C de Lihus 1804 Principes d'agriculture et d'économie - Ch2 P1

De Wicri Agronomie
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Principes d'agriculture et d'économie
Table des matières
Préface p. v
PARTIE I
Chapitre 1 p. 1
Chapitre 2 p. 10
PARTIE II
Amontement p. 51
PARTIE III
Mois de mai p. 79
Mois de juin p. 118
Mois de juillet p. 140
Mois d'aoust p. 152
Mois de septembre p. 196
Mois d'octobre p. 223
Mois de novembre p. 252
Mois de décembre et janvier p. 272
Mois de février p. 280
Mois de mars p. 294
Mois d'avril p. 312
Conclusion p. 328
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[10]

PREMIÈRE PARTIE.


INTRODUCTION.


CHAPITRE II.


Observations préliminaires, réduites à trois points principaux, l'Activité, la Prudence et l’Économie.


SECTION PREMIÈRE. Activité.

Labor omnia vincit
Improbus.
(Virg.)[1]


Il n'en est pas de l’agriculture comme des autres arts, dont l'apprentissage est toujours pénible, mais qui ensuite deviennent un jeu, un délassement, lorsqu'on les possède. Quelques connaissances qu'on ait en agriculture, quelqu'expérience qu'on ait acquise par une pratique longue et réfléchie, on n'est sûr de réussir que par un travail assidu et pénible. La raison ? la voici : le créateur a voulu que la terre ne produisît d'elle-même que des ronces et des épines, qu'elle fût arrosée des sueurs du cultivateur, et qu'elle ne cédât qu'à un travail opiniâtre. Cette vérité, malgré les ténèbres du paganisme, s'est néanmoins conservée parmi les anciens ; à entendre Virgile, on croirait qu'il avait lu la bible :

[11]

Pater ipse colendi
Haud facilem esse voluit, primusque per artem
Movit agros curis acuens mortalia corda.
Virg. Georg. liv. I.[2]

Le plus ancien de nos agronomes[3] a rendu ainsi cette pensée dans ses vers gothiques :

Le Père n'a voulu que le labeur champêtre
Eût chemin si aisé, ains en l'homme a fait naître
Et l'art et le besoin de cultiver les champs,
Et juste a refusé le fruit aux nonchalans.

Qu'on ne s'imagine donc pas pouvoir cultiver de son cabinet. J'ai déjà comparé l'agriculture à l'art militaire, en disant que tous deux avaient besoin de pratique. Je les compare encore l'un à l'autre, en disant avec Columelle qu'ils ont tous deux besoin de la présence de celui qui commande : Nisi dominus frequens operibus intervenerit, ut in exercitu, cum abest imperator, cuncta cessant officia[N 1][C 1]; d'où il est facile de conclure que, comme une armée est fort mal commandée lorsque ses opérations sont dirigées par le cabinet du ministre ; de même les travaux agricoles réussissent fort mal lorsque le propriétaire veut ordonner sans voir, et se confie aux yeux d'autrui. Par conséquent il faut d'abord que celui qui veut vraiment faire valoir, c'est-à-dire tirer du profit [12] de son bien, y demeure au moins les trois quarts de l'année. Magon voulait même qu'on vendît sa maison de ville ; mais j'aime mieux Pline, qui trouvait ce précepte contraire au bien public. Allez donc deux ou trois mois au plus à la ville, pendant les neiges et les frimas ; mais le reste du tems soyez sédentaire à votre ferme ; occupez-vous entièrement de votre faire-valoir, et ne le quittez que pour des affaires indispensables.

Il faut ensuite prendre un genre de vie tout différent de celui des villes, où l’on se lève tard, parce qu'on se couche aussi fort tard, et quelquefois même à l'heure où le laboureur se lève. Je n'exige pas pour cela qu'on suive à la rigueur cet avis de Caton : Primus cubitu surgat, postremus cubitum eat[4]; il est presque impossible, lorsqu'on n'a pas été élevé à la campagne, c'est-à-dire, à mesurer son repos sur le soleil, qu'on puisse prendre une habitude si diamétralement opposée à celle des villes. Mais au moins est-il nécessaire de s'en rapprocher le plus possible, et de ne pas oublier cette maxime d'Olivier[5] :

Le lever matin enrichit,
Le lever tard appauvrit.

Et cette autre :

Le maître dès son réveil
Au ménage est un soleil.

[13] Si on ne peut se lever tous les jours de bonne heure, au moins on le fera de tems en tems, et on prendra le moyen de le faire le plus souvent possible, qui est de se livrer au repos peu de tems après les valets ; de cette manière on surveillera ses gens, et on sera sur pied dans le moment où ils vous croient encore dans les bras du sommeil : on se gardera sur-tout de les prévenir de son lever ; car la surveillance consiste moins à veiller toujours qu'à veiller à propos. Pour faire quelquefois ces surprises si nécessaires, et mettre tout dans l'ordre, on pratiquera exactement ce conseil du Théâtre d'Agriculture : Ordonnera le ménager, tous les soirs, ce qu’il appartiendra pour les affaires du lendemain[6]. J'ajoute qu'il faudra encore prévoir la contrariété que le tems peut occasionner, et indiquer ce qu'on fera en cas de pluie ou de gelée. Vos domestiques, ainsi accoutumés à savoir, la veille au soir, ce qu'ils doivent faire le lendemain, ne sauront jamais le jour où vous examinerez si on exécute fidèlement et avec promptitude les ordres donnés.

Cependant cette tolérance, accordée au cultivateur, lui est refusée pendant la moisson, où l'œil du maître doit être presque toujours ouvert, comme nous le ferons voir en son tems. Toute l'année les laboureurs ont cette surveillance ; aussi je renvoie à leur exemple, afin qu'on s'y conforme [14] le plus possible. Regardez ce père de famille précéder l'aurore, courir aux écuries, réveiller les valets, examiner si le fourrage est mangé et s'il a été jeté deux heures avant le jour ; présider au pansement des chevaux, article si essentiel, mais ordinairement si négligé, parce que les conducteurs se lèvent trop tard. Le soleil paraît, il fait partir ses charretiers, les conduit aux champs, leur distribue le travail, détermine les justes proportions du labour, indique les endroits où il faut enfoncer le soc, et ceux où il faut le relever. Le tems est humide, recouvrez moins le grain ; le tems est sec, enterrez-le davantage. Là, vous herserez aussi-tôt le labour ; ici, au contraire, vous donnerez à l'herbe le tems d'être consommée par le soleil. Je passe sous silence une multitude d'observations dont on verra le détail dans mon ouvrage, et dont on ne fait aucune mention dans les livres, comme si ces détails étaient à mépriser ; tandis qu'au contraire ils constituent la véritable agriculture, qui consiste plus dans l'application de préceptes simples, que dans une savante théorie.

Mais l'activité du cultivateur ne se borne pas à veiller sur ses valets ; ce n'est encore là qu'une petite partie de sa surveillance. Il a encore beaucoup d'autres ouvriers qu'il faut indispensablement visiter : tantôt c'est un homme qui cultive les [15] arbres fruitiers ; tantôt un bûcheron qui prépare le bois de chauffage ou de construction ; tantôt un faucheur à qui il faut recommander de raser la terre pour donner plus de fourrage ; tantôt des faneurs qu’il ne faut pas quitter, parce qu'ils connaissent mal les qualités nécessaires aux diverses opérations qu'on leur confie, etc. L'intérieur de la maison fournit aussi, chaque jour et à tous momens, des sujets de surveillance. Ce sont des batteurs dont il faut examiner scrupuleusement l'ouvrage ; si l'on n'y prend garde, ils vous forcent de donner aux animaux un grain précieux qui n'est destiné qu'à l'homme. Ce sont les bestiaux de toute espèce qu'il faut visiter, pour voir s'ils sont tenus proprement et s'ils ne manquent de rien : L'œil du maître engraisse le cheval[N 2][C 2]. C'est le jardin dont il faut soigner et diriger la culture, afin qu'outre les gros légumes dont la table des valets doit toujours être amplement garnie, celle des maîtres puisse s'y fournir de toutes les plantes potagères qui sont bien chères dans les villes, mais ne coûtent rien dans une ferme, lorsqu'on les cultive à tems et avec soin.

Il est encore, pour le cultivateur, un autre genre d'activité non moins nécessaire, mais beaucoup plus agréable ; il consiste à se promener [16] souvent dans ses domaines, afin de s'instruire et de s'enrichir tout à la fois par d'utiles observations : s'instruire, en examinant le résultat de ses expériences, en réfléchissant sur les variétés si multipliées de la nature, en reconnaissant les fautes qu'on a faites, et cherchant les moyens de les réparer ; s'enrichir, en remédiant aux différentes maladies des grains ; par exemple, ce blé ne peut lever parce qu'il est trop serré dans la terre, qu'il faut ouvrir légèrement avec la herse ; cet autre ne peut encore lever, parce que les vers mangent la semence d'une terre trop creuse ; il faut l'appesantir avec le rouleau, détruire les vers avec la suie, et ensuite y jeter un peu de semence. Celui-ci est touffu, et couvre entièrement la terre ; mais aussi il est trop fort et appelle absolument le troupeau pour manger le vain luxe des herbes. Que vois-je ? des taupes qui ravagent les tréflières et se jettent même dans les blés, parce que les terres sont bien meubles et regorgent de fumier. Hâtons-nous de détruire ces animaux malfaisans, etc. Je crois avoir assez prouvé au cultivateur combien l'activité lui est nécessaire s'il veut réussir. Je ne cesserai, dans le cours de mon ouvrage, de lui montrer à chaque instant la nécessité de cette activité, et de lui indiquer les divers objets qui exigent sa présence. Mais il fallait lui donner un léger échantillon de ses occupations, pour le bien [17] convaincre qu'il ne doit pas entreprendre de faire valoir, s'il ne veut pas se livrer tout entier à sa chose, s'assujettir à des fatigues indispensables à son état, et ne cueillir les roses qu’après en avoir arraché les épines.

SECTION SECONDE. Prudence.

Ne change point de soc,
Ayant pour suspecte toute nouveauté.
Olivier de Serres, d'après Caton.

Les réflexions que je ferai sur cet article important, je les renferme toutes dans les vers suivans, où M. Delille[7] a développé si élégamment la pensée du poète latin :

Toutefois dans le sein d'une terre inconnue
Ne vas point vainement enfoncer la charrue ;
Observe le climat,
Des anciens laboureurs l'usage héréditaire
Et les biens que prodigue ou refuse une terre
Georg. l. 1.[8]

Ce sont là des vérités de tous les tems, utiles sur-tout aux cultivateurs qui commencent.

Souvent ils veulent appliquer à leurs terres les principes qu'ils ont lu dans de savans agronomes, sans examiner si ces principes conviennent à la [18] qualité du sol et au climat du pays ; erreur trop dangereuse pour ne pas les en garantir.

Qu'ils commencent donc, avant de rien entreprendre, par bien connaître les diverses qualités du terrein qu'ils ont à cultiver.

Connaissance du terrein.

Ce passage fait l'objet d'une citation dans l'article Terre végétale des Mots de l'agronomie.

Il y a quatre principales sortes de terres : la terre végétale, la terre argileuse, la terre sablonneuse et la terre calcaire. Nous ne pouvons mieux en marquer la différence que par la définition qu'en donne le savant Valérius[N 3][C 3][9]. La terre végétale est une terre poreuse et divisée qui se trouve en plus ou moins grande quantité à la surface du globe. Elle est ordinairement brune et noirâtre ; elle est spongieuse, et se gonfle quand on y verse de l’eau ; mais quand elle est sèche, elle s'affaisse et se met en poussière ; elle procure un passage facile à l'eau pour se filtrer ou s'évaporer.

La glaise ou l'argile est en général une terre tenace, grasse au toucher, qui, étant humide, s’attache aux doigts. Elle est compacte, quoique composée de particules très-déliées. Celle qui se trouve à la surface de la terre, est très-mélangée de terreau, de sable et d'autres substances qui lui [19] sont étrangères, ce qui met de la différence dans sa ténacité et sa densité.

Ce passage fait l'objet d'une citation dans l'article Terre végétale des Mots de l'agronomie.

Les terreins sablonneux ou crayeux se reconnaissent trop aisément pour en donner la définition. Ils ont cela de commun avec les deux premières espèces de terres qu'ils ne peuvent produire de végétaux, s'ils ne se trouvent mêlés avec d'autres terres. L'humus ou terre végétale, pour produire, doit se trouver combiné dans une juste proportion avec le sable et l'argile.

Valérius divise encore les terres en terres fortes et en terres légères. On appelle terre forte celle qui, par sa profondeur, conserve plus long-tems sa graisse, et résiste plus long-tems à la chaleur et aux variations de l'air ; terre légère, celle qui a moins de profondeur, et qui, par sa porosité, perd aisément sa graisse et son humidité, et ne résiste pas aux variations de l'air.

La couleur de la terre indique sa bonne ou mauvaise qualité : la meilleure est la noire, puis la cendrée ; la rousse, la blanche, la jaune, la rouge ne valent presque rien[N 4][C 4].

Virgile, Columelle, Palladius et autres anciens indiquent deux moyens de connaître la bonté d'une terre : le premier, en y faisant un fossé ; si la terre qu'on en a retirée ne peut y rentrer, quelques [20] efforts qu'on fasse, c'est la marque qu'elle est bonne, parce qu'elle s'enfle à l'air comme la pâte par le levain ; si elle remplit seulement le fossé et rien de plus, elle est d'une qualité médiocre ; mais si elle ne suffit pas pour remplir le fossé, cela dénote la mauvaise qualité d'une terre légère qui s'évente aisément. Le second moyen, c'est de dissoudre la terre dans l'eau qu'on passera à travers un linge. L'eau sera douce, si la terre est bonne ; si au contraire la terre est de mauvaise qualité, l'eau sera salée ou puante. Un autre moyen employé pour juger de la qualité de la terre, c'est d'examiner ses productions : une terre est bonne, suivant Columelle, quand elle produit calamus, gramen, trifolium, ebulum, rubi, pruni silvestrœ.

Ceux qui voudront des connaissances plus amples sur la variété des terres, pourront recourir à Duhamel[10] ou aux chimistes qui ont écrit sur cette matière ; ce que j'en ai dit est suffisant pour mettre le cultivateur en état d'apprécier et d'étudier son sol. Cette connaissance n'est pas l'affaire d'un jour ni de quelques mois ; c'est l'occupation de plusieurs années, c'est le fruit d'observations multipliées. S'en étonnera-t-on lorsqu'on réfléchira que, dans la même pièce de terre, une partie veut un labour léger, l'autre un labour plus profond ; ici il faut labourer avant l'hiver, là après [21] les grandes gelées : cet endroit exige beaucoup de semence, l'autre en demande infiniment moins : ici se plaît le seigle, là le froment. S'il y a tant de variations dans une pièce de quelques arpens seulement, quelle différence ne doit-on pas mettre pour la culture entre les terres en côte et celles qui sont en plaine ; les terres caillouteuses, et celles où il ne se trouve pas le plus petit caillou ; celles qui sont glaiseuses et d'une culture difficile, et celles qu'on labourerait, comme celles de Byzance, avec une charrue légère attelée d'un mauvais ânon et d'une vieille femme[N 5][C 5] ?

Que dirai-je des variations singulières du climat, même dans les pays limitrophes l'un de l'autre ? Rozier (article Agriculture) rapporte là-dessus un fait surprenant. « Dans le territoire d'Aigle, canton de Berne, la température de l'air est si douce, que dans les trois villages d'Ivorne on cultive des vignes dont le vin est très-bon ; tandis que dans le bailliage de Gessenay, qui est limitrophe, la température est, à peu de chose près, égale à celle de la Suède ». J'éprouve la même chose dans le pays que j'habite : à quelques lieues vers le midi, la température est si différente, qu'on y récolte un mois plutôt ; tandis qu'en s'avançant seulement de deux [22] lieues du côté du nord, la moisson est retardée de plus de quinze jours. Comment après cela vouloir se conduire par des principes généraux ? Pour faire en France un Cours d'Agriculture complet, il faudrait presqu'autant de chapitres qu'il y a de cantons. La grande science du cultivateur est donc la connaissance parfaite de son terrein ; tous les livres possibles ne sauraient donner cette connaissance, l'expérience seule peut la procurer. Ainsi le premier soin de celui qui veut faire valoir, est de choisir pour premier charretier celui qui connaît mieux le terrein qu'il veut exploiter. S'il a soin de l'interroger souvent, il apprendra par ses réponses à en connaître toutes les parties, les endroits où il a plus ou moins de profondeur, ceux où il est sujet à se battre ou à garder l'eau, enfin les diverses qualités de terre qu'il contient: ces détails ne peuvent bien s'apprendre que de celui à qui, pour ainsi dire, tout le sol passe par les mains, et qui le cultive plusieurs fois l'année. Aussi, dans le commencement, faut-il s'y abandonner entièrement, se défier de ses lumières, et attendre, pour diriger les opérations agricoles, qu'on sache celles qui conviennent à la terre que l'on fait valoir.

On pourrait croire que les gens de la campagne possèdent cette connaissance, mais non ; elle est aussi rare qu'indispensable : les fermiers quittent [23] souvent leurs fermes lorsqu'ils commencent à bien la connaître. Les propriétaires riches confient la culture des terres à un agent à qui l'intérêt fait souvent changer de domestiques. Ceux qui labourent eux-mêmes, sont plus dans le cas d'acquérir cette connaissance, mais la pauvreté y met obstacle ; ils écorchent plutôt la terre qu'ils ne la cultivent, et sont hors d'état d'apprécier sa qualité, parce qu'ils ne peuvent lui donner les soins et les amendemens nécessaires. Restent donc les gens un peu à leur aise qui cultivent par eux-mêmes : ceux de cette classe qui ont un peu d'éducation et de bon sens, aiment à observer et acquièrent par conséquent cette connaissance ; mais ils sont encore très-rares, la plupart étant asservis à la routine, et ne cherchant pas à devenir plus savans.

Respecter les usages du pays.

Je n'approuve nullement l'ignorance ni la routine des gens de la campagne qui sont esclaves de l'usage et ne veulent pas pratiquer ce qu'ils n'ont pas vu faire à leurs pères ; je pense, au contraire, qu'il faut quelquefois s'élever au-dessus du préjugé, mais le faire peu à peu, après y avoir bien réfléchi, et commencer toujours par croire que les usages reçus sont appuyés sur des raisons solides et puissamment déterminées par la [24] localité. Il faut examiner avant de condamner ; et tant que, par une pratique raisonnée et suivie, on ne s'est pas convaincu, qu'il faut absolument changer une méthode mauvaise, quoique consacrée depuis long-tems, il faut suivre à la lettre ce précepte de Columelle : Pater familias maximè curabit ut pudentissimos suae aetatis agricolas de quaque re consulat, et commentarios antiquorum cedulo scrutetur[11].

Expériences.

Un excellent moyen pour connaître son sol, apprécier les anciens usages et juger des nouveaux systèmes, c'est de faire quelques expériences, mais toujours en petit et au plus sur un arpent ; l'essentiel est de réitérer ces expériences dans plusieurs endroits et dans plusieurs tems : car on ne saurait encore rien, si on n'essayait que sur une seule pièce de terre, et c'est ce qui me porte à me défier des expériences que je n'ai pas faites moi-même. On ne se figure pas l'énorme différence qui existe souvent entre la même espèce de grain jettée le même jour dans deux terres voisines l'une de l'autre. Cette différence vient quelquefois d'une circonstance qui paraît légère, mais qui n'échappe pas au cultivateur attentif ; or, ces variations, ces circonstances sont infinies, comme il sera aisé [25] de s'en convaincre quand on pratiquera, comme je l'ai fait.

Quelques essais pourront donc être fort utiles, lorsqu'ils seront faits avec sagesse, et qu'on aura soin de tenir un registre exact de ses petites expériences. Mais, encore une fois, qu'on se garde bien de les faire trop en grand et avec indiscrétion ; qu'on ne s'enthousiasme pas aisément des nouvelles découvertes dont plusieurs expériences paraissent garantir le succès. Peu conviennent à tous les pays, beaucoup sont souvent l'effet du hasard et ne peuvent se réitérer : j'ai vu récolter plus dans une terre peu cultivée, que dans celle qui l'était beaucoup ; j'ai vu des terres non hersées rapporter davantage que celles qui l'étaient ; j'ai vu renfouir le blé en enfonçant jusqu'à la cheville, et la récolte étonner le propriétaire. S'ensuit-il de là qu'on doive peu cultiver les terres, ne pas les herser, renfouir le blé par la pluie? Non certes. Il faut suivre, la plupart du tems, les routes déjà tracées par les bons cultivateurs, et ne pas chercher toujours à innover ; ce serait même se ruiner de fond en comble, que d'essayer tout ce que disent les savans ; ils racontent parfois des choses si incroyables, que je regarde presque comme une folie d'y ajouter foi. Un Journal d'Agriculture rapporte qu'en Italie les Gaulois ayant renfoui, avec la charrue, les blés en vert, ils n'en devinrent [26] que plus beaux, et c'est ce que les Romains appelaient exarare. Olivier de Serres rapporte le même fait, ou en attribue un aussi merveilleux aux Piémontais. Néanmoins, j'avoue que cela m'a paru si incroyable, que je n'ai pas même osé l'essayer sur trois perches de terre.

Il en est de ceux qui ont la manie des expériences, comme de ceux qui s'entêtent à mettre à la loterie : les pertes, loin d'abattre leur courage, les engagent à de nouveaux sacrifices. Un petit bénéfice leur est encore plus pernicieux ; car, en enflammant leur cupidité, il ne fait qu'augmenter leur hardiesse et leur témérité. Le cultivateur sage, loin de les imiter, renoncera aux expériences dont il aura senti le danger après les avoir réitérées plusieurs années de suite, et concluera, du peu de succès, non qu'il a mal essayé, mais que le sol et le climat repoussent cette nouvelle méthode. S'il réussit, il ne sera pas pour cela téméraire ; mais il se contentera de faire les mêmes expériences plus en grand, et il ne les généralisera qu'après que le tems aura jugé de leur utilité. Les expériences faites ainsi avec discrétion, seront toujours utiles, et on ne saurait trop en faire, pourvu qu'on y consacre un argent dont on peut aisément se passer, et qu'on les proportionne toujours à ses moyens.

[27]

Commentaire - Agronomie


Thierry Daunois - 12 juin 2011

Opinion sur les jachères.

Presque tous les livres modernes, en parlant des jachères, les regardent comme une détestable méthode, fruit de l'ignorance et des préjugés. Voilà, mot à mot, leurs expressions ; mais les ont-ils bien pesées avant de les émettre? Ont-ils assez réfléchi avant de s'ériger en censeurs d'un usage consacré par ces sages Romains qui ne quittaient la charrue que pour commander les armées et triompher de l'univers ? En savent-ils plus que les savans agronomes de la Grèce et de Rome ? Ils nous citent l'Angleterre ; mais d'abord, cet usage, bien loin d'y être universel, y est très-restreint, au rapport de Jean Pictet ; et malgré la multiplicité des sociétés agricoles, il existe encore aujourd'hui, nous dit-il, des assolemens aussi barbares qu'ils étaient tous il y a dix siècles[N 6][C 6]. Ensuite, les Anglais remplissent leurs jachères d'une infinité de plantes propres à nourrir les bestiaux ; ce qu'on ne pourrait faire en France, la consommation en bestiaux étant, par proportion, infiniment plus petite qu'en Angleterre, dont les habitans sont carnivores par nécessité. Dufresne, dans son traité, [28] regarde comme un abus en France la grande consommation de pain qu'on y fait[N 7][C 7]. Mais, 1°, ce qu'il regarde comme un abus, n'en est pas un, puisque le pain est une nourriture plus salubre qu'une grande quantité de viande ; 2°, cet abus prétendu fait notre gloire : si on mange en France plus de pain qu'en tout autre pays, c'est parce que le sol y est plus fertile. Quelle bizarrerie d'admirer les Anglais dans ce qui montre leur pauvreté ! La plupart du tems ils ne sèment des turneps, des pommes de terre et autres plantes, que parce que le blé y réussit mal.

Ce passage fait l'objet d'une citation dans l'article Jachère - Annexe 2 des Mots de l'agronomie.

Un inconvénient de la suppression des jachères, c'est qu'en faisant rapporter à la terre successivement plusieurs espèces de grains, quelquefois même sur un seul labour, il est impossible qu'elle ne soit pas infectée du dernier grain qu'on y a récolté, et qui pousse de lui-même avec abondance, s'il n'est étouffé par le nouveau, comme je l'ai vu arriver plusieurs fois dans un petit coin de terre que je n'ai jamais laissé reposer pendant quelques années. Car, comment détruire l'herbe dans une terre toujours chargée de grains ? Les Anglais font sarcler leurs pommes de terre par des femmes, au moins quatre ou cinq fois par [29] an[N 8][C 8]. Quels frais ! Quelle dépense ! Jamais, en France, la vente des pommes de terre ne pourrait dédommager de ces avances. Ils ont une machine ingénieusement inventée, le horse-hoe, mais seulement bonne pour des terres semées par sillons distancés également. Le goût de la nation pour l'agriculture a inventé encore une multitude d'instrumens aratoires très-commodes, et qu'il serait trop long de décrire ici. Mais tant de dépenses n'appartiennent qu'aux riches mylords des îles Britanniques.

La suppression des jachères n'est recommandée par ses partisans, que pour augmenter les produits et diminuer les frais de culture. Leur méthode consiste à ne faire reposer le sol qu'en changeant ses productions, et en lui confiant des plantes qu'on appelle pivotantes et qui, allant chercher leur nourriture fort avant dans la terre, la renouvellent sans l'épuiser. Il y a donc trois choses à considérer sur la suppression des jachères : 1°, si le produit est augmenté ; 2°, si les frais de culture sont diminués ; 3°, si la terre n'est pas épuisée. L'examen de ces trois questions déterminera notre opinion.

[30]

  • 1°. La suppression des jachères augmente-t-elle le produit ?

Oui ; dans plusieurs contrées d'Angleterre où la terre, ne pouvant rapporter beaucoup de blé, se plaît à produire ces légumes et ces graminées cultivées avec tant d'avantage pour la nourriture des hommes et des bestiaux. Elle pourrait de même augmenter le produit dans les contrées de la France où un sable brûlant, en procurant une prompte végétation, ne permet pas au blé de s'étendre et de se fortifier, parce qu'il n'y trouve ni assez d'humidité, ni assez de terre végétale. Mais la suppression des jachères n'augmenterait pas le produit dans les terres froides et tardives, qui produisent beaucoup de blé, parce qu'il y trouve les sucs convenables, n'ont pas assez de chaleur pour rapporter plusieurs années de suite. Or, nos provinces septentrionales renferment, en général, des terres de cette nature ; je dis en général, car la bizarrerie de la nature veut qu'à côté du pays le plus froid, il existe des climats à qui l'abri procure une végétation prompte et hâtive, comme aux environs de Liancourt, où ils se trouve d'excellentes terres qui portent avec succès des haricots, tandis que deux lieues plus loin la terre n'y serait nullement propre, parce qu'elle manque de chaleur et de fonds. Les [31] jachères sont donc nécessaires dans la plus grande partie septentrionale, dont le sol demande absolument du blé, et produit même cette plante avec plus d'abondance que toute autre céréale. Qu'on essaie, si l'on veut, de les supprimer dans les terres d'un produit médiocre, mais qu'on n'essaie jamais dans une bonne terre ; plus elle sera excellente, plus elle exigera un repos dont elle dédommagera amplement, si elle est bien cultivée et engraissée à propos : en effet, qu'on compare le produit d'un arpent de terre où l'on récolte, année commune, dix setiers de blé, avec les deux récoltes du nouveau système, en abandonnant, dans l'une et l'autre méthode, une année pour les frais de culture ; et certainement il existe beaucoup de fermes, dans les contrées septentrionales, qui peuvent se permettre ce produit. Pourquoi donc le cultivateur y changerait-il une culture si favorable, si sûre, si aisée et si peu coûteuse? Pourquoi reprocher à la terre le repos d'un an, tandis que

Son sein reconnaissant vous paie avec usure ?
Georg. de Del. liv. I.[12]
  • 2°. La suppression des jachères diminue-t-elle les frais de culture ?

Elle peut les diminuer dans ces terreins difficiles [32] à labourer, quoique de peu de rapport, où il faut mettre sur une charrue quatre chevaux, et quelquefois même six ; elle les diminue peut-être un peu pour ceux qui, labourant en sillons éloignés de neuf à dix pouces, peuvent par conséquent biner leur terre ; elle les diminue encore dans les endroits où l'on se procure facilement, et à bon marché, des engrais qui réchauffent et fortifient la terre. Mais elle ne les diminuerait pas dans ces terres qui, quoique d'un labour facile, rendent au cultivateur vingt pour un, et le défraient de toutes ses avances de culture par le seul produit des mars ; elle ne les diminuerait pas, lorsque, pour détruire l'herbe, on est obligé d'employer des bras qu'il faut payer bien cher, et dont le salaire n'est jamais remboursé ; elle ne les diminuerait pas pour ceux qui ne peuvent se procurer des engrais abondans, parce que leur fortune ou leur localité ne le leur permet pas.

  • 3°. La suppression des jachères épuise-t-elle le sol ?

Les terres fortes ou celles qui sont légères, mais situées dans un climat chaud, peuvent, je crois, supporter cette suppression, sans autre inconvénient que de n'avoir jamais que des récoltes médiocres. Il n'en est pas de même des terres qui, [33] ayant peu d'humus et de profondeur, ont besoin d'être renouvelées par les labours, et de recevoir, pendant une année, les sels et autres principes végétatifs contenus dans l'atmosphère : quelque engrais qu'on y mette, elles se refusent absolument à la culture d'autres plantes que le blé ou autres céréales. Et c'est ce que j'ai essayé à l'égard des pommes de terre et des navets. La même terre qui me rapportait dix setiers de blé, m'a remboursé à peine mes frais et mes semences, et je dirai toujours avec Horace : Naturam non expellas furca[13].

Il est facile de conclure de l'examen de ces trois questions, qu'en général le nouveau système peut être bon dans les parties méridionales de la France, où la végétation est assez prompte pour faire deux ou trois récoltes dans une même année, et cultiver la terre en saison convenable ; mais qu'elle ne peut guère être admise dans la partie septentrionale, où le terrein est presque toujours trop froid pour supporter les graines que l'on indique pour les jachères ; telles que les turneps, les navets hâtifs, les colsas, les fèves, les choux à faucher, et où la récolte se fait trop tard pour qu'on puisse bien préparer la terre à une nouvelle semence[N 9][C 9]. Chaque cultivateur peut [34] appliquer cette règle au sol qu'il cultive, en faisant quelques expériences sur les terreins qui y sont les plus propres, comme ceux qui sont sablonneux et hâtifs, et ceux qui ont beaucoup de fond ; observant qu'il ne faut jamais mettre le même grain deux fois de suite, ce qui est reconnu par tous et que j'ai éprouvé souvent.

J'ai aussi essayé moi-même, à plusieurs reprises, de mettre dans les jachères quelques plantes pivotantes. Dans les premiers tems que je fis valoir, je lus une dissertation savante sur les navets hâtifs, le chou à faucher, le chou pyramidal. Ces graines, disait l'auteur, ne fatiguent nullement la terre, et produisent d'excellent fourrage. Plein de ses idées flatteuses, j'achetai toutes ces graines fort cher, et je les semai de la manière indiquée. Aucune ne réussit, et de nouvelles tentatives furent toujours inutiles. J'eus un peu plus de succès à semer, dans les jachères, des bisailles, autrement appellées pois gris, en fumant la terre avant ou après. La récolte de pois fut belle ; mais celle de blé qui vint après, fut [35] plus médiocre qu'elle ne l'aurait dû être. Je recommençai souvent cette expérience ; et en balançant le produit des deux récoltes, quelquefois j'ai trouvé du bénéfice, quelquefois aussi de la perte, mais jamais un avantage permanent, ayant éprouvé qu'une terre qui rapporte ainsi cinq années de suite, se trouve singulièrement épuisée, à moins qu'on ne la renouvelle par les prairies artificielles, comme je l'ai fait avec succès. Et voilà, je pense, le seul moyen et le plus sûr de diminuer les jachères dans la plus grande partie de notre sol.

Il en résulte deux avantages essentiels ; le premier, de fournir un fourrage utile aux bestiaux, et par conséquent de procurer au cultivateur la facilité d'en avoir davantage, et par suite d'augmenter ses engrais ; le second, d'engraisser et de rétablir la terre, au lieu de l'épuiser, et de la mettre en état de rapporter plusieurs récoltes de suite. Semez donc au moins la dixième partie de vos terres en luzerne et en sainfoin : loin de diminuer votre récolte de blé, vous l'augmenterez, parce que vous aurez plus d'engrais, et que vos terres rapporteront davantage, lorsqu'elles auront été en prairies cinq ou six ans ; la luzerne, surtout, qui jette ses racines fort avant, améliore beaucoup les terres, parce qu'elle n'enlève pas le suc de la première couche, et qu'au [36] contraire elle la couvre d'un terreau bienfaisant. Semez aussi des trèfles, qui occupent utilement les jachères, remplacent les engrais et bonifient la terre : ils ne durent que deux ans, mais aussi tous les six ans vous pouvez les semer dans le même terrein, et vous mettrez par conséquent en valeur la sixième partie de vos jachères, sans compter la diminution considérable qu'elles éprouveront par les luzernes et leur défrichement.

On ne me taxera pas, j'espère, de partialité dans mon opinion sur les jachères. Je pense qu'il est utile de faire quelques essais, mais en même tems qu'il ne faut pas adapter à toutes les parties de la France le même système de culture. Le raisonnement et la théorie ne concluent rien en agriculture, l'expérience seule dicte des lois[N 10][C 10].

Anglomanie.

Depuis près d'un siècle, la France se plaît à singer l'Angleterre. Cette manie singulière, au lieu de se corriger, n'a fait que changer d'objet. Les Français, amateurs à l'excès, tantôt des modes des Anglais, tantôt de leurs équipages, tantôt de leurs jardins, ont poussé l'extravagance jusqu'à vouloir prendre leurs lois et leur constitution. Une des sources de nos malheurs passés a été que [37] nos législateurs, laissant tout ce qu'il pouvait y avoir de bon dans le système politique des Isles Britanniques, ne nous ont donné que ce qu'il y avait de mauvais, ou de diamétralement opposé à la situation de la France et au caractère de ses habitans. Mais je renvoie aux Tacite Français ceux qui voudront connaître cette assemblée si anarchique, si puissante, si esclave[N 11][C 11]. L'expérience nous a montré que la législation anglaise ne nous convenait nullement ; examinons si la culture de quelques cantons anglais mérite notre enthousiasme.

Ce qui a augmenté beaucoup notre admiration, ce sont surtout les voyages du célèbre et savant Arthur Young. Mais, si on y fait attention, on ne peut en conclure raisonnablement la supériorité de la culture anglaise sur celle de France ; et d'abord Arthur Young convient lui-même que les terres de France sont plus louées que celles d'Angleterre ; il nous montre que, dans plusieurs endroits, notre climat n'est pas, à beaucoup près, si favorable à la culture. En France, nous dit-il, il survient des grêles qui n'arrivent pas en Angleterre ; les gelées d'automne y sont plus précoces et le froid plus rigoureux que dans le midi de l'Angleterre : l'humidité et les pluies y sont aussi [38] plus considérables, et il se plaint d'avoir eu à Liancourt, pendant trois semaines, une pluie abondante que l'Angleterre n'éprouva jamais. Ainsi, de son aveu même, notre climat est bien différent de celui d'Angleterre ; pourquoi donc y introduire les mêmes coutumes ? Il prétend, il est vrai, prouver, par ses calculs, que l'assolement anglais produit, dans certain nombre d'années, vingt-quatre livres de plus par acre, à cause des récoltes de navets et d'autres graines : cette différence vient de ce que le voyageur anglais n'a pas assez évalué le produit des terres du Vexin, du Santerre, du Soissonnais, de la Brie, de la Beauce ; par exemple, il n'évalue, en Picardie, le produit d'un arpent de blé qu'à quatre setiers et demi ; il est cependant plus fort ; il y a des terres qui rapportent jusqu'à dix setiers à l'arpent ; et par conséquent, en combinant les bonnes d'avec les mauvaises, on aura au moins six setiers à l'arpent. Il assure encore qu'en Picardie la récolte est nulle en mars, c'est une erreur palpable ; car, d'un côté, les terres médiocres qui rapportent moins de blé, dédommagent beaucoup en mars, et fournissent la capitale et les grandes villes d'avoine et d'orge ; de l'autre, les bonnes terres, moins propres aux mars, rapportent encore beaucoup de pois et de vesce, dont on vend le grain aussi cher que le blé, pour la Normandie et l'Artois.

[39] Une autre observation sur laquelle Arthur Young a passé trop légèrement, ce sont les frais que la culture anglaise occasionnerait en France ; cependant ce calcul doit entrer pour beaucoup dans la décision de celui qui veut changer de méthode. Quelque estime donc que j'aie pour ce savant, je ne puis lui accorder la supériorité de sa culture sur la nôtre, dont il est impossible qu'il ait eu des connaissances assez exactes et assez détaillées pendant un voyage de treize mois[N 12][C 12]. Les bornes de cet ouvrage ne me permettent pas de m'étendre davantage sur notre fureur anglomane ; j'observerai seulement que la grande réputation des Anglais pour la culture vient de deux causes principales : la première, la richesse de leurs cultivateurs, qui achètent un taureau jusques à 15,000 liv ; la seconde, la multiplicité et le talent de leurs écrivains. On pourrait dire d'eux ce que Saluste disait des Athéniens: Quia provenere ibi magna scriptorum ingenia, facta pro maximis celebrantur[N 13][C 13]. Je me tais donc, et je me range volontiers à l'opinion d'un sage écrivain dont voici les termes : On n’examinera pas si ces insulaires [40] méritent toujours l’admiration de quelques Français ; nous louons souvent ce peuple sans sujet, et il nous blâme de même[N 14][C 14]. J'ajoute que l’enthousiasme anglais va souvent de pair avec le nôtre ; un fait arrivé depuis deux ans le prouve bien : un cordonnier de Londres, nommé Boelsfieds, se mêle aussi de faire des Géorgiques. Ce poëme fait sa fortune ; et l'Anglais, par fois plus léger que le Français, ne sait ce qu'il doit le plus admirer de ses vers ou de ses souliers.

SECTION TROISIÈME. Économie.

A quoi bon qu'un champ rapporte beaucoup,
s'il coûte beaucoup ?
(Caton.)[14]

Le sort du cultivateur serait trop heureux, s'il n'était contrarié par l'intempérie de l'air et par des fléaux inattendus, qui, en lui enlevant ses plus belles espérances, lui font perdre le fruit de ses peines et de ses travaux. Si ces terribles accidens sont rares, il est rare également de voir des récoltes complètes en tous genres. Sur six années, à peine peut-on en compter une bonne, et chaque année est presque toujours accompagnée de quelque circonstance fâcheuse qui dérange les calculs [41] les mieux établis. Le moyen de réparer ces pertes ? Une économie constante, commandée par la nécessité de combiner ses avances avec ses bénéfices, pour ne pas dépenser autant qu'on reçoit ; car on triomphe presque toujours des terreins les plus ingrats, en multipliant la culture et les engrais ; mais on est mal payé de ses peines, et la satisfaction d'avoir réussi tient seule lieu de produit. Or, est-ce là ce que cherche notre cultivateur ? Non ; il lui faut un revenu, et, je le répète, il ne le trouvera que dans l'économie. Peu d'auteurs modernes ont traité des moyens d'y parvenir, parce que peu ont parlé à cette classe d'individus pour qui j'écris. Qu'on me pardonne donc les détails dans lesquels je vais entrer ; ils paraîtront minutieux à ceux qui n'aiment que les dissertations savantes ou les systèmes artistement présentés ; mais, j'ose le dire, le père de famille y trouvera des avis conformes à ses goûts. Si tous ceux que je lui présente n'ont pas pour lui le mérite de la nouveauté, au moins sera-t-il charmé de me voir approuver ce qu'il pratique déjà, et il me saura toujours gré de lui offrir quelques moyens d'économie qui avaient échappé à sa sagacité et à sa sagesse. Je divise les moyens d'économie en quatre articles : économie dans l'emploi du tems ; économie dans la quantité de domestiques et de bestiaux ; économie dans le ménage [42] de la maison ; ordre dans la recette et la dépense, pour s'assurer une véritable économie.

Premier moyen. — Économie de tems.

La perte du tems est irréparable. Notre cultivateur saura donc mettre à profit tous les momens favorables aux travaux. Ses domestiques partiront le matin et le soir à l'heure indiquée, et le tems du repas et du sommeil sera réglé suivant la saison ; un quart-d'heure seulement de retard chaque attelée, apporte un grand préjudice, puisque si on a quatre valets de charrue, cela fait deux heures par jour ; c'est-à-dire, presque le tems de labourer un quart d'arpent. Je dis la même chose de toutes les espèces d'ouvriers. Il en est qui ne peuvent jamais venir matin ; qu'on les renvoie chez eux, après les avoir averti plusieurs fois, cela servira d'exemple aux autres. On aura soin aussi d'examiner la quantité d'ouvrage de chacun, et il serait bon pour cela d'avoir quelques notions d'arpentage, afin qu'on pût trouver promptement, et seulement en marchant, ce que chacun a fait dans sa journée : alors, sans faire semblant de rien, on mesure aisément la quantité de terre que le charretier a labourée, que le faucheur a fauchée ou que l'ouvrier a fouie : cette surveillance obligera les domestiques à travailler et à employer leur tems.

[43]

Deuxième moyen. — Économie de domestiques et de bestiaux.

Ayez un nombre suffisant de domestiques, mais prenez garde d'en avoir trop. Plus on en a, plus ils sont oisifs, et par conséquent insolens. Quelquefois le désir de cultiver la terre en saison, oblige de prendre des gens de journée ; faites-le toujours avec discrétion ; balancez les soins qu'exige la terre avec le tems qui vous reste et les gens que vous avez, et craignez toujours de n'être pas payé du surcroît de dépense que vous ferez pour assurer votre récolte : le désir de réussir vous fait souvent croire que telle ou telle opération est urgente, tandis qu'il serait encore plus utile de la différer. Un hiver long et rigoureux a empêché les labours ; il faut réparer le tems perdu en prenant plus de monde. Insensé que vous êtes ! le tems que vous comptez perdu ne l'est pas. Les neiges et les frimas ont répandu sur votre terre des sels qui valent mieux qu'un labour. Travaillez donc sans relâche, mais jamais ne dépensez pour réparer le retard des saisons ; la nature doit être votre guide : si le tems et vos occupations le permettent, cultivez vos terres sans compter le nombre des labours ; mais ne croyez pas tout perdu, si elles ont un labour de moins.

S'il faut retrancher les ouvriers inutiles, à plus [44] forte raison les bêtes de travail ; et c'est avec bien de la sagesse que le père de l'agriculture française nous dit :

Si le bœuf a rempli ta grange,
C'est aussi le bœuf qui la mange.[15]

N'ayez donc que le nombre nécessaire de chevaux ; il vaut mieux les avoir bons, qu'en avoir de mauvais en grand nombre : les bons ne coûtent pas plus cher à nourrir que les mauvais, et font beaucoup plus d'ouvrage. Pensez aussi que c'est une grande économie que d'avoir un soin particulier des chevaux ; les meilleurs ne durent guère lorsqu'ils sont mal conduits ou mal soignés : ne les confiez donc jamais à de mauvais conducteurs, et veillez même sur les bons. Un petit mal négligé met souvent hors de service l'animal le plus courageux et le plus fort ; par conséquent prévenez le mal dès le commencement : Principiis obsta. Veillez encore à ce que les conducteurs ne surchargent jamais leurs chevaux lorsqu'ils charrient vos bois, vos récoltes, vos fumiers et autres engrais ; la plupart se font gloire de charger beaucoup, pour faire voir leur habileté et la force de leurs chevaux. Faites là-dessus les défenses les plus sévères ; fixez la charge que vous jugez convenable à la force de votre attelage et à la qualité des chemins, et examinez souvent si vos ordres [45] sont exécutés ponctuellement. Veillez avec d'autant plus d'exactitude, qu'il ne faut qu'un coup de collier pour éreinter un cheval ou le rendre poussif. Quant aux autres bestiaux, n'en ayez jamais pour la simple curiosité, mais pour le profit que vous en tirerez ou les engrais qu'ils vous produisent ; veillez aussi sur la quantité de nourriture qu'ils consomment ; ayez soin qu'ils soient bien nourris, mais non trop abondamment, et rappelez-vous que des soins et une nourriture réglée suffisent pour les entretenir en bon état.

L'œil du maître engraisse le bœuf.
Olivier de Serres.[16]

Troisième moyen. — Ordre dans la recette et la dépense.

Pour maintenir l'ordre et se rendre compte à soi-même, il faut avoir plusieurs registres dont voici le détail :

  • 1°. Un registre de recette et de dépense, divisé en plusieurs articles. La recette en aura au moins sept, savoir : pour la vente du blé, pour celle de l'avoine, pour celle de l'orge, pour celle des pois, vesce et autres graines, pour cidre ou pommes vendus, pour les laines ou bestiaux, pour les volailles ou pigeons, pour le beurre et le lait. La vente du blé et autres grains aura sept colonnes ; la 1re indiquera le jour ; la 2e, le nom de l'acheteur ; la 3e, la quantité du grain ; la 4e, le prix du sac ; la 5e, la quantité [46] vendue ; la 6e, le prix reçu ; la 7e, le débet de l'acheteur. Cette méthode évitera beaucoup d'erreurs, et mettra le propriétaire à même de savoir promptement la quantité de grain vendu, l'argent qu'il a reçu et ce qui lui reste dû. Le registre de dépense sera aussi composé de huit articles, 1°, le ménage, 2°, les charretiers, 3°, les berger et garde-champêtre, 4°, les conducteurs de gros bétail, 5°, l'achat des bestiaux, 6°, les grains achetés, 7°, les réparations, 8°, les impositions. De cette manière on voit d'un coup d'œil ce qui est redû à chacun et ce qu'on a dépensé pour chaque article. La balance de recette et de dépense ne doit être arrêtée qu'immédiatement avant la moisson ; à cette époque doit commencer l'année rurale, afin de pouvoir calculer exactement les produits et les dépenses de chaque récolte.
  • 2°. Un registre à cinq colonnes, pour chaque espèce de grains battus chaque jour ; savoir, seigle, blé, orge, avoine, pois.
  • 3°. Un registre qui contiendra l'état des récoltes en tout genre, le produit des grains de chaque espèce, et l'emploi qui en a été fait. L'état des récoltes ne composera qu'un article, mais à plusieurs colonnes ; la 1re, pour la qualité du grain ; la 2e, pour la désignation et l'étendue de la pièce de terre récoltée ; la 3e, pour marquer la place où cette récolte a été mise ; la 4e, pour la quantité de gerbes récoltées. Comme l'on voit, cette [47] méthode rassemblera, dans un même tableau, les productions de chaque pièce de terre ; ce qui est toujours intéressant pour celui qui les cultive. L'emploi de la récolte sera plus détaillé, et contiendra plusieurs articles ; un pour la semence, qui désignera la quantité, la qualité et la préparation du grain jeté dans chaque pièce ; un pour le blé donné aux calvaniers et moissonneurs ; un pour le blé donné aux batteurs ; un pour le blé donné aux charretiers, bergers, conducteurs de bestiaux, etc. ; un pour le blé donné au moulin, en désignant la qualité du blé ; un, enfin, pour l'orge et autres grains donnés au moulin pour engraisser les bestiaux et volailles.

Tous ces articles d'emploi seront ensuite récapitulés dans un seul, où on mettra, pour chaque espèce de grains récoltés, la proportion des gerbes avec le grain qu'elles ont produit ; puis ensuite l'emploi qu'on en a fait. On s'assurera par là de la fidélité de ses domestiques, ou si, par hasard, on n'a pas oublié d'écrire quelque emploi. Ce même registre contiendra encore un article important qui désignera, année par année, l'état des diverses productions de chaque pièce de terre, afin de pouvoir les diversifier, et renfermera, en même tems, la quantité et la localité des terres fumées et parquées chaque année.

  • 4°. Un registre pour la consommation, c'est--à-dire [48], la nourriture des hommes et des chevaux ; on y écrira la quantité de cochons tués pour la maison ; la quantité d'œufs de tout genre, ce qu'on en a mangé, ce qui en a été vendu ; et de même pour le lait, le beurre et le fromage ; le jour où une certaine quantité de lard a commencé, et celui où elle a fini ; le jour où on a entamé une pièce de cidre, vin ou bière ; celui où on commence le fourrage d'un grenier dont on sait le compte ; ainsi de l'avoine et autres grains. Ce répertoire contribuera d'autant plus à l'ordre et à l'économie, qu'on pourra le consulter souvent et examiner si on s'écarte soi-même de la règle.

Quatrième moyen. — Économie dans le ménage de la maison.

Un objet essentiel pour l'économie, c'est la surveillance du ménage. Les charretiers et ouvriers seront bien nourris, mais sans profusion. Si l'on n'y prend garde, la ménagère outre-passe les ordres pour la quantité de viande ou de boisson : les plus petites dépenses réitérées forment, au bout de l'année, une somme considérable. Il est donc indispensable de mettre beaucoup d'ordre dans les dépenses journalières. Pour y parvenir, il faut tenir soigneusement sous la clef toute espèce de provisions, ne les distribuer que de tems en tems, et fixer leur durée. On sent bien que ces [49] menus détails du ménage, ainsi que le quatrième registre dont j'ai parlé, ne regardent que la mère de famille. Elle s'en acquittera parfaitement, pour peu qu'elle s'y applique : car si les dames ont de la peine à quitter la ville, aussi sont-elles souvent les premières à donner, à la campagne, l'exemple de la règle la plus sévère, du ménage le mieux ordonné. Une vie sobre et tranquille les dédommagera bientôt des sacrifices qu'elles prétendent avoir faits en venant habiter la maison des champs. Elles y trouveront une santé et une paix qu'elles ne pouvaient même espérer à la ville ; elles y jouiront d'une aisance qui les surprendra et leur fera oublier promptement des plaisirs toujours ruineux. Autrefois, pauvres à la ville, et dépensant peut-être plus que leurs revenus, elles seront riches à la campagne, parce qu'une table frugale, des habits modestes leur permettront d'économiser beaucoup et d'amasser pour leurs enfans. Quelque médiocre que soit leur fortune, elles ne se trouveront jamais dans la gêne, parce que leurs besoins seront moins grands ; en effet, même sans argent, elles y sont encore dans une abondance qui ne leur coûte rien, parce que le grenier regorge de blé, que les tonneaux sont pleins, et que la cour est couverte de volailles et le potager de légumes[N 15][C 15].

[50] Mille et mille fois heureux ceux que la conformité de goût réunira ainsi sous un toit rustique ! Qu'ils écoutent Virgile peindre ainsi leur bonheur :

Leur compagne près d'eux partageant leurs travaux,
Tantôt d'un doigt léger fait rouler ses fuseaux,
Tantôt cuit dans l'airain le doux jus de la treille,
Et charme par ses chants la longueur de la veille.
Georg. liv. I.[17]

Notes

Notes originales et commentaires

Dans la suite de cette rubrique, sont associées (ligne par ligne) deux éléments complémentaires : les notes originales, telles qu'elles figurent dans l'ouvrage de Chrestien de Lihus (y compris lorsque la recherche montre des inexactitudes), et qui sont intangibles, et les notes additionnelles, issues des recherches effectuées pour compléter les informations lors de la mise en ligne ici, et qui peuvent être amendées par tout contributeur, à l'unique condition d'être précis dans les sources utilisées.

Notes originales (issues de l'ouvrage original) Notes complémentaires (du contributeur "wicrifieur")
  1. Columelle, chap I.



  2. Olivier de Serres

  3. Principes raisonnés de Chimie économique de Valérius, traduits par Fontalard, chap. 7 et 8.

  4. Olivier de Serres.

  5. Histoire de l'Agriculture ancienne.




  6. Arthur Young, dans son Voyage en France, dit qu'il y a en Angleterre des cultivateurs-pratiques qui pensent que les jachères sont nécessaires.
  7. Comparaison de la culture française avec celle des anglais.
  8. Arthur Young parle d'un cultivateur anglais qui avait fait jusqu'à treize binages.
  9. La Flandre, il est vrai, prouve le contraire ; mais, comme je l'ai dit, il n'y a pas de règle sans exception ; d'ailleurs, la terre y est d'une qualité et d'une profondeur bien supérieures à celles de nos autres provinces. On ne m'objectera pas non plus, j'espère, les environs de Paris, qui, situés dans un climat chaud et abrité, profitent de tous les engrais de la capitale.
  10. Rozier, article Agriculture.
  11. Précis de la révolution, par Lacretelle le jeune, article Convention nat.

  12. On peut voir dans la Feuille du Cultivateur, tome III, n°93, les observations de Varenne-Feuille sur le Voyage en France d'Arthur Young.
  13. Salustii Catilina, cap. 8.
  14. Préservatif contre l'Agromanie, p. 49.
  15. Et horna dulci vina promens dolio
    Dapes inemptas apparet. Horat. Epod. 2.
  1. Traduction (Louis du Bois) :
    "A moins qu'il ne surveille sans cesse les travaux , tous les services, comme il arrive dans une armée pendant l'absence du général, sont bientôt désorganisés."
    Texte intégral sur Itinera Electronica (Univeristé Catholique de Louvain).
  2. Citation extraite du Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, chap. VI, page 48. Texte intégral sur Gallica.
  3. Le titre exact de l'ouvrage est Principes raisonnés de l'agriculture, traduit par Jean-François Fontalard, à partir de la version latine de Jean Gottschalk Valérius. Les extraits cités sont le début du chapitre 8 (p. 64) et du chapitre 9 (p. 70). Texte intégral sur archive.org.
  4. Extrait du Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, d'Olivier de Serres, chapitre premier, p. 16. Texte intégral sur Gallica.
  5. Cette note fait probablement référence à Histoire de l'agriculture ancienne, extraite de l'Histoire naturelle de Pline, livre XVIII (Traitant des céréales), commentée par Bernard-Laurent Desplaces en 1765 (Histoire de l'agriculture ancienne, extraite de l'Histoire naturelle de Pline, livre XVIII... [Texte imprimé]. - Paris : G. Desprez, 1765. - In-12, XLVIII-358 p.). Texte intégral du livre XVIII de l'Histoire naturelle de Pline, sur le site remacle.org.
  6. Extrait non retrouvé. Arthur Young, Voyages en France en 1787, 1788 et 1789, Tome I (page ?). Texte intégral consultable sur Gallica.

  7. Référence non identifiée.
  8. Extrait non identifié. Arthur Young, Voyages en France en 1787, 1788 et 1789, Tome I (page ?). Texte intégral consultable sur Gallica.
  9. -





  10. Il est ici question de Jean-Baptiste François Rozier (aussi connu comme l'abbé Rozier), botaniste et agronome français, né le 23 janvier 1734 à Lyon et mort dans la nuit du 28 au 29 septembre 1793 dans cette même ville. Auteur d'un Cours complet d'agriculture théorique, pratique, économique, et de médecine rurale et vétérinaire (10 tomes) ; certains tomes sont accessibles sur Gallica. Sa biographie sur Wikipédia.
  11. Extrait non retrouvé. Il semble qu'il soit fait référence, plus précisément, au Précis historique de la révolution française : convention nationale, ouvrage en deux volume. La recherche dans les deux volumes n'a pas été fructueuse. Textes intégraux des volume I et volume II sur openlibrary.org.
  12. Il est probablement question ici de l'article Observations sur le voyage agricole d'Arthur Young en France, publié par Philibert-Charles-Marie Varenne de Fenille dans la Feuille du Cultivateur (en 1793 ou 1794 : voir à ce sujet la biographie de Varenne de Fenille dans Biographie universelle, ancienne et moderne, Volume 47).
  13. La conjuration de Catilina, chapitre 8, par Salluste.
    Traduction de Charles Durosoir (1865) : "Les exploits [des Athéniens], j'aime à le reconnaître, ne manquent ni de grandeur, ni d'éclat, seulement ils sont un peu au-dessous de leur renommée.".
    Traduction de J. P. Charpentier et F. Lemaistre : "[L'histoire d'Athènes] a de la grandeur et de l'éclat, sensiblement moins pourtant qu'on ne le dit".
  14. Considéré un temps comme anonyme, le Préservatif contre l'Agromanie est attribué à Laurent-Benoît Desplaces. Préservatif contre l'Agromanie, ou l'Agriculture réduite à ses vrais principes, Paris : chez Jean-Thomas Hérissant, 1762, in-12, 197 p.
  15. Épodes 2, Horace, couplet 45. La citation exacte est :
    Et horna dulci vina promens dolio
    Dapes inemptas adparet.
    Traduction :
    et, tirant du tonneau un doux vin de l'année, prépare des mets non achetés.
    Texte intégral (français/latin) sur Itinera Electronica, Université Catholique de Louvain.

Notes additionnelles

  1. Les Géorgiques, livre I, vers 145-146. La véritable citation est : labor omnia vicit improbus, qui peut être traduite par :
    "Un travail opiniâtre [et l’industrie aiguillonnée par la dure nécessité] triomphent de tous les obstacles." Texte intégral juxtalinéaire sur le site Latin, Grec, Juxta.
  2. Les Géorgiques, livre I, vers 123 à 125. La citation complète est :
    Pater ipse colendi
    Haud facilem esse viam voluit, primusque per artem
    Movit agros, curis acuens mortalia corda,
    Nec torpere gravi passus sua regna veterno.
    qui peut être traduite par :
    " Jupiter lui-même n’a pas voulu que la culture des champs fût exempte de peines : le premier il en fit un art difficile, y excitant les mortels par l’aiguillon du besoin, et ne souffrant pas que son empire s’endormît dans une lâche indolence." Texte intégral juxtalinéaire sur le site Latin, Grec, Juxta.
  3. Il s'agit ici probablement d'Olivier de Serres, on retrouve en effet cette traduction en page 5 du Théâtre d'agriculture. Texte intégral sur Gallica.
  4. Citation extraite du De Agri Cultura, chapitre 5 (Devoir de l'intendant), de Caton, traduit par :
    "Debout le premier, il se couchera le dernier",
    dans Les agronomes latins, Caton, Varron, Columelle, Palladius, publié sous la direction de M. Nisard (texte intégral sur remacle.org).
  5. Il s'agit d'Olivier de Serres, citations reprises dans le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, Olivier de Serres, chapitre VI, p. 44 et 79. Texte intégral sur Gallica.
  6. Citation extraite du Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, Olivier de Serres, chapitre VI, p. 45. Texte intégral sur Gallica.
  7. Jacques Delille (1738-1813), souvent appelé l'abbé Delille, est un poète et traducteur français, notamment connu pour sa traduction des Géorgiques de Virgille, publiée en 1770.
  8. Les Géorgiques, livre I, vers 57 à 62 (traduction de J. Delille sur remacle.org).
  9. Valérius (Wallérius) est cité par Buffon dans l'une de ses lettres. Texte accessible sur le site Buffon et l'histoire naturelle.
  10. Duhamel du Monceau, probablement. Voir sa fiche sur les Mots de l'agronomie.
  11. Extrait de De l'Agriculture, de Columelle, livre I. Texte intégral en latin et français sur Itinera Electronica (Université de Louvain). Traduction de l'extrait :
    En conséquence, un père de famille diligent, qui a vraiment à coeur de trouver dans la culture les moyens d'accroître sa fortune, aura soin surtout de consulter en tout point les agriculteurs les plus instruits de son temps, d'étudier à fond les notes laissées par les anciens, et d'apprécier leur sentiment et leurs préceptes, afin de s'assurer si tout ce qu'ils ont prescrit répond à ce que nous faisons aujourd'hui, et si quelques parties en diffèrent.
  12. Les Géorgiques, livre I, vers 86 (traduction de J. Delille sur remacle.org).
  13. Horace, Épitres Livre I, X - A Fuscus Aristius, vers 24. Texte intégral et traductions sur l'Espace Horace.
  14. Probablement extrait du chapitre I de De l'agriculture. Dans la traduction de M. Nisard (1877), on trouve le texte suivant (lignes 19/20) :
    "Souvenez-vous qu'un champ très productif, comme un homme prodigue, est ruineux, s'il occasionne un excès de dépense".
    Texte intégral sur wikisource.
  15. Le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, Olivier de Serres, chapitre VIII, p. 74. Texte intégral sur Gallica.
  16. Le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, Olivier de Serres, chapitre VI, p. 48. La citation exacte est :
    "[...] suivant le proverbe : que l'oeil du maistre engraisse le cheval".
    Texte intégral sur Gallica.
  17. Extrait des Géorgiques, livre I, vers 293 à 296. Traduction de Delille : texte intégral sur wikisource.