La musique en Lorraine (1882) Jacquot/Chapitre VII

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La musique en Lorraine
I - II - III - IV - V - VI - VII - VIII - IX -- (lutherie)

CHAPITRE VII

LÉOPOLD, 1667 A 1729. — VIOLONS, VIOLONISTES ET LUTHIERS. — INSTRUMENTS DIVERS. — ORGANISTES ET FACTEURS D'ORGUES. — MAITRES DE MUSIQUE ET MAITRES DE DANSE. — MUSICIENS. — MASCARADE DE 1699 ET FÊTE AU PALAIS DUCAL. — THÉATRES DE LUNÉVILLE ET DE NANCY. — OPÉRAS ET BALLETS. — LA COUR DE LORRAINE AU THÉATRE. — SALLE DE L'OPÉRA DE NANCY ET REPRÉSENTATION DE GALA.

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Chapitre VII


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Léopold Ier, fils de Charles V, recouvra ses États le 30 octobre 1697, par le traité de Riswick, signé entre la France et l'Allemagne. Par ce traité, toutes les forteresses de la Lorraine furent démantelées ainsi que les fortifications de la ville Neuve de Nancy. Le duc épousa, à Bar-le-Duc, la nièce de Louis XIV, Mademoiselle de Chartres. Il sut conserver la neutralité avec les puissances voisines, et assura ainsi à son peuple le repos qui lui était si nécessaire. Ce prince mourut le 27 mars 1729.

Au commencement de ce règne, le violon, proprement dit, est bien connu en Lorraine, et on voit en 1700 qu'une somme fut donnée à Greneteau pour avoir joué avec sa bande de violons à plusieurs bals1.

Violons, Violonistes et luthiers

Il faut citer aussi Montéclair, dont le véritable nom


(1) Archives} B. 1545.


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était Michel Pinolet, né, en 1666, à Chaumont en Bassigny ; il entra comme enfant de chœur à la cathédrale de Langres, alla à Paris en 1700, et fit partie de l'orchestre de l'Opéra, en 1707, comme contrebassiste. Il est le premier artiste jouant de cet instrument qui remplaçait ainsi le violone ou grande viole.

Nous remarquons, parmi les luthiers, Claude Trévillot, qui était celui du duc Léopold. Son nom est resté inconnu jusqu'à présent ; il n'est pas question de lui dans les ouvrages de MM. Fétis, Gallay, Vidal, etc.; cependant la note qui se trouve dans les Archives ne laisse aucun doute à l'égard de ce luthier, natif de Mirecourt :

En 1698, somme payée aux trompettes qui sont allés à Mirecourt, par ordre de S. A., acheter des violons cher. Claude Trêvillot1.

On voit que ce luthier avait une certaine renommée, puisqu'il était fournisseur de la cour de Lorraine. Nous sommes heureux de le faire connaître, quoique ses violons ne soient jamais passés par nos mains.

Le nom d'un autre luthier des ducs se trouve dans les Luthiers italiens, de M. J. Gallay ; c'est celui de Tywersus. Il n'est pas mentionné dans les Archives. Ce n'est pas une preuve contraire à son existence, mais il est permis de supposer que le nom a dû être latinisé2.

Les luthiers contemporains de ce règne sont : Sébastien BOURDET, né à Mirecourt au commencement du XVIIIe siècle ; [[Laurent LUPOT]] , né à Mirecourt en 1696; Jean VUILLAUME, né à Mirecourt en 1700, mort en 1740; NICOLAS, né à Mirecourt en 1666, mort à l'âge de cinquante ans, en 1716.


(1) Archives. B. 1533.
(2) le nom de ce luthier a été indiqué par Lupot ; c'est dire que le renseignement est authentique.


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On verra, dans l'Appendice, des détails beaucoup plus circonstanciés sur ces luthiers.

Parmi les violonistes qui se distinguèrent sous ce règne, on voit les suivants : Bellair, Beaujean, Mercier, Prinier, Leclerc, Leroux, Nicolas Perrignon, Dominique Serrurier, mort en 1708, et Jean Marcard, maître joueur de violon.

Des bals eurent lieu à la cour, pendant les jours de la Saint-Charles et de la Saint-Léopold, en 1703, car une somme fut allouée à Beaujean, violon, pour distribuer aux violons qui ont joué dans les bals auxquels ont assisté Leurs Altesses 1 .

En 1720, pareille somme fut donnée à Bellair et consors, pour avoir joué du violon aux bals de la cour'.

Dans un traité passé quatre années auparavant, le 11 septembre 1716, entre le marquis de Lambertye, premier gentilhomme de la chambre de S. A. R., et Desmarets, surintendant de la musique, il est dit que lorsque S. A. R. auroit besoin de violions pour bals et comédies, le sieur Royer en demandera le nombre dont il aura besoin au premier gentilhomme de la Chambre, chef de ladite musique, lequel ordonnera au sieur Desmarets de les nommer, lesquels violions seront aux ordres du sieur Royer pendant l'exécution des bals et comédies seulement.

Avant cette époque, en 1672, on paya une somme d'argent au loueur de carrosses qui conduisit les violons du prince Charles-Alexandre de Lorraine à Enghien; et en 1704, un nommé Prinier, joueur de violon, reçut une gratification, pour avoir joué plusieurs fois devant Madame la Princesse.


I. Archives) B. 1563.

2. Ibid. B. 1646.


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Un arrêt fut rendu en 1714, sur la requête de Jean Greneteau, l'un des valets de chambre du duc, et maître des joueurs d'instruments de Lorraine et Barrois, condamnant un joueur de violon, demeurant à Couvay, à payer le droit dû au domaine du comté de Salm pour avoir la permission de jouer du violon et d'autres instruments dans l'étendue dudit comté. Cet instrument était, comme on l'a vu précédemment, très souvent employé dans les églises, et, en 1710, Nicolas Perrignon en joua à la Primatiale de Nancy, le jour de la fête de la Conception1.

Le luth et la harpe portative tendent à disparaître. Le hautbois tenait toujours la place dans l'orchestre des concerts de la cour, et les Archives mentionnent les gages payés en 1702 aux joueurs de hautbois.

Voici les noms des trois principaux artistes de Son Altesse qui en jouaient :

Claude la Guery (ou de la Guerrière), 1700; Jean Gabriel et Henri Delagrange, 1702. Sébastien Moucherel est connu à Nancy comme facteur de hautbois, en 1724; il habitait alors la ville Vieille.

La cornemuse a complètement disparu.

Organistes et facteurs d'orgue

La facture des orgues à tuyaux pour églises commence à surpasser tout ce qui avait été fait jusqu'à cette époque ; les jeux de ce superbe instrument deviennent de plus en plus nombreux et de plus en plus puissants.

Voici les noms des principaux facteurs-constructeurs d'orgues pendant le règne de Léopold :

  • Jean Adam, 1701, répara l'orgue de la paroisse Notre-Dame.
  • J.-B. Colin, 1706, répara celui de Saint-Sébastien ;

1. Archives) H. 2042.


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  • Renaud, 1710;
  • Claude Moucherel, 1720; obtint un brevet en 1723 ; François Adam, 1720;
  • Claude Bachet, 1723;

  • Jodoch Vonesche, 1728;

  • François Vonesche, 1729.

Les principaux organistes étaient :

  • Jean Adaln, 1701 ;
  • Dageville, organiste de Léopold, 1703 ;
  • François Vinand, 1705;
  • Antoine Matton, 1706;
  • Joseph Deforge, prêtre et organiste, 1706; François-Mathias Vinand, organiste des plaisirs de S. A., 171 5;
  • Joseph Marchai, 1721, mort en 1780;
  • J.-B. Mougenot et Christophe Poirel, organistes de la Primatiale, 1722;
  • Chrétien Pierson, 1724;
  • Charles Matton, organiste de la paroisse NotreDame, mort en 1727, à l'âge de soixante-quinze ans ;
  • Simon Monot, organiste de Vézelise, en 1728, nommé organiste du collège des jésuites de Nancy. Les orgues de l'église de Vézelise sont assez remarquables au point de vue de la qualité des sons.

Les noms des principaux flûtistes se trouvent parmi ceux qui sont désignés dans les Archives sous le titre de musiciens.

Les tambours et les trompettes ont décidément maintenu leur place dans la musique militaire, ainsi que la flûte, le fifre et le hautbois, cités précédemment.

Les trompettes employées à la pompe funèbre de Charles V avaient des sourdines en signe de deuil, afin


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d'atténuer le son et de le rendre plus lugubre. On sait que la translation des cendres de ce prince, d'Inspruck à Nancy, n'eut lieu qu'en 1700.

On continuait à employer dans les orchestres la musette, la sacqueboute ou trombone, et, dans les concerts de la cour, l'épinette et le clavecin.

En 1703, une somme fut payée au sieur Dageville, organiste, pour avoir montré au prince à toucher de l'épinette, et, en 1710, à Renaud, facteur d'orgues, pour l'entretien des clavecins de la cour.

Deux ans plus tard, le sieur Laguerre reçut une somme d'argent pour avoir plusieurs fois joué du clavecin aux musiques de S. A.; enfin, en 1726, il fut payé différentes sommes pour un clavecin que le sieur Marchai, facteur d'orgues, avait fourni aux princesses1.

Maitres de musique et maitres de danse

Les principaux maîtres de la musique de Léopold furent: Jean Regnaulr, 1702; il composa la musique d'une comédie lyrique, dont les paroles étaient de Dominique (Biancolelli), qui fut représentée à Lunéville vers 1704.

Desmarets, né à Paris en 1662, page de la musique de Louis XIV, puis surintendant de la musique du duc de Lorraine, vers 1702; il mourut à Lunéville le 7 septembre I74I!. Une note des Archives, datée de 1715, mentionne les payements faits à Desmarets, surintendant de la chapelle de Son A Itesse, pour son traitement et la solde des musiciens, symphonistes et filles des chœurs 3.

Dejehez fut maître de musique à la Primatiale de Nancy, en 1697 et Thouvenin en 1708.

Les principaux maîtres de danse étaient : Magny,


1. Archives. B. 1681.

2. Fétis. Biog. des musiciens.

3. Archives; B. 1617.


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1 701 ; Ribon, maître de danse de Mesdames les princesses, 1717, Laval, danseur aux comédies, en 1728.

On voit que la cour aimait beaucoup ce genre de divertissements, et cependant Léopold défendit par un édit, en 1720, les danses et jeux publics les jours de dimanches et de fêtes.

Sous la mention de musiciens, les Archives indiquent les noms suivants :

L'abbé Madin (Henri), né à Verdun en 1698, fut maître de chapelle à Tours, et mourut à Versailles, le 4 février 1748.

Henry Lagrange, symphoniste de S. A., né en 1666, mort en 1716.

Thomassin, chanteur, 1700.

Guillot, musicien, venu de Lunéville, en 1705, pour la musique faite au service célébré aux Cordeliers pour S. A. le prince Joseph de Lorraine, fils de Charries V.

François Aubert, 1706, dont le père avait été musicien de la chapelle royale de Versailles.

Mademoiselle Coulon, les sieurs Lefebvre et Bouley, musiciens au service du duc Léopold, 1712.

Jean Pignolet, musicien à la Primatiale, en 1713.

Plaçons entre cette nomenclature un mémoire contenant les noms des musiciens faisant partie de la musique de la chambre et de la chapelle du duc Léopold :

Forestier, Dunod, Aubert, Pignolet, Guillot, Roland, Didelon, Angar, Burot, Framboysier fils, Paisible, Deveney, sa femme et sa fille ; Vinant la cadette, Le Brun, Choquart, France, Thybeau, Herard, Vinant l'aînée, Buchet, Auger, trois enfants de chœur et le sieur Des-


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marets, maître de la musique. Tous ces musiciens jouèrent à Lunéville, pendant l'octave de la Fête-Dieu, en 1716.

En suivant les noms à mesure qu'ils sont placés par années, on trouve ceux des musiciens ci-après :

Bonaventure Gille, musicien de S. A., 1719. Antoine Yard, 1720.

André Boulley, ordinaire de la musique de S. A., 1720.

Pierre Noël, musicien ordinaire de la musique de S. A., 1720.

Pierre Bureau, 1722.

Charles Boutillier, ordinaire de S. A., 1723. Charles-François Framboysier, ordinaire de S. A., 1723.

Dunod, musicien de S. A. et ordinaire de la Primatiale, 1716.

Le maître des joueurs d'instruments, sous le duc Léopold, François Greneteau, en'obtint le brevet en 1723. Gille, dont nous avons remarqué le nom comme musicien, était aussi compositeur ; il fit plusieurs airs de musique pour le service du duc.

Tous les musiciens et symphonistes reçurent des sommes supplémentaires, lors des passages du duc Louis d'Orléans, en 1726 1.

Le maître de musique du prince Charles-Alexandre était un nommé du Tartre, et la maîtresse de musique, en 1721, se nommait Louise de Boisemé.

Le psaltérion était encore usité dans les églises de Nancy, en 1710, comme on le voit par la somme payée


1. Archives, B. 1681.


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à Antoine Marchand, joueur de psaltérion à la Primatiale, pour avoir touché du psaltérion à la fête de la Nativité et de la Conception1.

Mascarade de 1699 et fête au Palais Ducal

Afin de suivre le plus possible ce qui concerne la musique pendant le règne de Léopold, il est important de parler de la fameuse mascarade de 1699, dans laquelle les instruments de l'époque sont assemblés selon le caractère de la nation à laquelle ils semblent le mieux appartenir. La tête du cortège était formée d'un groupe de timbaliers et de trompettes à l'allemande, exécutant de brillantes fanfares; le char qui les portait avait été décoré d'une façon toute grotesque, et faisait ressortir l'éclat des costumes des personnages qui s'y trouvaient.

Neuf cavaliers, vêtus à l'allemande, caracolaient autour, et des valets de pied éclairaient la scène par la lueur de leurs torches.

Le second char était celui des violons à la française, des guitares à l'espagnole et des tambours de basque; neuf dames, habillées à la mode de leurs nations, chantaient, au son des instruments, des airs des deux pays.

Le troisième avait des joueurs de flûtes et de timbales, vêtus à la mauresque, qui exécutaient des airs bizarres, alternant ainsi avec les fanfares de la tête du cortège.

Toute la noblesse lorraine avait tenu à honneur de déployer, dans la richesse des costumes, le luxe le plus éblouissant, faisant ainsi un splendide entourage à son souverain.

M. de Curel servait de postillon à un char conduit par le marquis de Beauvau, dans lequel se trouvaient neuf dames nobles vêtues à l'africaine. Puis venaient dix


i- Archives, H. 2042.


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cavaliers maures, la lance à la main. Des joueurs de hautbois, de tambours à la janissaire et d'autres instruments turcs exécutaient des mélodies entremêlées de chants arabes. Le dernier représentait la nation turque et était superbement orné par les plus riches étoffes du Levant, relevées d'ouvrages en broderies de soie, d'or et d'argent; huit alezans le traînaient. Les harnois à l'orientale, les aigrettes de plumes fines, de diverses couleurs, qu'ils portaient sur la tête, semblaient augmenter leur fierté, sous la main du souverain qui les conduisait, et avait pour postillon le comte de Spada.

Au fond du char, on voyait un trône enrichi d'ornements précieux, surmonté d'un magnifique parasol, relevé d'une aigrette blanche ; sur ce trône était la duchesse de Lorraine, en costume de sultane, toute resplendissante de pierreries. A ses pieds, le prince François, son fils, représentait un jeune musulman.

Enfin, dix gentilshommes, vêtus à la mode des vizirs, pachas et officiers de la Porte ottomane, fermaient la marche du cortège.

Après le défilé en ville, on servit une collation sur la place de l'Hôtel-de-Ville et on revint au palais ducal, où quatre tables avaient été dressées dans la galerie des Cerfs ; les valets de pied et estafiers servaient les nations dont ils portaient les livrées. Les quatre bandes de joueurs d'instruments étaient placées séparément; elles jouaient successivement et continuèrent ce concert pendant toute la durée du repas, qui fut fort long.

Les dames et les cavaliers, s'étant levés de table, commencèrent à danser, chacun suivant la manière de son pays. Tous les groupes se mêlèrent ensuite, et le bal ne se termina qu'à minuit, heure à laquelle commençait le carême.


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Théâtres de Lunéville et de Nancy

Avant de terminer l'histoire de la musique sous le règne de Léopold, disons un mot du théâtre et des pièces qui y furent représentées.

On voit, le 26 mai 1700, qu'une tragédie ayant pour titre Celse y eut assez de succès; elle fut mélangée d'intermèdes français, de musique et de danses. Les airs étaient de la composition de Fontaine, de Paris.

Dans le même temps, on donna pour la première fois une pièce dans laquelle les princes et les seigneurs de la cour se confondirent, sur la scène, avec les artistes de profession, qui tenaient les premiers rôles. Le titre était celui-ci : Marthésie, première reine des Ama{ones... tragédie chantée, chœurs et ballets.

Le carnaval de 1702 fut très-brillant; tous les jeudis et dimanches, il y avait opéra avec ballets. Parmi les pièces, on remarquera, dit M. Noël dans ses Mémoires, les fêtes de la Malgrange, les fêtes maritimes et les danses hongroises.

Les jésuites se mêlèrent à ces spectacles et donnèrent à la cour, les 22 et 24 février 1702, une tragédie intitulée Abdolomine, dont les rôles étaient tenus par leurs élèves. La musique était de la composition de Regnault, maître de la musique du duc, et les ballets de Greneteau, son maître à danser.

Une tendance à faire revenir le théâtre vers les sujets sacrés semble se manifester dans cette même année; le 11 juin, le régent de seconde du collège de Nancy fit représenter une pastorclle sur la Re'surrection de N. S. J.-C. On trouva la musique excellente1.

En 1704, un ballet eut lieu à la suite d'une tragédie, à l'université de Pont-à-Mousson, en l'honneur de la

x. Histoire du collège de Nancy.


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naissance du prince Louis de Lorraine. Ce ballet avait pour titre : La félicité de la Lorraine, perpétuée par la naissance de Louis... prince de Lorraine.

Au mois de novembre de la même année, on joua deux pièces à Lunéville. La première, la Fête galante, était mise en musique par Regnault, et les ballets avaient été réglés par Magny. Les pages du duc, costumés en plaisirs et en bergers, dansèrent les ballets; c'étaient les marquis de Lenoncourt d'Heudicourt, le comte de Bressey, le baron de Ham, le chevalier de Mérigny et le comte de Raigecourt.

La pièce se terminait par un chœur final dont voici les paroles :

Faisons tous retentir notre bonheur extrem?}

Un héros chaque jour nous comble de bienfaits.

Chantons LÉOPOLD à jamais Nous chanterons la vertu même.

La seconde est celle dont il a déjà été question au sujet de l'auteur de la musique : Regnault; c'est une comédie lyrique : les Amours d'Arlequin, dont les paroles sont de Dominique Biancolelli.

En 1705, un théâtre fut construit à Lunéville, et, en 1706, Acis et Galatée 1, pastorale en musique, y fut représentée devant le duc et la duchesse.

Parmi les personnages de la cour qui y remplirent certains rôles, il faut citer : Miles de Trocmorton et de Soreau, Mme la Princesse ; MM. Divonne, de Custine et Darquest figurèrent les divinités champêtres 5 le chevalier de Spada, un plaisir dansant; les bergers,MM. de Raigecourt, d'Arsillemont et d'Anglure ; Mlle de Nettancourt


I. Nancy. Paul Barbier.


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une driade dansante. Enfin, MUes d'Agencourt et de Ficquémont, Mme de Lenoncourt d'Heudicourt, MM. de Bronne, de Golstein et de Préfontaine composèrent la suite de l'Abondance et de Comus.

Parmi les opéras représentés devant la cour de Lorraine, on remarque : Vénus, opéra donné à l'occasion du carnaval de 1708, ainsi que l'opéra de Thésée, de Lulli, où l'on vit figurer, dans les intermèdes, la duchesse de Lorraine, la princesse Gabrielle et Mme de LenoncourtBlain ville.

Le 10 février de la même année, le régent de rhétorique fit représenter sur le théâtre de la cour les Menteurs, pièce en cinq actes, accompagnée de ballets se rapportant au sujet.

En 1708, également, une pastorale en musique, Diane amante1, fut jouée sur le canal d'Einville, en présence de Léopold et des princes de sa famille. Barthélemy Bernardi, académicien philharmonique et compositeur de musique du roi de Danemark et de Norvège, en avait fait la musique et les paroles. Les ballets étaient réglés par Magny.

S'il faut en croire M. le comte de Foucault, on joua, sur le magnifique théâtre que Léopold avait fait construire à Nancy, les chefs-d'œuvre de Corneille, de Racine, de Molière et de Lulli2.

Salle de l'opéra de Nancy

Dès 1707, le duc fit commencer la salle de l'Opéra, sur les dessins de Bibiena, de Bologne, qui en conduisit les ouvrages. Cette salle, qui faisait l'admiration des personnes


(1) « Diane amante, pastorale en musique, représentée devant LL. AA. RR. Mgr le duc et Mme la duchesse de Lorraine, et LL. -1 A. SS. Mgrs les princes Charles et François de Lorraine, frères de S. A. R. sur le canal d'Einville) l'an 1708. Lunéville/. J.-L. Bouchard. »
(2) Hist. de Léopold.


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étrangères, avait été peinte par Charles et Provençal. Elle était terminée en 1709, et la duchesse vint exprès de Lunéville pour en voir fonctionner les machines.

En 1709, on joua à Lunéville Amadis des Gaules, tragédie en musique, dont les danses étaient de la composition de Magny ; les Fêtes de l'Amour et de Bacchus, pastorale en musique, et enfin, le Temple d'Astrée, divertissement donné pour la première fois à Nancy, le 9 novembre, dans la salle des machines du Palais-Royal, devant la duchesse de Lorraine. M. du Tremblay en fit les paroles, Desmarets en composa la musique et Magny en régla les ballets.

Desmarets composa aussi un opéra intitulé Armide, qui fut représenté, le 15 décembre 1710, sur le nouveau théâtre de Nancy, avec les ballets, toujours de Magny. La scène du prologue se passe sur les bords de la Vezouse, du côté de Lunéville. Léopold figura, pour la première fois, dans les danses avec la duchesse et la princesse Gabrielle.

En 1711, dans un opéra qui fut donné à Nancy, on dessina de véritables jardins sur le théâtre de la Comédie; la duchesse et la cour en furent émerveillées, et on continua de reproduire cette innovation dans plusieurs autres pièces.

L'année suivante, on paya au sieur Foucault, marchand imprimeur de livres de musique et d'opéras, diverses sommes pour les livres de musique de l'opéra de Persée, et pour des cantates envoyées au prince Charles Alexandre, à Commercy.

En 1715 : Dépenses faites pour le jour que l'on a joué l'Opéra pour l'arrivée de l'électeur de Bavière, lorsque l'on a fait voir la grande décoration. La même année, il se


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fit au collège des jésuites, à Luxembourg, une distribution de prix suivie d'une tragédie entremêlée de ballets et d'intermèdes comiques. Le titre de la pièce était : Joseph.

Le Ier février 1717, on représenta à Nancy, devant le duc et la duchesse, les intermèdes de la comédie du Bourgeois-gentilhomme, avec tous ses agréments de danse et de musique. Ce fut la première et la seule des comédies de Molière qui paraisse avoir été jouée en Lorraine; elle fut montée avec un grand soin, et toutes les personnes de la cour y remplirent des rôles.

Pour ce qui concerne la musique et la danse, voici les noms de ces personnes :

Maître de musique : M. de Southcotte, page de S. A. R.
Maître à danser : M. de Laugier.
Un élève dit maître de musique : M. Noël.
Une musicienne : MUe Deschamps.
QUATRIÈME INTERMÈDE
POUR LA DANSE :

M. de Malleloy.

M. de Fontenof.

Monseigneur.

Mille la marquise de Spada.

Mme la comtesse de Ligneville d'Hautricourt.

Mlle de Sauter.


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CINQUIÈME INTERMÈDE

POUR LA DANSE :

Mgr le prince.

Mlle de Vidampierre.

M'"e de Tastungen.

M'ne de Taxis.

Mlle de Ludres.

Mlle de Bassompierre.

M. le comte de Vohringen.

Les danses des intermèdes sont de la composition de M. Magnj.

Desmarets mit en musique un Divertissement dont les paroles étaient de Cusson, imprimeur à Nancy, composé pour la fête du duc, en 1717.

Le même divertissement, agrémenté de nouvelles danses par Magny, fut donné, à l'occasion du mariage du prince de Lixheim avec Mlle de Craon, au théâtre du château de Lunéville, le 19 août 1721.

Enfin, au carnaval de 1725 et en 1728, les élèves des jésuites représentèrent sur le théâtre de l'Opéra de Nancy des tragédies et des comédies suivies de ballets et de danses.



Voir aussi