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Le Siège et la bataille de Nancy (1860) Lacombe, 10

De Wicri Lorraine
Le Siège et la bataille, Lacombe Ferdinand bpt6k9623684h.jpeg
 
Le
Siège et la Bataille
de Nancy

X
La Bataille et la Poursuite

'
  I   : Considérations sur la bataille...
II  : Causes de la guerre ...
III : De l'art militaire ...
IV : Topographie de le ville de Nancy ...
V   : Composition de l'armée de Charles le Téméraire ...
VI  : Opérations du siège ...
VII  : Situation critique de Nancy ...
VIII : Arrivée de René devant Nancy ...
IX  : Description du terrain ...
X  : La Bataille et la Poursuite, ...
XI  : Ce qui suivit la bataille...
XII : Conséquences des événements ...
Annexes
logo travaux Article en début de traitement

Iconographie complémentaire

La carte ci-dessous a été tracée en 1850. Il y est fait référence dans le livre. Rectification Plan Bataille Nancy Gallica .jpeg

Texte original


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X.

La Bataille et la Poursuite.

Au moment où l'armée lorraine se remit une dernière fois en marche, la neige cessa de tomber, et le ciel s'éclaircit. On fut heureux de cet incident, car on redoutait la persistanne de l'humidité pour les mèches des couleuvrines. On pénétra dans le bois, et après avoir traversé sans peine le ruisseau de Jar- ville, on s'engagea enfin dans un chemin creux très- couvert qui longeait le ruisseau de la Magdeleine , et qui allait aboutir dans les prés entre Nancy et l'armée bourguignonne.

La pointe d'avant-garde déboucha entre dix et onze heures ; elle fut aperçue par les cavaliers du capitaine de la Rivière, qui, sans s'émouvoir, s'élancèrent sur elle au cri de : Vive Bourgogne! La rencontre fut si rude que les Lorrains, vigoureusement ramenés, perdirent quelques hommes. Tout à coup les cornes d'Uri et d'Unterwalden firent entendre par


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trois fois leurs rauques mugissements. L'écho puissant des grands bois apporta vers les Bourguignons ce bruit sinistre dont le souvenir les glaçait d'épouvante. En même temps , les couleuvriniers suisses, prenant rapidement position derrière l'aile droite, l'accablaient d'un feu nourri. « Jamais, dit la Chronique, orgues ne sonnèrent si drues, comme ils des- chargeoient. » Le bruit fut épouvantable. La Rivière voulut également leur courir sus, mais ses chevaux étaient tellement effrayés qu'ils refusaient d'avancer. Les piquiers, quise déployaient, choisirent ce moment pour passer par les intervalles des bataillons des conleuvriniers et aborder les soldats de Josse de Lalain. Leur entrain fut celui d'un torrent furieux : hommes et chevaux, ils abattaient et perçaient tout de part en part avec leurs longues piques. Les Bourguignons tentèrent cependant de résister ; mais quand ils se virent, en outre, enveloppés- par la cavalerie de Thierstein, et qu'une grande quantité des leurs eut jonché la terre de leurs corps, ils prirentla fuite, les uns du côté des forêts, les autres dans la direction


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de Bouxièi'fes. Il leur fallut passer sous le feu des cou- leuvrines, qui leur envoyèrent une nouvelle et effroyable décharge.

Le duc de Bourgogne, qui occupait le centre, et dont l'attention était attirée vers la route par le stratagème de ses ennemis, n'eut pas plutôt remarqué l'attaque de l'une de ses ailes qu'il demanda aux seigneurs de sa suite quels étaient ces gens qui venaient. « Ce sont les Suisses, lui fut-il répondu, n'avez-vous pas ouï le son des trompes de Morat et de Granson? Il Le duc, à ses mots, frissonna. Il reprit soudain une contenance assurée. « Jamais la peur n'avait fait pâlir son visage, et il ne connaissait d'autre crainte en ce monde que la chute du ciel» (1). Il ordonna à ses archers un changement de front, et les tourna contre les Suisses. Ce mouvement devint inutile; la déroute commençait, et Cette diversion des archers ne put conjurer la perte de l'aile droite.

Une assez grande confusion règne à dater de ce

(1). Nicolas Remy. Discours des choses advenues en Lor-

raine, etc.


moment dans les récits opposés des chroniqueurs. Cependant j comme il est hors de doute que René vint se mesurer avec le centre des Bourguignons, il faut admettre qu'après avoir marché à la suite de l'avant-garde, et considéré le succès de son mouvement offensif, il se porta par le chemin le plus court vers le milieu de la ligne ennemie pour la percer.

Quant à l'aile gauche, appuyée à la Meurthe près du gtlé de Tomblaine, les uns veulent qu'elle ait été attaquée par le duc lui-même, les autres, et dom Câl- met et le P. Roland sont du nombre, prétendent qu'elle eut pour agresseurs Hàrther et le comte de Thierstein. On peut adopter cet avis en supposant avec raison que les deux généraux, après avoir mis en déroute l'aile droite, qui ne tint pas longtemps, aperçurent René aux prises avec le centre; et n'ayant plus d'ennemis en face se dirigèrent du côté de l'aile gauche. Comme en ce moment les canonniers bourguignons retournaient péniblement leurs bombardes , les assaillants se jetèrent dans des chemins Creux, couverts de halliers et de broussailles, et marchèrent


presque constamment à l'abri. Il en résulta que les bouches à feu que l'on put à la fin faire jouer contre eux ajustèrent au hasard, tirèrent trop haut, et ne tuèrent que deux chevaliers, un allemand, et un lorrain, nommé André de Boulach. Il y avait loin de ce résultat à celui que se promettait le duc de Bourgogne, et cette impuissance incroyable de l'artillerie fut une des causes principales de sa défaite.

L'attaque de l'aile gauche débuta par une charge de cavalerie. L'italien Galeotto la reçut avec tant de vigueur qu'elle fut complétement repoussée ; il reprit même un instant l'offensive ; mais l'infanterie suisse et lorraine fit merveille en cette circonstance comme à l'aile droite ; elle arrêta l'impétuosité -des Bourguignons, en abattit un grand nombre, et provoqua un mouvement d'hésitation qui permit à la cavalerie de renouveler sa charge avec succès. Ce fut le signal du sauve qui peut. Galeotto, résolu d'abord à tenir ferme jusqu'au dernier moment, vit bientôt les plus valeureux d'entre les siens morts ou prisonniers. Alors, soit qu'il comprît l'inutilité de ses efforts devant[1]


ces masses de combattants, qui l'atteignaient successivement, soit qu'il ait été coupé du corps principal par une troupe lorraine, qui l'avait assaillie de côté, il gagna le gué de Tomblaine, rompit la glace , le franchit rapidement, et s'enfuit jusqu'à Metz à bride abattue : le reste de ses. gens le suivit. Les uns furent tués ou noyés ; d'autres, plus heureux, s'échappèrent à travers les bois dans la direction d'Essey et de Lay.

Après 'la destruction des ailes, l'action fut donc concentrée tout entière sur le corps de bataille, qui se composait, avons-nous dit, des meilleurs fantassins et de la noblesse de Bourgogne. C'était l'élite des soldats de Charles le Téméraire, et là le duc de Lorraine devait rencontrer une plus forte résistance. Il avait abordé ce centre en flanc avec sa cavalerie. Charles en l'apercevant voulut se précipiter à sa rencontre ; mais comme il s'armait de son casque, le lion quf en formait le cimier tomba sur le pommeau de sa selle. Son esprit, peu prompt à s'alarmer, tira de cette chute un sinistre présage : hoc est signum Dei, dit-il tristement ; et il se rua tête baissée sur ses ad-


versaires. Ce jour-là, il montait un superbe cheval noir, nommé Moreau, avec lequel il volait tour à tour vers les endroits les plus dangereux de la mêlée. Jamais il n'avait déployé plus de bouillante ardeur et d'intrépidité qu'il n'en fit éclater dans ce moment critique; où sa fortune et sa renommée se montraient en péril, jamais lion déchaîné ne bondit sur ses ennemis plus violent et plus terrible. Une telle énergie rachète noblement les funestes erreurs du passé. Tantôt cet indomptable preux frappait des coup furieux là où la ligne faiblissait, tantôt il ralliait les fuyards par ses menaces et ses exhortations, et, pour les ranimer par son exemple, ouvrait uhe nouvelle brèche dans le cercle de fer qui cherchait à l'étreindre. Autour de lui de fidèles serviteurs secondaient cette impétuosité stérile : le grand bâtard de Bourgogné, de Rubetnpré, le sire de Bièvre, le comte de Chimai, les sires de Comtai et de Cité; et quelques autres non moins vaillants confondaient avec les siens leurs immortels exploits.

Certes si, dans ce jour décisif, il eût rencontré face


à face des âmes moins bien trempées et des bras moins solides, ce grand courage en eut peut-être imposé au nombre, et sauvé la Bourgogne ; mais René de Lorraine ne puisait pas sa seule force dans l'épaisseur de ses bataillons, sa mâle vigueur et l'obstination de ses compagnons d'armes à saisir la victoire le rendaient non moins redoutable.

De tels adversaires étaient dignes l'un de l'autre, et le combat à nombre égal se fût prolongé avec un acharnement fatal aux deux partis ; mais bientôt le centre des Bourguignons se trouva enveloppé de tous côtés : en tête, par les aventuriers disséminés sur la route de S<ajnt-Nicolas ; sur les flancs, par René lui- même et par ilarther, qui avait rompu les ailes ; en arrière, enfin, par les hallebardiers, qui venaient de se jeter au fort de la mêlée, et qui apportaient dans cette lutte inégale l'appui de l'arme la plus propre à augmenter la terreur.

Les Suisses, en masses impénétrables comme des murailles mouvantes, gagnaient toujours du terrain. En cherchant à les enfoncer une dernière fois, Charles


le Téméraire reçut en pleine tête un coup de hallebarde qui faillit le renverser de cheval. Le sire de Cité, qui combattait à ses côtés, le raffermit sur sa selle, et le brave serviteur, en élevant la main, fut percé d'une pique sous le corselet. On tint une heure environ dans cette affreuse position. Français et Lorrains, Allemands et Suisses frappaient à deux mains de toutes armes. Les piques, les hallebardes et les longs glaives plats et tranchants accomplissaient un horrible carnage au milieu des Bourguignons. Le bras vigoureux des Suisses ne s'abaissait jamais sans immoler une nouvelle victime ; l'ivresse de la vengeance et celle du sang avaient transformé ces guerriers. Ce n'était plus seulement la valeur qui les enflammait, c'était la fureur poussée jusqu'au délire de la rage. Ni les supplications du vaincu, ni le rang élevé des chefs, ni le geste suppliant du blessé ne détournaient leurs mains inexorables, ils exterminaient tous ceux qu'ils pouvaient atteindre. Les Français et les Lorrains combattaient avec plus de sang- froid, ils ne se laissaient point emporter par la pas-


sion, ni aveugler par le triomphe, ils prenaient des prisonniers à rançon. Plus d'un noble chevalier dut à cette modération la vie prête à lui échapper.

Après les efforts les plus héroïques, Charles le Téméraire jeta un regard de désespoir autour de lui : le sol était jonché de morts et de mourants, et partout où il existait une issue les fuyards couraient en jetant leurs armes. L'infortuné prince se vit presque seul sur ce champ de bataille, humide de sang ; alors un cri d'angoisse s'exhala de cette fière poitrine : « Mes beaux seigneurs, dit-il aux capitaines qui l'entouraient, aydez-moi à saulver ma vie. J) Ils lui répondirent : « Monsieur, autre aide ne pouvons faire que devant eulx enfuyr (1). » Tout était perdu. La petite troupe se serra près de lui. Avec le secours de ses armes et de ses chevaux, elle s'ouvrit un chemin à travers les lances et les hallebardes, qui allaient pointant et moulinant avec furie , et disparut au milieu du désordre général sans être reconnue.

(1) Chronique de Lorraine.


La poursuite fut plus cruelle encore et plus meurtrière que la bataille. Pour ne pas laisser échappet un de leurs ennemis, les vainqueurs s'élancèrent der' rière eux dans toutes les directions, vers la Meurthe, vers la ville, vers les bois, fouillant les taillis, les buissons et les excavations du sol. Le cordon de troupes qui entourait Nancy fut entraîné dans le désastre des siens, et les défenseurs, témoins de la victoire de leur prince, sonnèrept les cloches à toute volée, et sortirent par les portes pour accompagner leurs libérateurs dans une course effrénée. Menai et Gratien de Guerre s'avançaient à leur tête. Quelques habitants imprudents, qui avaient négligé de se couvrir de la croix blanche de Lorraine, furent mis à mort par les Suisses. René dirigeait le mouvement en avant avec mille chevaux, et toutes les bannières confédérées qui ne l'avaient point abandonné pendant l'action,

Des combats particuliers durent signaler cette fuite sans ordre. Elle ne succomba point sans disputer avec acharnemement sa vie, cette multitude de héros


dont les cadavres couvrirent pendant plusieurs jours les bords glacés de l'étang Saint-Jean. Leurs corps rapprochés les uns des autres, leurs doigts crispés sur leurs armes, les muscles contractés de leurs visages tournés vers l'ennemi témoignaient qu'un puissant effort avait été tenté sur ce point.

Au pont de Bouxières, le carnage recommença. La plupart de ceux qui avaient pu s'échapper s'étaient dirigés vers ce passage, qu'ils ne s'attendaient pas à trouver occupé. Ils y furent arrêtés par Campo-Basso, qui se saisit de tous ceux de meilleure maison, et les envoya à Commercy sous bonne escorte. Les autres s'accumulaient vers le pont dans l'espoir de le franchir, lorsque les Suisses se ruèrent sur eux. Là furent massacrés plus de 600 Bourguignons. Beaucoup supposaient qu'ils pourraient traverser la Meurthe en amont sur la glace ; ils s'y élancèrent, mais la glace craqua sous cet énorme poids. Les uns disparurent au fond de la rivière, les autres s'attachèrent aux débris flottants de cette nappe congelée, et s'abandonnèrent au courant. Mais les Suisses, armés de


leurs longues piques, brisaient ou submergeaient ces esquifs improvisés, et plongeaient dans le gouffre béant les infortunés qui comptaient sur ce moyen de salut.

Vers cinq heures, le duc René arriva dans les jar-

*

dins de Bouxières avec sa cavalerie et les bannières, et s'y arrêta. La nuit était proche, et toute lutte avait cessé. L'action, en y comprenant la poursuite du vaincu, durait depuis environ six heures.

Malgré cet éclatant triomphe, le beau visage du duc de Lorraine restait empreint d'une vague anxiété. Nul ne savait ce qu'était devenu Charles le Tétnéraire. Comment avait-il réussi à briser le réseau de guerriers qui l'entrelaçait de plus en plus ? Ce fougueux héros s'était-il réfugié dans ses Etats pour en faire surgir une nouvelle armée ? L'avenir était encore chargé de querelles et de tempêtes.

Pendant que René se livrait à ces inquiétantes conjectures , et questionnait sur le sort du duc de Bourgogne ceux d'entre les chefs qui avaient pris une part active à la poursuite, l'auteur de la Chronique de


Lorraine vint lui apprendre qu'il tenait d'un prisonnier, que ce prince était tombé près de l'étang Saint-Jean. On ignorait s'il avait été pris ou tué. Malheureusement ce prisonnier venait d'être mis à mort par les Allemands.

Plus rassuré, le duc de Lorraine retourna à Nancy, où il fit son entrée par la porte de la Craffe, entouré de sa noblesse et des capitaines étrangers, à la lueur des flambeaux, au son de toutes les cloches, et au milieu des cris d'allégresse d'une population ivre de bonheur. Le clergé, la garnison, les principaux habitants s'étaient portés à sa rencontre. Jamais semblable ovation n'avait accueilli un prince victorieux ; jamais émotion populaire ne s'était manifestée par des signes d'attendrissement plus touchants. On saluait moins en René l'éclat du triomphe et le succès rapide de ses armes bénies de Dieu que le retour d'un souverain bien-aimé, qui n'avait pas désespéré de la justice de son droit, et dont la présence délivrait la cité d'une lente et cruelle agonie.

Après de solennelles actions de grâces rendues à


l'église Saint-Georges, le duc se transporta à son palais, voisin de cet édifice, et là il fut pris de compassion devant le spectacle saisissant qui s'offrait à ses yeux. Sur la place du Château, les habitants avaient élevé une pyramide avec les têtes des chevaux, des chiens, des chats et des rats dévorés pendant le siége. Un cri de reconnaissance s'éleva de la poitrine du prince vers ces braves gens, qui avaient souffert les fatigues, la misère et la faim pour rester fidèles au descendant de leurs ducs. Quel dévouement chevaleresque n'était-on pas en droit d'attendre de ces âmes intrépides ?

En visitant la tente du duc de Bourgogne, on y découvrit des armes précieuses et un riche ameublement. René fit présent à ses alliés de la dépouille des vaincus. La cotte de mailles du duc entra dans le butin échu aux gens de Bâle. Le prince victorieux ne se réserva, comme trophée de la journée, que les belles tapisseries de la demeure militaire de Charles. Sur ces tentures, dont le développement a plus de 24 mètres, une foule de personnages de grandeur


naturelle, richement tissés, figurent la victoire de la sobriété sur l'intempérance. Cette moralité sévère ornait dignement la tente d'un chef peu disposé à la satisfaction des sens.

René ne put loger en ce jour dans son château, dépouillé de sa charpente, et se retira dans la maison

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du prévôt Arnoult. Son armée se répandit dans la ville et jusque sous les abris déserts de l'armée bourguignonne pour y prendre quelque repos. La cavalerie retourna dans ses cantonnemens de Saint-Nicolas.

Quant aux habitants de Nancy, ils se livrèrent aux transports d'une joie frénétique. De grands feux s'allumaient par les rues de la ville, et des rondes immenses s'agitaient à l'entour des flammes gigantesques. Des poètes improvisés entonnèrent un chant de victoire, et les échos de la cité ducale redirent bientôt ces strophes joyeuses qui résumaient le triomphe du duc de Lorraine et le châtiment infligé à soo fier ennemi. L'abondance rentrait par les portes avec les bataillons libérateurs, le pain reparut sur la table des familles, et comme on était à la veille du jour des


Rois, on vida les caves, et l'on but largement à la santé du souverain.

Cependant l'acharnement des vainqueurs contre les Bourguignons était tel que sur certains points la poursuite durait encore. Après le massacre du pont de Bouxières, quelques bandes s'étaient dirigées au delà du pont de Condé, sur la Moselle, et vers Pont-à- Mousson, et malgré une nuit obsure, elles persévéraient dans leur impitoyable chasse. Des habitants du pays se joignaient à elles ; ils traquaient sans merci les fuyards dans les bois, dans les abris offerts par les accidents de terrain, et parsemaient les routes et les champs de nouvelles victimes. Les Bourguignons, éperdus , couraient sans oser jeter un regard en arrière. A trois heures de la matinée, une troupe nombreuse de ces pauvres fugitifs, à demi morts de faim et de froid, se jeta haletante dans les fossés pleins de neige des remparts de Metz, implorant la pitié de la garde qui veillait aux murailles. On leur ouvrit les portes, et on leur accorda la généreuse hospitalité d'une terre amie ; néanmoins, il en mourut plus de


cent cinquante, soit des suites de leurs blessures, soit des souffrances incomparables qu'ils avaient endurées devant Nancy.



Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. Pour une meilleure lisibilité, les mots coupés sur un saut de page sont restitués sur la page antérieure.