Mozart et Salieri (1830) Pouchkine, Scène 2, VII

De Wicri Musique

Traduction en cours

En vers

Моцарт

Когда бы все так чувствовали силу

60

Гармонии! Но нет: тогда б не мог
И мир существовать; никто б не стал
Заботиться о нуждах низкой жизни;
Все предались бы вольному искусству.
Нас мало избранных, счастливцев праздных,

65

Пренебрегающих презренной пользой,
Единого прекрасного жрецов.
Не правда ль? Но я нынче нездоров,
Мне что-то тяжело; пойду засну.
Прощай же!

Сальери

До свиданья.

(Один.)

 Ты заснешь

70

Надолго, Моцарт! Но ужель он прав,
И я не гений? Гений и злодейство
Две вещи несовместные. Неправда:
А Бонаротти? Или это сказка
Тупой, бессмысленной толпы — и не был

75

Убийцею создатель Ватикана?

 
Mozart :

Ah ! si tous sentaient ainsi la puissance de la musique ! Mais non, le monde n'eût pu subsister. Personne ne se serait préoccupé des basses nécessités de la vie terrestre ; tous se seraient adonnés à l'art libre. Nous sommes peu d'élus, peu de fortunés qui pouvons mépriser le gain sordide, et nous mettre en prières devant le seul beau, n'est-ce pas ?... Mais je ne me sens pas bien aujourd'hui. J'ai comme un poids qui m'étouffe. Je vais aller dormir. Adieu.

Salieri :

Adieu.

Mozart sort.

Tu t'endormiras pour longtemps, Mozart. — Mais a-t-il raison ? Je ne suis donc pas un génie ? Le génie et le crime, a-t-il dit, sont incompatibles. Non, ce n'est pas vrai. Et Michel-Ange !... Ou bien n'est-ce qu'une invention stupide et crédule ? Et le créateur du Vatican n'a-t-il pas été un assassin ?...

Original en prose

Le traduction donnée ici est un extrait de la traduction présente dans « Poèmes dramatiques d'Alexandre Pouchkine, Hachette, Paris, 1862, traduits par Ivan Tourguéneff et Louis Viardot », et plus précisément, du texte numérique « sur Wikisource».

Моцарт

Когда бы все так чувствовали силу

60

Гармонии! Но нет: тогда б не мог
И мир существовать; никто б не стал
Заботиться о нуждах низкой жизни;
Все предались бы вольному искусству.
Нас мало избранных, счастливцев праздных,

65

Пренебрегающих презренной пользой,
Единого прекрасного жрецов.
Не правда ль? Но я нынче нездоров,
Мне что-то тяжело; пойду засну.
Прощай же!

Сальери

До свиданья.

(Один.)

 Ты заснешь

70

Надолго, Моцарт! Но ужель он прав,
И я не гений? Гений и злодейство
Две вещи несовместные. Неправда:
А Бонаротти? Или это сказка
Тупой, бессмысленной толпы — и не был

75

Убийцею создатель Ватикана?

 
Mozart :

Ah ! si tous sentaient ainsi la puissance de la musique ! Mais non, le monde n'eût pu subsister. Personne ne se serait préoccupé des basses nécessités de la vie terrestre ; tous se seraient adonnés à l'art libre. Nous sommes peu d'élus, peu de fortunés qui pouvons mépriser le gain sordide, et nous mettre en prières devant le seul beau, n'est-ce pas ?... Mais je ne me sens pas bien aujourd'hui. J'ai comme un poids qui m'étouffe. Je vais aller dormir. Adieu.

Salieri :

Adieu.

Mozart sort.

Tu t'endormiras pour longtemps, Mozart. — Mais a-t-il raison ? Je ne suis donc pas un génie ? Le génie et le crime, a-t-il dit, sont incompatibles. Non, ce n'est pas vrai. Et Michel-Ange !... Ou bien n'est-ce qu'une invention stupide et crédule ? Et le créateur du Vatican n'a-t-il pas été un assassin ?...

Textes originaux

Les pages ci-dessous sont extraites d'un ouvrage édité en 1831, disponible à l'Université de Michigan et numérisé par Google[1].

Le texte correspondant à cette partie est à cheval entre les pages 30 et 31.

MozSalPouch1830 31.png
MozSalPouch1830 32.png

Voir aussi

Notes