Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse I/Gautier/1. Emperere

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Emperere

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 010.jpg

Vers 1.Emperere. Dans le manuscrit de la Bodléienne, on lit tantôt emperere, tantôt empereres. Nous avons partout adopté la première de ces formes, nous basant sur les principes suivants :

« D’après le texte d’Oxford, les Substantifs masculins et féminins de la troisième Déclinaison, qui n’avaient pas en latin une s finale à leur nominatif singulier (imperator, homo, vigor), ont donné naissance à des noms français qui, en général, ne prennent point cette s au cas sujet du singulier (emperere, hom, vigur).
Ces Substantifs français devaient un jour, il est vrai, prendre cette s par analogie, et quelques-uns avaient déjà commencé de la recevoir ; mais cette évolution, à coup sûr, n’est pas achevée dans le texte le plus ancien de la Chanson de Roland.
C’est ainsi que nous trouvons, au cas sujet du singulier : Traïsun (vers 1458) ; dulur (2030) ; muiller (2576) ; cunfusiun (2699 et 3276) ; honor, onur (2890, 922) ; car, de caro (2942) ; meillor (3532) ; vigur (3614) ; lion (2436) ; garçun (2437) ; ocisiun (3946) ; empereor (1942) ; major (1984) ; hom (3974, etc. etc.) ; prozdom (1474) ; chançun (1466) et cançun (1614) ; avisiun (836), etc. —
Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 011.jpg
À cette règle générale on peut seulement opposer quelques exceptions qui s’expliquent trop bien par l’ignorance mille fois constatée du scribe de notre manuscrit : Dulors (v. 1437) ; puinneres (3033) ; amurs (3107) ; leons (2549) et campiuns (2244), sans parler ici de bers, qui peut se justifier, et de fels. Malgré ces exceptions, nous avons dû partout observer la règle.
D’ailleurs, la forme emperere apparaît beaucoup plus fréquemment dans le texte original que la forme empereres ; la proportion est la suivante : 25 fois empereres ; 41 fois emperere.

Emperere est le cas sujet ; empereür le cas régime. Ces Substantifs sont de ceux que l’on appelle en Allemagne : Noms qui déplacent l’accent, et en France, mal à propos : Noms à déclinaison imparisyllabique. On en peut ainsi formuler la théorie :

Un certain nombre de noms français revêtent au singulier deux formes distinctes, l’une pour le sujet (emperere, sire, etc.), et l’autre pour le régime (empereür, seignur, etc.).
Ces deux formes s’expliquent aisément par le déplacement de l’accent tonique, qui, dans imperator, senior, etc., n’est pas à la même place que dans imperatorem, seniorem, etc.
M. Bartsch (dans la Grammaire qui suit sa Chrestomathie de l’ancien français, p. 480) divise en trois familles tous les Noms à double déclinaison : a. Ceux qui dérivent des noms latins en or, oris... b. Ceux qui viennent des vocables en o, onis. Et enfin, c : les « mots isolés », tels que niés, nevuld ; enfes, enfant, etc.
Quelques substantifs de la deuxième déclinaison (tels, par exemple, que Carles, Marsilies, etc.), ont été, par analogie ou par extension, soumis aux règles de la « Déclinaison qui déplace l’accent ». (Carles, Carlun ; Marsilies, Marsiliun), etc.

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