La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/1872/Volume 2/Glossaire/M
La Chanson de Roland Première édition Édition critique - 1872 Introduction historique -
Édition critique et traduction -
Volume 2
|
Cette page reprend, sur la lettre M, le glossaire de l'édition critique de Léon Gautier en lecture linéaire.
M
MA | MAN | ME | MI | MO | MU |
MA
- m ##
M est tantôt pour me, tantôt pour ma. Il est pour me, dans : Se m’puez, 74, et pour ma, dans Tenez m’espée, 620, etc.
- ma ##
MA. Adj. possessif, s. s. f. (Ne vient pas de mea ; mais (?) d’une forme archaïque et populaire, ma.) Cum decarrat ma force e ma baldur, 2902. Si penuse est ma vie, 4000. — R. s. f., ma : De meie part ma muiller saluez, 361. Cf. 3059, etc.
- Machiner ##
MACHINER. R. s. m. Nom d’un païen (?), 66.
- Maelgut ##
MAELGUT. R. s. m. Nom d’un païen (?) : Ço est Gualter ki conquist Maelgut, 2047.
Magnes
MAGNES.
- Adj., s. s. m. Grand (Magnus), 1195, 1404, 1949, 2321, 3329, 3620,
- et magne, 1.
- Au voc. s. m., magnes, 3611 : Reis magnes, que fais tu.
Entre dans la composition de Carlemagnes. Les deux éléments sont parfois séparés : Carles li magnes, 703 et 841.
Maheu
MAHEU. R. s. m. Nom d’un païen (Matthœum), 66.
- Mahum ##
MAHUM. S. s. m. Mahomet (Arabe Mohammed, loué), 921. — Voc., s. m. : Mahum, 1906, et Mahum(e), 3641. — R. s. m. : Mahum, 416, 611, 2696, 3267. V. Mahumet.
- mahumeries ##
MAHUMERIES. R. p. f. Mosquées (V. Mahum) : Les sinagoges e les mahumeries, 3662.
- Mahumet ##
MAHUMET. S. s. m. Mahomet (V. Mahum), 868, 2711, et Mahummet, 1616. C’est cette dernière forme qui est la plus conforme à l’étymologie arabe. — R. s. m. : Mahumet, 2590, et Mahummet, 8.
- mai ##
MAI. R. s. m. Le mois de mai (Maium) : Ço est en mai, à l’premer jur d’ested, 2628.
- maile ##
MAILE. S. s. f. Maille du haubert (Macula. V. Diez, Lex. Étym., I, 258, au mot Macchia) : Le blanc osberc dunt la maile est menue, 1329.
- mailz ##
MAILZ. R. p. m. Marteaux (Malleos) : A mailz de fer, 3663.
- main ##
MAIN. R. s. f. (Manum), 2264. — R. p. f. : mains, 72, 1158 et 2015. Dans ce dernier vers, le mot mains est employé comme un véritable ablatif absolu : Cuntre le ciel ambesdous ses mains juintes.
MAIN. Adverbe. Le matin. (Mane.) Dans notre texte, il est employé concurremment avec par : Par main en l’albe, 667. Comparez la locution : Par matin, aux vers 163 et 669. ═ Au v. 383, le scribe a écrit : Er matin ; mais, pour la mesure du vers, il faut restituer : Er main.
- Maine ##
MAINE. R. s. f. Nom d’une province de France (elle doit son nom aux Cenomani), 2323.
- mais ##
MAIS. Conj. Ce mot, qui dérive de magis, reçoit dans notre texte plusieurs sens : 1° Il a tout d’abord le
- mais ##
sens du latin magis, et signifie « davantage » : N’en parlez mais, 273. Si grant doel out que mais ne pout ester, 2219. Endormiz est, ne pout mais en avant, 2520. De sun tens n’i ad mais, 3840. De vos n’en ai mais cure, 2305. Cf. mès, dans le même sens, au v. 2784. ═ 2° De là, par une légère extension, le sens assez vague de « désormais » : Quant ert-il mais recreanz d’osteier ?, 543, 566. ═ 3° Enfin, nous arrivons au sens actuel du mot mais : Li reis Marsilies... — De sun aveir me voelt duner grant masse... — Mais il me mandet que en France m’ en alge, 187. Cf. les vers 234, 1212, 1478, 1925... ═ Notons une locution importante, dont mais est un élément. Ne mais que, signifie « excepté » : Ne n’unt de blanc ne mais que sul les denz, 1934. Franceis se taisent ne mais que Guenelun, 217. Cf. ne mès que, 1309. ═ On trouve également cette locution sans que : Ne mès Rollant, 382.
- maisnée ##
MAISNÉE. R. s. f. Famille, maison (Mansionatam) : En Saraguce sa maisnée alat vendre, 1407. Si sucurez vostre maisnée, 1794. Cf. 1820, 2937. ═ Au v. 3391, le sens devient plus étendu, et maisnée est synonyme de « gent » : Li Amiralz recleimet sa maisnée, 3391. (Cinq vers plus bas, on lit : Li Amiralz la sue gent apelet, 3396.)
- maistre ##
MAISTRE. Adj. r. s. m. ═ Ce mot n’est employé que comme adjectif dans notre texte, où il a déjà beaucoup dévié de son sens étymologique. (Magister.) Quand l’Empereur confie à ses cuisiniers, à ses cous, la garde de Ganelon : Tut le plus maistre en apelat Begun, 1818. Et nous trouvons, au vers 2939, le mot maistre employé dans une locution encore plus caractéristique : As maistres porz de Sirie. On voit, par là, combien sont anciennes, dans notre langue, ces expressions : Une maîtresse femme, un maître homme, une maîtresse ville, un maître pays, etc.
- maisun ##
MAISUN. R. s. m. (Mansionem.) Au v. 3978, maisun est employé dans le sens d’habitation : En ma maisun ad une caitive. Mais, au v. 1817, ce mot a le sens un peu plus marqué de « maison du roi » : Si l’cumandat as cous de sa maisun.
- major ##
MAJOR, MAJUR. Ce mot, dérivé du comparatif latin de magnus, n’est employé que dans une seule expression : Tere-majur ou major. On trouve majur, comme r. s. f., aux vers 818 et 952 ; major, comme vocatif s. f., au vers 1616, et comme r. s. f., au vers 600. ═ Il est d’ailleurs très-certain, contrairement à l’opinion de quelques érudits, que ce mot : Tere-major, désigne réellement la France, et c’est ce que prouve jusqu’à l’évidence le vers suivant : Tere-major, Mahummet te maldie, 1616. Ainsi parlent les païens au milieu de la bataille...
- mal ##
MAL. Adverbe. (Male.) Mal nos avez baillit, 453. ═ Rem. la locution mal baillir, qui signifie « mettre en un mauvais pas ». ═ Une autre expression, qui était sans doute d’un usage constant, se trouve dans l’imprécation suivante : Mal seit de l’coer ki à l’piz se cuardet, 1107.
- Malbien ##
MALBIEN. R. s. m. Nom de païen (composé probablement par fantaisie avec les mots mal et bien) : E Joïmer e Malbien d’ultre-mer, 67.
- Malcud ##
MALCUD. R. s. m. Nom de païen (Male-cogitat ?) : Ço est Malquiant, le filz à l’ rei Malcud, 1551.
- maldient ##
MALDIENT. Verbe act. Ind. prés., 3e p. p. (Maledicunt.) Plus de XX mil humes... maldient Carlun, 2579. — Subj. prés., 3e p. s., maldie : Tere-major, Mahummet te maldie, 1616. — Part. pass. r. s. f., maldite : Tint Ethiope, une tere maldite, 1916.
- Malduiz ##
MALDUIZ. R. s. m. Nom de païen (Male-ductum) : Li Reis apelet Malduiz sun tresorer, 642.
- male ##
MALE. v. Mals, adjectif.
- malement ##
MALEMENT. Adverbe. (Mala-mente.) Seignurs, dist-il, mult malement nos vait, 2106.
- males ##
MALES. V. Mals, adjectif.
- malez ##
MALEZ (sunt). Verbe pass. Ind. prés., 3e p. p. Sont assignés, ont leur sort judiciaire réglé par le mall germain (Sunt mallati) : Ben sunt malez par jugement des altres, 3855.
- malmis ##
MALMIS (s’est). Verbe réfl. Parf. comp., 3e p. s. S’est mis en mauvais cas (Male-missum) : S’est parjurez e malmis, 3830. — Part. pass., r. p. m., malmis : Ki dunc veïst cez escuz si malmis, 3483.
- Malpalin ##
MALPALIN. R. s. m. Nom de païen (?) : Si’ n getat mort Malpalin de Nerbone, 2995.
- Malperse ##
MALPERSE. V. Malpreis.
- Malpramis ##
MALPRAMIS. S. s. m. Nom du fils de Baligant (pour Malprimes), 3175. — Voc. s. m. : Malpramis, 3184, etc. — R. s. m. : Malpramis, 3498. V. Malprimes.
- Malpreis ##
MALPREIS, MALPRESE, MALPERSE. Nom d’une région païenne. Dans un couplet masc. en ei : La terce est des jaianz de Malpreis, 3285 ; et, par erreur, dans un couplet en un féminin : Malprese ou Malperse, 3253.
- Malprimes ##
MALPRIMES. R. s. Nom d’un païen (?) : Malprimes de Brigals, 889, 1261.
- Malquiant ##
MALQUIANT. R. s. m. Nom d’un païen (Male-cogitantem), 1551.
- mals ##
MALS. S. s. Douleur, souffrance (Malum, ou plutôt malus) : Ne s’poet guarder que mals ne li ateignet, 9. — R. s., mal : Deus tut mal de tramette, 1565. Jo n’ai nient de mal, 2006. (Locution qui s’est conservée comme la suivante.) Ne m’fesis mal, 2029. Ensemble averuns e le bien e le mal, 2140. Cf. 2101. — R. p. : mals, 60 et 1117.
MALS. Adjectif, s. s. m. Méchant, mauvais (Malus), 727. — S. s. f. : male, 1466, 2699, 3276. — R. s. m. : mal, 3953. — R. s. f. : male, 918, 2135. — R. p. m. : mals, 1190. — R. p. f. : males, 886, 1633, 3496.
- Mal(sar)un ##
MAL(SAR)UN. R. s. m. Nom d’un païen (?) : E vait ferir un païen Mal(sar)un, 1353. Les manuscrits de Venise IV et Versailles donnent Falsiron, Falseron ; dans le Karl-Meinet, on lit : Malsaron, etc.
- maltalant ##
MALTALANT. R. s. Mauvaise disposition, et, par extension, colère (Malum-talentum. Talentum signifie un poids qui fait pencher de tel ou tel côté...) : Li Empereres respunt par maltalant, 271.
- maltalentifs ##
MALTALENTIFS. Adjectif, s. s. m. Mal disposé, colère (V. le précédent) : Rollanz ad doel, si fut maltalentifs, 2056. ═ On a, mais à tort, proposé de lire en deux mots : mal talentifs.
- Maltet ##
MALTET. R. s. Nom de l’espiet de Baligant (? Malitatem) : Tient son espiet, si l’apelet Maltet, 3152.
- Maltraien ##
MALTRAIEN. R. s. m. Nom d’un roi païen (? on peut y retrouver les deux mots mal et traire, indiquant une mauvaise origine ??) : Vos estes filz à l’ rei Maltraien, 2671.
- malvais ##
MALVAIS. Voc. s. m. Mauvais. (Le mot malus entre évidemment dans ce mot comme un élément ; mais le reste est d’origine inconnue. Diez, Lex. Étym., I, 260, indique male-levatus, qui s’accorde tout au plus avec le provençal malvatz.) Ahi ! culvert, malvais hom de put aire, 763. E ! malvais Deus, 2582. — R. s. m., malvais : Getet sur un malvais sumer, 481. Ki mult te sert, malvais luer l’en dunes, 2584. malvais sermun cumences, 3600. Cf. 2135. — S. s. f., malvaise, 1014, 1016 : malvaise çançun, malvaise essample. — R. p. f., malvaises : N’en descendrat pur malvaises nuveles, 810.
- malvaisement ##
MALVAISEMENT. Adv. (V. le
- malvaisement ##
Modèle:Tiret2.) Que nuls prozdom malvaisement n’en chant, 1474.
- malvaises ##
MALVAISES. V. Malvais.
MAN
- manace ##
MANACE. R. s. f. Menace (Minatiam) : N’ai cure de manace, 293. — R. p. f., manaces : De vos manaces jo n’ai essoign, 1232.
Mand
MAND. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. (Mando.) Par vos li mand, bataille i seit justée, 2761. — 3e p. s., mandet : Iço vus mandet reis Marsilies li bers, 125. Ses baruns mandet, 166, 169. Mandet sa gent, 2623. C’est par erreur, qu’au vers 3679, le scribe a écrit mandet, au lieu de muntet. — Parf. simpl., 3e p. s., mandat : Deus li mandat que, 2319. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : En Babilonie Baligant ad mandet, 2614, et avec un r. p. f., ad mandées : Quatre cuntesses... ad mandées, 3729. — Plus-que-parf., 1re p. s., avec un r. s. m. : aveie mandet, 2770. — Fut., 1re p. p. : manderum, 1699. — Impér., 2e p. p. mandez, 28. — Part. pass., r. s. m. : mandet, 2614, 2770. R. p. f. : mandées, 3729.
Maneviz
MANEVIZ. Adj., r. s. m. Bien disposé, ardent (d’après Diez, du gothique manvus, prêt ; et manvjan, préparer) : Tant se fait fort e fiers e maneviz, 2125.
- manger ##
MANGER. Verbe actif, inf. prés. (Manducare.) Urs e leuparz les voelent puis manger, 2542. Fut., 3e p. p., mangerunt : N’en mangerunt ne lu, ne por, ne chen, 1751. Par les deux exemples précédents, on voit qu’on disait dès lors : Manger quelque chose et manger de quelque chose. ═ Ce mot ne se trouvant comme assonance que dans un couplet en ier, il faut lire mangier.
- manguns ##
MANGUNS. R. p. m. Sorte de monnaie. (Ducange rattache mancusa à manca, marca. Manguns est sans doute de la même famille.) Quand Valbrun donne son épée à Ganelon, il dit qu’Entre les helz ad plus de mil manguns, 621. Pour l’explication de ce vers, voy. nos Notes, aux v. 621 et 994, p. 118.
- mantel ##
MANTEL. R. s. Manteau (Mantellum ou mantellus. Cette dernière forme, au m., se trouve notamment dans les vers latins de Primat, qu’a publiés M. Paul Meyer dans la Bibl. de l’Éc. des Chartes, XXXI, 310), 462, 830. — R. p. : mantels, 2707. Voy. notre Note du vers 463.
- manuverer ##
MANUVERER. Verbe actif. Opérer, travailler, placer avec la main. (Manoperari.) Il est dit que Charles, possédant le fer de la lance dunt nostre Sire fut en la cruiz nafrez, le fit mettre dans le pommeau de son épée : En l’oret punt l’ad faite manuverer, 2506. Müller écrit manuvrer.
Mar
MAR. Adv. Mal à propos, inopportunément, à tort (Mar, mare, est, suivant Diez, une contraction de mala hora) : Ja mar crerez Marsilie, 196. Il faut traduire : « Vous aurez bien tort de croire Marsilie. » Ja mar crerez bricun, 220. Li duze per mar i serunt jugez, 262. Carles li magnes mar vos laissat as porz, 1949. Sire cumpainz, mar fut vostre barnage, 1983. Tant mar fustes hardiz, 2027. Mar veïstes Rollant, 2475. Cf. 791 et 1057. On peut dire que ces locutions, et notamment tant mar, étaient devenues très-usuelles et presque proverbiales. ═ Mare est exactement employé dans le même sens... quand le poëte a besoin d’une syllabe de plus : Tant mare. Tant mare fustes, ber, 350. Barun, tant mare fus (c’est la formule de l’oraison funèbre), 1561. Li Empereres tant mare vos nurrit, 1860. Si mare fumes nez, 2146. Cf. 2221, 2823.
Marbre
MARBRE. R. s. m. (Marmor.) Un perrun de marbre bloi, 12. Cf. 2260.
- Marbrise ##
MARBRISE. R. s. f. Nom d’une localité en Espagne. (Le type latin serait Marmoritia. D’autre part, la
- Marbrise ##
Modèle:Tiret2, dans l’antiquité, était une contrée de l’Afrique. Est-ce un souvenir ? non : c’est un mot de fantaisie.) Laisent Marbrose et si laisent Marbrise, 2641.
- Marbrose ##
MARBROSE. R. s. f. (Comme le précédent. Le type latin serait : Marmorosa), 2641.
- marche ##
MARCHE. R. s. f. Un pays frontière, et, par extension, le pays, l’empire tout entier (de l’anc. haut allem. marcha, frontière) : Car m’eslisez un barun de ma marche, 275. Charles... nus requert ça en la nostre marche, 374. Charles dit de Roland qu’il a laissé en Espagne : Jo l’ai lesset en une estrange marche, 839. Cf. 2209 et 3128, où marche a plutôt le sens de pays frontière. Partout ailleurs, son sens est plus étendu. — R. p. f., marches : Ço est Loewis... Si tendrat mes marches, 3716. Chrestiens ert, de mei tendrat ses marches, 190.
- marchet ##
MARCHET. R. s. Marché, échange (Mercatum) : Li reis Marsilie de nos ad fait marchet, 1150. ═ Comme le couplet est en ier, il faut lire marchiet. ═ On voit que la locution « faire marché de... » remonte très-haut dans notre langue.
- marchis ##
MARCHIS. S. s. m. Celui qui est à la tête d’une marche ou pays frontière. Déjà, dans le Roland, le sens est plus étendu. Et même un païen va jusqu’à dire de Charlemagne : Grant ad le cors, ben resemblet marchis, 3502. Cf. 2971. (À marchensis, je préfère l’étymologie marquisius, marquisus. Ce dernier mot se trouve dans un texte de 965, etc.) ═ Roland est toujours qualifié de « marquis », ce qui s’accorde avec l’histoire, puisqu’il fut en réalité préfet des Marches de Bretagne : A icest mot se pasmet li Marchis, 2031. — R. s. m., marchis : Si nos aidez de Rollant li marchis, 630. Cf. 3058 et 3502. ═ Ce mot entre dans la composition de Val-Marchis, 3208.
- Marcules ##
MARCULES. S. s. m. Nom de païen (ce ne peut être le même mot que Marculfus, Marcou ?) : L’estreu li tint Marcules d’outre-mer, 3156.
- mare ##
MARE. Adv. (V. Mar.) Tant mare fustes, ber, 2221. Si mare fui, 2823. Cf. 350, 1561, 1860, 2146...
- Marganices ##
MARGANICES. S. s. m. Ce mot est sans doute une erreur du scribe, pour Algalifes : Li Marganices sist sur un ceval sor, 1943. Cf. 1914.
- Margariz ##
MARGARIZ. S. s. m. Nom d’un païen. Un margerit, en provençal, est un apostat, un mécréant, et le même mot existe dans le roman du nord. (V. Ducange, aux mots Magarita, Magarites, Magarisare ; en grec, μαγαρίζειν.) Curant i vint Margariz de Sibilie, 955. Cf. 1310, 1311.
- Marie ##
MARIE. Voc. s. f. La Vierge-mère (Maria, de l’hébreu Miriam, élévation, et, par extension, reine), 3203. — R. s. f. Ne creit en Deu, le filz seinte Marie, 1634. (Cette épithète de Dieu est constante dans toutes nos Chansons.) De l’vestement i ad seinte Marie, 2348.
- marine ##
MARINE. Adj. r. s. f. (Marinam.) Cil tient la tere entre[s]qu’à Scaz marine, 956 (?).
- Marmorie ##
MARMORIE. R. s. m. Nom d’un cheval (Marmorius, marbré ?) : Siet el’ cheval que il cleimet Marmorie, 1572.
- marrenes ##
MARRENES. R. p. f. Marraines (Matrinas) : Or seit faite par marrenes, 3982.
Marsilies
MARSILIES.
- cas Sujet singulier masculin Nom du roi païen de Saragosse (nom de fantaisie).
- Vocatif singulier masculin : Marsilie, 1618.
- Cas régime singulier : Marsilie, 196, 860, etc.
- Marsilies (par erreur), 874,
- et Marsiliun, 245, 276, 2700.
Marsune
MARSUNE. R. s. Lieu où Charlemagne conquit son cheval Tencendur (?) : Il le cunquist ès guez desuz Marsune, 2994.
- martirie ##
MARTIRIE. S. s. Ce mot signifie,
- martirie ##
non pas dans un sens restreint, le martyre des saints, mais un massacre, une mort violente quelconque. Même il s’applique trois fois sur quatre aux païens (Martyrium) : Ne l’ di pur ço des voz iert là martirie, 591. — R. s., martirie : Le[s] XII pers sunt remés en martirie, 965. Marsilies veit de sa gent le martirie, 1628. Au vers 1166, on trouve par erreur matirie.
- martirs ##
MARTIRS. S. p. m. (Martyres.) Se vos murez, esterez seinz martirs, 1134.
- martre ##
MARTRE. R. s. f. (Martalum.) De sun col getet ses grandes pels de martre, 281. Tert lui le vis od ses granz pels de martre, 3940.
- Maruse ##
MARUSE. R.s.f. Nom de lieu païen (?), 3257.
- masse ##
MASSE. R. s. f. (Massam.) De sun aveir me voelt duner grant masse, 182.
- mat ##
MAT. Subj. prés. 1re p. s. de matir. Ne lerrai que ne l’mat, 893. V. Matir.
- matices ##
MATICES. R. s. f. Pierres précieuses, améthystes (?) (Amethystos ?) : Ben i ad or, matices e jacunces, 638.
- matin ##
MATIN. Adj. r. s. n. Employé avec par, produit la locution « par matin » (Per matutinum) : Li Empereres est par matin levet, 163 et 669.
MATIN. Adv. Le matin (Matutine) : Oi matin, 2601. Hoi matin, 3629. Au vers 383, on trouve er matin ; mais pour la mesure il faut restituer er main.
- matines ##
MATINES. R. p. f. Une des sept heures canoniales (Matutinas) : Messe e matines ad li Reis escultet, 164 et 670.
- matir ##
MATIR. Verbe actif. Inf. prés. Mâter, abattre. (Locution tirée du jeu d’échecs. Schâch mat signifie en persan : « Le roi est mort ; » d’où échec et mat. Je ne pense pas que ce mot puisse, comme le pense Littré, dériver jamais de mactare. V. Diez, I, 269.) Le grant orgoill se ja puez matir, 3206. — Subj. prés. 1re p. s., mat : Ne lerrai que ne l’ mat, 893.
- maz ##
MAZ. R. p. m. Mâts de navire (de l’ancien haut allemand mast ; nordique, mastr. V. Diez, I, p. 268, au mot Masto) : En sum ces maz e en cez haltes vernes, 2632.
ME
- me ##
ME. Pron. pers. r. s. m. (Me.) Il faut ici distinguer deux sens très-nets : 1° Me est employé comme régime direct : Si me guarisez e de mort e de hunte, 21, etc. etc. ═ 2° Il est employé comme régime indirect, ou, pour mieux dire, dans le sens du latin mihi : Par la barbe ki à l’ piz me ventelet, 48. Kar me jugez ki ert en la rere-garde, 742. Cf. 656. Soer, cher[e] amie, d’hume mort me demandes, 3713.
Mei
MEI. Pron. pers. r. s. m. Moi. (Mihi.) Trois emplois distincts : 1° Régime indirect (mihi) : Mei est vis, 659. Cest mot mei est estrange, 3717, etc. ═ 2° Régime direct : Mei ai perdut e (tres)tute me gent, 2834. Ja mar crerez bricun..., ne mei, ne altre, 221. Cf. 20 et 2858. ═ 3° Régime de toutes les prépositions : De mei, 82, 190, 250. Pur mei, 1863, 2937. Par mei, 461. Sur mei, 754. Devant mei, 748. Encontre mei, 1516...
Meie
MEIE. Adj. possessif, s. s. f. Mienne. Forme analogue à tue et sue (fait sur mea), 2198. — Voc. s. f. : meie, 3295. — R. s. f. meie, 47, 301, 361, 988, 1719, 2369. ═ Il faut observer que meie ne s’emploie (sauf une ou deux exceptions faciles à comprendre, comme : Meie culpe) qu’avec un article ou un pronom démonstratif : La meie mort, 2198. Ceste meie grant ire, 301. Od la meie, 988. etc. Bref, c’est le synonyme, non pas de ma, mais de mienne. On ne voit guère comment Burguy trouve dans meie une forme picarde.
- meignent ##
MEIGNENT. Verbe neutre, ind. prés. 3e p. p. Demeurent, habitent (Manent) : Dient alquanz que Diables i meignent, 983.
Meillur
MEILLUR, MEILLOR. Adj. comparatif, r. s. m. Meilleur. (Meliorem.)
- Au r. s. m., on trouve meillor, 51 (?), 231, 629, 775, 1674, 2214.
- R. s. f. meillur, 620.
- S. p. m meillor, 449, 451.
- R. p. m. meillors, 1850. Meillors, 344 (?), 502, 1420 (?), 1857, 2121, 3020, 3085.
Au vers 449, meillor est employé substantivement : Einz vos averunt li meillor cumperée.
Il est à peine utile d’ajouter que la forme autorisée par la phonétique de notre texte est meillur.
Meinent
MEINENT. 3e p. p. de l’ind. prés. de mener, 991, 3668. V. Mener.
- meinet ##
MEINET. 3e p. s. de l’ind. prés. de mener, 3680. V. Mener.
- meis ##
MEIS. R. s. m. Mois (Mensem) : D’oi cest jur en un meis, 2751. Cf. 83 et 693.
- meïsme ##
MEÏSME. Adj. s. s. m. Même (Metipsissimus, metipsimus, meïsme) : L’Emperere meïsme ad tut à sun talent, 400. — R. s. m. meïsme, 1036, 1644, 2315, 2382, 2552 (au n). — R. p. f., meïsme : Nuncerent vos cez paroles meïsme, 204. ═ Il y a lieu ici de faire deux remarques : 1° Meïsme s’emploie concurremment avec lui et sei : En lui meïsme en est mult esguaret, 1036. Cf. 2382 : Mult quiement le dit à sei meïsme, 1644. Cf. 2315. — 2° Meïsme forme avec de cette locution adverbiale qui est restée dans notre langue : « De même » : Altre bataille lur liverez de meïsme, 592.
- meitet ##
MEITET. S. s. f. Moitié (Medietas), 1484. — R. s. f. : meitet, 473, et meitiet, 1264, 3433. — R. p. f. : meitiez, 1205. ═ La forme correcte est meitiez, comme le prouvent les assonances. Ce mot, en effet, ne se trouve, comme assonance, que dans les laisses en ier.
- melz ##
MELZ. Adv. comparatif. Mieux (Melius), 44, 516, 1091, 1872. ═ On trouve trois autres formes : 2° Mielz, 536. 3° Mielz, 58, 359, 539, 639, 750, 1475, 1646, 2336, 3715, 3909. 4° Miez, 2473. ═ Mielz est employé adjectivement au vers 1822 : C. cumpaignons... des mielz e des pejurs. — La forme correcte est mielz. Ce mot, en effet, ne se trouve en assonance que dans les laisses en ier.
- membre ##
MEMBRE. s. p. Membres (Membra), 3971. — R. p., Membres : Puis en perdit e sa vie e ses membres, 1408. ═ Cette dernière locution, d’origine féodale (vitam et membra), se retrouve encore aujourd’hui dans la liturgie romaine. L’évêque élu prononce, dans sa formule de serment, la phrase suivante : Non ero in consilio aut consensu vel facto ut vitam perdant aut membrum Dominus Papa suique successores. (Pontifical romain, de Consecratione electi in episcopum.)
- men ##
MEN. Adj. possessif, r. s. m. Mien. (Il y a quelque chose de plus que meum ; et nous ne saurions admettre, avec M. Brachet, que ce soit une forme adoucie de mon.) Vers 43, 249, 524, 539, 756, 767, 1709, 1791, 2073, 2286, 3591. ═ On trouve au s. s. m. : miens, 743, et au r. s. m. mien, 149, 339, 1936, 2183, 2718. C’est cette dernière forme qui est la meilleure d’après les assonances.
- mençunge ##
MENÇUNGE. S. s. (De mentiri comme radical, avec une terminaison en onicum ou omnium ?) S’altre le desist, ja semblast grant mençunge, 1760.
- mendeier ##
MENDEIER. Verbe neutre. Inf. prés. (Mendicare a donné « mendier »). Ne nus seiuns cunduiz à mendeier, 46.
- mendisted ##
MENDISTED. R. s. f. Mendicité (Mendicitatem), 527. Mendistet entre comme assonance dans un couplet en er, et mendistied, quelques vers plus loin (542), dans un couplet en ier. Ce qui prouve que le même mot (et nous en avons d’autres exemples), pouvait, en certains cas, faire partie, au gré des
- mendisted ##
versificateurs, des laisses en er et de celles en ier.
- menée ##
MENÉE. R. s. f. Certaine sonnerie particulière du graisle ; sans doute la charge ou la poursuite (Minatam ; voy. le suivant) : VII milie graisles i sunent la menée, 1454. ═ Ce même mot est employé, dans un sens plus large, pour le son même des cors ou des « olifans » : S. p. f., Menées : De l’olifan haltes sunt les menées, 3310.
- mener ##
MENER. Verbe act. Conduire (Minare), 906. — Ind. prés., 3e p. s. : meinet, 3680. 3e p. p., meinent, 991 et 3668. — Impér., 2e p. p., menez, 211. — Fut., 2e p. p., merrez, 3204. ═ Passif. Fut., 3e p. s., avec un s. s. f. : Iert menée, 3673. 2e p. p., avec un s. s. m. : serez menet, 478. — Part. pass., s. s. m. : menez, 478 : s. s. f. : menée, 3673. ═ On dit « mener une guerre », 906, etc.
- mentis ##
MENTIS. Verbe neutre. Parf. simp. 2e p. s. (Mentir vient de mentiri.) Veire pate[r]ne ki unkes ne mentis, 2384. C’est une des épithètes les plus constantes de Dieu dans nos Chansons de geste. 3e p. s. : mentit, 1865. — Parf. comp. 2e p. p., avez mentit : Vos i avez mentit, 1253.
- mentuns ##
MENTUNS. R. p. m. (Menton vient du lat. mentum avec une désinence en o, onis.) Es vis e es mentuns, 626. Cf. le v. 3273, où le scribe, au r. p. m., a écrit mentun au lieu de mentuns.
- menu ##
MENU. Adverbe. V. Menut.
- menue ##
MENUE. Adjectif, s. s. f. Petite, fine (Minuta) : Le blanc osberc dunt la maile est menue, 1329. — S. p. m., menues. Il est dit, en parlant des tours de Saragosse, que : Les dis sunt grandes, les cinquante menues, 3656. — R. p., menuz : De mes pecchez, des granz e des menuz, 2370. Cf. 3605. — R. p. f., menuz, par erreur : D’ici qu’as denz menuz, 1956. V. Menut.
- menur ##
MENUR. Adj. comparatif, r. s. f. (Minorem.) Avec la, c’est un superlatif : En la menur (eschele), 3219.
- menut ##
MENUT. Adverbe. (Minute.) La locution « menut e suvent » est fréquemment employée dans notre vieille langue (vers 1426 et 2364). ═ Au v. 739, nous trouvons menu sans le t étymologique : Par mi cel host suvent e menu reguardet.
- mer ##
MER. S. s. f. (De Mare, sous une forme féminine.) La mer en est plus bele, 2635. — R. s. f., mer : Vers Engletere passat il la mer salse, 372. Cf. 3, 67, 1521. Dans ce dernier vers, rem. la locution « par mer » : Sire est par mer de .IIII. C. drodmunz.
MER. Adjectif, r. s. Pur. (Merum.) C’est l’épithète constante du mot or : Or mer, 115, 1314, 1738, et 3887. Mier, qui se trouve aux v. 1506 et 3866, est la forme véritable ; c’est celle qu’il faut lire aux vers 115, 1314, 1738 et 3887. Car ce mot ne se trouve jamais, comme assonance, que dans les couplets en ier.
- merciet ##
MERCIET (ad). Verb. act.. 3e p. s. du parf. comp., avec un r. s. m. A remercié. (Mercier est le verbe de mercit, qui vient de mercedem.) Li reis Marsilie mult l’en ad merciet, 908. — Subj. prés., 3e p. s., mercie : Deus... à bien le vos mercie, 519. Il faut remarquer que le sens ici n’est plus le même. (C’est celui de « Dieu vous en récompense ». Cette signification est plus étymologique que la première. V. le suivant.
- mercit ##
MERCIT. R. s. f. Pitié, miséricorde (Mercedem) : Il vos mandet qu’aiez mercit de lui, 239. Cf. 82, 1854. Si preiez Deu mercit, 1132. Cf. 2383. Deus ait mercit de l’anme, 3721. On voit, par les vers précédents, l’emploi déjà fréquent des deux locutions « avoir merci de » et « prier ou demander merci ». ═ Une troisième expression populaire
- mercit ##
est : « En ma mercit » : S’en ma mercit ne se culzt à mes piez, 2682. Cf. le v. 3209 : Sire, vostre mercit, et cette locution adverbiale qui se trouve trois fois dans notre texte : Deu mercit ou mercit Deu, 1259, 2183, 2505 : Cest premer colp est nostre, Deu mercit, 1259. Carles en ad l’amure mercit Deu, 2505. Le sens est celui de : « Grâce à Dieu… »
- meres ##
MERES. R. p. f. (Matres.) Ne reverrunt lor meres ne lor femmes, 1402.
- merrez ##
MERREZ. Verb. act., fut. simple, 2e p. p. de mener (Minare habetis, menerez, menrez), 3204. V. Mener.
- merveille ##
MERVEILLE. S. s. f. (Mirabilia.) Nen est merveille se Karles ad irur, 2877. Remarq. la locution : « Ce n’est pas merveille si… »
- merveiller ##
MERVEILLER (me). Verbe réfléchi. Inf. prés. (V. Merveille.) Mult me puis merveiller de Carlemagne, 547. — Ind. prés., 1re p. s., me merveill : Mult me merveill se ja verrum Carlun, 3179. — Subj. prés., 3e p. s., s’en merveilt : N’i ait Franceis ki tot ne s’en merveilt, 571.
- merveillus ##
MERVEILLUS. Adj. s. s. m. (V. Merveille.) Merveillus hom est Charles, 370. — S. s. f., merveilluse : La bataille est merveilluse, 1412 ; Cf. 1610, et merveillose, 1620. — R. s. m., merveillus : Par merveillus ahan, 2474, 3104, 3218, 3963. — R. s. f. : merveilluse, 843. — S. p. m. : merveillus, 815. — S. p. f. : merveilluses, 598. — R. p. : merveillus, 2534, et merveilus, 1397. — R. p. f. : merveilluses, 2919. ═ Comme on le voit, d’après les deux premiers exemples cités plus haut, ce mot s’applique aux personnes tout aussi bien qu’aux choses. ═ Rem. la locution : Par merveillus ahan.
- merveillusement ##
MERVEILLUSEMENT. Adverbe. (V. Merveille.) E li païen merveillusement fièrent, 3385.
- més ##
MÉS. S. s. m. Messager (Missus) : Si l’ m’a nunciet mes més li Sulians, 3191.
- mes ##
MES. Pronom ou adjectif possessif, s. s. m. (Meus), 297, 3191, 3593, 3716. — R. p. m. (Meos.) Ociz mes cumpaignuns, 1899. Cf. 84, etc. — R. p. f., mes : Il est mes filz e si tendrat mes marches, 3716. Mes était également le s. p. m. et f. V. Mis : c’est à ce mot que nous avons donné toute la déclinaison de ce pron. possessif.
- mès ##
MÈS. Conjonction. (Magis), 382, 1309, 1689, 2784. Pour les différents sens de ce mot, voy. Mais.
- meslée ##
MESLÉE. R. s. r. Querelle (Misculatam) : Dient Paien : « Desfaimes la meslée, » 450.
- meslisez ##
MESLISEZ (vos vos). Verbe réfl., subj. imparf., 2e p. p. (Vient d’un verbe tel que meslir, dont l’étymologie est analogue à celle de mesler, misculare) : Jo me crendreie que vos vos meslisez, 257. ═ À cause de l’assonance, le scribe aurait dû écrire : meslisiez.
- mespensant ##
MESPENSANT. Part. prés., s. p. m. du verbe neutre mespenser. Ayant une basse pensée (Minus-pensantes) : Seignors barons, n’en alez mespensant, 1472.
- message ##
MESSAGE. Ce substantif a deux sens : 1° Celui de « messager » (Missaticus). 2° Celui de « message » (Missaticum). Dans le premier sens, on le trouve, comme s. p. m. (message), aux v. 120, 2704, 2725, 2765, et comme r. p. m. (messages), aux v. 143, 367 et 2742. ═ Dans le sens de « message », on ne le retrouve qu’au r. s. (message), aux v. 92, 276, 418 et 3131.
- messager ##
MESSAGER. S. p. m. (Missaticerii ?) Li messager ambedui l’enclinerent, 2763.
- messe ##
MESSE. R. s. f. (Missam), 164, 670. On dit : « Chanter la messe » : Tel coronet ne chantat unches messe, 1563. Ce même mot s’emploie au pluriel : on dit de Pinabel et de Thierry,
- messe ##
avant leur duel, qu’ils oent lur messes, 3860.
- mester ##
MESTER. S. f. Besoin (Ministerium) : Jà li corners ne nos avereit mester, 1742. Le scribe aurait dû écrire mestier ; car ce mot est employé, comme assonance, dans une laisse en ier. ═ On remarquera la locution : Aveir mestier.
- mesure ##
MESURE. S. s. f. (Mensura), 1725. — R. s f. : mesure, 146, 1035. ═ Ce mot a deux sens : 1o « Proportion, étendue, nombre » : Tant i en ad que mesure n’en set, 1035. En quel mesure en purrai estre fiz, 146. ═ 2o Au fig. « Modération » : Mielz valt mesure que ne fait estultie, 1725.
- mesurer ##
MESURER. Verbe act. Inf. prés. (Mensurare.) Cinquante pez i poet hom mesurer, 3167. Cf. 1218.
- metas ##
METAS. Entre dans la composition de Val-Metas (?), 1663.
- mettre ##
METTRE. Verb. act. Inf. prés. (Mittere), 2382, et metre, 3692. — Ind. prés., 3e p. s. : met, 394, 398, 1533, 1559, 1821, 3523 ; et au réfl. : sei met, 2277. 3e p. p. : metent, 1826, 3861 ; et au réfl. : se metent, 1139. — Parf. simpl., 1re p. s. : mis, 3457. 3e p. s. : mist, 443, 1248, 1286, 2192, 2238. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad mis, 1753. Cf. 3355. Et avec un r. s. f. : ad mise, 3363. 3e p. p., avec un r. s. m. : unt mis, 1828. Au réfl., 3e p. p., avec un s. p. m. : se sunt mis, 1136. — Fut., 1re p. s. : metrai, 149, 926. — 1re p. p. : metrum, 952, 954. — Impér., 2e p. p. : metez, 212. — Subj. prés., 3e p. s. : metet, 2197, 2898. ═ Passif Fut., 3e p. s., avec un s. s. f. : ert mise, 968. — Subj. imparf., 3e p. s., avec un s. s. f. : fust mise, 2941. — Part. passé, s. s. f. : mise, 968 et 2941. R. s. m. : mis, 1753, 1828, 3355. R. s. f. : mise, 3303. S. p. f. : mises, 91. R. p. m. : mis, 1136. ═ Les sens du mot mettre sont déjà tous ceux d’aujourd’hui, et le sens étymologique est lui-même conservé dans ce vers où l’on voit Charles « envoyer » à Ganelon cent de ses cuisiniers pour le torturer : Si met .C. cumpaignuns de la quisine, 1821. ═ Plusieurs locutions sont à noter. Mettre en present signifie « donner », 398 : Or e argent lur met tant en present. ═ Mettre en ubli a le sens « d’oublier » : Mais lui meïsme ne volt mettre en ubli, 2382. ═ Se mettre en piez (2277), ou sur piez (1139), c’est « se relever ». ═ Toutes les autres expressions où se trouve le mot mettre, peuvent s’expliquer par le sens ordinaire de « placer, » etc. : Mist la main à l’espée, 443. L’Arcevesques, que Deus mist en sun num, 2238. A tere se sunt mis, 1136, etc.
MI
- mi ##
MI. Pronom ou adjectif possessif, s. s. m. (De Meus, pour Mis. V. ce mot.) Mult vos priset mi Sire e tuit si hume, 636. Carles mi sire, 1254. Se m’creïsez, venuz i fust mi sire, 1728. Cf. 1928. Mi, pour mis, est probablement le résultat et le signe d’une prononciation rapide. — S. p. m., mi (Mei) : Cunseilez mei cume mi saive hume, 20. Cf. 1063, 1076, 2861, 3136. — Voc., pl. m. : Mi damne Deu, jo vos ai mult servit, 3492. Baligant s’adresse ici à Mahom, Tervagant et Apollin, qui sont les trois divinités païennes…
MI. Adjectif indéclinable. (Medium.) Avec un subst. sing. m. ou n. : Par mi un val, 1018. En mi le dos, 1945. Par mi le pis, 1947. — Avec un subst. sing. f. : En mi ma veie, 986. Tute la teste li ad par mi severée, 1371. — Avec un r. p. m. ou n. : En mi les dos, 3222, etc. On voit, par les exemples précédents, qu’en effet mi est partout indéclinable. Ajoutons qu’il se combine avec en et par, de manière à former deux mots qui ont fait fortune dans notre langue : enmi, parmi…
Micenes
MICENES. Nom de pays ou de peuple païen (?) : La premere (eschele) est de cels de Butentrot, — E l’altre
- Micenes ##
après de Micenes as chefs gros, 3220, 3221.
- Michel ##
MICHEL. R. S. m. (De l’hébreu mashal-el, semblable à Dieu.) Vos le siurez à la feste Seint Michel, 37. Cf. 53. A la grant feste seint Michel de l’ Peril, 152. Seint Michel de l’ Peril, 2394. V. notre Introduction, I, p. lxviii, lxix, et nos Notes, II, p. 22 et ss., où nous avons établi qu’il s’agit dans notre Roland du pèlerinage du Mont-Saint-Michel près d’Avranches. (Sanctus Michael in Monte Tumba, Sanctus Michael de Periculo maris.) ═ Ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les couplets en ier : c’est donc Michiel que le scribe eût dû écrire.
- mie ##
MIE. Négation explétive. (Mica, parcelle ; mica panis, mie de pain.) De sa parole ne fut mie hastifs, 140. Li quens Rollanz ki ne l’otriet mie, 194. Carles se dort qu’il ne s’esveillet mie, 724. Cil ki là sunt ne funt mie à blasmer, 1174. Cf. 1186, 1642, 2034, 2554, 3572, 3999. (V. Sweighæuser, De la Négation dans les langues romanes, pp. 101 et ss.)
- mielz ##
MIELZ. Adv. comparatif. Mieux. (Melius.) Ce mot se présente sous quatre formes dans le Roland : 1° Mielz. C’est la forme correcte, puisque ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les couplets en ier. On la trouve aux v. 58, 359, 539, 639, 1475, 1646, 2336, 3715, 3909. 2° Melz, 44, 516, 1091, 1872. 3° Mielz, 536. 4° Miez, 2473. ═ Il convient de remarquer que mielz est employé adjectivement. C’est ainsi qu’on le trouve comme r. p. m. au v. 1822 : Des mielz et des pejurs.
- miens ##
MIENS. Adjectif possessif, s. s. m. (V. Men), 743, et mien, 2183. — R. s. m. : mien, 149, 339 (?), 1936 (?), 2718, et men, 43, 249, 524, 539, 756, 767, 1709, 1791, 2073, 2286, 3591. ═ Avec un substantif sous-entendu : A l’ Jhesu e à l’ mien, 339. ═ La seule forme correcte est mien ; et, en effet, ce mot se trouve uniquement employé, comme assonance, dans les couplets en ier.
- mier ##
MIER. Adj., r. s. Pur. (Merum.) Comme nous l’avons dit, c’est l’épithète constante du mot or, 1506, 3866. Cf. la forme mer, aux v. 115, 1314, 1738, 3887. ═ De ces deux formes, la première est seule correcte, puisqu’on ne trouve ce mot employé comme assonance que dans les laisses en ier.
- miez ##
MIEZ. Adverbe. Mieux (Melius) : Li miez guariz, 2473. V. Miels.
- mil ##
MIL. Nom de nombre indéclinable. (Mil vient de mille ; milie, de millia. On dit mil pour un seul millier ; milie, pour plusieurs. V. notre note du v. 13.) Mil hosturs, 31. Od mil de mes fedeilz, 84. Plus de mil manguns, 621. Funt mil grailles suner, 700. Pernez mil humes, 804. Cf. 1004, 1527, 2071, 2442, 3661. ═ Indépendamment de son sens propre, mil, comme nous l’avons dit ailleurs, a un sens indéterminé : En la grant presse mil colps i fiert e plus, 2090, etc.
- milie ##
MILIE. Nom de nombre indéclinable. (V. Mil.) Avum iiii milie calanz, 2728. Vii milie graisles i sunent, 1453. Vint milie humes, 13. Cf. 548, 789, 802, 2578, 3039. Sunt plus de cinquante milie, 1919. Seisante milie cornent, 2110. Cent milie Francs en unt si grant dulur, 2907. Cf. 991, 2932, 3000, 3671. IIII. C. milie atendent l’ajurnée, 715. Cf. 682, 851. ═ Deux remarques : 1° Milie, comme on le voit par les exemples précédents, s’emploie tantôt avec, tantôt sans substantif. 2° Il s’emploie en outre substantivement. : XV milies de Francs, 3019. Dans ce dernier sens (?), il serait déclinable. Voy. Millers.
- milliers ##
MILLIERS, MILLERS. Nom de nombre. (Milliaria.) Au sujet (2072, 2416) comme au régime (109,
- Milliers ##
1685, etc.), ce mot, dans le texte de la Bodléienne, se présente avec un s final (sauf au v. 1417). 1° Milliers : Ço dist la geste, plus de iiii milliers, 1685. De dulce France i ad xv milliers, 109. — 2° Millers : Se pasment xx millers, 2416. Cf. 2794. Plus de trente millers, 2544. Quarante millers, 2072. Cent millers, 1440. ═ Rem. l’expression indéterminée : a millers, 1439. A millers e à cent, 1417. ═ Entre les deux formes : milliers et millers, notre choix n’est pas douteux : la première seule est autorisée par la théorie des assonanees en ier.
- Milun ##
MILUN. R. s. m. Nom d’un comte français (Milonem ; le cas sujet serait Mile), 173, 2433, 2971.
- mirre ##
MIRRE. R. s. f. Myrrhe, entrant dans la composition de l’encens (Myrrham) : Mirre e timoine i firent alumer ; — Gaillardement tuz les unt encensez, 2958, 2959.
Mis
MIS. Pronom ou adjectif possessif. Mon. (Meus.) Voici la déclinaison complète de mis : S. s. m. : mis, 136, 144, 277, 1087, 1515, 2107 ; mi, 636, 1254, 1728, 1928 ; mes, 297, 3191, 3593, 3716, et, par erreur, mun, 2050. — S. s. f. : ma, 2902, 4000. — R. s. m. (et n.) : mun, 188, 276, 362, 629, 651, 785, 867, 892, 2347, 2914, 3072, 3591, 3592, 3907, et, par erreur, mis, 838. — S. p. m. : mi, 20, 1063, 1076, 2861, 3136. — S. p. f. : mes. — Voc., p. m. : mi, 3492. Le voc. p. f. serait mes. — R. p, m. : mes, 84, 1899. — R. p. f. : mes, 3716.
MIS. Verbe act., 1re p. s. du parf. simpl. de metre (Misi), 3457. V. Metre.
MIS, MISE. Part. pass. de metre, s. et r. s. m. et f. (V. les sept articles suivants.) — S. p. f. : mises, 91.
MIS (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. de metre, avec un r. s. m. (Habet missum), 3355. V. Metre.
MIS (unt). Verbe act., 3e p. p. du parf. comp. de metre, avec un r. s. m. (Habent missum), 1828. V. Metre.
MIS (se sunt). Verbe act., employé au réfl., 3e p. p. du parf. comp. de metre, avec un s. p. m. (Se sunt missos), 1136. V. Metre.
Mise
MISE (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. de metre, avec un r. s. f. (Habet missam), 3363. V. Metre.
MISE (ert). Verbe pass., 3e p. s. du fut. de metre, avec un s. s. f. (Erit missa), 968. V. Metre.
MISE (fust). Verbe pass., 3e p. s. de l’imparf. du subj. de metre, avec un r. s. f. (Fuisset missa), 2941. V. Metre.
- mises ##
MISES. Part. pass. de metre, au s. p. f. (Missæ.) Li frein sunt d’or, les seles d’argent mises, 91.
- mist ##
MIST. Verbe act., 3e p. s. du part. simple de metre(Misit), 443, 1248, 1286, 2192, 2238.
MO
- moerc ##
MOERC. Verbe neutre, 1re p. s. de l’ind. prés. de murir (Moriar). 1122. V. Murir et Moerge.
- moerent ##
MOERENT. Verbe neutre. 3e p. p. de l’ind. prés. de murir (Moriunt(ur), 1348, 3477. V. Murir.
- moerge ##
MOERGE. Verbe neutre, 1re p. s. du subj. prés. de murir (Moriar), 359, 448. V. Murir.
- moergent ##
MOERGENT. Verbe neutre. 3e p. p. du subj. prés. de murir (Moriant(ur), 1090. V. Murir.
- moerget ##
MOERGET. Verbe neutre, 3e p. s. du subj. prés. de murir (Moria(tur), 3963. V. Murir.
- moerium ##
MOERIUM. Verbe neutre, 1re p. p. du subj. prés. de murir (Moriamur), 1475. V. Murir.
- mollez ##
MOLLEZ. Adj. part., s. s. m. Moulé, fait au moule (Modulatus) : Tis cors ben mollez, 3900, et mollet : Belement est mollet, 3159.
- monie ##
MONIE. S. s. m. Moine (Monachus) : Deit monie estre en un de cez mustiers, 1881. — R. p. m., munies : Munies, canonies, proveires coronez, 2956. On peut lire et écrire : monie ou monje. Il n’est pas douteux qu’on ne prononçât monje. V. le
- monie ##
v. 3637, où canonie est à la fin d’un vers, dans une laisse féminine en un. ═ C’est monie, d’ailleurs, qui nous paraît la meilleure forme écrite ; c’est celle du moins qui est le mieux en rapport avec la physionomie de notre dialecte et les habitudes de notre scribe.
- mordent ##
MORDENT. Verbe act. Ind. prés., 3e p. s. (Mordent.) E porc e chen le mordent, 2591. — Parf. simple, 3e p. s. (?), morst, El’ destre braz li morst uns vers si mals, 727.
- Moriane ##
MORIANE. R. s. f. Nom d’un pays païen (Mauritaniam ?) : Uns Almacurs i ad de Moriane, 909. V. Mors.
MORIANE. R. s. f. La Maurienne, en Savoie (?) (Maurianam, nom que l’on trouve pour la première fois dans Grégoire de Tours) : Carles esteit es vals de Moriane, 2318.
- Mors ##
MORS. R. p. m. Maures (en latin, Mauri ; de l’arabe Maghreb, occident) : La siste (eschele) est d’Ermines, e de Mors, 3227.
- morst ##
MORST. V. Mordent.
- mort ##
MORT. S. s. f. (Mors.) Oliver sent que la mort mult l’angoisset, 2010. La meie mort me rent si anguissus, 2198. Cf. 2232. La mort li est près, 2270. Cf. 3923. — R. s. f. : mort : Si me guarisez e de mort e de hunte, 21. De quel mort nus muriuns, 227. Guenes li fels ad nostre mort jurée, 1457. A mort ferut, 1952. — R. p. f., morz : Si calengez e vos morz e vos vies, 1926.
MORT. Part. pass. employé substantivement. R. s. m. (Mortuum.) Un mort sur altre geter, 1971. — R. p. m., morz : De cels de France i veit tanz morz gesir, 1852. Lessez gesir les morz, 2435.
MORT (as). Verbe act., 2e p. s. du parf. comp. de murir employé activement. As mort mun filz, 3591. ═ Sur ces formes « actives », voy. Murir.
MORT (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. de murir employé « activement ». Mort ad mes humes, 2756. Cf. 2782, 2935.
MORT (unt). Verbe act., 3e p. p. du parf. de murir, employé « activement ». Cels qu’il unt mort, 1683.
MORT (est). 3e p. s. de l’ind. prés. de murir, au « passif ». Est tué. Cette forme n’a nullement le sens du parfait. Or veit Rollanz que mort est son ami, 2023. Cf. 1503, 2024, 3973.
MORT (sunt). 3e p. p. de l’ind. prés. de murir au passif. Mort sunt li cunte, 577. Même observation que précédemment.
MORT (fut). 3e p. s. du parf. de murir au « passif ». (Fuit mortuus.) Pur ço l’at fait que il voelt... que Carles diet... qu’il fut mort cunquerant, 2363.
MORT (seit). 3e p. s. du subj. prés. de murir au passif. Deus ne volt qu’il seit mort ne vencut, 3610. Même observation que pour est mort. Toutes ces formes doivent être plutôt considérées comme le verbe être conjugué avec le participe de murir.
MORT (fust). 3e p. s. de l’imparf. du subj. de murir employé au passif. (Fuisset mortuus.) Chi purreit faire que Rollanz i fust mort, 596. Se veïssum Rollant einz qu’il fust mort, 1804.
MORT, MORTE. Part. passé de murir, s. et r. s. m. et f. V. Morz.
- morte ##
MORTE (est). 3e p. s. de l’ind. prés. de murir, avec un s. s. f. Sempres est morte, 3721. V. Murir.
- mortel ##
MORTEL. Adj., s. s. f. (Mortalis.) El’cors vos est entrée mortel rage, 747. — R. s. m., mortel : Sun mortel enemi, 461. Ne poet vedeir si cler — que reconoistre poisset nuls hom mortel, 1993. N’en recrerrai pur nul hume mortel, 3908. — R. s. f., mortel : Une mortel bataille, 658. Mortel rage, 2279. ═ On remarquera ici plusieurs locutions très-importantes. C’est ainsi que : pur nul hume mortel deviendra une
- mortel ##
cheville dans nos poëmes postérieurs. Mais déjà, comme on le voit, mortel a pris un sens qu’il n’avait pas en latin : Sun mortel enemi. Une mortel bataille ; et, dans ce sens, il s’applique tout aussi bien aux personnes qu’aux choses. Mortales inimicitiæ ne signifiaient, en bonne latinité, qu’une haine passagère...
- morz ##
MORZ. Part. pass. employé substantivement, r. p. m. (Mortuos.) Veit tanz mors gesir, 1852. Lessez gesir les morz, 2435.
MORZ (ad). Verb. act., 3e pers. du parf. de murir employé activement. Tanz riches reis ad morz, 555.
MORZ (es). 2e p. s. de l’ind. prés. de murir au passif. Quant tu es morz, dulur est que jo vif, 2030.
MORZ (est). 3e pers. de l’ind. prés. de murir au passif. Morz est li quens, 1560. Cf. 2021, 2397, 2913, 3646.
MORZ (estes). 2e pers. de l’ind. prés. de murir au passif. Morz estes, Baligant, 3513.
MORZ (sunt). 3e pers. de l’ind. prés. de murir au passif. Païen sunt mort, 1439. Cf. 2038.
MORZ. Part. pass. de murir, s. s. m. (Mortuus.), 2030, 1560, 2021, 2397, 2913, 3646, 3513, et mort (par erreur du scribe), 1503, 2024, 3973, 2363, 3610, 596, 1804. — S. s. f. : morte, 3721. — R. s. m. : mort, 1971, 3591, 2782, 2935, 1204, 2275, 2291, 2733, 3713. Dans ces cinq derniers exemples, le participe est employé isolément. — R. s. f. : morte, 3728. — S. p. m. : mort, 577, et morz, 1439 et 2038. — R. p. m. : morz, 1852, 2435, 555. Pour ce mot, et tous ceux qui précèdent, voy. Murir.
- mot ##
MOT. S. s. m. (Bas latin multum.) Cist mot mei est estrange, 3717. — R. s. m., mot ; N’i ad paien ki un sul mot respundet, 22. Cf. 540. N’i ad celoi ki mot sunt ne mot tint, 411. Mis parastre est : ne voeill que mot en suns, 1027. Il n’en set mot, n’i ad culpe li bers, 1173. A icest mot l’unt Franc recumencet, 1884. Cf. 2457. Si li ad dit un mot, 2285. — R. p. m. : moz : A icez moz, 990. De noz Franceis vait disant si mals moz, 1190. ═ Dans les exemples précédents, nous trouvons déjà plusieurs locutions qui ont fait fortune dans notre langue : « Ne pas savoir mot de quelque chose, » 1173. « Ne pas en sonner un mot, » 1027. « Dire un mot, » 2286. « Répondre un mot, » 22. « À ce mot ; à ces mots, » 990, 1884, 2457. « Dire sur quelqu’un de mauvais mots..., » 1190, etc.
- moüstes ##
MOÜSTES. 2e p. p. du verbe Muveir dans le sens neutre d’aller (Muveir vient de Movere) : Culvert, mar i moüstes, 1335. Voy. à l’actif, muverai (1re p. s. du fut.), 291.
MU
- muables ##
MUABLES. Adj. r. p. m. Se dit des oiseaux qui ont mué (Mutabiles) : Set cenz cameilz e mil hosturs muables, 184. V. Muez.
- muer ##
MUER. Verb. act., employé neutr. (Mutare.) Ne poet muer que des oïlz ne plurt, 773. Cf. 825. Ne puis muer ne l’pleigne, 834. Ne poet muer ne riet, 959. Ne poet muer qu’il ne s’en espaent, 1599. Ne poet muer n’en plurt e ne suspirt, 2381. Celle locution Ne poet muer que... signifie littéralement : « Ne peut faire autrement que de... » — Ind. prés., 3e p. s. : muet, 2502, 2990. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. : Li reis Marsilies ad la culur muée, 441. — Part. passé, r. p. m. avec un sens spécial : muez, 129, et (par erreur) muers, 31. V. Muez.
- muers ##
MUERS. V. Muez.
- muet ##
MUET. Ind. prés., 3e p. s. de muer. Ki cascun jur muet .XXX. clartez, 2502. Ki pur soleilt sa clartet n’en muet, 2990.
- muez ##
MUEZ. Part. empl. adjectivement. Se dit des oiseaux qui ont mué : Mil
- muez ##
hosturs muez, 129. Cf. le v. 31, où l’on trouve par erreur muers : Set cenz camelz e mil hosturs muers.
- muiller ##
MUILLER, S. s. f. Femme, dans le sens d’épouse (Mulier) : Sa muiller Bramimunde, 2576. — R. s. f., muiller : De meie part ma muiller saluez, 361, muiler, 1960. Dans ce dernier vers seulement muiler a le sens de « femme en général ». — R. p. f., muillers : Enveiu(n)s i les fils de nos muillers, 42.
Mul
MUL. R. s. m. Mulet (Mulum), 480, 757. — R. p. m. : muls, 32, 130, 1000, 2811.
Mule
MULE. R. s. f. (Mulam), 757. (Munter l’unt) fait en une mule d’Arabe, 3943. Les mules d’Arabie sont célèbres ; mais est-ce uniquement pour la rime ? — S. p. f. : mules, 978. — R. p. f. : mules, 89.
Mulez
MULEZ. S. s. m. Mulet (c’est un diminutif de mul) : De sul le fer fust uns mulez trussez, 3154. — R. s. m. : mulet, 861. — R. p. m. : mulez, 158.
- mult ##
MULT. Adv. Beaucoup (Multum) : Mult granz amistez, 29. Jo vus aim mult, 635. Mult quiement, 1644. Cf. 53, 1538, 1645, 1646, 2026, 3084... ═ On voit par le premier de ces exemples que mult accompagne et modifie les adjectifs ; le second exemple nous le montre avec un verbe, et le troisième avec un autre adverbe. Ce sont les trois emplois dont il est susceptible.
- multes ##
MULTES. Adj. r. s. f. Nombreuses (Multas) : Escuz unt genz, de multes cunoisances, 3090.
- mun ##
MUN. Adjectif ou pronom possessif, r. s. m. et n. (Meum), 188, 276, 362, 629, 651, 785, 867, 892, 2347, 2914, 3072, 3591, 3592, 3907. Une seule fois on trouve mun, par erreur, au s. s. m., au lieu de mis : Ma hanste est fraite e percet mun escut, 2050.
- munies ##
MUNIES. R. p. m. Moines (Monachos), 2956. Voy. Monie et notre note du v. 1881.
- Munigre ##
MUNIGRE. R. s. m. Nom d’une localité païenne (Montem-nigrum ? Pour la régularité de l’assonance il faut lire Muneigre) : De l’altre part est Chernubles de Munigre, 975.
- Munjoie ##
MUNJOIE. Cri de guerre des Français. C’est, à proprement parler, le nom de l’enseigne de Charlemagne, ou, pour préciser davantage, de l’Oriflamme : Gefreid d’Anjou portet l’Orie flambe. — Seint Pière fut, si aveit num Romaine ; — Mais de Munjoie iloec out pris eschange, 3093, 3095. Ailleurs on l’appelle : Munjoie, l’enseigne renumée, 3565 ; et, pour plus de clarté, nous lisons plus haut : Munjoie escriet, ço est l’enseigne Carlun, 1234. En résumé, c’est ici le nom de drapeau qui est devenu le cri de guerre. Mais encore, d’où vient le nom du drapeau ? Très-probablement de meum gaudium, « mon joyau, » qui est une allusion à l’épée de Charles, à cette Joiuse qui contenait les reliques de la Passion. À Rome il existe un Mons Gaudii, et la remise de l’enseigne Romaine a pu se faire sur cette colline. (Voy. p. 190.) Cf. Génin. Roland, 422, et Littré, en son Dictionnaire, au mot Montjoie, qu’il explique comme « étant le nom de la colline près Paris où saint Denys subit le martyre ». Mais on remarquera tout au moins l’absence du t étymologique, du t de montem, dans le Munjoie de la Chanson de Roland. ═ S. s. f. : De tutes parz est Munjoie escriée, 1378. — R. s. f. : Ki dunc oïst Munjoie demander, 1181. Granz est la noise de Munjoie escrier, 2151. Cf. 1234, 3095, 3565.
- munt ##
MUNT. S. p. m. Montagnes (Montes) : Sunent li munt e respundent li val, 2112. — R. p. m., munz : Cercet les vals e si cercet les munz, 2185. Cf. 856, 1851, 2134. ═ Munt entre dans la composition d’amunt, 2235, etc., et cuntremunt, 419... V. ces deux mots.
- munt ##
MUNT. Verb. neut., 3e p. s. du subj. prés. de munter : Cunseill d’orguill n’est dreiz que à plus munt, 228. V. Munter.
Muntaigne
Munter
MUNTER. Verb. neutre ou intrans.
- Monter (l’étymologie est munt) : Ceste grant guerre ne deit munter, 242.
- Indicatif présent, 3e p. s., muntet : Munter un lariz, 1125. El’ paleis muntet sus, 2821.
- Parfait composé (?), 3e p. s., avec un s. s. m. : est muntez, 1017 ; est muntet, 792, 896, 1028 ; est munted, 347, 660. Avec un s. s. f. : est muntée, 3635. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt muntez, 92 et 3869. — Impér., 2e p. p., muntez : Eissez des nefs, muntez, si chevalciez, 2806. — Part. pass., s. s. m. : muntez, 1017 ; muntet, 792, 896, 1028 ; munted, 347, 660. S. s. f. : muntée, 3635. S. p. m. : muntez, 92, 3869.
Mur
MUR. S. s. m. (Murus.) Mur ne citet n’i est remés à fraindre, 5. — R. p. m., murs : Cordres ad prise e les murs peceiez, 97.
- murdrie ##
MURDRIE. S. s. f. Meurtre. (Murdre vient de mordrum, qui est fait sur le gothique maurth. Murdrie est une forme féminine forgée sur murdre.) Plus aimet il traisun e murdrie : 1636.
- Murgleis ##
MURGLEIS. R. s. f. Nom de l’épée de Ganelon (?) : Sur les reliques de s’espée Murgleis la traïsun jurat, 607.
- Murglies ##
MURGLIES. R. s. f. Même nom que le précédent (?) : Cein(te) Murglies s’espée à sun costed, 346.
- murir ##
MURIR. Verbe neutre, inf. prés. (Du lat. barb. et popul. moriri. Il est inutile d’ajouter que ce « déponent » a été, dans la formation de notre langue, ramené aux formes des verbes actifs.) Meilz voelt murir que guerpir sun barnet, 536. Cf. 828, 1096, 1701, 3909. ═ Ind. prés. 1re p. s., moerc : Si jo i moerc, 1122. 2e p. p., murez : Se vos murez, esterez seinz martirs, 1134. 3e p. p., moerent : Moerent Paien e alquant en i pasment, 1348. Cf. 3477. — Fut.. 1re p. s., murrai : Sempres murrai, mais cher me sui vendut, 2053. 3e p. s., murrat : Se il poet, murrat i veirement, 615, et murat : Einz i murat que cuardise i facet, 3043. 1re p. p., murrum : Hoi murrum, par le mien escient, 1936. 2e p. p., murrez : Là murrez vus à hunte e à viltet, 437. Cf. 1734. 3e p. p., murrunt : Franceis murrunt si à nus s’abandunent, 928. Cf. 904 et 938. — Cond. 3e p. s., murreit : Ja ne murreit en estrange regnet, 2864. 1re p. p. : muriuns, 227. Mais je pense qu’il y a ici une erreur du scribe, et qu’il faut, au futur, murruns. — Subj. prés. 1re p. s., moerge : Mielz est que sul moerge que tant bon chevaler, 359. Cf. 448. 3e p. s., moerget : Unt otriet que Guenes moerget, 3963. 1re p. p., moeriuns : Asez est mielz que moeriuns cumbatant, 1475. 3e p. p., moergent : Einz que il moergent, 1690. On remarquera, dans ces formes du subjonctif, la consonification de l’i latin. De là le g. ═ Nous venons d’exposer la conjugaison neutre, c’est-à-dire la véritable conjugaison de murir. Ce mot a encore une conjugaison « active » : Mort as mun filz, 3591 (tu as tué mon fils). Mais encore faut-il s’entendre sur cette conjugaison. On ne la trouve jamais, dans le Roland, que dans un temps composé (As mort, ad mort, unt morz, etc.). Or c’est là la locution latine : Habet mortuum, mortuam, mortuos, dans sa signification étymologique. Je veux bien qu’on trouve ailleurs murir dans le même sens (Gachet, Glossaire du Chevalier au Cygne, 881), mais de tels exemples
- murir ##
sont fort rares ; ils s’expliquent aisément par une extension naturelle, et il n’est pas besoin, comme Gachet, d’invoquer le moyen haut allemand ermorden, tuer. ═ Il en est de même de la prétendue conjugaison passive de murir (es morz, est mort, seit mort, etc.) C’est uniquement et simplement le participe avec les différents modes et temps du verbe « être ». ═ Les formes suivantes ont maintenant reçu leur explication : Parf. comp. 2e p. s. avec un r. s. m. : as mort, 3591. 3e p. s. avec un r. s. m. : ad mort, 2782, 2935 ; avec un r. p. m. : ad morz, 555, et ad mort, 2756. 3e p. p. avec un r. p. m. : unt mort, 1683. Voilà pour « l’actif », et maintenant voici pour le « passif » : Ind. prés. 2e p. s. avec un s. s. m. : es morz, 2030. 3e p. s. avec un s. s. m. : est morz, 1560, 2021, 2397, 2913, 3646, et est mort, 1503, 2024, 3973. 2e p. p. avec un s. s. m. : morz estes, 3513. 3e p. p. avec un s. p. m. : sunt mort, 577, et sunt morz, 1439, 2038. — Parf. 3e p. s. avec un s. s. m. : fut mort, 2363. — Subj. prés. 3e p. s. avec un s. s. m. : seit mort, 3609. — Subj. imparf. 3e p. s. avec un s. s. m. : fust mort, 596 et 1804. — Part. passé, s. s. m. : morz, 1560, 2021, 2030, 2397, 2913, 3513, 3646, et mort, 596, 1503, 1804, 2024, 2363, 3610, 3973. S. s. f. : morte, 3721. R. s. m. : mort, 1204, 1971, 2275, 2291, 2735, 2782, 2935, 3713. R. s. f. : morte, 3728. S. p. m. : mort, 577, et morz, 1439, 2038. R. p. m. : morz, 555, 1852, 2435. ═ De tous les mots du Roland, le mot murir est peut-être le plus employé : c’est assez dire que nous avons affaire à une poésie militaire et sanglante...
- museras ##
MUSERAS. R. p. m. Nom d’une sorte de javelots. (Cf. Miseracles, cité par Fr. Michel dans le Moniage Renoart : S’ai miseracles e bons materaz fez.) Il lancent lor e lances e espiez e wigres e darz e museras, 2075. Cf. museraz enpennez, 2156.
- muster ##
MUSTER. R. s. Monastère, moutier (Monasterium), 2097 et 2730. R. p. : musters, 1750 et 3861 ; mustiers, 1881. ═ La forme exacte est mustiers ; car ce mot n’est admis, comme assonance, que dans les couplets en ier.
- mustrent ##
MUSTRENT. Verbe actif, ind. prés. 3e p. p. Montrent (Monstrant, dont la nasale est tombée) : Cez lor espées tutes nues i mustrent, 3581. — Parf. comp. 3e p. s. avec un r. s. neutre, ad mustret : Li angles Deu ço ad mustret à l’barun, 2568. Avec un r. s. f. : ad mustrée, 1369 et 3325. Avec un r. p. f. : ad mustrées, 3314. — Rem. l’expression : Une raisun lur ad dite e mustrée, 3325.
- muverai ##
MUVERAI. Verbe actif, 1re p. s. du fut. de muveir. (Movere-habeo.) Jo t’en muverai un si grant contr(a)ire, 291. V. Moüstes.