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Le Siège et la bataille de Nancy (1860) Lacombe, 4

De Wicri Lorraine
Le Siège et la bataille, Lacombe Ferdinand bpt6k9623684h.jpeg
 
Le
Siège et la Bataille
de Nancy

IV
Topographie de la ville de Nancy et de ses environs en 1476

'
  I   : Considérations sur la bataille...
II  : Causes de la guerre ...
III : De l'art militaire ...
IV : Topographie de le ville de Nancy ...
V   : Composition de l'armée de Charles le Téméraire ...
VI  : Opérations du siège ...
VII  : Situation critique de Nancy ...
VIII : Arrivée de René devant Nancy ...
IX  : Description du terrain ...
X  : La Bataille et la Poursuite, ...
XI  : Ce qui suivit la bataille...
XII : Conséquences des événements ...
Annexes
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Iconographie introductive

La carte ci-dessous fait partie de l'ouvrage original

Le Siège et la batailleLacombe Ferdinand bpt6k9623684h(carte NP).jpeg

Texte original


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IV.

Topographie de la ville de Nancy et de ses environs en 1476. — Communications de l'armée de siège.

A cette époque, Nancy était loin d'avoir acquis l'importance et le développement qu'elle dut par la suite à une longue prospérité et à la magnificence de ses souverains. C'était néanmoins la capitale et le lieu le plus florissant de la Lorraine. Bâtie sur l'emplacement de la vieille ville, à peu de distance et sur la rive gauche de la Meurthe, qui la contourne de l'est au nord, elle était défendue par un fossé étroit et peu profond, et par d'épaisses murailles offrant la forme d'un pentagone irrégulier et garnies de tours dans lesquelles on plaçait de l'artillerie. Elle était, en outre, protégée par quelques autres ouvrages, tels que masses couvrantes en fer à cheval, élevés, à l'occasion des sièges précédents devant les portes, et que commençait à rendre nécessaires l'emploi raisonné des lourds projectiles. Plusieurs terrassements,


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du genre de ceux que nous appelons cavaliers[1], commandaient la campagne de l'intérieur des murs. Le P. Aubert Roland[42 1] y ajoute un chemin couvert ; mais cet ouvrage ne devait avoir que peu d'analogie avec celui qui porte actuellement ce nom, car il ne servait à cette époque qu'à masquer les postes ou corps-de-garde placés le long du rempart pour veiller à la sûreté du fossé.

L'enceinte de la ville avait quatre issues, deux portes et deux poternes. Les portes dites de Saint-Nicolas et de la Craffe étaient des édifices construits suivant le meilleur système de fortification du siècle, c'est-à-dire flanquées de tours rondes qui succédaient aux tours carrées, parce qu'on reconnaissait à celles-ci le désavantage d'offrir aux coups du canon et à ceux du bélier des angles faciles à entamer. La tour carrée, cependant, devait donner l'idée du flanquement et devenir le principe du bastion. La porte Saint-Nicolas était située du côté de la ville de ce nom, c'est-à-dire de la route de Lunéville et des Vosges qui conduit à l'est. La porte de la Craffe,


  1. La guerre de René II, etc.

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diamétralement opposée, conduisait au nord-ouest, vers Metz et Toul. Ses voûtes en étaient épaisses et sombres, et les tours tellement vastes qu'elles servaient de prison[43 1]. Les poternes étaient celles du Vieil-Aître et de la Cour.

La première s'élevait entre la porte Saint-Nicolas et une tour plus élevée que les autres appelée la Grande-Tour, au sud, sur le chemin de la commanderie de Saint-Jean-de-Jérusalem, bâtie à trois jets d'arc des murs[43 2]. La poterne de la Cour, assez rapprochée de la porte de la Craffe et de la tour du Nord, établissait une communication directe entre le château ou palais et l'extérieur au moyen d'un pont de bois. Ce château, de forme q uadrangulaire, s'élevait à côté de l'église Saint-Georges , et l'une de ses faces, au nord-est, était comprise dans l'enceinte fortifiée. Cette disposition des murs de la cité est parfaitement indiquée dans la Chronique de Lorraine, où l'auteur, contemporain des événements qui font le


  1. J. Cayon, Histoire de Nancy.
  2. De Blarru, Nanceïdos Opus, la Nancéïde.

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sujet de notre récit, fait dire par René à ses capitaines quand il met le siège de Nancy :

« Messieurs, tous et un chacun de vous avecque vos gens fault environner la ville. Walther de Thann, vous aurez la charge de la porte Sainct-Nicholas jusques à la poterne , et vous , Harnexaire, aurez depuis la dicte poterne jusques à la Tour-Sar, et Seton, vous aurez le quartier de la porte de la Craffe, et vous, Honneste, depuis la dicte porte, aurez la charge de derrier la Court. »

La situation des deux portes était commandée par la nature du terrain, qui ne permettait pas d'élever des chaussées au levant ou à l'occident. Au levant, le cours de la Meurthe obstruait le passage; au sud, s'étendaient de vastes marais dus à la stagnation des ruisseaux qui descendaient des hauteurs boisées. Non loin de la commanderie de Saint-Jean existait un étang alimenté par un cours d'eau qui en sortait pour se jeter dans la Meurthe, en traversant les faubourgs Saint-Jean (Virlay) et Saint-Thiébaut.

Les faubourgs, au nombre de trois, avaient été


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rasés avant le siége de 1475 par les ordres du bâtard de Calabre et de Colinet de la Croix, officiers du duc de Lorraine, chargés de mettre la place en état de faire une longue résistance. Ils avaient même fait abattre, dans l'intérêt de la défense, les arbres qui ombrageaient les alentours des fortifications, et on leur devait aux abords quelques ouvrages qui n'avaient pas été détruits.

Mais on n'avait pas jugé opportun de faire disparaître les bâtiments de la Commanderie voisins d'une antique chapelle qui s'élevait vis-à-vis de la porte occidentale de la cité, dans un lieu nommé Virlay que l'on croit dérivé du latin viri lethum, le champ du guerrier, ou de la mort du brave. C'est aussi ce dernier nom et celui de Saint-Jean qu'avait pris l'étang dont il a été question plus haut, cet étang de funèbre mémoire.

Les communications entre le camp de Nancy, Metz et le grand-duché de Luxembourg, qui appartenait au duc de Bourgogne, étaient restées complétement libres. René n'avait pu les faire surveiller, faute de troupes. Il eût créé de sérieux embarras à


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l'armée assiégeante s'il eût occupé Pont-à-Mousson, situé entre Metz et Nancy, à 24 kilomètres de la première et à 20 kilomètres de la seconde de ces villes. Le Pont-à-Mousson, ainsi qu'on l'appelait en ce temps, était cependant un point stratégique de la plus haute importance pour Charles le Téméraire. Pour comprendre ceci, il suffit de se rappeler qu'on traverse la Moselle à Pont-à-Mousson pour se rendre de Nancy à Metz. Or, l'évêque de cette dernière ville était l'allié des Bourguignons, et, par le pont de la Moselle, leur duc communiquait avec un pays ami. De ce côté, ses renforts et ses convois étaient donc assurés, de même qu'il possédait une belle ligne de retraite pour le cas où il eût jugé nécessaire de se replier devant des forces supérieures. Toutefois, Nancy étant situé dans l'angle formé par le confluent de la Meurthe et de la Moselle, il fallait encore pour parvenir à Pont-à-Mousson, franchir la Moselle, à 8 kilomètres du camp, sur le pont de Condé, petit bourg fortifié d'un château[46 1], et suivre ensuite


  1. Dom Calmet.

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rive gauche, ou bien passer la Meurthe non loin de cet endroit, sur le pont de Bouxières, et descendre alors le long de la rive droite.

René avait regardé comme plus utile et plus commode peut-être de jeter les quelques troupes qui lui restaient dans les places fortifiées au sud et à l'est de Nancy, de manière à faciliter un mouvement de concentration sur lui quand il ramènerait en Lorraine les Suisses et les Allemands, en sorte que les routes qui conduisaient dans la vallée de la haute Moselle, dans les Vosges et le duché de Bourgogne, étaient fort inquiétées, sinon interceptées, par les forces lorraines qui défendaient Rosières, Lunéville, Vaudémont, Gondreville, Mirecourt, Épinal, Arches, Bruyères, Saint-Dié et Remiremont. Charles le Téméraire, arrivé devant Nancy, en remontant le val de Metz, pour opérer sa jonction avec un corps tiré du Luxembourg, n'avait pu s'opposer à cette disposition fort gênante pour lui. Ce n'est pas à dire pour cela qu'il avait complétement négligé ses derrières, car il occupait sur les routes de ses États quelques places ou


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châteaux, tels que Bayon, Neuviller, Richardménil, Fontenoy ; mais il s'était abusé sur la valeur de ces postes pour la sûreté de ses communications, et les Lorrains n'en pouvaient pas moins surprendre les détachements qui se rendaient à son camp, arrêter ses courriers et enlever ses convois. L'évêque de Metz lui faisait parvenir en abondance des vivres et des vêtements, non-seulement de Metz, mais encore de Vic, de Rembervillers et des autres terres dépendantes de l'évêché, et les convois qui s'acheminaient de Rembervillers à Nancy passaient en vue des murs de Lunéville et de Rosières pour arriver à Saint-Nicolas.

Cette dernière ville n'offrait rien de redoutable pour les Bourguignons, puisque l'absence de toute défense artificielle n'avait pas permis d'y mettre garnison. Ils y trouvaient, au contraire, quelques ressources, malgré la répugnance des habitants du pays à pourvoir le camp de provisions.

Saint-Nicolas, sur la Meurthe et la route de Lunéville, à 8 kilomètres à peu près de Nancy, passait


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alors pour une petite ville d'une certaine importance. Elle était le but d'un pèlerinage fameux qui attirait en ses murs une multitude de voyageurs et le centre d'un marché annuel qui jouissait, en Europe, d'une immense réputation. Au dire de la Chronique de Lorraine, les halles servirent de lieu de campement à 4,000 soldats de l'armée de René. La magnifique église qu'on y admire aujourd'hui n'existait pas en 1476 : elle fut commencée quelques années plus tard par ce prince. Ce n'est donc pas des tours actuelles qu'il sera question dans le cours de ce récit.

A une forte lieue au delà de Saint-Nicolas se trouvait Rosières, abritée par de bonnes murailles et entourée d'eau. Le commandement en était confié à Malhortie, l'homme le plus capable de conduire une guerre de partisans et d'opérer un coup de main. Il en faisait pour le duc de Bourgogne le centre le plus dangereux des forces Lorraines.

Tels étaient Nancy et les lieux qui l'environnaient quand Charles investit de nouveau ses murailles. Quoique excellente, sa garnison n'était pas nombreuse.[2]


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Les siéges précédents avaient épuisé la ville, et il y restait fort peu de vivres et de munitions de guerre. Dans cette circonstance critique, les chefs adressaient un vigoureux appel à la valeur et à la constance de ses habitants, et l'histoire leur doit cette justice, qu'ils y répondirent avec toute l'énergie désirable.


Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. La définition de ce terme, dans le contexte de la fortification des places, est donnée par le CNRTL.
  2. Pour une meilleure lisibilité, les mots coupés sur un saut de page sont restitués sur la page antérieure.