Le Palais ducal de Nancy (1852) Lepage, 6

De Wicri Nancy
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Le
Palais ducal
de Nancy
1675-1729
(pages 123 à 141)

Cette page introduit le sixième chapitre d'un livre écrit par Henri Lepage en 1852 : Le Palais ducal de Nancy.

 
Le Palais ducal de Nancy
Vers le texte original

Texte original

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VI

1675 - 1729.

Pendant que Charles V essayait de se consoler de la privation de ses Etats, en remportant, presque chaque jour, à la tète des armées impériales, des victoires que l'habile pinceau de Charles Herbel reproduisait aussitôt sur la toile (1), la Lorraine continuait à être occupée par les troupes françaises , et le Palais de nos ducs à servir de résidence aux gouverneurs de la province.

Dans la période de vingt-deux années qui s'écoulèrent depuis l'avènement du successeur de Charles IV jusqu'à la paix de Riswick, qui rendit le trône à Léopold, je n'ai trouvé, dans nos historiens, aucune particularité relative à


  (1) Charles Herbel, héraut d'armes de Lorraine , né à Nancy en 16îi6, suivait Charles V et peignait ses batailles. Dix-huit des toiles d'Herbel furent exposées pour la première fois lors de l'entrée de Léopold et de son épouse à Nancy (10 novembre 1698). Léopold, dit Durival, rassembla depuis d'habiles maîtres pour refaire en grand les tableaux des batailles de Charles V, u et c'est d'après les originaux que les Gobelins, envoyés par Louis XIV, firent, dans la ville de Nancy, ces admirables tapisseries qui font aujourd'hui l'ornement du palais impérial à Vienne, n Je n'oserais pas contredire les assertions de l'exact et savant auteur de la Description de la Lorraine , mais je dois dire qu'il ressort d'une foule de notes puisées dans les pièces justificatives des comptes du Trésorier général de Léopold , que les tableaux d'Herbel furent copiés en grand par du Rup , Martin, Guyon et Jacquard, et reproduits en tapisserie par un nommé Charles Mitte, n tapissier ordinaire de S. A. R. n Guyon faisait u les ciels, lointains, arbres, plantes et terrasses u de ces tableaux.


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l'histoire du Palais Ducal ; quant aux registres dans lesquels il aurait été possible de puiser quelques renseignements à cet égard, il n'en existe point pour cette époque : on dirait, au silence des écrivains, à l'absence de tout document, que la Lorraine a cessé de compter parmi les nations.

Toutefois, il semble assez probable que ce fut, soit dans cet intervalle, soit dans les derniers temps que Charles IV passa dans sa capitale, que la salle Neuve fut transformée en un théâtre, qu'on appelait la salle des comédies ou des comédiens de la cour. En 1G83 et 1684, les rhétoriciens et les humanistes du collége de Nancy y donnèrent plusieurs représentations, et y jouèrent, notamment, « une action théâtrale de Saint Alexis », à laquelle assista M. de Bissy, évêque de Toul (1).

Enfin, le 17 août 1798, Léopold rentra dans sa capitale, et quelques mois après (10 novembre), y ramena la princesse Elisabeth-Charlotte d'Orléans, qu'il venait d'épouser à Bar. Parmi les fêtes qu'on offrit au duc à son arrivée, il y eut (le 28 août), dans la Grande salle de la Cour, la représentation d'un drame en trois actes, par les élèves du collége des Jésuites de Nancy (2).

Serait-ce aussi à l'occasion de l'arrivée de Léopold, que fut dressé le plan du Palais, qui accompagne les Essais sur la ville de Nancy? c'est ce que j'ignore; mais je crois cependant devoir dire ici quelques mots de ce curieux monument , moins remarquable que la gravure de Deruet, dont j'ai précédemment parlé, mais plus instructif, peut-être, à


  (1) Voir mes Etudes sur le Théâtre en Lorraine et sur Pierre Gringore, insérées dans les Mémoires de la Société des Sciences , Lettres et Arts de Nancy , année 1848.

  (1) Etudes sur le Théâtre en Lorraine, etc.


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cause des détails qui y sont indiqués et de la légende qui l'accompagne (1)[NW 1].

Ce plan, que je ne puis malheureusement reproduire, donne la distribution du Palais au rez-de-chaussée. La galerie attenant à la Porterie et régnant sous la salle des Cerfs, renfermait le logement du portier, des chambres pour les officiers de l'hôtel, et le logement du concierge, ou plutôt d'un des concierges , à côté duquel, près de l'escalier de la tour de l'Horloge, étaient les fours. Dans le prolongement du corps-de-logis donnant sur la Grande-Rue, et à peu près depuis la porte actuelle de la Gendarmerie jusqu'à l'église des Cordeliers, étaient les cuisines et offices du prince de Lillebonne, lesquelles se continuaient dans une partie des bâtimens longeant l'église, et venaient aboutir au bâtiment du balayeur, à de nouvelles chambres pour les officiers de l'hôtel et aux cuisines et offices du duc. Ces dernières occupaient en outre tout le rez-de-chaussée du corps de logis qui, parlant de l'escalier de l'Horloge, rejoignait les constructions faisant face à la Galerie des Cerfs ; il formait un des côtés de la grande cour du Palais. Derrière les cuisines était une petite cour de forme irrégulière, où se trouvait un réservoir pour le poisson. Le côté de la grande cour, opposé à celui dont il vient d'être fait mention, renfermait la Chambre des Comptes , brûlée en 1627, et un corps-dc-garde contigu au Rond. Derrière celui-ci étaient encore , dans le corps de logis donnant à la fois sur la cour et sur le jardin, des chambres pour les officiers, un passage ouvrant issue sur le parterre , et le logement du contrôleur de l'hôtel. Le jeu de


  (1) Cette légende est postérieure au plan , car il y est déjà parlé de la bibliothèque publique, qui, comme je le dirai plus loin, ne fut établie dans la Galerie des Cerfs qu'en 1751.

[NW 1]


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paume était dans le prolongement de ce corps-dc-logis, derrière, St.-Georges, et se terminait par une galerie ayant vue sur la Carrière.

Les deux ailes des bâtiments qui encadraient le parterre, renfermaient, à gauche, les offices et cuisines du comte de Vaudémont, le logement du concierge, lequel avoisinait la tour du Trésor des Chartes et les douze loges ou latrines, le long du mur de la ruelle qui séparait le Palais des Cordeliers ; à droite du parterre étaient l'orangerie, les remises pour les carrosses et la manufacture des tapisseries de la Couronne. C'est l'emplacement qu'occupe aujourd'hui l'hôtel de la Préfecture.

Léopold et son épouse passèrent presque toute l'année 1G99 à Paris; on fit néanmoins des travaux au château de la Cour,, car c'est ainsi qu'on appelait alors le Palais, pour plus de 6,000 francs. Une partie de cette somme, dont l'emploi n'est que sommairement indiqué, fut affectée peut-être à la décoration du théâtre, où jouaient les comédiens que Léopold entretenait à grands frais à sa cour (1). On verra tout à l'heure que cette salle avait un amphithéâtre, un parterre et des loges pour les spectateurs (2). Les rhétoriciens


  (1) Les comptes du Trésorier général pour 1699 , font mention d'une somme de 30,722 fr. 2 gros 8 deniers, monnaie de Lorraine, ou 13,166 livres 13 sols i deniers, payée aux comédiens pour neuf mois de cette année. Cette dépense forme un chapitre spécial intitulé: « Dépenses en deniers pour les comédiens, »

  (2) Les dispositions intérieures de cette salle sont parfaitement indiquées dans un plan manuscrit du Palais Ducal, qui se trouve à la Bibibliothèque de Nancy, et qui, à en juger par les parties de l'édifice qui y sont figurées comme encore existantes ou comme détruites, doit avoir été dressé de 1705 à 1713. On y voit que le théàtre de salle Neuve était placé du côté de la Galerie des Cerfs, dont cette salle était séparée par deux pièces, une desquelles était destinée, sans doute, à recevoir les machines dont on se servait lors des ballets ou des représentations dramatiques.

Le plan dont je viens de parler représente le Palais au premier étage; il lui manque malheureusement une légende qui fasse connaître la destination des divers appartements ; quelques parties seulement, comme la Galerie des Cordeliers ou Passage, les cuisines du commun, une des cours de service, sont indiquées par ces mots écrits sur l'emplacement qu'ils occupaient. On y voit très-distinctement que le Rond communiquait d'un côté aux appartements du duc , situés dans le corps de logis formant la face de la cour parallèle à la Galerie des Cerfs, et de l'autre à la salle St.-Georges ; sa rampe, dont la pente était si douce que les voitures pouvaient y monter, était bien certainement l'escalier d'honneur du Palais.

Je dois ajouter, à propos du Rond, qu'il figure, ainsi que les statues de la rampe du parterre, sur le plan de Nancy, dressé en 1611. Mais le dessin n'en étant d'une exactitude rigoureuse, ni sur ce plan ni sur les autres dont j'ai parlé, il est difficile d'assigner une date précise ou même approximative à la construction de cette partie si intéressante du Palais Ducal.


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du collège des Jésuites y jouèrent, en 1700, deux tragédies: Celse et Marthésie, première reine des Amazones.

Ainsi qu'on peut en juger par une relation qui nous en a été conservée (1), des fêtes nombreuses et brillantes eurent lieu à la cour pendant le carnaval de 1702 ; ce ne fut « qu'une suite continuelle et qu'un enchaînement agréable de plaisirs. Le carnaval y commença la veille des Roys. Ce jour-là il y eut un souper des plus magnifiques, auquel Leurs Altesses Royales firent l'honneur d'admettre quarante dames et quarante cavaliers.... Il y eut un roy et une reyne avec tous les grands et bas officiers de leur cour. Chaque cavalier eut sa dame, et chacun fît les fonctions de la charge qui lui était échue. S. A. R. (Léopold) y fut le grand-maître des cérémonies.


  (1) Relation envoyée à Son Altesse Sôrcnissime Monseigneur le Prince Charles de Lorraine , Evoque d'Osnabrug, touchant les plaisirs de la Cour de Lorraine pendant le Carnaval.


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» Huit jours après, on tira le roy noir de la manière qu'on avoit tire le roy blanc.... Depuis ce temps-là, il y a eu tous les jours appartements ou comédie; les dimanches et les jeudis on a eu régulièrement le plaisir de l'opéra et celuy du bal. L'opéra qu'on y a représenté est intitulé les Fêtes de la Malgrange.... Les filles d'honneur, les dames et gentilshommes de la cour, avec ceux de l'Académie, étaient les acteurs et les actrices de cet opéra, où M"0 de Bassompierre, âgée seulement de six à sept ans, y dança d'une manière à charmer tout le monde....
» M. le prince François étant parti pour Cologne, S. A. R. donna le divertissement de la chasse au chevreuil à plusieurs gentilshommes étrangers. A son retour, on joua l'opéra : il y eut une si grande foule de monde, que les loges, l'amphithéâtre et le parterre furent remplis....
» Le 22 (février), les PP. Jésuites firent représenter une tragédie par leurs écoliers sur le théâtre de la Cour, dont Leurs Altesses Royales furent si satisfaites, qu'elles la firent encore jouer le 24....
» Une ancienne coutume qui est à Nancy, fit naître de nouveaux plaisirs le premier dimanche du carême. Ce jour-là, tous les nouveaux mariés de l'année sont obligez, de quelque qualité qu'ils soient, d'aller au bois faire des fagots, et d'en apporter chacun un au milieu de la grande place de la VilleNeuve. Ainsi, ceux de cette année.... allèrent au bois quérir leurs fagots les uns à cheval et les autres à pied, suivant leur condition ou leur pouvoir. Sur les trois heures après midy, ils rentrèrent dans la ville au son des haut-bois et des violons, qui marchoient à leur tête , et vinrent en bel ordre droit au Louvre, où Leurs Altesses Royales se divertirent

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une demy-heure à les voir passer dans la cour du Palais (1), et à examiner les contenances des uns et des autres, pendant qu'on voyoit en plusieurs endroits couler des fontaines de vin pour tous ceux qui vouloient en boire. Ce spectacle donna assez d'occasion de rire, et.... ce fut parmi ces plaisanteries que cette troupe de nouveaux mariés sortit de la Cour pour aller porter à la Ville-Neuve le tribut qu'elle devoit. Ils firent trois tours dans la grande place pour chacun jeter son fagot en un tas pour en dresser un bucher.... »

La capitale de la Lorraine commençait à renaître ; elle


  (1) a On jetait, ajoute Lionnois, des cornets de papier remplis de pois grillés avec du beurre et du sel (le peuple les nomme encore pois dêpechis (pois épicés), lesquels, en remplissant la cour, faisaient tomber la plupart des danseurs, et occasionnaient des éclats de rire. Sur le soir, les nouveaux mariés allaient en procession (la procession des fêchenates ou des petits fagots) au milieu de la place de la Ville Neuve, où, après avoir fait plusieurs tours en dansant, chacun jetait son fagot en tas, et on en dressait un bucher pendant que la danse se continuait au son des violons. Vers les sept heures, toute la Cour sa rendait à l'Hôtel-de-Ville, où était préparé un magnifique souper pendant lequel chacun dansait au son de divers instruments. Après le souper et un feu d'artifice, on mettait le feu au bucher et on tirait au sort, devant le prince, les Valentins et les Valentines. On les proclamait sur le balcon de l'IIôtel-de-Ville, ce qui se répétait dans toutes les rues. Les jours suivants, les Valentins envoyaient à leurs Valentines de riches présents et de beaux bouquets avec lesquels elles paraissaient à la toilette de la duchesse. On allumait un feu de paille, le dimanche suivant, devant la maison de ceux qui avaient manqué à cette attention; ce qui s'appelait les brûler. Telle est l'origine des Brandons en Lorraine, qui, selon l'intention du prince, étaient suivis de mariages convenables, mais qui, par l'abus qu'en a fait le peuple, ont été justement proscrits, n

Je dois ajouter qu'une cérémonie , d'une toute autre nature, avait lieu, chaque année, le jour du Saint-Sacrement, dans la cour du Palais; le duc y faisait dresser un reposoir à ses frais, et la procession de la ville venait y faire une station.


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pouvait se croire revenue à l'époque, si heureuse etsi brillante pour elle, des règnes de Charles III et d'Henri II ; LéopoId7 aussi ami des arts que ces deux princes, venait même d'y établir une Académie de peinture et de sculpture; mais elle ne devait pas jouir longtemps de cette prospérité. A la suite de la prise de Landau par l'armée impériale, Louis XIV, craignant que Nancy n'ouvrît aux ennemis l'entrée du royaume, fit annoncer au duc qu'il était dans l'intention de le faire occuper par des troupes. Léopold, ne pouvant résister, fut obligé de céder; mais il ne voulut pas continuer à résider dans sa capitale. Il se retira à Lunéville, où il fit élever, sous la direction du célèbre Boffrand, le superbe château qui servit de résidence à ses successeurs, et qu'il habita presque continuellement lui-même jusqu'à la paix d'Utrecht.

Le Palais Ducal se ressentit vivement de l'absence de la cour : dès 1705 , on en démolit le jeu de paume, dont les carreaux de pierre de taille , au nombre de 1,178, furent enlevés par les soldats du régiment des gardes, et conduits à Lunéville pour servir au jeu de paume que Léopold y faisait construire (1).

Cependant le Château de la Cour ou le Louvre, comme on disait alors, ne fut pas abandonné : en 1707, diverses réparations furent faites aux chambres du gouverneur, M. de Blainvillle; à celle des Hayduc, à la prison et aux appartements de M. de Carlinford, chef des conseils du duc et son grand-maitre d'hôtel. La même année, on commença à élever entre le Palais et la Citadelle, près du rempart, la salle d'Opéra (2), sur les dessins de Bibiena, de Bologne, qui en


  (1) Cette démolition continua en 1706, ainsi que l'atteste le compte du Trésorier général pour cette année.

  (2) Suivant Lionnois, elle fut achevée en 1709, et S. À. H. Madame vint de Lunéville à Nancy, le 9 novembre, pour en voir jouer toutes les machines. « Cette charmante salle, une des plus belles de l'Europe, éprouva, dit Durival, d'étranges métamorphoses. En 1758, on enleva une partie de ses décorations (les loges et la face du théâtre) pour orner la salle de comédie de Lunéville. Elle servit de magasins aux entrepreneurs des vivres pendant la guerre de 4741. En 1749, on en fit une salle de comédie (qui, ajoute Lionnois, coûta beaucoup à la ville; on y joua pour la première fois le 8 février 17a0); mais le Roi de Pologne en ayant fait construire une magnifique sur la place Royale, l'emplacement de l'Opéra fut converti en un corps de casernes, appelé le quartier Neuf, pour y loger de l'infanterie. En 1763, l'Hôtcl-deVille fit prolonger ces casernes, et construire auprès un petit pavillon pour douze officiers, du côté de la Citadelle. n


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conduisit les ouvrages ; Claude Charles et Provençal furent chargés de la décorer de peintures (1)..

Pendant le cruel hiver de 1709, les travaux demeurèrent suspendus , aussi hien dans la salle d'Opéra qu'au Palais; mais ce dernier fut, à cette époque, le théâtre d'un événement, qui, quoique peu important en lui-même, fit cependant grand bruit à cette époque, à la ville et à la cour. Nos historiens n'ont pas dédaigné de nous en conserver le souvenir, et il a fait le sujet d'un charmant morceau de poésie (2), qui suffirait seul pour le rendre à jamais populaire.

A côté de la Porterie est une petite porte que, du temps de Léopold, on appelait Masco, du nom de l'ours qui avait sa huche sous la galerie voisine. « Pendant l'hiver de 1709, dit Lionnois, un petit Savoyard, mourant de froid dans la grange


  (1) Les décors destinés à figurer sur le théâtre de la salle d'Opéra, furent peints, au moins en partie, par l'italien Jacomo Barilli, vulgairement appelé Baril. Une somme lui est payée, en 1710, pour une décoration faite à la salle des machines.

  (2) Le Savoyard et l'Ours, anecdote lorraine, par M. de Caumont, insérée dans le Précis des travaux de la Société royale des Sciences, Lettres, Arts et Agriculture de Nancy, pendant les années 1816, 1817 et 1818.


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où une bonne femme le couchait avec quelques-uns de ses camarades, s'avisa d'entrer, un soir, dans la huche de Masco, ne pensant pas au danger qu'il pouvait courir, en se livrant à la merci de l'hôte qui l'occupait. Masco, bien loin de faire aucun mal à cet enfant, pour le réchauffer, le prit entre ses pattes et le serra près de sa poitrine jusqu'au lendemain matin, qu'il lui laissa la liberté d'aller courir par la ville. Le Savoyard retourna le soir à la huche, et fut reçu avec la même affection. Les jours suivants, il n'eut pas d'autre retraite; mais il fut bien plus joyeux de voir que l'ours lui avait réservé une partie de sa portion. Plusieurs jours se passèrent sans qu'on s'aperçût de rien. Un soir que le valet vint apporter le souper de son maître plus tard qu'à l'ordinaire, il fut fort étonné de voir l'animal rouler des yeux furieux et lui indiquer de faire moins de bruit de peur d'éveiller un enfant qu'il tenait sur sa poitrine. L'ours, fort glouton d'ordinaire, ne parut aucunement touché des mets qu'on lui présentait. La nouvelle s'en répandit à la cour, et parvint aussitôt aux oreilles de Léopold, qui voulut être témoin, avec use partie de ses courtisans, de l'acte de générosité de Masco. Plusieurs y passèrent la nuit, et virent avec surprise que l'ours ne remua pas tant que son hôte put dormir. Au point du jour, l'enfant, éveillé, fut tout honteux de se voir découvert, et, craignant d'être puni de sa témérité, il demandait pardon. Masco le caressait et l'engageait à manger ce qu'on lui avait apporté la veille; ce qu'il fit sur l'invitation des spectateurs, qui le conduisirent ensuite au prince. Ayant appris cette singulière alliance, et le temps qu'elle avait duré, Léopold prit soin de ce petit Savoyard, qui, sans doute, aurait fait fortune si la mort ne l'eût enlevé peu de temps après. » On ajoute que l'ours, privé de son cher compagnon, mourut bientôt lui-même.


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Les troupes françaises ayant évacué la Lorraine et Nancy, Léopold, qui venait de recevoir pour la seconde fois Stanislas à sa cour (1), put enfin rentrer dans sa capitale. Il y arriva, le 25 novembre 1714, accompagné de ses deux fils, les princes Clément et François. Dès l'année précédente, on avait fait de grands préparatifs au Palais Ducal pour les recevoir: des réparations avaient été exécutées, sous la surveillance de M. Cléret, directeur et contrôleur général des bâtiments de S. A. R., aux fontaines et aux jardins du bastion des Dames, au dôme et à la tour du Trésor des Chartes , à l'appartement de M. de Carlinford, à la salle aux gardes des chevaulégers, à la salle des Suisses, à la galerie allant aux douze (loges), aux chambres du Grand Lit et du Dais, à celles des poupons et du marquis de Blainville; une pépinière d'if» avait été plantée dans le bastion de la Citadelle, et on avait porté à la salle d'Opéra les décorations qui se trouvaient dans les appartements du duc.

En 1714, des travaux plus considérables, et dont la dépense totale s'éleva à la somme de 23,819 livres 10 sols 3 deniers, furent faits, sous la direction de l'architecte Sébastien Demangcot, et par Joseph Duc, entrepreneur, « pour ls rétablissement du Château de Nancy. » On travailla, notamment, dans la chambre Dorée, dans celle du Dais, du confesseur et des filles d'honneur; dans les appartements du prince de Vaudémont, de M. et de Mme de Craon, de Mm3 de Beauvau, de M. et de Mme de Fontenoy, du prince François, du prince Charles, de M. de Vidampierre, de M. Bagard, médecin de S. A. R.; du prince Camille, du prince d'Harcourt, de M. l'abbé de Lorraine, de Mme Duhantoy, enfin dans ceux de


  (1) Stanislas, dit Durival, avait visité la cour de Lorraine eu 1700, avant son élection au trône de Pologne.


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l'Electeur dé Bavière, de la Reine et du Roi d'Angleterre, lequel, sous le nom de chevalier de St.-Georges, avait trouvé la plus généreuse hospitalité à la cour de Léopold. La chambre du duc fut repavée de carreaux de marbre noir par Nicolas le Chien, et le peintre Jean Ragachc y fit quelques ouvrages de peinture en blanc. On démolit une partie de la tour (peut-être le Rond) près de la salle des Peintures; et on rétablit le jardin du bastion vert et les fontaines et jets d'eau du parterre. Ces derniers travaux furent faits sous la surveillance de M. Deshours , « directeur des fontaines et jardins de S. A. R. »

II semble résulter d'une note consignée dans les registres du Trésorier général, que la Chambre des Comptes n'était plus , à cette époque , dans le Palais Ducal. Elle avait déjà , sans doute, été transférée, avec les autres juridictions, dans le palais commun, connu sous le nom d'Hôtel-dc-Ville, sur la grande place (actuellement Mengin) de la Ville-Neuve (1).

En 1715, Léopold fit faire un second étage à la partie du Palais touchant aux Cordeliers et faisant face à la GrandeRue. Ce nouveau bâtiment était destiné au logement des princes (2). Afin d'établir, à l'intérieur, des appartements


  (1) Lionnois dit que la translation de la Chambre des Comptes à l'Hôtel-de-Ville , eut lieu lorsque Léopold fit construire le nouveau Louvre sur la Carrière, c'est-à-dire en 1717. u La Chambre des Comptes resta à l'Hôtel-de -Ville jusqu'en 1751 , qu'elle alla occuper, avec les autres tribunaux de justice , le palais commun que Stanislas venait d'établir dans l'hôtel de Craon, sur la Carrière, et le Trésor des Chartes , dont cette compagnie souveraine était dépositaire et gardienne , fut placé à l'hôtel de Salm. n II est probable que le Trésor des Chartes était resté dans le Palais Ducal jusqu'en 1751. En 1773 , il fut transféré, avec la Chambre des Comptes , dans l'hôtel de la Monnaie, où il est encore aujourd'hui.

  (2) Les mémoires des dépenses faites pour ces constructions portent tous ces mots : u Nouveau bàtiment destine pour le logement de Messeigneurs les Princes, où était ci-devant l'ancienne salle de Comédie, n


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habitables, il fallut détruire le plafond de la salle Neuve que Charles III avait fait si splendidement décorer, et qui était depuis longtemps transformée en théâtre (1) ; et on remplaça par des carreaux modernes les vieux losanges des croisées. Cette déplorable mutilation, prélude de celles, plus considérables encore, que le Palais Ducal allait bientôt avoir à subir, fit perdre à la façade de cet édifice son ancienne régularité , et elle n'offrit plus dès lors le type pur d'une époque, mais le mélange informe et disgracieux de différents styles d'architecture (2). Les ouvrages de maçonnerie furent exécutés par Joseph Duc, ceux de charpenterie par Nicolas Regnauld et consors, et les peintures par Jean Ragache, Gergonne, Boulanger et du Croq. On travailla encore, cette année, aux fontaines et aux jardins, et on mit, dans ces derniers , des orangers achetés à des marchands de Gènes. Une représentation eut lieu , devant l'Electeur de Bavière , à la salle d'Opéra, où l'on fit jouer les machines que venait de confectionner le nommé Thomas (de Ste-Marie-aux-Mines), « ingénieur et machiniste en chef » de la cour.

En 1717, Léopold , trouvant que le Palais, ce Palais qu'avaient pourtant habité ses prédécesseurs, et où Louis XIV s'étuit trouvé aussi commodément qu'au Louvre! avait une forme trop irrégulière, résolut de le faire démolir en


  (1) On détruisit aussi très-probablement, a cette époque, les ornements supérieurs des fenêtres, indiqués dans la planche de Deruet, et la tourelle ou guérite qui faisait a peu près face à la rue St.-Michel.

  (2) On peut encore en juger aujourd'hui, en comparant la partie du Palais qui renferme la Galerie des Cerfs ct celle où se trouvent les logements de la gendarmerie.


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partie et d'élever, sur son emplacement, un édifice beaucoup plus magnifique. Le célèbre architecte Boffrand/ut chargé d'en dessiner le plan et d'en diriger la construction. Le nouveau Château, dont on peut voir les dispositions dans le Livre d'architecture (1) , avait sa face principale sur la Carrière; sous cette face était un portique voûté en demi-lune ou ferà-cheval, occupant toute la largeur de cette place. On y entrait par un vestibule en voûte d'arête, portée par quatre rangs de colonnes doriques, qui formaient cinq passages pour communiquer, à couvert, dans toutes les parties du bâtiment; ce portique conduisait à un grand escalier à deux rampes, par lequel on arrivait aux appartements du duc , situés au premier étage, dont ils occupaient toute la longueur, et ayant vue, d'un côté sur la Carrière, et, en retour, sur les jardins des remparts.

La façade sur la Carrière et sur les jardins , était ornée , au rez-de-chaussée, de colonnes et de pilastres d'ordre corinthien. Celle sur la cour, dont elle devait occuper les quatre côtés; était composée de trois ordres d'architecture : celui du rez-de-chaussée était dorique, celui du premier étage ionique, et le troisième corinthien, avec des colonnades saillantes formant des balcons couverts.

Le rez-de-chaussée du corps-de-logis principal était destiné au corps-de-garde des Cent Suisses pt du régiment des Gardes, à quelques logements pour des seigneurs et des officiers, et à différentes salles à l'usage des personnes de la cour.


  (1) Livre d'architecture contenant.... les plans , élévations et profils de quelques-uns des bâtiments faits en France et dans les pays étrangers, par le sieur Boffrand, architecte du Boy. 1745. — Lionnois a donné, dans ses Essais sur la ville de Nancy, un n plan du'preniier étage du nouveau Palais de Nancy. n


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Prés de l'appartement du duc, au premier étage, il y en avait d'autres pour les princes et les princesses du sang.

Les second et troisième étages devaient servir de logements aux officiers du Palais. D'anciennes cours étaient conservées pour les offices et autres pièces de service.

La façade sur la Carrière avait vingt-une croisées, avec un fronton enrichi de bas-reliefs et de trophées d'armes ; il était surmonté de six statues colossales, et tout le bâtiment était orné d'une balustrade en pierre, également enrichie d'urnes et de trophées d'armes. La façade du côté des jardins devait porter la même décoration, avoir dix colonnes et trente-trois croisées dans sa longueur. Dans la cour, le milieu des quatre faces devait être un avant-corps composé de six colonnes , avec un fronton orné de sculptures en bas-relief et terminé par six statues.

Le portique autour de la cour communiquait à la chapelle palatiale de St.-Georges, du côté de la ville, et, au fond de la cour, à une salle de comédie adossée à la salle d'Opéra.

Si une chose pouvait faire oublier la destruction de quelques portions du vieux Château, c'était, à coup sur, la magnificence du nouveau Palais que se proposait d'élever Léopold. Malheureusement, ce Palais ne devait pas se terminer, et sa construction amena néanmoins la ruine du chœur de St.-Georges et des chapelles voisines, de la superbe tour du garde-meuble et du corps-de-logis de la Cour qui avait servi d'appartements au prince et avait renfermé le jeu de paume, la galerie des Peintures, la Chambre des Comptes et la salle St.-Georges, laquelle le disputait en richesse et en étendue à la superbe salle d'Honneur (1).


  (1) On acheta, en 1717 , à Remy Villaume, sculpteur, capitaine d'une compagnie de bourgeois de Nancy , u une maison près des écuries du Château , comprise dans le plan du nouveau bâtiment qu'on y Tait faire, n


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Dès l'année 1717, on commença la construction du « Château de la Cour, » sous la surveillance des architectes Guesnon et Révérend, et de M. Cléret, contrôleur des bâtiments. Les ouvrages de maçonnerie et de pierre de taille furent confiés à Jean Jadot et Nicolas Renault; ceux de sculpture à Joseph Dieudonné et Dumont père, etc. (1) ,

Les travaux furent continués et poussés avec activité jusqu'en 1721 (2) ou même 1722 (3) ; la face du côté de la


  (1) Voici le nom des ouvriers qui furent employés aux travaux du nouveau Palais : Joly et Liégeois, ardoisiers; Clomeny et Ilennequin , plâtriers; Briey, plombier et ferblantier; Nicolas Renauld, charpentier; Jacques Enard , serrurier; Nicolas Sevelle, menuisier, qui fit, en 1722 , un modèle de la façade du château de Nancy, en menuiserie, H et reçut 208 livres pour cet ouvrage. L'architecte Jean le Duc, ou Duc, eut la surveillance d'une partie de ces travaux. Je dois mentionner aussi le plâtrier Gabriel Vallé, qui fit, en 1724, le modèle du grand escalier du nouveau Palais; il lui fut payé 81 livres S sols.

  (2) On lit, dans les pièces justificatives des comptes du Trésorier général , pour l'année 1727 : u II est ordonné au sieur Dominique Anthoinc, trésorier général de nos finances, de payer à Nicolas Renault, entrepreneur, la somme de 23,510 livres 17 sols 8 deniers, pour restant et parfait paiement de celle de 442,510 livres 17 sols 8 deniers, à quoi se montent toutes les dépenses qu'il a faites pour la construction de notre château de Nancy, n Voici l'état des sommes qui furent payées, chaque année, à Nicolas Reuault: 1717, 68,000 livres; 1716, 140,00!) ; 1719, 170.000 ; 1720, 38,000 ; 1721, 3,000.

A ces documents, se trouve joint un mémoire du même entrepreneur, comprenant 107 articles, doot l'avant-dernier porte ce qui suit: u Pour les impostes et archivoltes des sept croisées, tant de la face du pavillon que retours vers le bastion et la grande cuur au droit du premier étage; la corniche de l'ordre ionique jusqu'au-dessus, les tambours des colonnes desdites faces, faits pour monter jusqu'à la hauteur du 2e étage; quantité de jambages et pilastres pareillement faits pour employer au même endroit, qui sont tous de pierre de taille, qui ont été préparées et prètes à poser pour l'élévation dudit pavillon, et lesquelles sont restées sur le chantier, S. A. R. ayant fait discontinuer lesdils ouvrages après que lesdites pierres ont été taillées... n

  (3) En 1724, une somme de 5,845' livres 17 sols est payée à Nicolas Regnauld, charpentier, u pour ouvrages faits au bâtiment nca! jusqu'en 1722. n


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Carrière, qui est figurée dans l'ouvrage de Boffrand, fut élevée dans sa hauteur et couverte d'ardoises (1). Mais l'aile donnant sur la cour, ne fut poussée qu'à six pieds de terre.

Aucun de nos historiens, pas même Durival, qui a écrit cependant presque jour par jour le règne de Léopold, ne disent quels motifs engagèrent ce prince à faire suspendre l'achèvement du nouveau Palais : peut-être fut-il arrêté, dans l'exécution de ce projet, par les dépenses que lui occasionna la reédificalion du château de Lunéville, qu'un incendie venait de réduire en cendres (1719), et parla construction de l'hôtel de la Monnaie (1720-1721), dont une partie fut destinée à la Chambre des Comptes et au Trésor des Chartes.

Quoiqu'il en soit, les travaux du bâtiment neuf n'avaient pas empêché de continuer à entretenir et à réparer l'ancien bâtiment, qu'on appelait alors le vieux Palais ou le vieux Château. En 1722, différents ouvrages furent faits à l'appartement de M. de Fontenoy, derrière celui des princesses, prenant jour sur la cour des Fontaines ; aux chambres de M. de Bousmard, « dans l'étage au galetas au-dessus des appartements des princes; » dans celles de MM. de Lenoncourt et de Pfutzchner; l'architecte le Duc dirigea la construction de nouvelles écuries près des Cordeliers, et les réparations de l'Orangerie; Pierre Boulangé fit des « peintures d'impression, »


  (1) Il est assez probable que Léopold habita le nouveau Palais ; mais, ce qui est certain , c'est que celui-ci fut meublé : on trouve, en effet, un grand nombre de mentions de sommes payées pour achats de portières de tapisserie, ouvrages de bronze doré ct d'or moulu, tables de marbre, ouvrages en bois sculpté, etc., la plupart achetés à Paris par Boffraud, pour décorer le Palais.


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et Menuet des « sculptures en plâtre » à l'alcôve du cabinet de la duchesse, près de l'Opéra; enfin, le sieur Augay, plâtrier, refit le plafond cintré de la salle des Gardes, « joignant le grand escalier où est le grand horloge (1). »

Depuis cette époque jusqu'en 1729 (2)[NW 2], année de la mort de Léopold, aucuns travaux ne furent exécutés ni au vieux Palais, ni au nouveau Château de Nancy : l'ancienne demeure des ducs de Lorraine était à peu près abandonnée par leur successeur ; c'était à Lunéville qu'il avait fixé sa résidence ordinaire, et c'était le château de cette ville qu'il se plaisait à faire embellir: Mcsny, Guibal, Dieudonné, les deux Vallicr, le décoraient d'ouvrages de sculpture, en même temps


  (1) En 1724, on dépensa, pour le vieux Palais, une! somme de 16,880 livres il sols 8 deniers, dont une partie fut consacrée à payer des travaux faits antérieurement a cette époque ; c'est ainsi que 200 livres furent délivrées au peintre Guyon, « pour avoir raccommodé plusieurs tableaux audit Château , suivant l'ordonnance du 10 avril 1722. H

  (2) Lionnois rapporte, sous cette date, un événement qui se rattache , jusqu'à un certain point, à l'histoire du Palais Ducal, et qui Sr trouve également consigné, dit-il, dans le recueil des anecdotes du sieur Lavocat, de Champigneules, machiniste du prince Charles de Lorraine : u Au mois de février 1729, par un beau jour, et en plein midi, un aigle avec son aiglon parut voltiger sur la Carrière, et après avoir fait trois tours au-dessus de cette place, alla se percher avec son petit sur les fleurons de bronze dorés d'or moulu qui ornaient le faîte de la salle dis Cerfs. Après quelque temps de repos, les deux oiseaux prirent leur essor, tirent trois volées autour du Château, mais l'aigle tomba mort au milieu de la cour, et l'aiglon s'envola vers l'Allemagne. Les courtisans ne manquèrent pas de faire à ce sujet de grands raisonnements. Léopold leur dit que cet événement ne regardait que lui seul. Comme ce prince mourut peu après, et que son fils François 111 parvint ensuite au trône impérial, on présuma que ces oiseaux étaient venus annoncer ces deux grands événements, M


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que Jacquard et Louis Chéron ornaient de tableaux la chapelle et l'intérieur des appartements.

En résumé, le règne de Léopold, qui fut une ère de prospérité pour la Lorraine, fut une ère de décadence pour le Palais Ducal. Cet antique édifice, pas plus que la chapelle princière de St.-Georges, n'échappa à la manie de destruction et de constructions nouvelles, qui semblait un besoin du temps. On commençait à professer alors un superbe dédain pour les vieux monuments, et l'on croyait devoir les faire impitoyablement disparaître. Cette manie, jointe au désir d'effacer tout vestige de notre ancienne nationalité, devait bientôt priver notre pays d'édifices qui avaient si longtemps fait son orgueil et sa gloire.


Notes complémentaires

Concernant la wikification du texte
  1. 1,0 et 1,1 Dans l'ouvrage original cette appel renvoie vers une note numérotée 2 par arreur. Celle-ci est ico corrigée
  2. Cette note est numérotée 1 dans l'original.
Notes explicatives