Roland de Lattre (1840) Mathieu/Ode/II

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Cette page introduit la deuxième partie d'un poème rédigé par Adolphe Mathieu, à la gloire de Roland de Lassus. Pour voir

 

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La suite du poème

Partie II


Et seul, la poitrine oppressée,
Les yeux rouges, le front brûlant,
Un enfant, la tête baissée,
Pensif, s'éloignait à pas lent.
Délaissant sa jeune chimère,
Il donne un regret à sa mère,
A son berceau paré de fleurs ;
Et dans sa tristesse fatale
Jette sur sa ville natale
Un long regard mouillé de pleurs.



Tristement il poursuit sa route
En s'arrêtant à chaque pas,
Et son âme s'épanche toute
Dans un soupir qu'on n'entend pas.
Abandonné, seul, sans défense,
Il songe à ses amis d'enfance,
A leurs différents avenirs,
Et sentant brûler sa paupière
S'étend, faible, sur une pierre,
Écrasé par ses souvenirs.

Puis tout-à-coup son teint s'enflamme,
Son front se relève, et ses yeux,
Ses yeux où resplendit son âme,
Comme un éclair percent les cieux :
A lui le ciel, à lui le monde !
A lui cette extase féconde
Qui fait rêver les yeux ouverts !
A lui les palmes du génie,
Et tous les dons de l'harmonie !
Et tous les biens de l'univers !

A lui les hommages sans nombre !
Les longues admirations !
D'un peuple abrité sous son ombre
Les bruyantes ovations !



A lui d'unanimes suffrages !
A lui par d'immortels ouvrages
Des jours sereins et fortunés !
A lui la gloire qui console !
A lui la sublime auréole
Qui luit aux fronts prédestinés ! —

Et dans la vision céleste
Qui lui rend son malheur léger,
L'enfant aborde d'un pas leste
Les rivages de l'étranger.
Tout entier à sa folle ivresse,
Il sent succéder l'allégresse
A la douleur qui l'obsédait,
Et sur cette terre inconnue
Il marche, suivant dans la nue
Son étoile qui le guidait.