Le Palais ducal de Nancy (1852) Lepage, 3 b

De Wicri Nancy

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Le
Palais ducal
de Nancy
1544 - 1608
(pages 57 à 77)

Cette page introduit la deuxième partie du troisième chapitre d'un livre écrit par Henri Lepage en 1852 : Le Palais ducal de Nancy.

 
Le Palais ducal de Nancy
Vers le texte original

Texte original

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L'année suivante, Pierre Coyn, recouvreur des haults ouvrages, remit le tuai (tuyau) de la cheminée en briques de la Porterie, fit un dôme au-dessus, et la peignit en ocre. Cette cheminée est sans doute celle qui était voisine de la porte d'entrée du Palais, et qu'on voit parfaitement figurée dans la planche de La Ruelle, qui représente la façade de cet édifice sur la Grande Rue.

En 1553, de nouveaux travaux furent faits , tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Galerie des Cerfs (1) , au jeu de


  (1) A Jehan, pottier d'estain..., pour six libvres soldures qu'il a vendu., pour solder les chanlettes de pierres couvertes de plon^b de la gallerie des Cerf/... xviij deniers.

A Pierre Coyn, recouvreur en l'hostel Monseigneur, quatre frans douze deniers pour xiij journées qu'il a ouvré., à recouvrir et boucher toutes les gouttieres de dessus la salle des Cerfz...

A Demange Beurre, fontenier, Martin Beurre et Claudin Dcltrccourt, charpentiers... trois frans deux gros pour neuf jours et demy qu'ilz ont ouvré en la maison mondit seigneur à faire quatre graus tresteaulx pour servir aux painctres à repaindre la salle des Cerfz...

A Jehan Jacquot dict de la Monnoie... pour ung cent d'or battu qu'il a delivré à maislres Medart et Claudin, painctres, pour employer à racoustrer la gallerie des Cerfz... vj fr. x gros.

A Didier Loilier, demeurant audict Nancei, pour deux quartes d'huylle de noix qu'il a vendu et delivré pour repaindre la salle des Cerfz... iij fr. iiij gros.

A Pierron, recouvreur" des haultz ouvraiges , et plusieurs

aultres qu'ilz ont ouvré et fourny chacun de leur mestier à solder

les chanlettes de dessus la gallerie des Cerfz.... xxij fr. j gros xiiij deniers. (Comptes du Cellericr de Nancy pour 1532-1553.)

A Denys Dieu... pour deux cens d'or fin qu'il a vendu et delivré à Medart et Claudin,painctres de Monseigneur..., pour racoustrer la gallerie des Cerfz... vj fr.

Les comptes de l'année suivante renferment encore cette mention: H Payé deux gros quatre deniers à un manouvrier pour avoir porté les tresteaulx et planches qui ont servy aux painctres en rabillant la gallerie des Cerfz. n


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paume et à la « chambre de verre où souloit loger Mer le Cardinal. »

On travaillait encore, en 1555 et 1556, aux restaurations de la Galerie des Cerfs , et l'on acheta, à cet effet, une certaine quantité d'or et d'azur qui fut délivrée à Crocq et à Chuppin (1); Jean de Paris, jardinier du château, plantait dans le jardin des arbres et des rosiers qu'on avait fait venir de Provins.

En 1557, des échafauds furent dressés dans la Grande Salle pour y jouer « la Vendition de Joseph; » on recouvrit et on remit en état le « couronnement de la Tour de Paradis » le dessus du jeu de paume, le toit de dessus le Rond , ceux de la galerie allant à l'oratoire des Cordeliers et de la chambre de la Tapisserie dessus la Galerie des Cerfs. C'est au-dessus de cette dernière , mais j'ignore à quel endroit, que se trouvait la Tour de Paradis , dont il vient d'être fait mention, et dont la destination m'est inconnue, de même que l'étymologie de son nom.

Un nommé Claudin de Hault, « ymagier » à .Nancy, fit, en 1559 , deux têtes de lion pour le bassin de la fontaine du jardin de la Court, et plusieurs manouvriers furent employés à faire « la neuve carrière à courir les grands chevaux en la Neuve Rue; » on commença, en même temps , la construction des écuries pour les grands chevaux, « derrière la maison de feu M0 Jacques la Mesche, cirurgien, » et l'on refit à neuf le chenil des chiens du prince et la chambre à mettre les toiles ou les filets de chasse, situés tous deux au faubourg St-Dizier (les Trois-Maisons). Un artiste, qui acquit plus tard une grande célébrité, mais qui, à ce qu'il parait, n'était


  (1) En 1557, ces deux artistes u besognaient de leur art n au château de Solrupt.


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encore qu'un ouvrier obscur, le fondeur Jean de Chaligny, fit « un angelot de cuivre pour la fontaine de la grande cuisine. »

Vers la fin de cette année, Charles III, accompagné de son épouse, Claude de France, vint dans sa capitale, où on offrit aux jeunes époux le spectacle d'un tournoi qui eut probablement lieu sur la Carrière. Les lices y furent dressées par les soins de Georges Briseur, contrôleur général des ouvrages et fortifications de Nancy. Cette fête guerrière semble être la première qui ait eu pour théâtre la Carrière: suivant l'auteur de la Dissertation historique, cette place , dont la vue a été gravée par Deruet et par Callot, avait été construite en 1556, par les ordres de Christine de Danemarck et de Nicolas de Lorraine , comte de Vaudémont, pendant la minorité de Charles III.

Il parait que ce dernier, dès son retour à Nancy, s'occupa immédiatement de faire faire au Palais des réparations et des constructions nouvelles, devenues nécessaires peut-être en raison du grand nombre d'officiers attachés à sa personne, et de celui des gentilshommes qui formaient sa cour. Un chapitre des comptes du Receveur général pour 1560-1561 , est consacre à la dépense faite « pour la retention et entretenement de la maison de nostre souverain seigneur, et pour plusieurs nœufs bastimens faicts en icelle pour la commodité des losgis. »

Malheureusement, rien n'indique en quoi consistèrent ces « neufs bastiments, » ni dans quelle partie du Palais ils furent construits; tout ce qu'on sait, c'est que les travaux exécutés cette année , coûtèrent, y compris un oratoire en memenuiserie de bois de chêne, dressé aux Cordeliers,'par Balthasard Moutot, de Lunéville , la somme de 2,288 francs 8 gros 16 deniers. On couvrit de drap vert et on plaça « en la


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galerie près de la sallette , » une table longue » pour ,jouer Monseigneur » au billard. Des courses de bague et de lance eurent lieu, cette année, dans la cour du Palais et en la « quarrière de la Neuve Rue, » à l'occasion de la venue de « Mgr le Cardinal, Mgr de Guyse et autres princes. »

Charles III ayant résolu, en 1561, de faire reconstruire le jeu de paume du Château sur le même plan que celui du Louvre, envoya à Paris un ingénieur de Nancy, nommé Claudin Marjollet (1) Dès que celui-ci fut de retour, les travaux commencèrent et furent poussés avec une très-grande activité, sous la direction de Nicolas Chaubault (2) architecte ou maître des ouvrages du duché de Lorraine. On amena, à cet effet, et on déposa sur la Carrière, 10,633 pieds de pierres de taille, tirées des carrières de Pont-St-Vincent; 1,080 pieds de pierres de « parpignon », destinées aux « escotoires des galeries; » vingt-six longues marches extraites des carrières de Belleville; on employa, pour tailler ces pierres, des ouvriers, tant de Nancy que de St-Nicolas, Lunéville , Gerbéviller et Pont-à-Mousson; les ouvrages de maçonnerie furent faits par Gérard Godon et Christophe Haller, maçons de


  (1) A Claudin Marjollet, de Nancy, la somme de soixante quatre frans sept gros, pour remboursement de pareille somme qu'il a frayée et desbourcée allant à Paris et retournant audit Nancy prendre mesure du jeu de paulme du Louvre audit Paris pour faire celuy dudit Nancy de mesme forme... (Comptes du Trésorier général pour 15601561.)

A Claudin Marjolet, ingenieux, pour cent dix huict journées qu'il a vacqué au jeu de paulme, à raison de xij gros par jour.... c xviij frans.

  (2) Payé par le Cellerier a Mre Nicolas Chaubault, Mre masson, pour iiij" xvj (96) journées qu'il a vacqué au service de Monseigneur durant le temps que l'on a besongné au jeu de paulme fait en la Court, qu'est à raison de xij gros chacune journée.... iiij" xvj fr.


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St-Nicolas (1); la chaux fut tirée des chaufours de Vandœuvre, de Villers et de Brabois; les tuiles plates pour la toiture et les briques pour le pavé, des briqueries de Brichambaut et du faubourg St-Nicolas; les bois de charpente et de menuiserie, de la forêt de Hey. Ce fut un nommé Didier de Vie, peintre , demeurant à Nancy , qui fut chargé de peindre les murailles du jeu de paume. Elles étaient en noir, avec les chiffres du duc en or (2) . Les travaux de diverse nature , exécutés depuis le 1er janvier 1560 jusqu'au dernier décembre d561 , coûtèrent environ 7,700 francs (3).

A la même époque, on couvrit tout à neuf, de tuiles plates,


  (1) A Gerard Godon et Christoffle Haller, massons demearans à StNicolas, pour.... avoir fait la quantité de quatre vingts treize toizes un quart de muraille de roches qu'ilz ont massonné audit jeu de paulme fait neuf en l'hostej de Monseigneur.... et quatre vingts une toize soixante neuf pieds un quart et demy de carriaux de pierre de taille qu'ilz ont assys pareillement audit jeu de paulme... v°... iiij" xv fr.

  (2) A Didier de Vy, painctre demeurant à Nancy, la somme de cent cinquante frans sur et à tant moins du marché qu'il a accordé de tout noircir et paindre en noir tout le jeu de paulme avec les chiffres d'or et le si bien faire qu'il soit au grey de monsieur de Haussonville, grant maistre.... (Compte que rendt Jean Friche, celerier de Nancy, de la recepte et despence par luy faictes des refections et reparations de la maison de Monseigneur le duc à Nancy, depuis le premier jour de janvier l'an mil vc soixante jusques par tout le dernier jour de decembre l'an mil v- soixante ung. — Un chapitre spécial de ce registre est consacré à la despence pour le jeu de paulme fait en la maison de Monseigneur. ")

  (3) Par mandements du duc Charles III, donnés à Nancy les 11 et 31 octobre 1561, et le S décembre suivant, trois sommes sont allouées à Jean Friche, cellerier de Nancy : 1° 5,000 et 2,000 fr. u pour convertir et employer à l'édifice, construction et fabrication du jeu de paulme , n et 2° 1,000 fr. u pour les convertir au parachevement dudit jeu de paulme. n (Comptes du Trésorier général pour 15601561.)


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« la fouriere des fagotz pres le jeu de paulme , » et on fit, près de la chambre de Madame, tendant sur le jardin de la Court, un cabinet assemblé à douze parquetz revestus de molures. » Cet ouvrage coûta 2,725 francs.

En 1562 , une nouvelle somme de 8,926 francs fut affectée aux « édifices, réparations et autres ouvrages commandés estre faits au chasteau de Nancy en la presente année (1). » Une partie de ces bâtiments était destinée à servir de logement à M. d'Haussonville , grand maître de l'hôtel, qui se maria à cette époque , et dont les noces furent l'occasion de pompeuses réjouissances. Un tournoi eut lieu de nuit sur la Carrière , qui avait été brillamment illuminée , et où la cour se rendit par un pont mouvant jeté sur les murailles du jardin du Palais.

Dans le même temps, on posa « un couronnement de plomb sur la galerie du jeu de pelotte, » on cimenta « la haulte tour du Rond; » Claude Crocq et Medard Chuppin peignirent 81 aunes de toile large, façon de Barrois , pour « servir de traveure en la chambre du grant a i x ; » enfin , plusieurs ouvriers furent employés à crépir, enduire et blanchir « les murailles ez neufz edifices faictz en la Court, tant ez galeries, jeu de paulme , que derriere le logis du concierge (2). »

En 1563, différents travaux furent exécutés en la chambre dorée; Pierrot, le recouvreur, « recouvrit double la toiture du Rond, où sont plusieurs meubles de Monseigneur, » et une somme de 264 francs fut payée à la veuve de feu Chaubault, maître maçon de Lorraine, « pour la façon et fourniture de la galerie respondante sur la Neuve Rue, tant pour


  (1) Comptes du Trésorier général pour 1561-1562.

  (2) Comptes du Cellerier de Nancy pour 1561-1562.


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les modelions, piedestalles, argades, escoutoires, avec le pavé et ung petit escallier pour monter sur la vix au bout de la grant haulte gallerie dessus le jeu de pelotte. »

La galerie construite par Nicolas Ghaubault régnait peutêtre le long de la façade du jeu de paume, du côté de la Carrière ; ou c'est peut-être celle qui couronnait un petit bâtiment, attenant à celui dont il vient d'être parlé, et qu'on voit indiqué , sur la planche de Deruet, comme faisant suite aux logements dépendant de la collégiale St-Georges.

En 1563, à l'occasion des fêtes du carnaval, et pour les noces de M"e de Mouchy, dame d'honneur de la duchesse de Lorraine, il y eut des combats à pied et à la barrière dans la Grande Salle; on courut la bague dans la carrière du jardin, et les jeunes seigneurs s'amusèrent à construire, dans la cour du Palais, un château de neige , dont ils simulèrent l'attaque et la défense.

Un nommé Claude Willon , dit l'Enfariné, « maître tailleur en l'art de maçonnerie , » succéda , en 1564 , à Nicolas Chaubaut, dans l'emploi de « maitre maçon et maître livreur es duché de Lorraine , comté de Vaudémont, bailliage des Vosges et marquisat du Pont-à-Mousson, » et ce fut lui qui, dès lors , dirigea les travaux du Palais. Ces travaux furent, du reste, peu importants dans le cours des années suivantes: ils se bornèrent à quelques réparations dans la « chambre au-dessus de la chambre des Comptes , devers St-Georges, où l'on met les papiers , » et dans le cabinet de la chambre du pavillon de Son Altesse, où le menuisier Nicolas Lanticque posa « un plancher assemblé en forme de parquet avec croix de Jherusalem, molure, panneaux et montant assemblé à onglet dessus et dessous (1564-1565). »

En 1565, un grand nombre d'ouvriers furent employés « à reculer et transporter le rempart de la Neuve Rue tout joindant


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la muraille <le la Neuve Rue et courtine dudit lieu. » Cette année, « un bastillon fut fait en la Court » pour le baptême de la princesse Christine , fille de Charles III, laquelle épousa plus tard un des fils du grand duc de Toscane. Les cérémonies du baptême eurent lieu dans la « grande salle sur St-Georges, » de même que « les festins » du carnaval. A la suite de ces réjouissances, il fallut « besogner sur les toitures et rabiller partout où avoit esté gasté tant de l'artillerie que de feu geste durant le bastillon et les festins du gras temps. » On fit aussi un pont « pour passer Son Altesse par dessus le fossel où passe le ruisseau du faubourg Si-Nicolas en la prairie allant aux Grands Moulins. »

De nouvelles fêtes eurent lieu au Palais, en 1567 et 1568, pour la venue du Cardinal de Lorraine , des ducs de Guise et d'Aumale , du Roi et de la Reine de France , et pour le « baptisement » des princesses Claude et Anne, filles de Charles III5 qui moururent toutes deux peu de temps après leur naissance.

En 1569 , une somme de 700 francs fut allouée à Claude Crocq et Medard Chuppin « pour le racoustrement » de la Galerie des Cerfs (1).

L'année suivante, et pendant que le duc était à la cour de France, le comte de Vaudémont, lieutenant-général de Lorraine,


  (1) A Claude Crock et Medard, paintres, la somme de quatre cens frans, monnoye de Lorraine , et ce sur payement de la somme de sept cens frans qu'ilz ont convenu de marché avec monsieur de Melay, grant maistre, pour le racoustrement de la gallerie des Ccrfz, le tout à leurs frais et despens, fors et excepté quinze livres d'azur pour besongner à huille et six livres en destrempe, et le surplus leur sera payé apres ladicte besongne faictc.... (Comptes du Trésorier général pour 15681S69. — Le compte de l'année suivante mentionne le paiement de la somme de 500 francs, qui restait due pour u le racoustrement n de la Galerie dos Cerfs.)


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fit exécuter au Palais des travaux considérables : on rehaussa le corps-de-logis tendant sur le jardin et on reconstruisit la salle située dans le prolongement de la Galerie des Cerfs (1). Cette salle , appelée, tantôt la salle Neuve, tantôt la Grande salle Neuve et la Grande salle du côté des Cordeliers, est parfaitement représentée, sous le nom de salle d'Honneur, dans une des planches de la Pompe funèbre de Charles 111. Ses murailles sont tendues de pans de tapisserie (2), mais son magnifique plafond « fait en berceau, lambrissé et peint en parquet, » est complètement à découvert; sa corniche est chargée d'arabesques aussi légères que gracieuses, et les divers compartiments qui le composent, sont décorés, dans leur pourtour, d'ornements de diverse nature; le centre est occupé par un cadre en ovale qui renferme , alternativement,


  (1) Un chapitre des comptes du Trésorier général pour 1569-1570, a pour titre : u Despence en deniers fourniz à Joseph Friche, cellerier de Nancy , emploiez à la paye des ouvrages nœufz faicts au chasteau dudit Nancy durant l'année du present compte... n La première mention porte : a Le tresorier generai faict despence de six milz frans monnoie de Lorraine, qu'il a fourny et delivré content à Joseph Friche, cellerier de Nancy, pour emploier à la paye des bastimens et ouvrages de la salle (salle uocufvc, grande salle noeufve) et du rehatil.sement du corps de logis tendant sur le jardin du chasteau dudit Nancy.... n Les autres sommes payées à Joseph Friche, sont de 6,000, 400, 6,000, 1,200, 6,000, 400 et 1,500 francs.

  (2) M. de Dumast a joint à son Nancy une vue de cette salle, dessinée parM. Thorelle, avec cette légende : « Salle des Cerfs, telle qu'elle existait sous les ducs, et telle qu'aux tableaux près, on pourrait la rétablir, pour recevoir un musée lorrain, n II y a , dans ces quelques lignes, une double erreur, que je crois devoir relever dans l'intérêt de la vérité historique. D'abord, cette salle n'est pas la Galerie des Cerfs : les doubles C qui décorent le plafond, prouvent que sa construction doit être attribuée à Charles III et non pas à Antoine ; d'un autre côté , la relation de la pompe funèbre dit premier de ces princes, relation que j'aurai occasion de citer plus tard, fait une distinction très-précise entre la salle'd'Honneur ( celle qu'a fait reproduire M. de Dumast) ct la salle Funèbre (la Galerie des Cerfs), dont la voûte, aussi bien que les murailles, était entièrement couverte de drap noir. Je n'insiste pas davantage sur ce point; l'erreur involontaire commise par l'auteur du Nancy, a été reconnue par lui-même.

Quant à ce que M. de Dumast a pris pour des tableaux, ce sont des pans de tapisserie, dont le premier, placé, non point contre la muraille, mais contre une espèce de paravent, représente Moïse sauvé des eaux. Je trouve, à ce sujet, dans les comptes du Trésorier général pour 15651566, la mention suivante : « Payé vingt cinq frans à Frantz, tapissier de Son Altesse, pour reste de la fourniture qu'il a faicte en la tapisserie de l'Histoire de Moyse. H La relation de la Pompe funèbre dit, d'ailleurs, expressément, que « la salle d'Honneur fut tendue dans tout son contour par deux très-riches tentures de tapisseries rehaussées d'or, d'argent et de soye , représentant les histoires de Moyse et de saint Paul. n


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un alérion aux ailes éployées « d'or en champ de gueules, « et une croix de Lorraine d'or en champ d'azur, » entourée d'un double C que surmonte une couronne (1).

Les peintures du plafond de cette salle furent faites par un peintre de Ste-Menehoud , nommé Denis Saulcy(2), et


  (1) Lionnois ajoute, en parlant de la salle d'Honneur : a Cette salle, que le roi de Pologne a fait démolir, et dans laquelle Louis XIII rendait ses audiences, s'y trouvant aussi commodément que dans son Louvre, avait 135 pieds de longueur, 50 de largeur et 30 de hauteur....; elle avait une galerie de pierre à entrelacs, que les officiers de l'IIôlelde-Ville firent démolir pour celle qu'ils offrirent au duc François III à son entrée. n

  (2) A Denis Saulcy, peindre de Sainte Menuchou, la somme de cent frans, monnoie de Lorraine, qu'il a pieu à Monseigneur luy octro.er en don de grace especialle en consideration de ce qu'il a heu tombé et heu une cuisse toute froissée en besongnant en la grande salle du chasteau de ce lieu.... (Comptes du Trésorier général pour 1572-1573.)


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et par Medard Chuppin (1), et peut-être aussi par Jacques Henriet, de Toul (2).

La salle Neuve, sur l'emplacement de laquelle Léopold fit construire plus tard le théâtre de la cour, fut spécialement affectée, depuis sa construction, aux représentations de toute nature qui avaient lieu dans l'intérieur du Palais : comédies, ballets, combats à la barrière, etc. C'est là que se donna, notamment , le célèbre combat de ce genre , qui fut offert, en 1627, à la duchesse de Chevreuse, et pour lequel, comme on le verra plus tard , fut déployée une si grande magnificence. Cette salle, beaucoup plus large, beaucoup plus ornée que la Galerie des Cerfs, convenait bien mieux à ces sortes de spectacles ; il était bien plus facile de placer, de chaque côté, des gradins pour les spectateurs, tout en laissant aux acteurs la place qui leur était nécessaire.

En 1571, on fit plusieurs « réfections et ouvrages » au jeu de paume; on construisit deux saulvoirs ou viviers derrière


  (1) Despence en deniers deux pour estoffes restans à payer pour la paincture de la Ncufve sale. Payé par le Cellerier à Mre Bastien Bonnet, marchant demeurant à Nancy, la somme de dix frans six gros pour trois grosses feuilles d'estain polie pour faire les chiffres en la versure de ladicte neufve sale, à iij fr. vj gros chacune grosse, et cinq frans pour quatre libvres or clinquant pour faire les boulions en icelle sale, à xv gros la libvrc, le tout délivré à Mre Medard, painctre, le xx° jour d'octobre mil v« soixante treize.... xv fr. vj gros. (Comptes du Cellerier de Nancy pour 1573-137.4.) — A Medard Chuppin , peindre de Monseigneur, la somme de cinquante frans ordonnez luy estre delivrez à l'achapt de certaines couleurs et aultres drogues que mondit seigneur luy avoit commandé faire pour son service. (Comptes du Trésorier général pour 1572-1373.)

  (2) A Jacques Henriet, peindre demeurant à Tout, la somme de quatre vingtz frans à luy ordonnez pour subvenir à l'achapt de certaines couleurs et aultres semblables drogues de sa proffession , que Monseigneur luy a eu chargé pour son service. (Idem.)


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le logis du concierge ; on mura la fenêtre de la prison , et l'on garnit de layettes et d'armoires le Trésor des Chartes , pour lequel le peintre Didier Richier, dit de Vie, avait coloré de noir et verni deux tableaux en bois faits par Pierre Grandin, le menuisier. On commença, cette année, la construction des écuries qui régnaient du côté de la Carrière (1), le long du rempart, et dont une rue, encore existante aujourd'hui, a tiré son nom. Ces écuries furent bâties sur un emplacement qui appartenait au sieur de Boulain , et que le duc fit racheter de lui par M. d'Ourches , son maître d'hôtel, moyennant une somme de 1,200 francs.

Plusieurs ouvriers furent employés, en 1S72, à « relier la muraille du pavillon de Son Altesse du côté du jardin; » on « racoustra » les toits de la salette entre la Galerie des Cerfs et la chambre Neuve; on pava avec de petits carreaux, tirés de la briqueric de Saint-Jean, « la chambre où Monseigneur mange , qui tend sur le jeu de paume; » et le peintre Jean Bleyer de Bariscord dora « quatre grands chandeliers pendants en la Galerie des Cerfs (2). »

En 1573, les recouvreurs « besognèrent sur la grande salle du costé des Cordeliers et sur la tournelle regardant sur la rue au bout de ladite salle; » on fit un toit de cuivre sur le


  (1) (1) Au Cellerier de Nancy Joseph Frische la somme de trois milz deux cens frans monnoye de Lorraine , pour subvenir à la despence des ouvrages des novelles escuyeries commandées estre dressées en la Rue Neufvc de Nancy. (Comptes du Trésorier général pour 1570-1571.)

  (2) A Jean Bleyer de Bariscord , peindre demeurant à Nancy , la somme de cent douze escus d'or soleil, au pris de quatre frans trois gros piece, vallans quatre cens soixante seize frans monnoie de Lorraine , pour par luy avoir doré quatre grandz chandelliers pendans en la gallerie des cerfz du chasteau de Nancy.... (Comptes du Trésorier général pour 1572-1573.)


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petit cabinet du duc, et on couvrit aussi de cuivre « la plateforme de la grand vis de la Court. » Il y eut, cette année, à l'occasion de la venue du roi de Pologne, un combat à l'épée dans la « salle des Etats; » et l'on célébra, en grande pompe, le baptême d'une des filles de Charles III, la princesse Elizabetli, qui fut mariée, en 1594, à Maximilien, duc de Bavière.

Le deuil succéda bientôt à ces réjouissances : la duchesse Claude de France mourut au mois de février 1574, et le héraut d'armes Edmond du Boulay (1) fut chargé de présider aux funérailles de cette princesse , comme il avait présidé à celles des ducs Antoine et François. On n'a point de récit de cette pompe funèbre, mais on peut y suppléer par les notes nombreuses consignées dans les comptes du Cellcrier de Nancy (2). On y voit que le corps et l'effigie de la duchesse furent d'abord placés dans la Neuve salle, qui était toute tendue d'une tapisserie d'or et de soie; le corps fut ensuite porté dans la Galerie des Cerfs, d'où l'on avait enlevé les têtes des cerfs, et qu'on avait entièrement tendue de drap noir. Vers cette époque, un nommé Bernard, peintre du Boi, faisait « certaines peintures pour le service » de Charles III, et ce prince achetait, à Bruxelles et à Anvers, des tapisseries sur l'une desquelles étaient « dépeints les actz des Apostres


  (1) Une somme de 24 francs 6 gros est payée à u Jean Je la Valéc, cloche d'armes de Monseigneur, pour le desroy du Sr du Boulay, premier herault du Roy , ayant logé en sa maison pendant qu'il vaquait à dresser les ccrimonies et pompes funebres de feue Madame, u

  (2) Un chapitre des comptes du Cellerier de Nancy, pour 15751574, est consacré à la u despence en deniers pour les trespas, funerailles et enterrement de feue ma dame. n Les différentes sommes dépensées à cette occasion s'élevèrent à 886 francs U gros & deniers.


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tres, » et sur l'autre « les douze mois de l'an, d'or, d'argent et de soie. »

En 1576, le sculpteur Florent Drouin « fit et dressa » une cheminée dans la grande salle (probablement la salle Neuve) du Château (1), tandis qu'un autre artiste , nommé Jean Paoul, qualifié peintre de Madame , faisait « aucunes peintures » pour le duc. La même année, on fit faire, au-dessus de la grande tour du Palais , « une chambre de Trésor pour mettre chartes, papiers et autres titres (2). » Le Trésor des Chartes était situé près de la chambre des Comptes , dans le corps-de-logis voisin de St-Georges; ce n'est que plus tard qu'un bâtiment spécial fut affecté à cette destination.

Le 4 août 1577 , on posa , probablement dans la tour du Palais , une horloge que venait de fabriquer, à la demande du duc, Me Arnould Oberlinder, horloger allemand. Didier Richier peignit le cadran ou, comme on disait alors, la montre de cette horloge, dont la cloche avait été achetée à l'évêque de Toul pour 159 francs 4 gros 8 deniers. La même année, Jacques Beaufort, contrôleur des fortifications de Nancy, fit « convertir et mettre en nature de jardinage une place joignant le Château, où Monseigneur a fait faire une


  (1) Payé la somme de trois cens vingt francs à Florent Drouyn, sculpteur de Monseigneur, pour ses peines et vacations d'avoir fait et dressé la cheminée en la grand salle du chasteau de Nancy. (Comptes du Trésorier général pour 1576-1577.) Dans une note précédente, (1571-1572) « Fleurent Drouyn n est qualifié architecte de l'évêché de Metz.

  (2) Compte d'Anthoine de Nay, receveur du domaine de la chastellenie de Nancy, du 1er janvier 1576 au dernier décembre 1577. Les dépenses faites pour cette u chambre de Trésor, n ne s'appliquent qu'à des dispositions intérieures et à l'achat de différents objets, tels que papier, écritoires, cornets, pommes tournées el argentées à mettre ficelle, règles en fer, compas, ciseaux, poudrières, etc.


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carrière pour piquer ses grands chevaux. » On posa aussi 48 toises de pavé au-devant du Palais , et deux sculpteurs italiens , Jean Paulo Lothello et Auther, firent, dans l'intérieur des appartements , différents ouvrages de leur art.

Des fêtes brillantes furent données par Charles III, en 1579 , à l'occasion de l'arrivée du duc Casimir, de M6r de Retz et du cardinal de Vaudémont. On courut la bague dans le jardin de la Court et à la Neuve Rue ; des combats à l'épée, à la pique, au tronçon , à la masse et au fléau curent lieu dans la cour du Palais , dans la « salle allant à SaintGeorges » et dans la « grande salle. » Le sculpteur Florent Drouin fit quelques-unes des machines pour ces combats , conjointement peut-être avec un sculpteur italien , nommé Archange Toueur. En même temps on refit tout à neuf le pavé et la toiture du jeu de paume , laquelle fut peinte par Jean Comtesse (1) ; on bâtit une loge pour les orangers du jardin, une fourrière derrière la grande cuisine, et on acheva de construire les nouvelles écuries de la Carrière (2).


  (1) Payé sept vingt frans à Jean Comtesse , painctrc, demeurant à Nancy, pour avoir imprimé d'huille pour la premiere fois ct puis apres noircir toute la toicture dudit jeu , toutes les murailles à l'entour, les pilerons et escoutoires des galleries comme il a esté ja noircy par cy devant.

  (2) Par marché fait avec Me Thierry Marchai, maître maçon , il lui est accorde une somme de 400 francs n pour les besongnes cy apres declairces pour les neuves escueries , savoir : de parachever la grande porte devant la neuve escuerie de bonnes et belles pierres de taille de haalteur et largeur qu'il lui a esté monstre ct de tel model et enrichissement qu'il est porté par le portraict que M° Medard eu a fait de l'ordonnance de Monseigneur, pour laquelle porte , armoirie de dessus ct.enrichissement qu'il fera faire par le petit Mc Gerard de St Mihiel ou par Jcssc (peut-être Jessé Drouin, dont il sera fait mention plus tard).

n Sera tenu ledit Me masson de faire une aultrc grande porte rusticque du derrier desdictes escueries suivant les portraict, armoiries et enrichissement porté par icelluy , pour laquelle porte luy a esté accordé la somme de cent cinq frans. n (Comptes du Cellerier pour 1378-1579.)

Payé vingt quatre frans à Benedict Ambroise , ingenieur, pour aller aux forges de Moyeuvre pour faire forger certains bareaux de fer pour servir aux neuves escucries de Monseigneur. (Comptes du Trésorier général pour 1578-1379.)

Les travaux de la fourrière coutèrent 729 francs 3 gros 12 deniers, les ouvrages du jeu de paume 529 francs 12 deniers, et ceux de la loge des orangers, 217 fr. (Cellerier.)


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En 1580, Thierry Alix, conseiller au conseil privé du duc et président des Comptes de Lorraine, « dressa , mit en ordre et bon état » les chartes et papiers du Trésor, dont Jeanne Petit, veuve de Jean Janson, relia les précieux cartulaires.

En 1582, Charles III acheta de Richard Chauvencl, marchand à St.-Nicolas, et fit placer dans ses appartements « un orloge doré enrichi d'un globe, astre, signe et mouvement. »

Les comptes de l'année suivante nous apprennent que le prince avait à sa cour un géant, qui, moins heureux que le nain du roi de Pologne , n'a pas eu le bonheur de passer à la postérité. Il s'appelait Antoine Franpoint, et jouissait d'une certaine importance , car le duc ne dédaigna pas d'en faire faire le portrait, conjointement avec ceux du comte de Vaudémont et des princesses, par un peintre allemand , nommé Jost de la Court.

Différents travaux furent exécutés , en 1585 , à la porte « faite à triangle, » qui servait à aller du jardin « en la carrière du bout de la Neuve Rue; * à la chambre où écrivaient les clercs du Trésor; à la loge des lépreux , « de devant l'église St.-Georges , » que l'on refit tout à neuf; à la « neuve chambre de la grosse tour d'entre le jeu de paume et la carrière; » enfin, marché fut passé avec Claude Chevillon, Jean


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la Brun et Jean de Virton, maçons et tailleurs de pierre, demeurant à Nancy , en présence de maître « Fleurent Drouin le Vieulx , » chargé de diriger les travaux , « touchant I'ouvraige de taille et massonnerie qu'il convient faire pour le rehaussement du corps de logis du costé de l'église des Cordeliers, que Son Altesse prétend faire rehausser en l'année prochaine 1586. » Ce bâtiment devait avoir onze croisées « de mêmes hauteur et largeur que celles du corps de logis de devers le jardin, et de même épaisseur que les murailles à présent de trois pieds; » huit lucarnes de même façon que celle de ce corps-de-logis; vingt cheminées « avec le cadre et double corniche de taille, le cadre fait de briques; » trente-deux portes de taille, tant à placart qu'autres; » etc. La dépense totale fut évaluée à 7,944 francs.

Le bâtiment dont il est ici question, est sans doute celui qui reliait entre eux ceux de la première cour et ceux qui donnaient sur la rue, aboutissant à l'escalier de l'Horloge, à l'endroit où se trouvait la salle Neuve ou d'Honneur. Une note des comptes du Cellerier (1587) dit que ce nouveau corpsde-logis était « sur les offices et galeries allant à la Galerie des Cerfs , » et que- le troisième étage touchait à la « neuve salle. » C'est bien à cet endroit que le plan de 1698 place les cuisines et offices du duc.

A dater de 1587, le grand escalier conduisant à cette Galerie commence à prendre le nom qui lui a été conservé jusqu'aujourd'hui, c'est-à-dire qu'il est appelé « le gros avix de l'Horloge. * A cette époque, Charles III ajouta aux divers animaux qui formaient la ménagerie du Palais, une licorne, qu'il acheta d'un nommé Peter Efferhardt pour l'énorme somme de 60,000 florins ou 50,000 francs, monnaie de Lorraine.

En 1589 , on fit un « cabinet et prie-Dieu » pour Mme


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de Vaudémont « sur l'escalier qui descend de sa chambre derrière les remparts; » on blanchit la cheminée de la « chambre de Paradis, où est de présent l'eslude de Mgr de Metz; » enfin, différents travaux furent exécutés au bâtiment « où loge presentement Mgr de Salm , au quartier des saulvoirs. » La cour des saulvoirs, viviers ou réservoirs de poisson, était située derrière la portion du Palais où se 'trouvait la salle Neuve, entre les bâtiments qui étaient adossés aux Cordeliers et ceux qui, partant de l'angle de l'escalier de l'Horloge, rejoignaient le corps-de-logis du fond de la première cour.

Il est fait mention, à partir de 1S90 , d'une Galerie des Peintures au château de Nancy; cette salle, dont la situation n'est que vaguement indiquée, semble, toutefois, avoir été placée au-dessous du jeu de paume. C'était là que Charles III, ami et protecteur éclairé des arts, réunissait les tableaux qu'il faisait faire aux artistes lorrains et étrangers auxquels il prodiguait ses libéralités; ce fut là , sans doute , qu'il mit la toile où Moyse Bougault l'avait représenté armé jusqu'aux genoux, et différents portraits de princes, qu'il avait commandés au célèbre Claude Henriet, dit de Châlons.

En 1592 , les noces du colonel Orphée (probablement le fameux Orphée de Galéan, à qui on attribue les fortifications de Nancy) furent célébrées à la cour avec beaucoup de pompe. Cette même année , trois milliers 300 d'ardoises furent employés à la toiture du Palais, qui, d'après ce qui semble ressortir de plusieurs hôtes précédentes, était couvert de tuiles plates, au moins dans quelques-unes de ses parties.

En 1593 , deux marchands de Verdun fournirent encore dix neuf milliers 300 d'ardoises , pour « l'entretenement et couverture du chasteau. » En même temps, on garnissait de « gros miroirs » achetés à un nommé Barthelémy Jacquemin, verrier à « Sainct Gury (St.-Quirin), » et Gérard


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Gauthier, peintre de St.-Nicolas , décorait d'ouvrages de son art le cabinet de M&r de Vaudémont (1).

Des fêtes extrêmement brillantes eurent lieu , l'année suivante, à la cour de Lorraine, à l'occasion du carnaval et du mariage de la princesse Elizabeth , fille de Charles III, avec Maximilien , duc de Bavière. On donna , sur la Carrière et dans la salle Neuve , des carroussels , courses de bagues, combats à pied, et un ballet dont les machines furent faites par Florent Drouin et peintes par Jean Bariscord, Jean Comtesse , Claude Henriet et Charles Chuppin. Les princesses y parurent vêtues de robes de soie, brodées de fil d'or, d'argent et de clinquant, dont les étoffes avaient été fabriquées par des ouvriers de Reims, de Paris, de Genève et de Milan, que le duc avait fait venir à grands frais et s'établir dans sa capitale.

C'est peut-être à l'année 1595 qu'il faut fixer la construction du bâtiment spécial destiné à recevoir le Trésor des Chartes de Lorraine, et dont la- situation est parfaitement indiquée dans la gravure de Deruet et dans le plan de 1698. Les travaux en furent dirigés par Nicolas la Hierre , « conducteur des ouvrages de maçonnerie de Son Altesse (2). » En même temps, Robert Mesnard, « tailleur de marbre, »


  (1) Payé neuf cens frans à Gerard Gauthier, peintre à St Nicolas, pour besogne par lui faite au cabinet de Msr de Vaudemont, fourniture d'or, d'acier et autres choses à ce convenables. (Comptes du Trésorier général pour 1595.)

  (2) A Nicolas la Hiere , conducteur des ouvrages de massonnerie de S. A., la somme de 648 fr. un gros pour journées d'ouvriers et fournitures qu'il a employées à l'erection du ciment et couverture de dessus le Tresor de S. A. (Comptes du Trésorier général pour 1595.) — Au même, 25 fr. u pour payer l'huille qu'il a faict venir et estant nécessaire d'employer aux reffections et couverture de la plattc forme du Tresor. (Comptes du Trésorier général pour 1596.)


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faisait, pour la fontaine du jardin, deux colonnes de marbre, tiré des carrières du haut de Ste.-Barbe , près Nancy; et Hector Harent, jardinier du duc, transplantait les arbres et autres plans du jardin « hors de la ville, derrière le Château , en un nouveau jardin que S. A. lui avait permis de faire, en la place où le sieur de Bonceil avait fait sa première briquerie. »

En 1596 , Robert Mesnard posa deux nouvelles colonnes de marbre à la fontaine du jardin , ainsi qu'un bassin , aussi de marbre, « taillé et poli avec quatre masques es environs et un petit balustre au milieu. »

On refit tout à neuf, en 1598, la galerie allant de la Court en l'oratoire des Cordeliers , avec huit doubles fenêtres rondes, onze portes de pierres de taille et 139 pieds de cordon à la muraille de ladite galerie. On y travaillait encore en 1600 , et, à cette époque , on couvrit de cuivre « le dessus de la tour du Trésor , afin d'empêcher la pluie d'y pénétrer et d'éviter le danger des titres et papiers. » La duchesse de Bar donna, cette année, un ballet, pour lequel le sculpteur Florent Drouin fit « une machine en forme de fontaine et jardin , dans laquelle estoient douze cheises et y assises Madame (la duchesse de Bar) et unze tant princesses que damoiselles estantes de sa suytte. » Outre ce divertissement, la cour assista à la représentation de plusieurs comédies qui furent jouées par des comédiens français, et à des exercices de souplesse, que deux bateleurs exécutèrent devant le duc. Pendant ce temps , Claude Henriet travaillait, avec Rémond Constant et Moyse Bougault, « à rabiller les peintures effacées * de la Galerie des Cerfs (1), et Jean de Nirendorff, dit


  (1) A Me Claude Henriet-, painctre à S. A-, 439 frans 7 gros pour plusieurs materiaux qu'il at fourny et journées qu'il a vacqué avec Remoud Constant et Moyse Bougault, painclres de Nancy, et ung serviteur, travaillantz en la Gallcric des Cerfz à rabiller les painctures effacées de ladietc gallerie.

Il paraît que les dégradations fréquentes des peintures de cette Galerie provenaient de l'humidité qui y régnait pendant l'hiver. On trouve, en effet, dans les registres du Cellerier de Nancy , pour 1601, la mention d'une somme de 6 francs payée à la concierge du palais u pour six bichetz de cendres qu'elle a heu achepté pour mectre sur le pavé de la Gallerie des Cerf/, aftin de garder qu'il ne soit pas gasté par le charbon que l'on a esté contrainct de mectre par tout pour assurer la frescheur et humidité provenant du desgel durant cest hiver. n

On trouve encore , dans les mêmes registres, les mentions suivantes: u A Thomas Boulangier, maistre de la Corne de bœuf, la somme de dixhuict frans dix gros huict deniers pour deux cordes un quart de bois pour la Chambre, six corbeilles de charbon et une douzaine de fagotz à la Court pour la salle des Cerf

i) A Hardy, potier d'estain, la somme de dix frans ung gros pour... souldure... pour solder les chanlettes de cuivre de dessus la gallerie des Cerfz... n


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Harmant, armurier de Son Altesse , faisait quatre fourneaux 'de fer et les posait « au-dessous de la galerie des peintures, où sont les orangers. »

En 1601 , Nicolas la Hierre, » maistre et conducteur des bastimens de Son Altesse, » fit ériger, en la chambre de la duchesse de Bar, « un cabinet artificiel, suspendu et advancé du dedans du jardin de la Court. » Ce cabinet fut décoré de sculptures par Florent Drouin (1). Toussaint Mareschal et Lambert Charles, tous deux maçons, furent chargés, moyennant une somme de 1,225 francs, de « desasseoir et rasseoir de hault en bas , à leurs frais et despens , » les pilliers de pierre contenant les arcades de la galerie du Château. »


  (1) A Me Fleurent Drouin, sculpteur, demeurant à Nancy, 1,472 fr. G gros pour faire et parfaire les ouvrages convenus de faire an cabinet artifficiel que M'm' la duchesse faict faire au chastcau de Nancy. (Comptes du Trésorier général pour 1601.)


Notes complémentaires

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