La musique en Lorraine (1882) Jacquot/Chapitre VIII

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La musique en Lorraine
I - II - III - IV - V - VI - VII - VIII - IX -- (lutherie)

CHAPITRE VIII

FRANÇOIS III, 1729-1737.- ACADÉMIE DE MUSIQUE DE NANCY. — ORCHESTRE DE LA COUR. — VIOLONS ET LUTHIERS. — LA HARPE, INSTRUMENTS DIVERS. — AUDROUX. — THEATRE.

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Chapitre VIII


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Le prince François étant à Vienne à la mort de Léopold, son père, la régence fut confiée à la duchesse douairière Élisabeth-Charlotte d'Orléans, qui la conserva jusqu'au 28 novembre 1729, jour de l'entrée en possession de ses États par le nouveau souverain.

Quoique le jeune duc n'eût pas habité longtemps notre pays, il s'appliqua à donner tout le développement possible aux arts, et principalement à la musique.

C'est dans ce but qu'il fonda, en 1731, une académie, à Nancy, dont nous reproduisons les statuts :

Académie de musique de Nancy

Lettres patentes portant établissement d'une Académie de musique dans la ville de Nancy.

Du sixième avril 1731.

FRANÇOIS, par la grâce de Dieu, duc de Lorraine, de Bar, de Montferrat et de Teschen, roi de Jérusalem, Marchis, duc de Calabre et de Gueldres, etc. A tous ceux qui ces présentes verront, salut.

Les Directeurs, Conseillers et Associés de l'Académie de musique. établie en notre bonne ville de Nancy, Nous ont très-humblement fait représenter, que pour parvenir à cet établissement, le rendre durable et


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prévenir toutes les contestations et difficultés qui pourroient se présenter à l'avenir, il a été fait et signé entre eux un acte d'association, et en conséquence ont fait dresser des Statuts et Règlements convenables à ladite Académie, laquelle ils Nous ont très-humblement fait supplier de vouloir prendre sous notre protection souveraine, et pour cet effet d'autoriser leurs Assemblées et approuver lesdits Statuts et Règlements : Persuadés que cette grâce singulière excitera l'émulation et maintiendra le bon ordre qui doivent assurer le succès d'un établissement qui ne peut être qu'utile et agréable à Notre Ville Capitale.

A ces causes et autres à ce Nous mouvant, Nous de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité souveraine, avons permis, approuvé et autorisé, permettons, approuvons et autorisons lesdites Assemblées conformément aux Statuts et Règlements qui Nous ont été présentés ; en conséquence, voulons que lesdites assemblées soient continuées à l'avenir dans la ville de Nancy, sous le nom d'Académie de Alusique) dont Nous nous déclarons Protecteur : Ordonnons que les Statuts et Règlements contenus dans le cahier ci-attaché sous le contre-scel de Notre Chancellerie, seront suivis et exécutés selon leur forme et leur teneur. Si donnons En mandement à Nos très-chers et féaux, les Présidens, Conseillers et Gens tenans Notre Cour Souveraine de Lorraine et Barrois, et à tous autres qu'il appartiendra, que du contenu ès Présentes, et de tout l'effet d'icelles ils fassent, souffrent et laissent jouir lesdits Directeurs, Conseillers et Associés de l'Académie de Musique, établie en Notre dite Ville de Nancy, pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous trouble et empêchement contraires : Car ainsi Nous plaît.

En foi de quoi, Nous avons aux Présentes signées de Notre Main et contre-signées par l'un des Conseillers-Secrétaires d'Etat, Commandements et Finances, et fait mettre et appendre Notre Grand Scel.

Donné à Lunéville, le 6 avril 1731.

Signé : FRANÇOIS.

Et sur replis. Par S. A. R.

Signé : S. M. LABBÉ.

Registrata : THIERR y.


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STATUTS ET RÈGLEMENTS

DE L'ACADÉMIE DE MUSIQUE

ARTICLE PREMIER.

Son Altesse Royale sera très humblement suppliée de se déclarer Protecteur de ladite Académie.

II.

L'Académie sera composée de deux classes; la première, d'Académiciens ordinaires et honoraires; la seconde des Académiciens associés.

III.

Ceux qui se présenteront pour être de la première Classe seront proposez par un des Officiers, dans une de leurs Assemblées; et s'ils sont agréez, leurs noms seront inscrits par ordre de date, sur un Registre particulier qu'ils signeront, en se soumettant aux Statuts et Règlements de l'Académie. Leur réception sera signée pareillement par les Directeurs et le Secrétaire.

IV.

Personne ne sera reçu Académicien ordinaire et honoraire, à moins qu'il ne s'engage pour une année et qu'il ne paye un quartier de l'Abon-


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nement qui sera prescrit et qui sera continué de quartier en quartier jusqu'à la fin de l'année. Les seuls étrangers qui seront dans la ville, pour trois ou six mois, pourront s'abonner pour cet espace de tems en payant les quartiers d'avance.

V.

Tous les Académiciens ordinaires et honoraires exécuteront leur partie dans le Concert quand ils le jugeront à propos, à charge d'en avertir un Directeur, huit jours auparavant.

VI.

Les seuls Académiciens ordinaires et honoraires auront voix délibérative dans les Assemblées. Les Officiers ne pourront être choisis que dans cette classe.

VII.

Aucun Académicien ne pourra être exclu que pour des causes que l'Assemblée générale, à la pluralité des deux tiers des voix, aura reconnues graves et importantes.

VIII.

Les Académiciens associez ne contribueront pas à la dépense del'Académie, mais ils ne seront reçus que lorsqu'ils seront reconnus par les Directeurs, d'une capacité suffisante pour bien exécuter leur partie dan& les Concerts ; et ils ne pourront s'absenter, sans en avertir quelques jours auparavant un des Directeurs.


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IX.

Chacun des Académiciens ordinaires et honoraires, présent ou absent, payera par chaque année la somme de cent livres, en quatre payemens égaux de trois mois à autres, entre les mains du Trésorier, qui leur en donnera quittance et enregistrera le payement sur son registre, et fera mention du nombre, de la qualité et de la valeur des espèces qu'on lui délivrera, pour qu'il puisse lui être fait état des diminutions et qu'on soit certain des bénéfices sur les augmentations, le cas arrivant, lorsqu'il rendra ses comptes aux officiers.

X.

L'Académie aura pour Officiers, six Directeurs, un Bibliothéquaire, et un Trésorier, qui sera en même temps Secrétaire. Les élections s'en feront tous les ans.

XI.

Les Directeurs présideront à toutes les Assemblées, les convoqueront extraordinairement lorsqu'ils le jugeront à propos, veilleront à l'observation des Statuts et Règlements de l'Académie.

XII.

L'un des Directeurs sera chargé du détail des Exercices de l'Académie ; les autres suppléeront en cas d'absence ou autre empêchement.


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XIII.

Le Bibliothéquaire aura des gages fixes et prendra soin des divers Papiers et Effets de l'Académie. Il en sera chargé sur deux Registres signés de lui, dont l'un restera par devers lui, et l'autre sera mis entre les mains des Directeurs auxquels il en répondra.

XIV.

Tous les ans, Inventaire sera fait par le Bibliothéquaire des Papiers de musique, et autres Effets de VAcadémie, en présence des Directeurs, et il sera tenu d'inventorier les Acquisitions nouvelles, à fur et à mesure qu'elles se feront.

XV.

Le Bibliothéquaire aura, sous l'ordre des Directeurs, des Copistes pour écrire les Pièces, dont l'on jugera à propos d'avoir des Exemplaires. Ces Copistes seront payés de mois à autres par le Trésorier, sur les Mandemens qui leur seront donnés, signés de trois Directeurs au moins.

XVI.

Les Directeurs donneront les ordres nécessaires les jours de Concert, pour qu'on n'y introduise que ceux qui doivent y entrer ; et ils distribueront aux Etrangers, les billets qui seront destinés pour les admettre au Concert, à charge qu'ils ne pourront y faire entrer les mêmes Étrangers plus de quatre fois, en leur remontrant qu'ils peuvent s'abonner pour trois ou six mois, s'ils le jugent à propos.


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XVII.

Les Directeurs envoyeront par chaque Concert deux billets au Commandant de Messieurs les Cadets pour qu-*il les distribue à ceux d'entre eux qu'il jugera à propos.

XVIII.

Le Trésorier recevra tous les deniers de l'Académie, fera tous les payemens sur les Mandemens des Directeurs, et rendra compte à la fin de chaque année.

XIX.

Le Trésorier fera les fonctions de Secrétaire et sera tenu en cette qualité d'écrire toutes les lettres invitatoires pour convoquer les Assemblées Générales ou particulières, sur l'ordre qui lui en sera donné par les Directeurs, et de faire entrer dans sa Caisse les quartiers d'abonnement de ceux qui pourroient être en retard de les payer.

XX.

Le Trésorier ne contribuera point à la dépense de l'Académie et sera réputé pour Académicien associé ; au moyen de quoi, il n'aura aucuns Appointemens, et sera tenu de remplir fidèlement les obligations qui lui sont prescrites ci-dessus.


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XXI.

L'Académie donnera deux Concerts par semaine; sçavoir : le Jeudi et le Dimanche. On commencera à cinq heures précises.

XXII.

Les Directeurs délivreront à chacun des Académiciens Ordinaires, Honoraires et Associés un Billet, qni contiendra son Nom, et qui sera signé par les Directeurs, le Trésorier et le Secrétaire. Les Académiciens seront tenus de présenter leur Billet au Portier, à chaque Concert.

XXIII.

Tous les Académiciens Ordinaires et Honoraires pourront conduire deux Dames au Concert ; les Académiciens Associés une Dame seulement. L'entrée demeurera interdite aux Enfants au-dessous de l'âge de dix ans ou environ, pour qu'ils ne troublent pas la tranquillité du Concert.

XXIV.

Les Directeurs s'assembleront ordinairement le premier jour de chaque mois pour délibérer sur les affaires de l'Académie, sauf à eux à faire les convocations extraordinaires quand ils les croiront nécessaires.


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xxv.

Tous les ans il se fera une Assemblée Générale, dans laquelle on élira les Officiers, à la pluralité des voix, pour l'année suivante : et les mêmes Officiers pourront être continués si l'intérêt de l'Académie le requiert.

XXVI.

Ceux qui auront des comptes à rendre les présenteront, pour les faire arrêter par les anciens et nouveaux Directeurs, le premier samedi qui suivra le jour de l'Election de ceux-ci, et à l'heure qui sera fixée par les nouveaux Directeurs.

XXVII.

Il ne se fera aucune dépense extraordinaire sans une délibération et le consentement des Directeurs et de six Conseillers-Académiciens Ordinaires et Honoraires, qui seront élus, sauf à eux de convoquer une Assemblée Générale s'ils le jugent à propos.

XXVIII.

Les Appartements de l'Académie, les Livres, Papiers, Meubles et autres Effets qui lui appartiennent, ne serviront jamais qu'à son usage, sous quelque prétexte que ce soit.


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XXIX.

S'il se trouvoit des sujets dans la ville, qui par leur voix pussent être utiles à l'Académie, et qui fussent hors d'état de pouvoir payer des Mattres; PAcadémie leur en donnera à ses dépens. Elle choisira même dans le nombre de ses Musiciens ceux qui seront les plus habiles pour les enseigner ; et ils rendront compte aux Directeurs des talents et du progrès des Écoliers qui leur seront confiés. Le choix de ces sujets se fera à l'Assemblée des Directeurs.

XXX.

L'Académie fera chanter une Grand: Messe et un Te Deum en Alusique; en l'église des Pères Cordeliers, le huit Décembre de chaque année, jour de la Naissance de S. A. R., et le Concert sera donné au Public.

XXXI.

Le Sceau de l'Académie représentera une Lyre avec ces mots pour devise : ALLICIT et SOCIAT.

XXXII.

L'Académie pourra expliquer, étendre ou restreindre les présents Statuts et Règlements, suivant les occurrences, et sous le bon plaisir de S. A. R.


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Fait et arrêté en l'Assemblée Générale des Académiciens Ordinaires et Honoraires, le 7 mars 1731, et signé par Nous, Directeurs et Conseillers élus à la pluralité des voix en ladite Assemblée.

Signé : DE RUTANT, LESNIER, LE TEXIER DE FORGES, BAUDOUIN, MASSON, DE PONTZ, HURAULT, CHARPENTIER, THIBAULT, N. ANTOINE, DE RARECOURT ET VINCENT.

Nous avons cru devoir donner en entier ce curieux document, dont quelques paragraphes peuvent être très utiles pour l'organisation des sociétés musicales.

L'orchestre de la cour

L'orchestre de la cour avait pour directeur, en 1730, Bonaventure Gilles, qui est connu aussi comme sYlnphoniste; il composa et reçut pour les compositions qu'il dédia, en 1731, au duc François III, des sommes assez importantes1.

L'année suivante, les luthiers de Mirecourt obtinrent des chartes que nous reproduirons dans un ouvrage spécial sur la lutherie lorraine, qui paraîtra plus tard.

Les violons étaient encore employés dans les églises : le 8 août 1732... lors de la consécration de l'église SaintSébastien de Nancy, la grand'messe fut chantée par trois voix choisies, qui faisaient un alternatif avec les trompettes et tymballes, et Ul1e symphonie de violons et de cors de chasse, agréablement mêlés.

Mercier était le maître des violons, en 173 5, et il figure parmi les symphonistes, ainsi que Lambert et Didon.

Les luthiers de cette époque sont : Joseph Miraucourt, de Verdun, 1743, dont nous possédons une viole; François Lupot, né à Plombières, en 1736; Lambert,

1. Archives, B. 1714.


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surnommé le charpentier de la lutherie, qui fit une quantité considérable de violons, dont la facture est très médiocre; il a formé cependant quelques bons élèves, entre autres Saunier. Il vivait encore à Nancy en 1750.

Le luth, à peu près disparu, fait place à la harpe. Cet instrument est en grande vogue à la cour de Lorraine ; en effet, quoi de plus gracieux, pour une femme, que d'effleurer délicatement, d'une belle main, les cordes qui résonnent sous des doigts exercés, et de montrer les mouvements cadencés d'un beau bras ? C'est à ces avantages et à celui d'accompagner agréablement le chant, que la harpe dut son succès au xviii6 siècle.

Les orchestres de la cour possédaient un grand nombre de joueurs de basson et de hautbois, et, à partir de 1734, ces instruinents étaient le plus en usage parmi ceux des musiques des régiments. Les violons n'y furent plus employés, comme sous le règne de Charles III ; on avait reconnu, sans doute, l'inconvénient de les jouer en plein air. En 1734, nous voyons les dépenses pour l'acquisition de hautbois et bassons pour le régiment des gardes.

Sous la mention : musiciens, voici les noms des principaux d'entre eux : Morel, musicien du Concert royal et de la Primatiale: Guillaume Duclot, de Académie royale ; Nicolas Pignolet, fils de Jean Pignolet; Édouard-Antoine Dunod, fils du sieur Bernard Nicolas Dunod, musicien de S. A. R. et ordinaire de la Primatiale, 1730.

Les principaux facteurs d'orgues de Nancy étaient : Marchai, qui faisait aussi des clavecins, puisqu'en 1726 il en fabriquait un pour les princesses ; Charles Cachet, 1724; Jean Moucherel, 1720; François Vonèche, 1729; Claude Moucherel,, facteur d'orgues de S. A. R., fit Ise


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orgues de l'église Saint-Sébastien de Nancy, en 1733. Sa famille fut une des plus connues parmi celles des facteurs d'instruments, et il est assez remarquable de voir dans ces temps les ^enfants suivre les mêmes carrières artistiques que leur père.

Comme organistes, nous trouvons: J.-B. Mougenot, organiste de l'église Saint-Sébastien (1731), mort en 1738; François Aubert, organiste de Saint-Roch, 1731 ; François Vinand, organiste de S. A. R.; et enfin, un.artiste qui, quoique enfant, promettait beaucoup pour l'avenir; voici, du reste, la mention, datée de 1737, qui donne le nom de ce petit prodige : Retenue pour un des organistes de la ville, dès qit'il y aura une place vacante du sieur Alldroux fils, âgé de treize ans et un mois, lequel Vauroit emporté au concours, el1 présence des facteurs et organistes de la Ville et des organistes du Concert. Il lui est alloué, en attendant, une pension de cinquante livres.

Ce jeune virtuose obtint, l'année suivante, à l'âge de quatorze ans, la place d'organiste de Saint-Epvre1 qu'il occupa pendant six mois. Il partit, à la fin de 1738, dans le but de faire ses études musicales, ! et on ignore mal# heureusement ce qu'il devint.

Les principaux maîtres de danse furent Ribon (1731) et Magny fils (1735).

Le théâtre fit un grand pas, surtout dans le genre des comédies, qui, la plupart, étaient accompagnées de ballets et de musique.

En 1732, on donna deux pièces qui furent imprimées à Nancy : l' Europe galante, ballet mis en musique par Campra1, et le Fragment du ballet des Dieux, mis en musique par M. Mouret, dirigé en deux concerts par

1. Le frontispice est décoré des armes de l'Académie de Nancy.


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M. Valette de Montigny, ci-devant maître de musique dit concert spirituel, chanté en l'Académie de musique de S. A. R., augmentés de deux airs italiens à voix seule et simphonie, et leur interprétation en françois, chanté par Mlle La Gidonnais.

Au mois de février de la même année, les élèves du collège des jésuites donnèrent, au théâtre de l'Opéra de Nancy, une tragédie latine intitulée Lucius Junius Brut us, premier consul des Romains, et l'Honneur mal entendu, « comédie en vers François destinée à servir d'intermède à la tragédie, et toutes deux entremêlées de danses, de la composition de M, Piquot. »

Il est intéressant de reproduire ici la copie d'une affiche du théâtre de Nancy, pour la représentation du lundi 1) mars 1734 :

a Par permission de Monsieur le Marquis de Gerbeviller, Grand Bailly, et Messieurs les Président, Lieutenant Général de Police et Conseiller de l'hôtel de ville et Police de Nancy. »

LES COMÉDIENS ITALIENS

représenteront Lundy, quinzième Mars 1734, pour la dernière fois,

LES AMANTS RÉUNIS,

COMÉDIE DU THÉÂTRE ITALIEN

SUIVIE

DU PROCEZ DES COMÉDIENS,

PIÈCE VISIBLE.

« L'on prendra au Théâtre, Balcons et premières Loges, quarante sols ; et vingt sols au Parterre et Galeries. »


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cc L'on commencera à cinq heures précises. Défenses sont faites à toutes personnes de Livrée d'entrer, MÊME EN PAYANT. »

« Ceux qui désireront des Billets pour la Comédie pourront s adresser au sieur Belcourt) tenant Billard sur l'Esplanade. « 

Le 18 février 1736, les comédiens de la troupe du sieur Francisque jouèrent, sur le grand théâtre de la cour, le Prince travesty ou Arlequin à la cour, de Marivaux, et l'Hymen vainqueur 1, petite pièce héroïque, ornée de spectacles, de chants et de danses, sur le mariage de Son Altesse Royale avec la Sérénissime Archiduchesse d'Autriche. La Musique est du sieur Rault de l'Académie Royale, et le ballet de la composition du sieur Maltere. »

Le compte rendu de cette pièce en mentionne les détails, et nous remarquons principalement un passage où il est dit que la Déesse de la paix adresse ses vœux au Prince et à la Princesse, et ordonne aux Jeux, aux Grâces, aux Tritons, aux Sylvains et aux Bergers de danser et de chanter la Victoire que l'Hymen a remportée sur le dieu Mars. Suit un ballet, puis les chansons, répétées par le chœur. L'Amour, l'Hymen et la Paix, qui ont conclu le mariage, dansent ensuite. L'Amour, après cette danse, vient demander au parterre s'il peut compter sur son suffrage, et la pièce finit par un ballet général2.

En 1736, les écoles de l'université de Pont-à-Mousson jouèrent deux pièces suivies d'un ballet, dont les airs et les pas avaient été réglés par Clément Conrad; il était

t. L'Hymen vainqueur) petite pièce héroïque, ornée de spectacles, de chants et de danses, sur le mariage de S. A. R. avec la sérénissime archiduchesse d'Autriche. Représentée sur le grand théâtre de la Cour, par la troupe du sieur Francisque, le 18 février 1736. Avec le compliment que le sieur Verneuil a prononcé le 16 du même mois, pour annoncer cette pièce. Nancy. Leseure, 1736.

2. Etudes sur le théâtre en Lorraine; par M. Henri Lepage, dans les Mémoires de la Société des sciences, lettres et arts de Nancy, 1848.


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intitulé le Triomphe du mérite. La comédie se jouait dans la salle qui exista jusqu'en 1750 et qui se trouvait sur l'emplacement de l'ancienne Poissonnerie.

Parmi les musiciens et les comédiens célèbres, nés en Lorraine pendant le règne de François III, nous trouvons :

Audinot (Nicolas-Médard), acteur de la Comédie italienne, né à Nancy en 1730, qui fonda l'AmbiguComique et mourut à Paris le 21 mai 1801.

Chevrier (François-Antoine), né à Nancy au commencement du XVIII6 siècle, a fait quelques pièces de théâtre et a laissé des observations très-spirituelles sur les théâtres de Paris, notamment sur l'Opéra; il mourut à Rotterdam le 2 juillet 1760.

Deblois (Charles-Guy-Xavier), dit Van Gromerade, né à Lunéville le 7 septembre 173 7, fut élève de Giardini et de Gaviniés, pour le violon. Il fut, pendant vingt-huit ans, l'un des premiers violons de la Comédie italienne, où il remplit souvent les fonctions de chef d'orchestre ; il composa un opéra-comique en un acte : les Rubans ou le Rendez-vous qui fut représenté le 11 août 1784, à Paris.

Marquet (François-Nicolas), médecin et botaniste, né à Nancy en 1697, mort le 29 mai 1759, fit une méthode pour apprendre, par les notes de la musique, à connaître le pouls de l'homme et les changements qui lui arrivent depuis sa naissance jusqu'à sa mort 1.

1. Fétis. Biographie des musiciens.


Voir aussi