Le Palais ducal de Nancy (1852) Lepage, 3 a

De Wicri Nancy
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Le
Palais ducal
de Nancy
1544 - 1608
(pages 52 à 56)

Cette page introduit le troisième chapitre d'un livre écrit par Henri Lepage en 1852 : Le Palais ducal de Nancy.

Pour alléger la lecture informatique ce chapitre est ici découpé en trois parties[NW 1].

 
Le Palais ducal de Nancy
Vers le texte original

Texte original

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III

1544 - 1608

Aucun souvenir du règne de François Ier ne se rattache à l'histoire du Palais Ducal. Ce prince, on le sait, avait à peine pris possession du trône, qu'il mourut, le 12 juin 1545. Ses funérailles, de même que celles du duc Antoine, furent décrites par Edmond du Boulay; mais cette description ne renferme aucune particularité qui mérite d'être reproduite ici.

L'auteur de la Dissertation historique dit, en parlant des travaux qui furent exécutés au Palais sous le duc Charles III: « Notre grand Charles mit en ordre et rétablit ce qui était ruiné et orna ce qui était déjà établi, y enfermant plusieurs choses nécessaires et corrigeant ce qui était hors de propos. »

Je vais essayer d'indiquer en quoi consistèrent les arrangements, reconstructions et additions faits dans le Palais par Charles III.

En 1545, différents ouvriers furent occupés à « dresser et ériger une carrière nouvellement faite entre les deux murailles derrière le couvent des Frères Mineurs avec une lysse, galeries, portes et autres choses servant à ladite carrière. » Celle-ci s'appelait la carrière de M. de Metz; les jeunes princes y coururent la bague l'année suivante. Les pages de la cour se livraient à cet exercice dans la grande allée du jardin.


Un chapitre des comptes du Receveur général, pour 1545-1546, est consacré à différents ouvrages de charpenterie faits


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au jardin du Palais pour y construire des treillis et des berceaux. Ces ouvrages furent exécutés par Jean La Bicque (1). Didier Pillot, charpentier à Nancy, alla couper, à cet effet, dans la forêt du Fay d'Amance, « cent trois pieces de bois uiesrien, » qui furent amenées à Nancy par corvées.


  (1) Despence sur l'ouvraige des treillis, cherriotz et barriaulx de charpenterie du jardin de la maison de Monseigneur le duc à Nancey.

Le xvije jour de juin l'an mil vc xlvj, par les excellences de Madame (la duchesse régente) et Monsieur de Mets a esté fait marchié touchant ledit ouvraige à Jehan la Ricque, charpentier demourant à Nancey, en la maniere que s'ensuyt, assavoir que ledit Jehan la Ricque est tenu faire les quatre allées à berceanlx selon que le lieux le requiert et aux conditions cy apres declairées, et contiennent environ quarante toizes.

Item faire de dix piedz en dix piedz les maistres posteaulx et entre chacune espace de x pieds deux fenestres de chacun costé et quatre colompnes d'un costé et d'autre desdites fenestres , et le desoubz des appuyes à quatre quaires pour asseoir la taille d'embas.

Item la premiere assiette tout embas sur la massonnerie sera et asseoira une piece de bois portant embassement en une autre piece de bois portant molure et servant pour les appuyes, et au dessus desdits fenestraiges sera une autre piece de bois servant de corniche sur laquelle se asseoira le berceau et rondite desdites quatre allées, lequel berceau sera par parquctz quarrez de telle largeur et haulteur que le lieu requerra.

Item au devant des huict boutz desdites quatre allées sera l'ouvraige à la meisme ordonnance que le patron apporté de Sainct Epvre le porte et contient quant au fait de charpenterie seulement, et doicnt avoir chacune allée xiiij piedz ou environ dedens œuvre et la haulteur à l'advenant du lieu.

Item est tenu ledit Jehan la Ricque de à ses fraiz et despens mectre en charroy la quantité de cent et trois pieces de bois chesne abbattues on Fay d'Amance

Item est assavoir que avant l'assiette desdits ouvraiges, l'en fera faire des petis muretz de costé et d'autres desdites allées, sur Icsquclz se asseoira tout l'ouvraige...

Et pour faire et parfaire ledit ouvraige, est accordé qu'il aura la somme de huiot cens frans monnoyc de Lorraine.


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En 1547, le comte d'Aumale et le comte d'Anien vinrent à la cour de Lorraine, et, à l'occasion de leur arrivée, des lices furent dressées et une loge faite à la carrière derrière les Cordeliers, pour y courir la bague. Cette carrière devait être située, soit sur l'emplacement du jardin des Frères Mineurs, qu'on voit indiqué dans la planche de Deruet ; soit sur celui d'une des cours intérieures du Palais où sont figurées, dans la même planche, les douze loges (les latrines) et la tour du Trésor des Chartes.

En 1549, on recouvrit la galerie allant en l'oratoire des Cordeliers et on y fit une lucarne « couverte et revestue de plomb eslammé d'estain, enrichie d'une vasse et d'aultres ouvraiges. » On « racoustra le pont de la poterne derrière la Court, pour y passer plus seurement. » Jean Humbert, potier de terre, demeurant à Epinal, dressa « en la salette pres le jeu de paulme, où mangent les excellences de Madame et Monseigneur de Vaudémont, un fourneau à huict pans avec collombes, le tout tant clacques que collombes esmaillié de blanc d'azur et aultrement enrichi, pour enrichissement duquel fourneau ledit Humbert a fourni environ 200 petis carreaulx pareillement esmaillés de blanc d'azur. » Un autre potier de terre , Fredrich Lallement, de Nancy, fit aussi un fourneau de claques vertes pour la deuxième garderobe près la chambre de Madame. Plusieurs ouvriers étaient, en même temps, occupés à niveler la carrière derrière les Cordeliers, « pour courir (la bague) à la venue de M«r le Cardinal; » à dresser, dans la Grande Salle , des échafauds et une barrière, « pour donner passetemps à Monseigneur à s'esbattre à l'espée avec les gentilshommes, » et à fermer de planches le « jardin des Serisiers derriere la Court, au bout pres la grosse muraille. » Enfin, deux charpentiers, Jean Gargantua et François, faisaient « des fosses en la Court pour attacher


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et ficher les trois mayes qui ont esté portés à Monseigneur et à mes damoyselles le premier jour de may , attacher et lyer iceulx mayes devant les chambres de Monseigneur et de mes damoyselles (1). » Cette cérémonie se faisait au son du fifre et du tambourin, et les musiciens qui y prenaient part recevaient de la part du prince une large gratification (2).

Pendant quelque temps encore, je n'aurai à rappeler que des particularités de peu d'importance : les événements politiques qui s'accomplissaient alors , joints à la peste qui affligeait la capitale, ne permettaient guère aux régents de Lorraine de songer à embellir le Palais; mais , en revanche, ils faisaient mettre en état de défense les places fortes de la province. Balthasard Paduano, ingénieur et fortificateur, était, à cet effet, appelé d'Italie ; Ambroise Principiano , capitaine de la fortification du comté de Bourgogne et ingénieur de Dolle, était chargé de visiter les villes de La Mothe et de Pont-à-Mousson, et « d'aviser sur le fait des fortifications de Nancy. » Il était secondé , dans cette dernière partie de sa mission , par un autre fortificateur italien, nommé Anthonio de Bergamo.

Néanmoins, quelques travaux d'art furent exécutés au Palais vers cette époque : maître Jean de Gorze, qualifié de peintre de Monseigneur (sans doute le comte de Vaudemont, l'un des régents de Lorraine), peignit le petit cabinet de


  (1) Comptes du Cellerier de Nancy pour 1548-1549.

  (2) On trouve, dans les comptes du Trésorier général pour 1567-1568, la mention d'une somme de cent frans délivrée au capitaine Triconville u pour les distribuer aux fifl'res et tambourins de Nancy pour avoir euz planiez ung maiz dedans le chasteau dudit Nancy au premier jour de may. n


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Madame (1) ; Claudin Croeq et Medard Chuppin racoustrèrent les peintures de la Galerie des Cerfs (2); le menuisier Jean Damyen tourna six balustres de pierre « pour asseoir au dessous du fourneau ordonné à faire empres la chambre de Madame; » enfin, Didier Colier, recouvreur de l'hôtel, enrichit de différents ouvrages de plomberie la lucarne du cabinet de la duchesse Christine de Danemarck (3).


  (1) A maistre Jehan de Gorze , painctre de Monseigneur, la somme de xxxvij fr., à savoir xxv fr. pour avoir painct en vert en huille et destrempe le petit cabinet de Madame, fait nouvellement en la chambre de l'appoticairerie d'une part, et xij fr. pour avoir painct la lucarne dudit cabinet, doré de fin or de ducat les armoyeries de mondit seigneur avec les enrichissemens à l'entour.

  (2) A Denys Dieu, marchant demeurant à Sainct Nicolas, xxix frans ij gros, assavoir xxvj frans viij gros pour dix libvres d'azur que ledictDenys Dieu a vendu et delivré à Me* Mydas (Médart) et Claudin, painctres, pour employer à racouslrer et repaindre la paincture de la salle des Cerfs en l'hostel de Monseigneur, au prix de xxxij gros la livre, et pour deux autres livres d'azur au pris de xv gros l'une, xxx gros.

A Jehan de la Monnoye, marchant demeurant à Nancy , pour deux cens d'or battu qu'il a vendu et delivré à Me Mydas, painctre, pour employer à racouslrer la paincture de la salle des Cerfz , au prix de iîj frans le cent...

A Didier Loilyer, demeurant à Nancy, pour iiij quartes huille de nois qu'il a vendu et delivré à maislres Mydas et Claudin, painctres de Monseigneur, pour employer à racoustrer et remectre à poinct les painctures de la salle des Cerfz, à raison de xvij gros la quarte, v frans vij gros.

  (3) A Didier Colier, recouvreur de l'hoslel Monseigneur, pour avoir plombé et bordé la lucarne à deux jours estante on cabinet de Madame dedans la chambre de l'appoticairerie, y avoir fait un chappeau de tryumphe avec les armes de Monseigneur, plusieurs testes de lyon, ung balustre et l'enrichissement d'alentour, comme ladite lucarne se demontre, où il a employé vjc lxix libvres plomb, à raison de vj deniers l'une, xx fr. iij g. vj d. (Comptes du Cellerier de Nancy pour 1550)


Notes complémentaires

Concernant la wikification du texte
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