Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CLXII

De Wicri Chanson de Roland

Cette page introduit la laisse CLXII (162) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur le feuillet 40 recto du manuscrit.

Elle démarre par une lettrine R.

Elle est numérotée

  • CLXIII chez Francisque Michel chez Francisque Michel (page 67).
  • CLXI chez Edmund Stengel.


 
Page79-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg

Transcription et traduction par Léon Gautier


CLXIV

2200 Rollanz s’en turnet, le camp vait recercer ; Roland s’en retourne fouiller la plaine :
Sun cumpaignun ad truvet Oliver, Il y a trouvé le corps de son compagnon Olivier,
Cuntre sun piz estreit l’ad enbracet ; Le tient étroitement serré contre son cœur,
Si cum il poet à l’Arcevesque en vient, Et, comme il peut, revient vers l’Archevêque.
Sur un escut l’ad as altres culchet ; Sur un écu, près des autres Pairs, il couche son ami.
2205 E l’Arcevesques l’ ad asolt e seignet. Et l’Archevêque les a tous bénis et absous.
Idunc agreget le doel e la pitez. La douleur alors et les larmes de redoubler :
Ço dit Rollanz : « Bel cumpainz Oliver, « Bel Olivier, mon compagnon, dit Roland,
« Vus fustes filz à l’ bon cunte Reiner, « Vous fûtes fils au vaillant duc Renier
« Ki tint la marche de Genes desur mer ; « Qui tenait la marche de Gênes-sur-Mer.
2210 « Pur hanstes freindre, pur escuz peceier, « Pour briser une lance, pour mettre en pièces un écu,
« E pur osbercs rumpre e desmailer, « Pour rompre et démailler un haubert,
« E pur prozdomes tenir e cunseiller, « Pour conseiller loyalement les bons,
« E pur glutuns veintre e esmaier, « Pour venir à bout des traîtres et des lâches,
« En nule tere n’ot meillur chevaler. » Aoi. « Jamais, en nulle terre, il n’y eut meilleur chevalier ! »

Notes (version de Léon Gautier)

logo travaux partie en cours de maquettage


Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 182.jpg[175]

Vers 2200.

Vers 2200. — Lire en assonances, à la fin des vers de cette laisse : Recercier, Olivier, enbraciet, culchiet, seigniet, pitiez, Olivier, Renier, Runiers (ou Riviers), desmailier, cunseillier, chevalier.

    1. 2201 ##

Vers 2201. — Avant ce vers, Bartsch en ajoute un autre tiré de Venise IV : De soz un pin e folut et ramer. Nous l’ajouterons aussi, mais en nous servant du Ms. de Paris :

De suz un pin, de lez un eglentier...

Vers 2202.Encontre sun piz. O. Cuntre. G. Mu. — Encuntre rompt la mesure ; cuntre est justifié par le Ms. de Paris : Contre son pis le prent à embraier.

    1. 2203 ##

Vers 2203.Arcevesques. O. Erreur évidente. ═ Vent. O. Nous avons adopté vient, qui est plus fréquemment usité (v. 793, 2055, 2117), comme tient au lieu de tent. D’ailleurs l’assonance l’exige.

    1. 2205 ##

Vers 2205.Arcevesque. O. Il faut l’s final pour le cas sujet. ═ Asols. O. Pour le cas régime, il faut asolt (absolutum).

    1. 2206 ##

Vers 2206.Pitet. O. Pour le cas sujet, il faut pitiez.

    1. 2207 ##

Vers 2207.Bels. O. V. notre note sur les vocatifs (au vers 15).

    1. 2208 ##

Vers 2208.Vos. O. V. la note du vers 17. ═ Bon n’est pas dans le Ms. ; mais Versailles, Paris, Lyon et Venise VII nous le donnent. ═ Le comte Renier de Gennes joue un rôle très-important dans le Roman de Girars de Viane. Il est fils de Garin de Montglane, frère de Girart de Vienne, de Mille de Pouille et d’Hernaut de Beaulande. Après avoir soulagé la misère de son vieux père, il part avec Girart et arrive, en quête d’aventures, à la cour de Charlemagne. (Éd. P. Tarbé, pp. 1-12.) Il ne s’y fait d’abord connaître que par ses brutalités, et force ainsi l’Empereur à le prendre à son service. (Ibid., pp. 11-20.) Alors il fait oublier sa grossièreté et son orgueil, en se rendant véritablement utile au roi de France et en délivrant les environs de Paris des brigands qui les infestaient. Mais sa nature violente prend bientôt le dessus, et il réclame à Charles la récompense de tant de services. (Ibid., pp. 20-30.) Le roi de Saint-Denis s’empresse de se débarrasser de ce dangereux ami. Il l’envoie à Gennes épouser la fille du feu duc. (Ibid., pp. 30-32.) Renier part, épouse la dame et fortifie sa ville : car il ne rêve que de guerre. (Ibid., pp. 32-33.) Il a bientôt deux beaux enfants : l’un est Olivier, l’autre est Aude. C’est durant le siége de Vienne par Charlemagne, que le premier révèlera son courage, et la seconde sa beauté. D’ailleurs les fils de Garin chargent de leur querelle le seul Olivier, qui combat plusieurs jours contre le champion de l’Empereur, contre Roland. C’est alors que Roland se prend pour Olivier d’une amitié que rien ne Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 183.jpg[176]

    1. 2208 ##

pourra plus éteindre ; c’est alors aussi qu’il aime la belle Aude et se fiance avec elle. (Girars de Viane, l. I, pp. 53 et ss.) ═ Un Roman spécial a été consacré à Renier de Gennes : par malheur, il ne nous en reste qu’une version en prose. (Arsenal, 226, f° 34, r°, et suiv.) On y assiste à l’arrivée de Renier dans la ville de Gennes, à son combat avec le Sarrazin Sorbrin et à son mariage avec la belle Olive, qui devint la mère d’Olivier et d’Aude... (Cf. également le début de Fierabras.)

    1. 2209 ##

Vers 2209.Ki tint la marche de l’ val de Runers. O. Mu. a substitué : de Genes de sur mer, d’après le texte de Venise IV : Chi tint la marche de Çenevra sor la mer. Mais desur mer ne peut convenir dans un couplet en ier. Lire plutôt avec Génin : Dusqu’à l’ val de Runiers (?) ou peut-être de Riviers. — Lyon ajoute ici assez platement : Ay ! Bele Aude, or m’estuet esloignier. — De vostre amor n’aurai mès recovrier.

    1. 2210 ##

Vers 2210.E pur escuz pecier. O. Peceier est la vraie forme. (V. 97, 3584.)

    1. 2211 ##

Vers 2211.Pur orguillos veintre e esmaier. O. Nous n’avons pas fait entrer dans notre texte ce vers, que le scribe a sans doute intercalé à tort, en le confondant avec le vers 2212. ═ Venise, après le vers : Por aste francer e por scu peçoier, nous donne celui-ci : E pur osberg rompre e desmaier, que nous avons rétabli dans notre texte, en le conformant aux lois de notre dialecte. Le texte de Paris donne la même variante.

    1. 2212 ##

Vers 2212.Conseiller. Mu. Le Ms. porte bien cunseiller.

    1. 2213 ##

Vers 2213.Glutun. O. Erreur évidente.

    1. 2214 ##

Vers 2214.Ad meillor. O. Lyon et Versailles donne ot. Venise IV : Ne fu. Lire plutôt out. — Pour meillor, v. la note du vers 51.


Voir aussi

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