partout laissé tel que notre manuscrit nous l’offrait ; car nous nous proposons, dans ce texte critique, de reconstituer notre vieux poëme tel qu’il aurait été écrit par un scribe instruit et soigneux, avec les règles générales de la langue de son temps et les règles particulières de son dialecte spécial.
Ad ested en Espaigne
— La Keiser Karl Magnus’s Kronike dit : « L’Empereur ayant soumis l’Espagne et la Galice… »
Vers 3.
Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne
O. — Le manuscrit de Versailles et celui de Venise VII nous offrent : Conquist ou conquest la terre jusqu’à la mer altaigne, et nous avons adopté cette version comme plus logique et plus précise. — Altaigne est, de toute la famille dérivant d’altus, le seul vocable qui n’ait pas pris l’h (Cf. halt, halte, haltur). Dans l’appendice de son Dictionnaire étymologique (p. 560), M. Brachet dit, après M. Max Müller, au sujet de cette h initiale : « Cette aspiration est due à l’influence des formes germaniques correspondantes (hoch, etc.). » Sans rejeter absolument cette opinion, il convient d’observer que certains mots de notre texte, — les uns venus du germain, comme helme ; les autres du latin, comme honor, — prennent ou rejettent tour à tour l’h initiale, qui, d’ailleurs, n’impliquait pas l’aspiration et s’élidait très-légitimement.
Vers 4.
N’i ad castel
Ad, employé dans ce sens, gouverne toujours après lui l’accusatif. En d’autres termes, castel et les mots analogues sont nécessairement régimes. « Il y a un roi », se traduirait, dans un thème étymologique, par : Illud ibi habet unum regem. Cette observation, trop élémentaire peut-être, est néanmoins utile pour expliquer certaines parties de notre texte critique.
Au lieu de remaigne O, lire remaignet. Toutes les troisièmes personnes du singulier, sauf des cas excessivement rares, se terminent, dans le texte d’Oxford, par un t qui est étymologique, mais qui, d’ailleurs, ne se prononçait pas. Le scribe a oublié cette règle huit ou dix fois peut-être dans tout son texte : nous l’avons rétablie partout.
Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 015.jpg
Vers 5.
Citet
O[3]. À cause du cas sujet, citez.
Vers 6.

Vers 6.Mun[tai]gne. Mü. On lit fort bien le mot entier dans le manuscrit d’Oxford ; les crochets sont inutiles. — « Il restait un château que l’Empereur n’avait pu réduire ; on rappelait Saragus, et il était situé sur une montagne élevée. » (Keiser Karl Magnus’s Kronike.)

Vers 7.
Marsilie
O. À cause du cas sujet, Marsilies.
Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 019.jpg
Vers 8.

Mahummet

O. La forme la plus fréquemment employée dans notre texte est : Mahumet.
Vers 9.
Mals
Ce mot vient de malum, qui est un neutre, et cependant il est écrit suivant la règle de l’s. C’est l’occasion pour nous d’établir la « Théorie des neutres ».

Concordances et compléments

Cette laisse est alignée avec :

Elle est reprise dans :

Voir aussi

Notes
  1. Version numérique copiée de WikiSource :
  2. Version numérique copiée de WikiSource :
  3. Cette note corrige une erreur du copiste
Sources

Sur ce wiki :