Roland de Lattre (1840) Mathieu/Munich (début)
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Cette page introduit des extraits d'un ouvrage intitulé Roland de Lattre écrit en 1840 par Adolphe Mathieu.
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Avant-propos
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Le texte original
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Albert V, dit le généreux, duc de Bavière, l'invita, en 1557, à se rendre à sa cour. Il lui fit des propositions très favorables et l'engagea à mener avec lui à Munich plusieurs musiciens distingués des Pays-Bas, afin de rehausser le lustre et d'accroître la renommée de sa chapelle.
De Lattre désirant justifier dans cette ville la réputation qui l'y avait précédé, se fit remarquer par son érudition, ses bons mots, son esprit, sa gaîté, sa conduite irréprochable, et surtout par la beauté de ses compositions. Le duc Albert, rendant pleine justice à son mérite et à ses qualités personnelles, conçut pour lui une vive affection.
Il épousa en 1558 (un an après son arrivée à Munich),
Rerina Weckinger, fille d'honneur de la maison ducale. Ni l'un ni l'autre n'eurent à se repentir de cet hymen. Les liens qui attachaient de Lattre à sa nouvelle patrie et à son auguste protecteur, se resserrèrent encore plus étroitement par cette union, qui, loin de ralentir son zèle pour le service ou de distraire son imagination, ne fit au contraire que redoubler le premier, et rendre la seconde plus fraîche et plus brillante.
De ce mariage naquirent plusieurs enfants; entre autres FERDINAND, Rodolphe, JEAN, ERNEsT, ANNE et REGINA. (1)
Le duc Albert le nomma, en 1562, directeur de sa chapelle,
- (2) ↑ Ferdinand (de Lassus) : il épousa Judith Schloglin, d'une famille bourgeoise de Munich, dont il eut sept enfants, il fut d'abord ténor à la chapelle ducale en 1593, et en 16o2, maître de chapelle du duc Maximilien Ier. Il se livra à la composition et coopéra, avec son frère Rodolphe, à la publication du Magnum opus musicum de son père. (Munich, 16o4,6 vol. in-fº.) Il mourut à Munich, le 27 août 16o9.
- Rodolphe : il naquit à Munich. En 1588, il s'était déjà fait connaître comme musicien à la cour de Bavière; en 1593, il était ténor de la chapelle ducale ; en 16o9, organiste de la cour. Il acquit, comme compositeur, une renommée telle que Gustave-Adolphe, le Lion du Nord, pendant le séjour qu'il fit à Munich, en 1622, l'honora d'une visite et le chargea de la composition de divers morceaux de musique. Il publia plusieurs ouvrages de son père et mourut en 1635.
- JEAN : il fut musicien de la cour et haute-contre de la chapelle .
- ERNEsT : il était, en 1593, instrumentiste à la chapelle ducale.
- ANNE : elle épousa N.... Mundpraden.
- REGINA : elle épousa un certain seigneur d'Ach qui, en 1613, fonda un bénéfice.
- Anne et Regina vivaient encore toutes les deux en 1614.
- FERDINAND DE LAssUs, dont nous avons parlé d'abord, laissa entre autres enfants :
- 1°. GAsPARD : il montrait d'heureuses dispositions pour la musique vocale.
- 2°. FERDINAND : il succéda à son père comme maître de chapelle au service du duc Maximilien. Ce ne fut cependant qu'en 1616 qu'il entra en fonctions comme maître de chapelle effectif. On ignore par quels motifs il reçut à l'improviste sa démission de maître de chapelle. En novembre 1629, il fut nommé juge de district et caissier à Reispach. Il fut marié à Marie
l'une des meilleures de l'époque. Elle se composait de 92 musiciens : 15 ténors, 12 basses, 15 contraltos, 16 élèves de la chapelle (enfants de chœur), 6 castrats et 50 instrumentistes. De Lattre, dans sa jeunesse, avait déjà composé beaucoup d'ouvrages qui lui avaient attiré une haute considération;
N.... (qui épousa en secondes noces un nommé Vogel), et il mourut le 7 février 1636.
GUILLAUME : il reçut une éducation toute musicale et commença sa car- rière comme enfant de chœur de la chapelle ducale. Il fut ensuite nommé valet de chambre de l'électeur Maximilien. Après neuf ans de service en cette qualité, il sollicita un autre emploi, celui de caissier à Rosenheim; puis il demanda celui de chef douanier à Brunneau; puis enfin il chercha à obtenir la place de commissaire de comptes près la chambre aulique électorale, à Munich. Il fut nommé à ces dernières fonctions le 13 novembre 1614.
On cite encore comme descendants de de Lattre : 1°. FERDINAND, qu'on présume fils de Ferdinand, petit-fils de Ferdinand et arrière petit-fils d'Orland. - 2°. GEoRGEs-GUILLAUME (qu'on croit fils de Guillaume) : il fut admis, en 1628, comme chanteur de dessus dans la chapelle de la cour électorale, puis nommé valet de chambre de l'électeur, le 1o novembre 1639. Plus tard, il fut promu aux fonctions de caissier ou payeur de la cour, et mourut, dans l'exercice de ces fonctions, en 1652, laissant quatre enfants en bas âge. L'électrice Marie-Anne qui, après le décès de son époux, tint les rênes du Gouvernement au nom de son fils mineur, Ferdinand-Marie, prince hérédi- taire, prit en affection une des filles de Georges-Guillaume, appelée comme elle Marie-Anne (elle en était probablement la marraine), et elle lui accorda jusqu'à son établissement, une somme de quatre-vingts florins par an pour sa nourriture. - 3°. GUILLAUME : il fut douanier à Regensberg, au service du gouvernement bavarois. Il eut trois femmes : Marie-Catherine Gottfriedin, Marguerite- Catherine Schützingerin et Marie Khermin. — Il vivait encore en 1736; c'était probablement un des quatre enfants de Georges-Guillaume. — REGINA WECKINGER, épouse de de Lattre, ne lui survécut que quelques années. Son tombeau fut placé auprès de celui de son mari, mais il a disparu lors de la suppression du monastère des Franciscains. Il portait cette épitaphe : L'an de grâce 16oo, le 5 juin, décéda la noble et vertueuse dame Regina De Lassin (sic), veuve de feu Orland De Lassus, en son vivant maître de chapelle au service des princes sérénissimes de Bavière. R. I. P. Amen.
mais c'est surtout à Munich que son talent prit un essor immense. Premier maître de chapelle, encouragé par les éloges du duc, par l'excellence des musiciens qu'il dirigeait, par le nombre toujours croissant des personnes qui s'empressaient de se rendre auprès de lui pour profiter de ses leçons ou de ses conseils, il sentit s'enflammer sa verve, et toutes ces causes, agissant fortement sur son imagination, firent naître en lui tant d'enthousiasme que ses productions en acquirent une facture, une vie et une vigueur extraordinaires.