Roland de Lattre (1840) Mathieu/Épilogue : Différence entre versions

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Cette page introduit l'épilogue d'un poème rédigé par Adolphe Mathieu, à la gloire de Roland de Lassus. Pour voir :

 

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La suite du poème

Épilogue


Epilogue (L)

Et vous qui m'écoutez, vous dont l'âme attentive
A reçu de mes vers l'empreinte fugitive,
Vous, qui daignez sourire à nos efforts constants
Pour rendre à l'avenir l'éclat des anciens temps,
Vous dont le noble appui, dont la présence illustre
A ce culte des arts ajoute un nouveau lustre,
C'est vers vous, Magistrats, que s'exhale en ce jour
Cet hymne de regret, d'espérance et d'amour :
De trois siècles d'oubli fiers de venger l'outrage,
Ressuscitez pour lui les honneurs d'un autre âge ;
Rappelez de l'exil, rendez à ses neveux
Cet aieul méconnu que réclament nos vœux ;
Qu'à contempler ses traits la ville s'habitue,
Qu'un monument s'élève, un marbre, une statue
Où, par des soins pieux renaissant consolé,
Rentre enfin dans nos murs le grand homme exilé;
Rendons-lui parmi nous sa place bien-aimée,
Exhumons du passé sa chaste renommée,



Et, pleins d'un noble orgueil, léguons à l'avenir
D'un père qui n'est plus l'imposant souvenir.
Songez-y, Magistrats, car cette dette est sainte ;
Peut-être autour de nous, dans cette même enceinte
Où j'ose proclamer les honneurs qu'il attend,
Un de ses fils est là qui me voit et m'entend ;
Enfant dépossédé du sublime héritage,
Qui n'a reçu de lui que ses maux en partage,
Et qui, les yeux au ciel, tressaillant à ma voix,
Pense à lui maintenant pour la première fois !
Oh! rendons-lui ce père, objet de nos hommages,
De regrets et de fleurs entourons ses images,
Et qu'un jour l'étranger l'admirant comme nous
Devant tant de grandeur fléchisse les genoux.
Élevant de nos mains l'autel expiatoire,
Donnons un nouveau lustre à notre vieille histoire,
Rattachons au présent la chaîne du passé,
Continuons pour nous ce qu'il a commencé;
Disons à nos enfants comme en ces jours prospères,
Brillait d'un pur éclat la gloire de nos pères,
Et que l'exemple saint de tous ces morts fameux
Leur impose la loi de rester grands comme eux.
Songez-y; pour qu'un peuple, - un pays, —une ville,—
(Émancipés d'hier à la gloire civile,)
Puisse prendre sa place au rang des nations,
C'est trop peu du hasard des révolutions ;



Il lui faut un passé, des titres où se fonde
De son nouvel état la racine profonde,
Afin qu'à ses rivaux il semble être rendu
Comme un frère exilé que l'on croyait perdu,
Et que tous, dans leur sein empressés de l'admettre,
Par ce qu'il fut jadis jugent de ce qu'il doit être.
Il faut que le Pouvoir, pour atteindre à ce but,
A toutes les grandeurs apporte son tribut,
Recherche tous les arts, les protège et repeuple
De titres glorieux les annales du peuple !
Ses titres ! et qui donc en aurait de plus beaux
Si, remuant enfin la poudre des tombeaux,
Les Belges, indignés d'un dédain qui les blesse,
Redemandaient au temps leurs lettres de noblesse,
Et mettaient au grand jour, artistes et savants,
De leurs morts immortels les souvenirs vivants ?
C'est à vous, Magistrats, d'électriser leur zèle !
Certes, la tâche est noble, elle est grande, elle est belle,
Elle est digne surtout! et pour la commencer,
Vous n'avez qu'un seul mot, un seul à prononcer !
De ces premiers efforts posez-vous les arbitres,
De DE LATTRE oublié revendiquons les titres,
Inaugurons par lui, qui l'a tant mérité,
Ce grand œuvre de gloire, hélas! et d'équité ;
Rendons-lui du passé les pompes disparues,
Consacrons de son nom quelqu'une de nos rues, (M)



Et que nos fils, heureux et fiers d'en hériter,
Un jour par leurs succès songent à l'imiter !
Des grands hommes éteints honorer la mémoire,
C'est jeter dans les cœurs des semences de gloire,
C'est nous montrer, à nous, cet immortel chemin
Où nos pères viendront pour nous tendre la main;
Car toujours dans nos murs, toujours parmi les nôtres
Le culte des beaux-arts a trouvé des apôtres,
Toujours dans sa splendeur leur astre nous a lui :
C'était Lassus alors, c'est Fétis aujourd'hui.


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