Qu’est-ce que l’e-sport ? (InfoNum2 2017-2018)

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Ce tableau de Albert Anker illustre une activité à caractère pédagogique sur une page Espace dédié à un travail pédagogique
IUT Charlemagne - InfoNum2 2017-2018


Qu’est-ce que l’e-sport ?

Définition

Contraction du terme anglais "electronic sport", littéralement “sport électronique”, l’e-sport désigne la pratique des jeux vidéo compétitifs, c’est-à-dire les jeux où le joueur affronte, seul ou en équipe, d’autres joueurs. Rassemblant des millions de fans, le phénomène explose ces dernières années, avec l’organisation fréquente de tournois amateurs et professionnels, en ligne via Internet ou lors d’événements de plus en plus importants et spectaculaires.


L’histoire de l’e-sport

L’e-sport n’est pas un phénomène nouveau. Déjà, dans les années 70, on pouvait assister aux premières compétitions de jeux vidéo. Les LAN Party, ces événements où les joueurs amènent leur propre ordinateur pour s’affronter nuit et jour, se font de plus en plus fréquents à la fin des années 90. Enfin, l’arrivée d’une connexion internet plus performante dans les foyers donne à l’e-sport une dimension globale, connectant les joueurs du monde entier. En France, des événements, comme la Gamers Assembly en 2000, rassemblent déjà des centaines de joueurs, néophytes ou aguerris. Pour son édition 2016, elle a réuni plus de 1800 joueurs au cours de 22 tournois. De son côté, l’ESWC, l’Electronic Sport World Cup, a organisé sa première compétition en 2003 au Futuroscope de Poitiers. Aujourd’hui, il est l’instigateur de nombreux tournois en France et à l’étranger sous le nom d’Esports World Convention.


Spectateurs pendant la finale de la Lyon e-Sport #9, le 28 Février 2016

Qui pratique l’e-sport ?

L’e-sport est, par essence, accessible à tous et sur tous les supports, chez soi devant sa console, son ordinateur, lors d’événements e-sportifs, mais aussi sur smartphone ou tablette. Les jeux vidéo compétitifs sont nombreux et variés, dans leur style et dans la difficulté de prise en main. Chacun peut donc y trouver son jeu de prédilection et le pratiquer en amateur.

Mais l’essor de l’e-sport et la multiplication de tournois aux récompenses de plus en plus importantes ont amené à la création d’équipes semi-professionnelles et professionnelles. Imitant les structures sportives, elles regroupent des joueurs sur un ou plusieurs jeux, ainsi que des coachs, des analystes stratégiques et même des commentateurs pour la retransmission des matchs en direct. Elles sont sponsorisées par des marques informatiques, comme Intel, ou plus généralistes, comme Orange. Si ces structures existent depuis la fin des années 90 en Corée du Sud, nation pionnière de l’e-sport, la France n’est pas en reste avec des équipes comme Millenium[1], Against All Authority ou encore LDLC pour ne citer qu’elles.

D’un point de vue plus général, le milieu du jeu vidéo et l’e-sport sont souvent qualifiés à tort d’univers masculin. Les femmes y sont de plus en plus représentées, que ce soit en tant que joueuses, coachs ou commentatrices.

L’équipe des unKnights Ladies, lors de la finale League of Legends de l’ESWC 2015, à la Paris Games Week[2].


L’équipe des unKnights Ladies, lors de la finale League of Legends de l’ESWC 2015, à la Paris Games Week.


Travailler le mental et la cohésion d’équipe

Si l’e-sport n’est pas un sport au sens physique, il peut être qualifié de sport cérébral au même titre que les échecs, et fait appel à de nombreuses capacités. La plupart des jeux compétitifs se jouant à plusieurs, avoir l’esprit d’équipe et savoir communiquer, en français et en anglais, sont indispensables. En effet, si la plupart des jeux sont disponibles en français, les membres des équipes e-sportives viennent, elles, des quatre coins du monde. Par ailleurs, les termes liés aux jeux sont souvent en anglais, pour échanger stratégies et conseils.

Selon le jeu, les parties peuvent durer de cinq minutes à plus d’une heure, requérant une concentration maximale de chaque instant, ainsi que de bons réflexes et une capacité d’analyse rapide pour réagir aux attaques adverses. Enfin, si l’on veut performer dans un jeu vidéo compétitif, un entraînement est nécessaire afin de connaître chaque stratégie et pouvoir prévenir le moindre coup de son opposant.


Le public au 3ème jour de la compétition. 10 minutes until the start of the third day.



L’e-sport, un spectacle

L’e-sport ne se vit pas qu’en jouant aux jeux vidéo. Depuis quelques années, les plus grands événements se déroulent dans des salles de concert ou des stades, devant des milliers de spectateurs et des millions de téléspectateurs. Chaque compétition bénéficie d’une communication qui met en avant les joueurs et coachs à grand renfort d’interviews.

Si l’e-sport n’a pris cette dimension que dernièrement, c’est grâce à deux acteurs du milieu. Le premier est Twitch, site web de streaming créé en 2011 et racheté par le géant Amazon en 2014. Il permet de diffuser dans le monde entier les compétitions qui se déroulent chaque jour, touchant un large public. Le second est Riot Games, l’éditeur du jeu League of Legends, l’un des titres les plus joués au monde. Ce dernier a instauré en 2013 un championnat régulier, similaire aux championnats NBA de basket-ball aux États-Unis. Riot donne rendez-vous chaque semaine à ses fans, pour voir s’affronter les meilleures équipes, dont les joueurs reçoivent un salaire.

L’avènement des plateformes de streaming telles que Twitch ou Dailymotion a donné naissance à de nombreuses Web TV, qui, avec leurs commentateurs et animateurs, permettent aux téléspectateurs fidèles de suivre chaque compétition de leurs jeux préférés. Là encore, la France est bien représentée, avec des acteurs de toutes tailles comme Ogaming.TV, Millenium, aAa, Eclypsia ou Pinkward. De son côté, le journal L’Equipe a créé son propre championnat du jeu de foot FIFA16 désormais retransmis sur la chaîne L’Equipe 21, tandis que TF1 a retransmis sur son site de vidéo à la demande la finale des championnats mondiaux de ce même jeu.


Bora « YellOwStaR » Kim durant les phases de groupes du championnat du monde de League of Legends, le 3 Octobre 2015 à Paris.


Les stars de l’e-sport

Notre pays compte beaucoup d’e-sportifs de haut niveau ! L’un des premiers fut Bertrand Grospellier, dit ElkY, qui, en 2001, a à peine vingt ans, est allé défier, en finale d’un championnat mondial de Starcraft, la star coréenne Yo-Hwan Lim, dit BoxeR. Après de longues années passées sur Starcraft, il a construit la suite de sa carrière en Corée avant de se reconvertir avec succès dans le poker.

Bora Kim, dit YellOwStaR est un autre prodige français. En 2001, il a dix-neuf ans, il participe, avec l’équipe française Against All Authority, aux premiers championnats du monde du jeu League of Legends. Il a participé à toutes les éditions jusqu’à ce jour avec différentes équipes, et notamment avec la célèbre structure européenne Fnatic. Bora est souvent cité comme un exemple de réussite, tant pour sa carrière que sa volonté : en 2014, n’aimant pas se voir en interview à cause de son poids, il perd 30 kilos en quelques mois, forçant le respect de la communauté. En 2016, afin de relever un nouveau challenge, il quitte le championnat européen pour celui nord-américain.

Marie-Laure Norindr, connue sous le pseudonyme de Kayane, est une joueuse professionnelle spécialiste des jeux de combat. Elle détient le record féminin mondial du nombre de podiums et est devenue une ambassadrice de l’e-sport français. Elle est également animatrice sur la chaîne de télévision Game One et organise ses propres événements, les “Kayane Sessions” où les joueurs sont invités à s’entraîner et s’entraider.

Enfin, on trouve une autre star de l’e-sport français en la personne de Bruce Grannec, dit Spank. A vingt-neuf ans, il est un prodige des jeux vidéo de football avec un palmarès impressionnant, multiple champion de France et du monde. Il a été surnommé “The Machine” par ses adversaires, car, durant ses matchs, jamais il ne montre la moindre émotion. En 2015, il stoppe sa carrière pour se reconvertir en animateur et commentateur sur le jeu Fifa, notamment pour la chaîne l’Equipe 21.

Bora « YellOwStaR » Kim durant les phases de groupes du championnat du monde de League of Legends, le 3 Octobre 2015 à Paris



Bora « YellOwStaR » Kim durant les phases de groupes du championnat du monde de League of Legends, le 3 Octobre 2015 à Paris.

L’encadrement de la discipline

La France espère bien être en phase avec cette pratique en pleine croissance. A ce titre, le gouvernement légifère actuellement la pratique. Deux parlementaires, le sénateur Jérôme Durain et le député Rudy Salles se sont penchés sur la question à la demande du premier ministre Manuel Valls. En effet, il est important que les joueurs soient protégés par un statut et un contrat avec leur équipe ; la piste envisagée par les parlementaires étant de s’inspirer des contrats des sportifs de haut niveau. La participation des mineurs, ainsi que le montant de leurs gains aux tournois seront, eux aussi, encadrés, tout comme l’organisation des compétitions. L’un des objectifs du gouvernement est de faire de la France l’une des nations de l’e-sport, à l’image de la Corée, qui a créé un ministère dédié à la discipline.

Jérôme Durain, sénateur de Saône-et-Loire, lors de la cérémonie de remise du rapport intermédiaire sur l’e-sport, à Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique, le 24 Mars 2016 au Meltdown de Paris[3].





Liens Sémantiques

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Ce texte a été choisi par Victoria Biller

Notes

  1. Vous pouvez vous rendre sur le site officiel de Millenium en cliquant ici
  2. Vous pouvez vous rendre sur le site officiel de la Paris Games Week en cliquant ici
  3. Vous pouvez vous rendre sur le site officiel de Metldown Paris en cliquant ici

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