Roland de Lattre (1840) Mathieu/Enfance

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orgue de la Basilique Saint-Jean-de-Latran
Cette page introduit des extraits d'un ouvrage intitulé Roland de Lattre écrit en 1840 par Adolphe Mathieu.

Plus précisément, il s'agit du début de la biographie.

Pour la suite : arrivée à Munich, le triomphe, la fin...

Roland De Lattre Page 0 et 1.png

Avant-propos éditorial

Le découpage en section est destiné à rendre plus facile l'exploration du livre par des moyens numériques.

Cette section décrit :

  • l'enfance à Mons,
  • le départ en Italie,
  • le retour à Anvers.

Texte


Roland de Lattre, connu sous les divers noms de Roland Lassus, Roland Lassé, Orlandus Lassus, Orlando di Lasso, etc., etc. et, plus généralement, sous celui d'Orland de Lassus, qu'il prit très jeune et porta jusqu'à sa mort, naquit à Mons, en Hainaut, en 1520, (1) d'un faux monnoyeur, qui, comme tel, fut par sentence judicielle contraint de porter en son col un pendant de fausses monnoies et avec iceluy fairc trois pourmaines (promenades ou tours) publiquement à l'entour d'un hour (échafaud)..... Roland de Lattre changea de nom et surnom ..... et ainsy quitta le pays et s'en alla en Italie avec Ferdinand de Gonzague qui suivoit le party du Roy de Sicile ..... (2)


(1) « Rue dicte Gerlande (Guirlande, maintenant des Capucins), à l'issue de la maison portant l'enseigne de la Noire Teste. »
        François Vinchant. Ann. du Hainaut, Ms. autographe.[NDLR 1]
Cette maison, qui se trouve dans la Grand'Rue et qui avait issue dans la rue de la Grande-Guirlande ou des Capucins, entre les maisons portant aujourd'hui les Nos. 57 et 59, a pour enseigne un heaume. C'est probablement ce heaume qu'on appelait la Noire Teste.
(2) Vinchant

On raconte qu'il fréquenta très jeune les écoles, et que, parvenu à sa septième année, il reçut une éducation musicale soignée. Ses progrès furent rapides, et sa voix pure et mélodieuse charmait ses auditeurs. (1) Cette impression, à ce qu'on dit, fut même si forte chez l'un d'entre eux, qu'il enleva secrètement l'enfant de son école jusqu'à trois reprises différentes. Les deux premières fois, ses parents auraient été assez heureux pour le retrouver; enfin la troisième fois qu'on leur aurait enlevé leur fils, ils auraient consenti à ce qu'il pût séjourner à St.-Didier, auprès de Ferdinand de Gonzague....

— « N'est-il pas plus simple, » ajoute Delmotte, (2) « de penser, d'après les termes de Vinchant, que rougissant du supplice infamant subi par son père, il changea de nom et de prénom (ce qui ferait croire qu'il portait le même prénom que ce dernier), et qu'il ne chercha qu'une occasion favorable de fuir une ville où tout lui rappelait le crime de l'auteur de ses jours? »

Quoi qu'il en soit, il fut d'abord enfant de chœur, comme le rapporte Vinchant, à l'église de St.-Nicolas en Havré (Havrecq), et partit de Mons, âgé de moins de seize ans, avec Ferdinand de Gonzague, qui commandait en Belgique un corps d'armée sous les ordres de Charles-Quint, et qui, la campagne terminée, se rendit en Italie. (3) Il suivit plus tard son protecteur en Sicile, où il acheva de s'instruire dans son art.

A dix-huit ans, il quitta Ferdinand de Gonzague, et suivit Constantin Castriotto qui le conduisit à Naples, où il demeura deux ans et plus chez le marquis de La Terza. A vingt et un ans environ, il alla à Rome où le cardinal


(1) Ce fut un soprano jusqu'à l'âge de puberté; ensuite un ténor, puis une basse.
(2) Henri-Florent Delmotte, né à Mons, le 2o juin 1798, y décédé le 7 mars 1836. - Notice biographique sur Roland de Lattre. Valenciennes, A. Prignet, 1836, in-8°.
(3) A Milan.

archevêque de Florence lui fit l'accueil le plus bienveillant. Il demeura chez ce nouveau protecteur à peu près six mois, et au bout de ce temps, il obtint la place de maître de chapelle à l'église St.-Jean-de-Latran. (1) Deux ans après (en 1545) il revint à Mons, rappelé par le danger que couraient ses parents attaqués d'une maladie grave; mais lorsqu'il revit le toit paternel, les êtres auxquels il devait l'existence, l'avaient quitté pour toujours.

Il partit de Mons avec Jules-César Brancaccio, d'une naissance noble, et amateur éclairé des beaux-arts; il parcourut avec lui l'Angleterre et la France.

Ces voyages terminés, il vint se fixer pendant deux années à Anvers, dont le séjour lui plaisait, et s'y rendit cher à tous ceux qui l'approchaient, tant par ses talents musicaux et la diversité de ses connaissances, que par l'aménité de son caractère franc et ouvert. Choyé, fêté partout, il passait ses journées avec les personnes les plus distinguées par leur instruction, leur science, leur esprit ou leur naissance. Il prenait surtout à tâche de répandre et de propager le goût de la musique. Bientôt sa réputation s'étendit au loin et parvint jusqu'aux têtes couronnées.


(1) BAINI, Memorie storico-critiche della vita, delle opere di Giov. Pierl. de Palestrina. (T. 2, n. 1o9.)

Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. François Vinchant a écrit un ouvrage plus détallé et spécialement dédié à Roland de Lassus : Roland de Lattre