La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Partie 2/Dernière bénédiction : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
(CXCII)
 
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:''« Chevauche, Charles de France, le plus vite que tu pourras, ''
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:'' « Car il y a grande perte dès nôtres à Roncevaux. ''
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:'' « Mais le roi Marsile y a aussi perdu son armée, ''
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:''« Et contre un de nos morts, il y en a bien quarante des siens. '' &nbsp; Aoi.
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Gennesjoue un rôle très importanl dans  
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[[#Vers 2208|2208.↑]] ''Renier''. Le comte [[A pour personnage décrit::Renier de Gennes]] joue un rôle très important dans  
le roman de Girars de Viane, lequel  
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le roman de ''Girars de Viane'', lequel  
est moins profond émenl traditionnel  
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est moins profondément traditionnel  
([ne notre Roland, mais d'une antiquité  
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que notre Roland, mais d'une antiquité  
encore respectable. = Renier esl fils  
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encore respectable.  
de Garin de Montglane; il est frère de  
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Renier esl fils  
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de [[A pour personnage cité::Garin de Montglane]] ; il est frère de  
 
Girart de Vienne, de Mile de Pouille  
 
Girart de Vienne, de Mile de Pouille  
i'l d'Hernaut de Beaulande. Après avoir  
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et d'Hernaut de Beaulande. Après avoir  
soulagé la misère de son \ ieux père . il  
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soulagé la misère de son vieux père. il  
part avec Girarl , el arrive , en quête  
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part avec Girart, et arrive, en quête  
.1 aventures, à la roui- de Charlemagne.  
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d' aventures, à la cour de Charlemagne.  
I Êdit. P. Tarbé, pp. 1-12.) Il ne s'y  
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([[A pour ouvrage cité::Le roman de Girard de Viane (1850) Bertrand de Bar-sur-Aube, Tarbé|Édit. P. Tarbé]], pp. 1-12.)  
fait d'abord connaître que par ses bru-
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talités, et lune ainsi l'Empereur à le  
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Il ne s'y  
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fait d'abord connaître que par ses brutalités, et force ainsi l'Empereur à le  
 
prendre à son service. (Ibid., pp. 11-20.)  
 
prendre à son service. (Ibid., pp. 11-20.)  
Uors il fait oublier sa grossièreté el  
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son orgueil, en se rendant véritablemenl
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Alors il fait oublier sa grossièreté el  
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son orgueil, en se rendant véritablement
 
utile au roi de France el en délivrant  
 
utile au roi de France el en délivrant  
les environs de Pai is des bi igands qui  
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les environs de Paris des brigands qui  
 
les infestaient. Mais sa nature violente  
 
les infestaient. Mais sa nature violente  
reprend bientôt le dessus, el il réclame  
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reprend bientôt le dessus, et il réclame  
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à Charles la récompense de tant de services. {Ibid., pp. 20-32.)
  
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Le roi de Saint-Denis s'empresse de se débarrasser de ce dangereux ami. Il l'envoie
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à [[Gennes]] épouser la fille du feu duc.
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(Ibid., pp. 30-32.)
  
 
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Renier part, épouse  
à Charles la récompense de tant de ser-
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la dame et fortifie sa ville : car il ne  
vices. {Ibid., pp. 20-32.) Le roi de
 
Saint-Denis s'empresse de se débarras-
 
ser de ce dangereux ami. Il l'envoie
 
à Gennes épouser la fille du feu duc.
 
(Ibid., pp. 30-32.) Renier part, épouse  
 
la dame el fortifie sa ville : car il ne  
 
 
rêve que de guerre. (Ibid., pp. 32-33.)  
 
rêve que de guerre. (Ibid., pp. 32-33.)  
Il a bientôl deux beaux enfants; l'un  
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Il a bientôt deux beaux enfants; l'un  
est Olivier, l'autre esl Audi'. Durant le  
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est Olivier, l'autre est Aude. Durant le  
 
siège de Vienne par Charlemagne, le  
 
siège de Vienne par Charlemagne, le  
premier révèle son courage, el la se-
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premier révèle son courage, et la seconde sa beauté.  
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D'ailleurs, les fils de  
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Garin chargent alors de leur querelle  
 
le seul Olivier, qui combat plusieurs  
 
le seul Olivier, qui combat plusieurs  
jours contre le champion de l'Empe-
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jours contre le champion de l'Empereur, contre Roland. C'est sous les murs  
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de Vienne que Roland se prend pour  
 
de Vienne que Roland se prend pour  
 
Olivier d'une amitié que rien ne pourra  
 
Olivier d'une amitié que rien ne pourra  
plus éteindre : c'esl là qu'il aime la  
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plus éteindre : c'est là qu'il aime la  
belle Aude el devient SOH fiancé, i Ibid.,  
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belle Aude et devient son fiancé, (''Ibid''.,p. 53 et suiv.)
p. 53 et suiv.)  
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[[#Vers 2245|2245.↑]] Voir la note du [[La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Partie 1/Cordoue#330. Couplet ajouté|vers 330]]<ref group="NDLR" name="lacune">L'ouvrage initial contient ici 318. Or la note visée est celle du vers 330. Nous avons donc modifié le texte pour pointer sur la bonne note.</ref>.
  
  
 
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2215 Le comte Roland, quand il voit morts tous ses pairs
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Et Olivier, celui qu'il aimait tant,
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Et l'Archevêque : Quel malheur, » dit- il, « pour
 
un tel baron ! » Aoi.
 
 
 
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L'Archevêque, quand il vit Roland se pâmer,
 
 
 
En ressentit une telle douleur, qu'il n'en eut jamais
 
de si grande.
 
 
 
Il étend la main et saisit l'olifant.
 
2225 En Roncevaux il y a une eau courante ;
 
 
 
Il veut y aller pour en donner à Roland.  
 
 
 
Il fait un suprême effort, et se relève;
 
 
 
Tout chancelant, à petits pas, il y va;
 
 
 
Mais il est si faible, qu'il ne peut avancer;
 
 
 
Il n'a pas la force, il a trop perdu de son sang.
 
2230 Avant d'avoir marché l'espace d'un arpent,
 
 
 
Le cœur lui manque, il tombe en avant :  
 
 
 
Le voilà dans les angoisses de la mort. Aoi.
 
 
 
excv
 
 
 
Alors le comte Roland revient de sa pâmoison,
 
 
 
Il se redresse ; mais , hélas ! quelle douleur pour lui !
 
 
 
 
 
 
 
LA CHANSON DE ROLAND 189
 
 
 
2235 II regarde en aval , il regarde en amont ;
 
 
 
Au delà de ses compagnons, sur l'herbe verte,
 
 
 
Il voit étendu le noble baron,
 
 
 
L'Archevêque, le représentant de Dieu.  
 
 
 
Turpin s'écrie : « Mea culpa ! s lève les yeux en haut ,
 
2240 Joint ses deux mains et les tend vers le ciel,
 
 
 
Prie Dieu de lui donner son paradis...  
 
 
 
Il est mort, Turpin ; il est mort au service de Charles,
 
 
 
Celui qui par grands coups de lance et par très beaux
 
sermons
 
 
 
N'a jamais cessé de guerroyer les païens.
 
2245 Que Dieu lui donne sa sainte bénédiction! Agi.
 
 
 
 
 
 
 
CXCVI
 
 
 
Quand Roland voit que V Archevêque est mort,
 
Jamais n'eut plus grande douleur, si ce n'est pour
 
 
 
Olivier.  
 
Il dit alors un mot qui perce le cœur :  
 
>( Chevauche, Charles de France, le plus vile que tu
 
 
 
pourras,
 
•< Car il y a grande perte dès nôtres à Roncevaux.
 
a. Mais le roi Marsile g a aussi perdu son armée,
 
« Et contre un de nos morts, il y en a bien quarante
 
des siens. Aoi.
 
 
 
 
 
 
 
CXCVII
 
 
 
Le comte Roland voit l'Archevêque à terre.  
 
 
 
Ses entrailles lui sortent du corps,
 
 
 
Et sa cervelle lui bout sur la face, au-dessus de son
 
 
 
front.
 
Sur le milieu 'le sa poitrine, entre les deux épaules,
 
•2230 Roland lui a croisé ses blanches mains, les belles.
 
 
 
5. Lacune i Voir la nule du v. 318.)
 
 
 
 
 
 
 
190 LA CHANSON DE ROLAND
 
 
 
Et tristement, selon la mode de son pays, lui fait
 
son oraison :
 
 
 
« Ah ! gentilhomme , chevalier de noble lignée ,
 
 
 
« Je vous remets aux mains du Glorieux qui est dans
 
le ciel.  
 
 
 
« Il n'y aura jamais homme qui le serve plus volon-  
 
tiers ;
 
2255 « Non, depuis les Apôtres, on ne vit jamais tel
 
prophète
 
 
 
<r Pour maintenir chrétienté, pour convertir les
 
hommes.
 
 
 
« Puisse votre âme être exempte de toute douleur.
 
 
 
a Et que du paradis les portes lui soient ou-
 
vertes ! » Aoi.
 
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==Voir aussi==
 
==Voir aussi==
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;Notes de la rédaction:
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Chanson de Roland Gautier 1895 page 185 fig.png

Les couplets (laisses)

CXC

O. => CLX
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 185.jpg
Païens s'enfuient, courroucés et pleins d'ire;
2165   Ils se dirigent en hâte du côté de l'Espagne.
Le comte Roland ne les a point poursuivis,
Car il a perdu son cheval Veillantif.
Bon gré, mal gré, il est resté à pied.
Le voilà qui va aider l'archevêque Turpin ;
Il lui a délacé son heaume d'or sur la tête;
Il lui a retiré son blanc haubert léger;
Puis il lui met le bliaud tout en pièces,
Et en prend les morceaux pour bander ses larges plaies.
Il le serre alors étroitement contre son sein
2175 Et le couche doucement, doucement, sur l'herbe verte.
Ensuite, d'une voix très tendre, Roland lui fait cette prière :
« Ah! gentilhomme, donnez-m'en votre congé.
« Nos compagnons, ceux que nous aimions tant,
« Sont tous morts ; mais nous ne devons point les laisser ici.
2180 « Écoutez; je vais aller chercher et reconnaître tous leurs corps;
« Puis je les déposerai à la rangette devant vous.
« — Allez, » dit l'Archevêque, « et revenez bientôt.
« Grâce à Dieu, le champ nous reste, à vous et à moi! » Aoi.

CXCI

O. => CLXI
Roland s'en va. Seul, tout seul, il parcourt le champ de bataille ;
2185   Il fouille la montagne, il fouille la vallée;
Il y trouve les corps d'Iuon et d'Ivoire;
Il y trouve Gerier et Gerin, son compagnon;
Il y trouve le Gascon Engelier ;
Il y trouve Rérenger et Othon ;
Il y trouve Anséis et Samson ;
Il y trouve Gérard, le vieux de Roussillon.
2190   L'un après l'autre, il emporte les dix barons;
Avec eux, il est revenu vers l'Archevêque,
Et les a déposés en rang aux genoux de Turpin.
L'Archevêque ne peut se tenir d'en pleurer;
Il élève sa main, il leur donne sa bénédiction :
2195   « Seigneurs, » dit-il, « mal vous en prit.
« Que Dieu le glorieux ait toutes vos âmes !
« Qu'en paradis il les mette en saintes fleurs !
« Ma propre mort me rend trop angoisseux :
« Plus ne verrai le grand Empereur. » Aoi.

CXCII

O. => CLXII
2200   Roland s'en retourne fouiller la plaine :
Sous un pin, près d'un églantier,
Il a trouvé le corps de son compagnon Olivier,
Le tient étroitement serré contre son cœur,
Et, comme il peut, revient vers l'Archevêque.
Sur un écu , près des autres Pairs , il couche son ami ,
2205   Et l'Archevêque les a tous bénis et absous.
La douleur alors et les larmes de redoubler :
« Bel Olivier, mon compagnon, » dit Roland,
« Vous fûtes fils au bon comte Renier
« Qui tenait la marche de Gênes.
2210   « Pour briser une lance, pour mettre en pièces un écu,
« Pour rompre et démailler un haubert,
« Pour conseiller loyalement les bons,
« Pour venir à bout des traîtres et des lâches,
« Jamais, en nulle terre, il n'y eut meilleur chevalier. » Aoi.

CXCIII

2215   Le comte Roland, quand il voit morts tous ses pairs
Et Olivier, celui qu'il aimait tant,
Il en a de la tendreur dans l'âme; il se prend à pleurer ;
Tout son visage en est décoloré.
Sa douleur est si forte, qu'il ne peut se soutenir ;
2220   Bon gré, mal gré, il tombe en pâmoison;
Et l'Archevêque : Quel malheur, » dit-il, « pour un tel baron ! » Aoi.

CXCIV

L'Archevêque, quand il vit Roland se pâmer,
En ressentit une telle douleur, qu'il n'en eut jamais de si grande.
Il étend la main et saisit l'olifant.
2225   En Roncevaux il y a une eau courante ;
Il veut y aller pour en donner à Roland.
Il fait un suprême effort, et se relève ;
Tout chancelant, à petits pas, il y va;
Mais il est si faible, qu'il ne peut avancer;
Il n'a pas la force, il a trop perdu de son sang.
2230   Avant d'avoir marché l'espace d'un arpent,
Le cœur lui manque, il tombe en avant :
Le voilà dans les angoisses de la mort. Aoi.

CXCV

Alors le comte Roland revient de sa pâmoison,
Il se redresse ; mais , hélas ! quelle douleur pour lui !
2235   II regarde en aval , il regarde en amont ;
Au delà de ses compagnons, sur l'herbe verte,
Il voit étendu le noble baron,
L'Archevêque, le représentant de Dieu.
Turpin s'écrie : « Mea culpa ! » lève les yeux en haut ,
2240   Joint ses deux mains et les tend vers le ciel,
Prie Dieu de lui donner son paradis...
Il est mort, Turpin ; il est mort au service de Charles,
Celui qui par grands coups de lance et par très beaux sermons
N'a jamais cessé de guerroyer les païens.
2245   Que Dieu lui donne sa sainte bénédiction! lacune Aoi.

CXCVI

Quand Roland voit que l'Archevêque est mort,
Jamais n'eut plus grande douleur, si ce n'est pour Olivier.
Il dit alors un mot qui perce le cœur :
« Chevauche, Charles de France, le plus vite que tu pourras,
« Car il y a grande perte dès nôtres à Roncevaux.
« Mais le roi Marsile y a aussi perdu son armée,
« Et contre un de nos morts, il y en a bien quarante des siens.   Aoi.

CXCVII

Le comte Roland voit l'Archevêque à terre.
Ses entrailles lui sortent du corps,
Et sa cervelle lui bout sur la face, au-dessus de son front.
Sur le milieu de sa poitrine, entre les deux épaules,
2230   Roland lui a croisé ses blanches mains, les belles.
Et tristement, selon la mode de son pays, lui fait son oraison :
« Ah ! gentilhomme , chevalier de noble lignée ,
« Je vous remets aux mains du Glorieux qui est dans le ciel.
« Il n'y aura jamais homme qui le serve plus volontiers ;
2255   « Non, depuis les Apôtres, on ne vit jamais tel prophète
« Pour maintenir chrétienté, pour convertir les hommes.
« Puisse votre âme être exempte de toute douleur.
« Et que du paradis les portes lui soient ouvertes ! » Aoi.

Notes originales

2208. Renier

Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 187.jpg

2208.↑ Renier. Le comte Renier de Gennes joue un rôle très important dans le roman de Girars de Viane, lequel est moins profondément traditionnel que notre Roland, mais d'une antiquité encore respectable.

Renier esl fils de Garin de Montglane ; il est frère de Girart de Vienne, de Mile de Pouille et d'Hernaut de Beaulande. Après avoir soulagé la misère de son vieux père. il part avec Girart, et arrive, en quête d' aventures, à la cour de Charlemagne. (Édit. P. Tarbé, pp. 1-12.)

Il ne s'y fait d'abord connaître que par ses brutalités, et force ainsi l'Empereur à le prendre à son service. (Ibid., pp. 11-20.)

Alors il fait oublier sa grossièreté el son orgueil, en se rendant véritablement utile au roi de France el en délivrant les environs de Paris des brigands qui les infestaient. Mais sa nature violente reprend bientôt le dessus, et il réclame à Charles la récompense de tant de services. {Ibid., pp. 20-32.)

Le roi de Saint-Denis s'empresse de se débarrasser de ce dangereux ami. Il l'envoie à Gennes épouser la fille du feu duc. (Ibid., pp. 30-32.)

Renier part, épouse la dame et fortifie sa ville : car il ne rêve que de guerre. (Ibid., pp. 32-33.) Il a bientôt deux beaux enfants; l'un est Olivier, l'autre est Aude. Durant le siège de Vienne par Charlemagne, le premier révèle son courage, et la seconde sa beauté. D'ailleurs, les fils de Garin chargent alors de leur querelle le seul Olivier, qui combat plusieurs jours contre le champion de l'Empereur, contre Roland. C'est sous les murs de Vienne que Roland se prend pour Olivier d'une amitié que rien ne pourra plus éteindre : c'est là qu'il aime la belle Aude et devient son fiancé, (Ibid.,p. 53 et suiv.)

2245. Lacune comblée

2245.↑ Voir la note du vers 330[NDLR 1].



Facsimilés

Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 185.jpg
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 186.jpg Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 187.jpg
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 188.jpg Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 189.jpg Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 190.jpg

Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. L'ouvrage initial contient ici 318. Or la note visée est celle du vers 330. Nous avons donc modifié le texte pour pointer sur la bonne note.