Roland de Lattre (1840) Mathieu/OdeVI

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Cette page introduit la neuvième partie d'un poème rédigé par Adolphe Mathieu, à la gloire de Roland de Lassus. Pour voir :

 

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La suite du poème

Partie VI


Le voici maintenant à son sublime faîte.
— Accueilli chez les grands, des peuples recherché,



Sa vie, à ce qu'on croit, n'est plus qu'un jour de fête ;
Nul au fond de son cœur ne voit le ver caché.
A lui seul le secret de sa longue souffrance !
Mais en vain tour-à-tour, pour prix de ses travaux,
ALBERT V de Bavière et CHARLEs IX de France
Le comblent de faveurs et d'hommages nouveaux ;
Vainement l'Empereur et l'Homme-Dieu lui-même,
— Celui qui porte au front le plus beau diadême,
Et celui qui du haut du trône épiscopal
Veille, la bible en main, sur l'univers papal, —
D'honneurs, de dignités l'accablant à mesure,
Ont épuisé pour lui leurs bienfaits éclatants ;
C'est qu'il n'est point, hélas! de baume à sa blessure,
Et que son mal à lui s'accroît avec le temps ;
Qu'honneurs et dignités, tout ce que l'homme envie,
Ne sont qu'un poids de plus à surcharger sa vie,
Un reflet lumineux qui s'attache à ses pas
Et semble lui montrer, là-bas, dans les ténèbres,
Quelque chose d'affreux que notre œil ne voit pas ;
C'est que toujours en proie à ses pensers funèbres,
Plus augmente sa gloire et plus autour de lui
Ce qu'il cache dans l'ombre à ses yeux a relui ;
C'est qu'il porte en son cœur, volcan que rien n'apaise,
Océan qui gémit sous ses flots courroucés,
Un mal qui le consume, un secret qui lui pèse ;
Et que son but atteint, ses désirs surpassés,
Comme l'aigle des monts planant de cime en cime,



Seul, dans le désespoir qui le vient accabler,
Son regard de plus haut a plongé dans l'abîme ;
Qu'il sent son impuissance à jamais le combler.


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