La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/1872/Volume 2/Glossaire/Q

De Wicri Chanson de Roland
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Q


QUA

QUA

    1. quan ##

QUAN. Conj. Lorsque (Quando) : Quan t’ot Marsilie, 601. V. Quant, qui est la forme correcte.

    1. quanque ##

QUANQUE. Conj. « Autant que... » (Quanque ne vient pas de quantumcunque, comme l’ont pensé Chevallet et Génin, mais de quantum quod) : Vait le ferir li Quens quanque il pout, 1198 et 1541. Quanqu’il poet s’esvertuet, 2298. Et il s’unit, dans le même sens, à la prép. à (Ab quanto quod...) : Kar chevalchez à quanque vos puez, 1175. ═ Quanque est un véritable adjectif r. s. au vers 3202 : Jo vos otri quanque m’avez ci quis.

    1. quant ##

QUANT. Conj. Lorsque (Quando) : Quant se redrecet, mult par out fier lu vis, 142. Cf. 51, 251, 2082, 3934, etc. Cf. Quan au vers 601.

    1. quanz ##

QUANZ. Adj., r. p. m. Combien (Quantos. Ducange cite des exemples où quantus est employé pour quot) : Cuntes e Dux i ad ben ne sai quanz, 2650. Drodmunz i ad ne vos sai dire quanz, 2730.

    1. quar ##

QUAR. Conj. « En effet... » (Quare) : A tort vos curuciez ; quar ço vos mandet Carles, 469, 470. Cf. Kar, 390, 682, 742, 1051, 1131, 1175, 1366, 1676, 1724, 3589... et car, 358, 1059, 1806, 1840, 2005, 2428, 2686, 3751, 3768 et 3902. ═ Nous avons, notamment au premier de ces mots, exposé les différents sens de cette conjonction. Quar, plus étymologique, était déjà abandonné.

    1. quarante ##

QUARANTE. Nom de nombre (Quadraginta) : Ensembl’ od lui de ses baruns quarante, 3936.

    1. quarrel ##

QUARREL. R. s. m. Carreau d’arbalète (Quadrellum, et non quadratellum) : D’un arcbaleste ne poet traire un quarrel, 2265.

    1. quarte ##

QUARTE. Adject. numéral, s. s. f. Quatrième (Quarta), 3225, 3241, 3255. — R. s. f. : quarte, 3036.

    1. quarters ##

QUARTERS. R. m. p. Quartiers de l’écu, divisions matérielles produites sans doute par les bandes de fer qui assujettissaient le cuir sur le bois ou qui consolidaient le fût (Quartarios) : En lur cols pendent lur escuz de quarters, 3867. ═ Ce mot se trouvant en assonance dans une laisse en ier, la forme correcte quartiers.

    1. quasset ##

QUASSET. Verbe act., 3e p. s., de l’ind. prés. de quasser. Brise, rompt, casse (Quassat) : L’escut li freint, cuntre le coer li quasset, 3448. — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. p. m., unt quasset : (Unt) quasset sun elme, si l’unt n’affret el’

    1. quasset ##

chef, 2078. — Part. passé, r. s. m. : quasset, 2078.

    1. quat ##

QUAT. R. s. m. : Li païens chet cuntreval à un quat, 1267. M. Fr. Michel dérive quat de casus ; mais cette hypothèse ne permet pas notamment d’expliquer le t final. Étymologie douteuse. N’y aurait-il point là une mauvaise lecture du scribe, et ne pourrait-on pas admettre gualt ? ?? Nous avons traduit néanmoins d’après la première supposition, à laquelle se sont, d’ailleurs, rattachés tous les traducteurs.

    1. quatre ##

QUATRE. Nom de nombre (Quatuor), 185, 1686, 2268, 2272, 3729, 3964, 3967.


QUE

    1. que ##

QUE. Pron. relatif, R. s. m. (Quem.) Dunez mei l’arc que vos tenez el’ poign, 767. Cf. 780, 2859, etc. — R. s. f. (Quam.) Ma bone espée que ai ceint à l’costet, 1067. Ci falt la geste que Turoldus declinet, 4002, etc. — R. p. m. (Quos.) Li .XII. per que jo aveie laiset, 2410. Cf. 154, etc. — R. p. f. (Quas.) Cez paroles que vos avez ci dit, 145. Cf. 90, etc. etc. — Le r. n. latin, tant singulier (Quod) que pluriel (Quæ), donne également que

QUE interrogatif. (Quid.) S. s. n. : Deus ! que purrat ço estre, 334. Caitifs, que devendrum, 2698. — R. s. n. : Cumpainz, que faites vos, 1360. Que fereient il el, 1185. Cf. 2812. Que me loez de cels qu’ai retenuz, 3948, etc. Et, sans interrogation directe : Or ne sai-je que face, 1982. ═ De même que quid, pris adverbialement, signifie « pourquoi » dans la meilleure latinité ; de même notre que a ce sens dans la langue du Roland : E ! reis amis, que vos ici nen estes, 1697. E ! lasse ! que nen ai un hume qui m’ociet, 2723, etc. Cf. en latin quid ni.

QUE. Conjonction. 1° Venant de quàm. a. Après un comparatif : Melz en valt l’or que ne funt cinc cenz livres, 516. Plus curt à pied que ne fait un cheval, 890. Cf. 516, 978, 1091, 1111, etc. (De s’emploie pour que, après un comparatif, devant un nom ou un pronom : Meillor vassal n’out en la curt de lui, 775, etc.) — b. Dans les locutions puis que, 818, 1095, 896, einz que, 1690, et enceis que, il faut admettre les étymologies postquam et antequam. ═ 2° Venant de quod, que a les sens les plus nombreux et les plus divers : a. Tous les sens de notre que actuel pour exprimer la relation entre deux actions, entre deux verbes : Ne s’poet guarder que mals ne li ateignet, 9. Il est juget que nus ocirum, 884. Dient alquanz que diables i meignent, 983. Cf. 769, etc. etc. — b. « Afin que… » : Par amistiez… la vos duins, que nos aidez de Rollant, 623. Or guart chascuns que granz colps i empleit, — Que malvaise cançun de nus chantet ne seit, 1013, 1014. El’ camp estez que ne seiez vencuz, 1046. — c. « Si bien que… De telle sorte que… » : Carles se dort qu’il ne s’esveillet mie, 721. Si purpernez les deserz… Que l’Emperere nisun des soens n’i perdet, 806. Empeint le bien… que mort l’abat, 1273, 1279, 1580. Cf. 2021, 3183. — d. « Pour que… ›› : Cum fus si os que me saisis, 2293… — e. « En ce que… » : Carles fist que proz qu’il nus laisad as porz, 1209. — f. « Comme » (ici quod a le sens de sicut, à moins toutefois qu’on ne le veuille regarder comme un pronom neutre, et non comme une conjonction) : Jo fereie que fols, 1035. (Carles) fist que proz, 1209, etc. — g. Locutions diverses qui ne nous sont point restées, et où « que » vient également de quod : Ne lerrai que ne l’ mat, 893. Ne poet muer que des oilz ne plurt, 773. Se ne l’asaill, dunc ne faz jo que creire, 987. ═ 3° Que employé pour qui… : Il n’en i ad chevaler ne barun — Que de pitet ne plurt, 2418, 2419. Piere n’i ad que tute ne seit neire, 982. N’unt garnement que tut ne reflambeit,

    1. que ##

1003. Cf. 757 (?) et 1693... Telles sont les trois origines de la conjonction que dans le Roland : il importait de les distinguer nettement l’une de l’autre. ═ Il est inutile d’ajouter que la même conjonction s’unit avec certaines prépositions pour former des locutions conjonctives : Einz que ; enceis que, 811, 1690 ; puis que, 818, 896, 1095 ; por ço que, 1004, etc. Dans les trois premières de ces locutions, que vient de quàm. ═ Que se combine avec le pronom. C’est ainsi que quels est pour quod illos : Or est le jur quel’s estuverat murir, 1242. ═ Une dernière observation : Nos pères négligeaient ou supprimaient la conjonction que en beaucoup de cas où nous n’oserions point ne pas nous en servir : Ço sent Rollanz la veüe ad perdue, 2297. Ne lesserat bataille ne lur dunt, 859. Carles li magnes ne poet muer n’en plurt, 841. Le subjonctif suffisait alors, et la phrase y gagnait en vivacité. C’est une de ces libertés, ou, plutôt, un de ces usages que nous aurions dû garder.

    1. que que ##

QUE QUE. « Quoi que, quelle que soit la chose que... » (Quidquid) : Que que Rollanz à Guenelun forsfesist, 3827.

    1. quei ##

QUEI. Adj. s. p. m. Tranquilles, « qui se tiennent coi » (Quieti) : Icels d’Alverne... se cuntienent plus quei, 3797.

QUEI. Quoi (Quid) : De quei avez pesance, 832. ═ Pur quei a trois sens, 1° « C’est pourquoi » : Rollanz me forsfist... Por que(i) jo quis sa mort, 3759. ═ 2° « Pourquoi » : Pur quei t’esrages, 286. Por quei me portez ire, 1722. E ! malvais Deus, por quei nus fais tel hunte, 2582. ═ 3° « Afin que... » : Baptisez la pur quei Deus en ait l’anme, 3981. Dans ce dernier sens, pur quei est au lieu de « pur que ».

    1. quels ##

QUELS. Adj., s. s. m. (Qualis.) Mais jo ne sai quels en est sis curages, 191. Li quels d’els la veintrat, 735. Li quels d’els dous en fut li plus isnels, 1387. Ne set li quels abat ne quels chiet, 2553. Mais ço ne set li quels veint ne quels nun, 2567. Ces deux exemples montrent très-clairement qu’on employait quels tantôt avec et tantôt sans l’article li. — S. s. n. (?) : Oez, seignurs, quel pecchet nus encumbret, 15. Deus ! quel doel de baron, 1536. On peut dans ce dernier exemple voir un régime plutôt qu’un sujet. Il y a doute. — R. s. f., quel : En quel mesure, 146. Ne li chalt, sire, de quel mort nus muriuns, 227. Cf. 593, 631. Quel part qu’il alt, 2034. On trouve deux fois quele. Au vers 927 (Asez orrez la quele irat desure), on peut supposer une erreur du scribe ; mais au vers 395 (Par quele gent), la mesure exige bien quele. C’est déjà le commencement de la décadence ; c’est la violation de cette belle règle qui peut ainsi se formuler : « Les adjectifs latins n’ayant qu’une terminaison pour le masculin et le féminin, ont donné naissance à des adjectifs français qui n’ont également qu’une seule forme pour les deux genres... »

Quens

QUENS. S. s. m. Comte (Comes), 194, 625, etc. — Voc. s. m. : quens, 2045. — R. s. m. : quens, par erreur, et cunte (Comitem), qui est la forme correcte. V. ce mot.

Quer

QUER. R. s. n. Cœur (Cor) : La mort... sur le quer li descent, 2356. R. p. n., quers : E tuz les quers en paile recuillir, 2965. Cf. au s. s. n. : coer, 2019 ; au r. s. n. : coer, 1107, 1278, 1438, 1447, 1556, et au r. p. n. : coers, 3628.

    1. querant ##

QUERANT. V. le suivant.

    1. querre ##

QUERRE. Verbe act. Inf. prés. Chercher, demander, dans tous les sens actuels de ce mot au propre et au figuré (Quœrere) : Quant l’Empereres vait querre sun nevold, 2870. Cf. 1782 (avec le sens d’attaquer),