Nuvola apps important.png Attention, suite à une faille de sécurité, la plupart des liens vers les serveurs d'exploration sont désactivés.

-

Le Siège et la bataille de Nancy (1860) Lacombe, 5

De Wicri Lorraine
Le Siège et la bataille, Lacombe Ferdinand bpt6k9623684h.jpeg
 
Le
Siège et la Bataille
de Nancy

V
Composition de l'armée de Charles le Téméraire

'
  I   : Considérations sur la bataille...
II  : Causes de la guerre ...
III : De l'art militaire ...
IV : Topographie de le ville de Nancy ...
V   : Composition de l'armée de Charles le Téméraire ...
VI  : Opérations du siège ...
VII  : Situation critique de Nancy ...
VIII : Arrivée de René devant Nancy ...
IX  : Description du terrain ...
X  : La Bataille et la Poursuite, ...
XI  : Ce qui suivit la bataille...
XII : Conséquences des événements ...
Annexes
logo travaux Article en début de traitement

Iconographie originale

Le Siège et la bataille Lacombe Ferdinand bpt6k9623684h sceau.jpeg

Iconographie introductive

Karte-Haus-Burgund 4-FR.png

Cette iconographie ne fait pas partie de l’article original

La carte ci contre montre l'étendue de l'État bourguignon au moment de la Bataille de Nancy.

Texte original


- 51 () -

V.

Composition de l'armée de Charles le Téméraire. — Dispositions morales dans lesquelles elle se trouve.

Le duc de Bourgogne fit planter autour des remparts de Nancy les tentes de ses soldats , et il établit son quartier-général dans la commanderie de Saint-Jean, qu'il avait déjà occupée l'année précédente. Il ordonna aussi qu'on lui construisît une tente en bois[51 1], divisée en plusieurs compartiments et revêtue à l'intérieur de riches tapisseries où miroitaient l'or et la soie [51 2]. Quoiqu'il eût perdu à Granson et à Morat la plus grande partie de ses richesses, il pouvait encore tirer de ses châteaux de Bourgogne les ressources indispensables au luxe habituel de sa fastueuse maison, car, s'il répudiait l'éclat pour lui-même, il avait toujours aimé à en imposer [1]


  1. J. Cayon, Histoire de Nancy.
  2. Ces tapisseries, trophées de la victoire de Nancy, ornent encore aujourd'hui les murs de l'une des salles du palais de justice de la ville.

- 52 () -

par une magnificence qui rappelât la puissance royale, but de ses rêves orgueilleux.

Autour de son quartier se groupaient les tentes de ses principaux officiers. C'étaient pour la plupart des chefs illustres et valeureux qui avaient combattu et versé leur sang pour la grandeur de la maison de Bourgogne. Parmi eux on distinguait Antoine, grand-bâtard de Bourgogne, et son fils ; le sire de Rubempré, ce héros antique, qui avait si sagement gouverné la Lorraine et défendu Nancy ; le sire de Contai, conseiller du duc ; le capitaine italien Galeotto, soldat expérimenté ; Frédéric de Forsheim, commandant le contingent badois ; le sire de Vaux-Marins , soumis au duc la veille de Granson ; le seigneur de Bretonville, le comte de Nassau, le comte de Rothelin, le sire de Croy, le comte de Chimai, le capitaine de la Rivière, Josse de Lalain , gouverneur de Flandre ; Hugues de Château-Guyon, Olivier de la Marche, chambellan du duc, homme de guerre et de plume qui l'accompagnait en campagne ; les baillis de Flandre et de Hainaut, et d'autres encore non


- 53 () -

moins sages et non moins fameux. Beaucoup d'entre eux avaient assisté à la prise de Nancy en 1475 et chevauchaient pompeusement à la suite du duc Charles, alors qu'il y entrait en conquérant et en triomphateur ; depuis, ils n'avaient connu que ses revers, et ni l'humeur altière et chagrine de leur prince malheureux, ni la fortune contraire n'avaient pu altérer le dévouement de ces vaillants preux.

Hormis quelques traîtres, qui furent les comtes de Campo-Basso, les sires d'Ange et de Montfort[53 1], ils devaient jusqu'au moment suprême demeurer fidèles au devoir et à l'infortune.

Les signes distinctifs et de ralliement de ces officiers et de leurs soldats étaient la casaque bleue et blanche, l'écharpe rouge et la croix de Saint-André, qui se portait à la coiffure ou sur les vêtements. Les Lorrains avaient pour couleurs le blanc, le gris et le rouge, et pour signes l'écharpe blanche et la croix de Lorraine à double croisillon.


  1. Dom Calmet

- 54 () -

Les historiens sont loin d'être unanimes sur le chiffre des soldats que le duc de Bourgogne menait à sa suite, soit au moment de l'investissement de la place, soit à celui de la bataille. M. de Barante prétend qu'il entra en Lorraine à la tête de 6,000 hommes seulement pour attendre ses renforts. Dom Calmet, Blarru et la Chronique de Lorraine se taisent à ce sujet. Le P. Aub. Roland lui en assigne 40,000, nombre hors de toute proportion avec les faibles ressources de la Bourgogne, épuisée par la guerre des Suisses, et qui ne concorde guère avec les refus de secours des États du duché et de ceux de la Flandre. Mais Napoléon III nous apprend[54 1] qu'après le désastre de Morat « Charles le Téméraire, voulant imiter l'ordonnance de ses heureux rivaux, leva une nouvelle armée et résolut de former son infanterie en gros bataillons. 1,000 hommes d'armes devaient servir à pied, chacun suivi de 3 archers, 3 piquiers et 3 couleuvriniers, et ces 10,000 hommes combattre réunis en un seul bataillon. »


  1. Du passé et de l'avenir de l'artillerie.

- 55 () -

Si l'on considère, ainsi que nous l'avons déjà fait observer, qu'il fut ensuite rejoint en Lorraine par le comte de Campo-Basso avec un contingent tiré du Luxembourg, par la garnison de Nancy et par d'autres seigneurs suivis de leurs hommes d'armes ; que René, qui avait un corps de troupes de 6,000 auxiliaires allemands et 4,000 Lorrains, ne put s'opposer à cette jonction et fut obligé de battre en retraite devant lui ; si l'on a égard à la mortalité et aux désertion survenues pendant le siège, et qu'on consulte alors le nombre de Bourguignons tués à la bataille de Nancy, nombre que certains contemporains élèvent à 8 ou à 10,000, il n'est pas hors de raison de supposer que le duc de Bourgogne commença le siége avec 14 ou 15,000 hommes, gens d'armes, archers, couleuvriniers et piquiers.

Un historien consciencieux, M. Huguenin, en porte même le chiffre à 20,000, en y comprenant des renforts venus du Hainaut, du Brabant et d'Angleterre.

Son artillerie était considérable. Napoléon III nous dit que jamais il n'en apparut d'aussi formidable


- 56 () -

sur le champ de bataille. On sait, d'ailleurs, que Charles le Téméraire n'entrait en campagne qu'avec une artillerie puissante. Devant Neuss, il avait 200 bouches à feu ; à Granson, il en laissa aux mains de l'ennemi 113, selon les uns, 400, selon M. de Barante ; à Morat, 63. Certainement, c'étaient là des pertes difficiles à réparer, quand on songe qu'après Granson il lui fallut fondre les cloches des églises de Bourgogne ; mais le Luxembourg possédait un nombre imposant de canons : ceux de la Lorraine y avaient été transportés après la conquête du duché, et il n'est pas douteux que Campo-Basso n'en ait amené de quoi fournir la nouvelle armée.

Toutefois, cette armée, rassemblée à la hâte et qui comptait dans son sein les débris des troupes de Morat, n'était pas inspirée par ce moral invincible qu'assure le souvenir de la victoire ou l'espérance du triomphe. On se rappelait trop que la fortune avait cessé de sourire au duc de Bourgogne, et l'on avait en perspective les intempéries de la mauvaise saison, les fatigues et surtout les frimas de l'hiver, toujours


- 57 () -

âpre en cette contrée, voisine de la chaîne des Vosges.

La soumission de la place, certaine pour les uns, devenait problématique pour beaucoup d'autres, et néanmoins l'on était loin de supposer qu'une terrible guerre de partisans, conduite par des gens pleins d'audace, allait semer l'inquiétude dans les alentours et refroidir le zèle des renforts.

Ce n'était pas seulement parmi ces soldats nouveaux, mal exercés, recrutés de mécontents et de soudoyers, que l'anxiété se manifestait ; elle pénétrait aussi dans l'esprit des chefs, d'ailleurs las du joug d'un maître d'autant plus inexorable que le sort le maltraitait davantage et qu'il s'obstinait, malgré les avertissements du destin, à se confier aveuglément dans sa seule étoile. Le sage et loyal de Rubempré, cette fleur de la chevalerie féodale, résumait les pensées de plus d'un lorsque, remettant la place de Nancy entre les mains du duc de Lorraine, il lui disait : « Plût au ciel que M. de Bourgogne n'eût jamais entrepris cette guerre; je crains fort qu'à la fin


- 58 () -

lui et moi n'y demeurions. » L'avenir ne justifia que trop cette plainte prophétique.

On eût mieux aimé que le duc ne traversât la Lorraine que pour y rendre courage à ses partisans ; qu'il allât prendre ses quartiers d'hiver dans sa province du Luxembourg, où il possédait une forte réserve en argent et des ressources de tout genre, et que là il se fit une armée respectable et se maintînt dans une expectative qui lui permît de profiter des événements. Plusieurs essayèrent en vain de lui faire goûter ce conseil. « Dieu, dit Commines, voulut achever ce mystère. »


Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. Pour une meilleure lisibilité, les mots coupés sur un saut de page sont restitués sur la page antérieure.