Mémoires de la Société d'archéologie lorraine (1878) Favier, partie 9
Texte original
§ III. Vie intime des écoliers. Leurs rapports entr'eux
Il est évident qu'il ne faut pas appliquer aux étudiants
qui fréquentaient l’Université de Pont-à-Mousson aux
XVI° et XVII° siècles la peinture que Jacques de Vitry
faisait des étudiants de Paris au XIII°. Les mœurs
s'étaient singulièrement adoucies. Cependant certains
faits nous apprennent que si le jugement est un peu
exagéré, il a encore quelque chose de vrai pour ce qui
les concerne.
« Les Anglais, dit cet auteur dans son Histoire occidentale, en parlant des étudiants des diverses nations, sont ivrognes et poltrons; les Français, fiers, mous et efféminés, les Allemands, furibonds et obscènes dans leurs propos de table; les Normands, vains et orgueilleux; les Poitevins, traîtres et avares; les Bourguignons, des brutaux et des sots; les Bretons, légers et inconstants; les Lombards, avares, méchants et lâches; les Romains, séditieux, violents, se rangeant les mains; les Siciliens, tyrans et cruels; les Brabançons, hommes de sang, incendiaires, routiers et voleurs; quant aux Flamand, ils sont prodigues, aiment le luxe, la bonne chère et la débauche et ont des mœurs trés-relachées. »
En effet, le P. Abram nous apprend que tous les professeurs et docteurs de l'Université furent appelés par l'ordre du duc Henry pour se trouver à Nancy la veille de fêtes de juillet (1608) et y assister à la pompe funèbre du grand duc Charles. La faculté de ‘ théologie n'y assista point, comme toutes les autres parce que le chancelier de l'Université venait de mourir. Elle ne fut représentée à la pompe funèbre que par la. vice-chancelier. Ce n'est donc que pour la symétrie que le graveur a mis dans les rangs quatre professeurs de théologie.
- 350 -- neur. Le recteur n'ose pas le déplacer, mais il enjoignit au bedeau de ne lui offrir les gants, qu'on avait coutume de distribuer ce jour-là aux dignitaires de l'Université, qu'après les avoir présentés aux docteurs en théologie. Le doyen, irrité, refusa les gants et il quitta l'assemblée suivi de ses collègues (l). Cela n'était pas fait pour inspirer àla jeunesse cet esprit de tolérance fraternelle qui doit guider l'homme dans tous ses rapports avec son prochain.