Nuvola apps important.png Attention, suite à une faille de sécurité, quelques liens vers les serveurs d'exploration sont désactivés.

-

Les nouvelles frontières de la connaissance (2014) CSRT, partie 3, section C : Différence entre versions

De Wicri France
imported>Jacques Ducloy
imported>Jacques Ducloy
(Quelques chiffres significatifs sur la diffusion contemporaine des connaissances)
Ligne 122 : Ligne 122 :
  
 
Tout d’abord, en 2012, WIKIPEDIA en français a reçu plus de vingt millions de visiteurs par mois soit 2, 4 millions par jour et 700 millions de pages vues<ref><span style="background-color:yellow;">(6)</span> Statistiques données sur le site WIKIPEDIA http://fr.wikipedia.org/wiki/</ref><sup><span style="background-color:yellow;">(6)</span></sup>.
 
Tout d’abord, en 2012, WIKIPEDIA en français a reçu plus de vingt millions de visiteurs par mois soit 2, 4 millions par jour et 700 millions de pages vues<ref><span style="background-color:yellow;">(6)</span> Statistiques données sur le site WIKIPEDIA http://fr.wikipedia.org/wiki/</ref><sup><span style="background-color:yellow;">(6)</span></sup>.
 +
 +
En juin 2013, d’après Médiamétrie, ce site est le 6ème le plus visité en France après Google (38 millions de visiteurs par jour), Facebook (9, 8 millions par jour) et des sites de vidéos ou des opérateurs télécoms.
 +
 +
Autre exemple, le nombre de visites sur la bibliothèque numérique Gallica a été en 2012 de 10 856 907 en progression de 16% par rapport à 2011.
 +
 +
Plus significatif pour notre analyse, est la durée moyenne des visites sur le site (14 minutes) et le nombre moyen de pages consultées (25 pages).
 +
 +
Ces chiffres sont à comparer à l’évolution de la fréquentation des salles de lecture de la BNF qui en 2012 ont enregistrées 925000 entrées (salles d’étude et salles de recherche) soit dix fois moins que d’entrées numériques.
 +
 +
Les publications « papier » restent stables et même en légère augmentation. On relève en 2012, 644 000 titres disponibles.
 +
Malheureusement, si l’on dispose de quelques chiffres pour les bibliothèques numériques, les spécialistes eux-mêmes mettent en garde sur les statistiques de fréquentation des bibliothèques classiques<ref><span style="background-color:yellow;">(7) [[A pour auteur cité::Bruno Maresca]] Les enquêtes de fréquentation des bibliothèques publiques : À quelle méthodologie s'en remettre ? BBF 2006 - t. 51, n° 6</span> </ref><sup><span style="background-color:yellow;">(7)</span></sup>.
 +
 +
De même, il est bien difficile de mesurer la capacité des récepteurs et l’usage qui est fait des connaissances accessibles : Tous les enseignants se sont heurtés au difficile problème de la mauvaise utilisation des informations collectées : copié-collé sans donner les sources, juxtaposition de données sans cohérence aucune.
 +
 +
Un apprentissage de l’utilisation des connaissances accessibles via le numérique est aujourd’hui un impératif absolu y compris dans les milieux universitaires. Un certain nombre de bibliothèques invitent leurs usagers à respecter un code de bonnes pratiques consistant à citer les auteurs des documents consultés et à indiquer les dates de parution ceux-ci. Ainsi les connaissances, quand elles sont reprises par les destinataires, sont remises dans le contexte de leur création ce qui permet de les comprendre et les interpréter sans risques de confusion ou d’erreurs.
 +
 +
Enfin on abordera à partir de quelques chiffres la question des « oubliés de la connaissance » au plan social comme au plan territorial, en France et dans le monde. En France, d’après l’observatoire des inégalités<ref><span style="background-color:yellow;">(8) [[A pour auteur cité::Bruno Maresca]] Les enquêtes de fréquentation des bibliothèques publiques : À quelle méthodologie s'en remettre ? BBF 2006 - t. 51, n° 6</span> </ref><sup><span style="background-color:yellow;">(8) http://www.inegalites.fr/<br/>Voir aussi l’étude du Crédoc « La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française (2011) » sur le site de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes.</span></sup> en 2012, il semblait que les inégalités d’accès aux technologies de l’information se réduisaient nettement. Toutefois une grande partie des seniors et des catégories les moins favorisées demeureraient à l’écart. Si, dans ces mêmes statistiques, 54 % de ceux qui ont un diplôme inférieur au bac ont accès à internet (84 % de ceux qui ont un diplôme supérieur au bac), on manque d’informations sur la demande de connaissances (alors que l’on sait si ces accès à internet sont utilisés pour des démarches administratives, des téléchargements de films, la participation à des réseaux sociaux…).
 
{{Fin corps article}}
 
{{Fin corps article}}
  
 
{{CSRT 2014 NFC paragraphe|n=C6|p=76}}
 
{{CSRT 2014 NFC paragraphe|n=C6|p=76}}
 +
 
==Quelques enjeux de la diffusion contemporaine de la connaissance==
 
==Quelques enjeux de la diffusion contemporaine de la connaissance==
 
{{Début corps article}}
 
{{Début corps article}}

Version du 8 août 2014 à 15:59

logo travaux page en cours de construction


Diffusion, partage et exploitation de la connaissance
 

Cette page introduit la deuxième section (B) de la troisième partie du rapport « Les nouvelles frontières de la connaissance» rédigé en 2014 par le Conseil supérieur de la recherche et de la technologie (CSRT)

 
C (71)


Diffusion, partage et exploitation de la connaissance

Les nouvelles technologies de l’information ont complètement changé et bouleversé non seulement le mode de diffusion de la connaissance à travers ses mécanismes mais aussi notre rapport à la connaissance. Une information diffusée peut-elle être assimilée à une connaissance scientifique ?

Il s’avère indispensable de distinguer, comme nous l’avons vu, information et connaissance. Même s’il y a un certain continuum entre ces deux concepts, dans le passage des informations aux connaissances, il y a un « travail » de transformation et d’appropriation qui appartient à chacun ce qui explique que les mêmes informations n’aboutissent pas nécessairement aux mêmes connaissances.

La question est alors, dans les milieux de recherche, de trouver de bonnes conditions pour favoriser cette transformation de l’information en connaissance et le cas échéant de rendre possible l’exploitation de celle-ci sans stérilisation du processus.


C1 (71)

La diffusion de la connaissance est issue d'une démarche humaniste

Dans les rapports entre chercheurs ou dans les rapports entre Science et Société, les recherches scientifiques convergent pour mettre en évidence que les comportements altruistes sont plus rentables que les comportements égoïstes. Les progrès de la science n’ont-ils pas toujours été un atout pour la démocratie ? Toutefois, jusqu’à présent, les deux ont évolué plutôt indépendamment. Aujourd’hui, les processus scientifiques et démocratiques ont tendance à se croiser. Comment prendre en compte et intégrer ces croisements ? Comment rendre effectif le partage entre les acteurs ? Comment intégrer dès le début le citoyen dans la diffusion de la connaissance ?

Ces comportements altruistes s’expliquent en partie par l’attitude des chercheurs qui sont fiers de leur production, la connaissance étant une valeur en soi, indépendamment de l’utilité qui en est faite et sa diffusion étant un devoir. Les chercheurs manifestent, par ailleurs, une certaine modestie quand ils présentent les inventions comme le produit de la science et du pragmatisme.

Aujourd’hui, des constats alarmants montrent que ce partage est de plus en plus difficile car il exige que soit pris en compte la complexité croissante de la connaissance qui remet en cause les découpages traditionnels des communautés scientifiques : l’exemple de la biodiversité est significatifs.


C2 (72)

La diffusion de la connaissance est au cœur de son dispositif de production

Au-delà des textes fondateurs qui ont posé le cadre en déclinant les différentes missions du chercheur (faire avancer la connaissance, la communiquer, la valoriser (y compris par l’expertise), les politiques de recherche accordent une place essentielle aux publications et aux brevets comme un continuum de l’avancement de la connaissance. Diffusion, partage et exploitation sont, ainsi, étroitement imbriqué dans le processus de production de la connaissance à la fois en amont et en aval.

Les découvertes sont le fait d’individus, mais elles s’inscrivent toujours dans une continuité et un environnement. Il n’y a pas de chercheur et encore moins de découvreur isolé et même certaines disciplines comme les mathématiques, plus solitaires, ne pourraient se passer de lieux d’échange et de partage. Ces constats nourris par de multiples références historiques[1](3) sont aujourd’hui plus que jamais d’actualité, s’agissant de la science moderne et contemporaine[2](3). Cette dernière est, le plus souvent, le fruit d’un travail collectif au sein d’une communauté de chercheurs travaillant en réseaux aujourd’hui transnationaux, réunissant des expertises techniques et cognitives pluridisciplinaires. Or ces réseaux reposent fondamentalement sur le partage d’informations et l’utilisation d’un langage et de concepts communs.

Les congrès scientifiques, revues, sites, mais aussi les grands équipements doivent être considérés aujourd’hui comme des « outils » incontournables de production et de validation de la Connaissance.

Sauf exception, un chercheur qui ne s’investit pas dans une démarche collective se trouve très vite décalé et isolé comme l’ont été les savants méconnus que décrit Laurent Lemire.

Dans un monde de plus en plus complexe, le chercheur ne peut s’enfermer dans sa tour d’ivoire et échapper au partage inhérent à ses obligations : expliquer, défendre une thèse, confronter ses résultats avec d’autres, échanger…

Parallèlement le chercheur doit aussi s’investir dans une démarche vers le citoyen qui devrait être valorisée dans sa carrière, au même titre que ses publications.


C3 (72)

La diffusion de la connaissance est indispensable à la mutation sociale

Dans le prolongement de l’analyse de la « crise/mutation », qui a été le point de départ du présent rapport nous partons du présupposé que l’utilisation de la connaissance peut être un levier de transformation. Transformation positive due aux progrès de la science mais aussi bouleversement et possibilité d’accroissement des inégalités.

La prise de conscience de ces potentialités ne peut se faire sans cette diffusion[3](5). A la lecture de l’histoire de savants méconnus, on mesure les conséquences tragiques du retard dans la compréhension de certaines découvertes.

Toutefois, les connaissances scientifiques doivent toujours être remises en contexte, que ce soit dans le temps mais aussi en prenant en compte les capacités de compréhension de ceux à qui elles sont communiquées.

Cela suppose un mode de diffusion qui rende cette connaissance accessible et utilisable non seulement aux pairs mais aussi aux décideurs politiques ou économiques et, bien entendu, aux citoyens.

Les premiers ont besoin des éléments pour mesurer les enjeux découlant de l’utilisation de cette connaissance. C’est le rôle de l’expertise des scientifiques qui est alors sous-jacente avec la mise en contexte de celui qui communique (d’où parle-t-il, quels sont ses conflits d’intérêt). La confiance en cette expertise (qui peut être individuelle ou collective) dépendra des modalités et condition de cette diffusion.

Quant au rapport au temps, il est essentiel pour la société : on ne peut engager la responsabilité de ceux qui ne savaient pas et ceux qui ont besoin des connaissances scientifiques doivent assurer une veille pour suivre l’évolution de celles-ci. On en déduira que la responsabilité de la diffusion relève à la fois de ceux qui savent mais aussi de ceux qui ont besoin de connaître l’état des connaissances à un instant donné.

Comme nous le verrons, la diffusion de la connaissance reste le préalable à la mobilisation la plus large pour trouver et mettre en œuvre des solutions nouvelles pour le besoin de la société.


C4 (73)

Les vecteurs de la diffusion de la connaissances

A partir du diagnostic posé plus haut autour du concept de « paradoxe contemporain » selon lequel la connaissance n’a jamais été aussi florissante et aussi contestée, il s’agit d’apprécier dans quelle mesure les connaissances sont aujourd’hui diffusées et par quels moyens.

Diffuser quoi ? Diffuser quand ? Diffuser par qui ? Ces questions se posent aussi bien pour les connaissances que l’on pourrait considérer comme acquises (à savoir reconnues par les pairs pour leur caractère scientifique), les recherches en cours de développement, et entre les deux, un certain domaine d’incertitudes. Le statut du diffuseur a aussi une incidence sur la réception de la connaissance.

Il faut évoquer, en premier lieu, les lieux fondamentaux de base que sont l’école et l’université. Toutefois tous ceux qui se sont impliqués dans l’enseignement savent les difficultés à communiquer clairement une connaissance scientifique. Tout dépend des méthodes et des moyens engagés, des techniques de pédagogie qui doivent évoluer en fonction du contexte culturel dans lequel se fait cette diffusion. Mais les résultats sont limités et inégaux. Avant même de diffuser les connaissances il faut sensibiliser à l’intérêt de cette diffusion et toucher un public qui vit une mutation culturelle fondamentale. Aujourd’hui, même si les milieux concernés ont conscience du problème, il faut essayer de comprendre les raisons du désintérêt pour les sciences dans une société qui vit dans l’instant (l’exemple des Twitt) et l’émotionnel. Comment intégrer un rapport à la connaissance dans ce type de contexte ?

On évoquera ici deux structures qui jouent un rôle stratégique et montrent leurs capacités et leur vitalité : la Fondation « la main à la pâte » a ouvert la voie de ces réflexions. Elle aide les professeurs à enseigner les sciences et les technologies à l’école primaire et au collège, en leur proposant des ressources pédagogiques et des actions de développement professionnel. L’association « les petits débrouillards » est un réseau national d‘éducation populaire « à la science et par la science ». Il se présente comme le premier réseau national d’éducation au développement durable.

La formation initiale et continue des enseignants reste un passage obligé mais ne suffit pas. Les expériences de dialogue entre les acteurs de la recherche et les jeunes ont toujours été fructueuses (carrefour des sciences, ateliers scientifiques etc.…). Ne faudrait-il pas leur accorder une place plus importante ?

L’application des connaissances issues de la recherche scientifique, c’est aussi la diffusion des connaissances et de leurs limites vers un large public. Cet objectif ne relevant pas seulement de l’humanisme idéal mais aussi de la nécessité d’être des citoyens éclairés. Là aussi les moyens classiques que sont la presse, la radio et la télévision peuvent être des vecteurs essentiels. Encore ne faut-il pas que les moments ou les contenus diffusés soient téléguidés par des impératifs d’audience ou de lectorat : toucher à un instant donné le public avec du sensationnel ou un sujet d’actualité. On mesure la difficulté d’avoir un suivi d’un sujet, une mise en contexte quand on voit le petit nombre d’émissions ou de dossiers dans la presse écrite non spécialisée qui vont un peu en profondeur tout en prenant garde d’être aussi pédagogique que possible.

Autres modes classiques de diffusion des connaissances, les Sociétés Savantes doivent rester des acteurs essentiels de cette diffusion. Leur statut leur permet de garder une grande indépendance par rapport aux jeux des lobbies qui peuvent avoir un intérêt à retarder ou à avancer la diffusion de certaines connaissances scientifiques. Elles ont aussi un rôle structurant à jouer pour permettre des débats approfondis et faire le point sur les controverses scientifiques. Pour remplir leur mission, dans le nouveau contexte de la Société de l’Information, il s’avère nécessaire qu’elles puissent faire évoluer les modes de diffusion et le cas échéant leurs missions au sein de la communauté scientifique et vers les publics potentiels. Faute de telles évolutions, les risques sont grands qu’elles deviennent très vite décalées et marginalisées.

Il faut ajouter à ce tableau les associations de malades qui se sont emparées de l’expertise pointue des soignants pour gérer une information accessible à tous, prendre des positions sur les traitements et infléchir certains thèmes de recherche fondamentale ou appliquée afin de mieux répondre aux demandes des malades.

Dans le même ordre d’idée, le partage des connaissances et l’implication des citoyens un peu spécialisés mais pas professionnels dans la recherche est devenue courante ; ainsi les chercheurs du Muséum d’Histoire naturelle s’appuient sur un réseau d’observateurs pour recenser les espèces qui ne sont pas dans leur catalogue

Enfin, aujourd’hui, les nouveaux médias issus de l’univers numérique (et en particulier internet) jouent un rôle essentiel dans la diffusion des connaissances quelques soient les destinataires ou même les diffuseurs.

Les chercheurs n’hésitent pas à utiliser les moteurs de recherche pour accéder à l’information. Ils utilisent aussi de nouveaux modes de communication comme les blogs pour défendre une idée où susciter le débat.

Toutefois, même si pour les scientifiques la toile est incontournable pour accéder à la connaissance (les validations par les pairs se font aujourd’hui par internet et les publications sont de plus en plus numériques) elle est le principal vecteur de diffusion de la connaissance (y compris la connaissance scientifique) pour les étudiants et le grand public.

Le recours aux moteurs de recherche fait partie du quotidien de chacun avec tous les risques inhérents à ce type de pratique : informations biaisées, limitées, non vérifiées…

On a aussi beaucoup critiqué WIKIPEDIA et le principe de l’encyclopédie collaborative. On lui reprochait l’absence de validation des connaissances et les risques de manipulation de l’information, l’incapacité de situer d’où s’exprime le rédacteur de la notice. Mais ces reproches, justifiés en partie, doivent être mis en balance avec toute la richesse qu’offre aujourd’hui ce site pour « entrer » dans un sujet.

Depuis plusieurs années des campagnes de numérisation systématique dans tous les champs de la connaissance ont permis de rendre accessibles des écrits nombreux qui restaient souvent confidentiels sous leur support papier (bibliothèques difficilement accessibles, etc…).

Toutefois on pourrait penser que ces bibliothèques numériques ouvertes à tous offrent un accès sans discrimination. Mais là encore, c’est oublier que pour accéder à la connaissance, il faut souvent des clés dont ne disposent que ceux qui ne savent pas poser des questions pertinentes.

Si l’on veut que les investissements importants pour réunir ce patrimoine numérique remplissent les objectifs d’ouverture de la culture et de la connaissance, il est indispensable d’investir dans des outils d’aide à l’interrogation et à la navigation sur les sites. Il faut développer une pédagogie de l’apprentissage, former au questionnement, pour que l’utilisateur puisse faire une sélection raisonnée parmi les masses d’informations à disposition.

Encore faut-il pour cela avoir à disposition les capacités techniques d’aller sur la toile (réseaux rapides, matériel ergonomique facile à utiliser) si l’on ne veut pas renforcer les inégalités entre ceux qui pourraient accéder et les autres.


C5 (76)

Quelques chiffres significatifs sur la diffusion contemporaine des connaissances

Pour compléter ces quelques réflexions sur la diffusion contemporaine des connaissances, on renverra à quelques chiffres significatifs concernant des sites susceptibles de fournir des connaissances et non pas uniquement une information. Ces chiffres, tout en devant être nuancés, permettent de mieux comprendre l’impact de ces nouveaux vecteurs contemporains par rapport aux anciens.

Tout d’abord, en 2012, WIKIPEDIA en français a reçu plus de vingt millions de visiteurs par mois soit 2, 4 millions par jour et 700 millions de pages vues[4](6).

En juin 2013, d’après Médiamétrie, ce site est le 6ème le plus visité en France après Google (38 millions de visiteurs par jour), Facebook (9, 8 millions par jour) et des sites de vidéos ou des opérateurs télécoms.

Autre exemple, le nombre de visites sur la bibliothèque numérique Gallica a été en 2012 de 10 856 907 en progression de 16% par rapport à 2011.

Plus significatif pour notre analyse, est la durée moyenne des visites sur le site (14 minutes) et le nombre moyen de pages consultées (25 pages).

Ces chiffres sont à comparer à l’évolution de la fréquentation des salles de lecture de la BNF qui en 2012 ont enregistrées 925000 entrées (salles d’étude et salles de recherche) soit dix fois moins que d’entrées numériques.

Les publications « papier » restent stables et même en légère augmentation. On relève en 2012, 644 000 titres disponibles. Malheureusement, si l’on dispose de quelques chiffres pour les bibliothèques numériques, les spécialistes eux-mêmes mettent en garde sur les statistiques de fréquentation des bibliothèques classiques[5](7).

De même, il est bien difficile de mesurer la capacité des récepteurs et l’usage qui est fait des connaissances accessibles : Tous les enseignants se sont heurtés au difficile problème de la mauvaise utilisation des informations collectées : copié-collé sans donner les sources, juxtaposition de données sans cohérence aucune.

Un apprentissage de l’utilisation des connaissances accessibles via le numérique est aujourd’hui un impératif absolu y compris dans les milieux universitaires. Un certain nombre de bibliothèques invitent leurs usagers à respecter un code de bonnes pratiques consistant à citer les auteurs des documents consultés et à indiquer les dates de parution ceux-ci. Ainsi les connaissances, quand elles sont reprises par les destinataires, sont remises dans le contexte de leur création ce qui permet de les comprendre et les interpréter sans risques de confusion ou d’erreurs.

Enfin on abordera à partir de quelques chiffres la question des « oubliés de la connaissance » au plan social comme au plan territorial, en France et dans le monde. En France, d’après l’observatoire des inégalités[6](8) http://www.inegalites.fr/
Voir aussi l’étude du Crédoc « La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française (2011) » sur le site de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes.
en 2012, il semblait que les inégalités d’accès aux technologies de l’information se réduisaient nettement. Toutefois une grande partie des seniors et des catégories les moins favorisées demeureraient à l’écart. Si, dans ces mêmes statistiques, 54 % de ceux qui ont un diplôme inférieur au bac ont accès à internet (84 % de ceux qui ont un diplôme supérieur au bac), on manque d’informations sur la demande de connaissances (alors que l’on sait si ces accès à internet sont utilisés pour des démarches administratives, des téléchargements de films, la participation à des réseaux sociaux…).


C6 (76)


Quelques enjeux de la diffusion contemporaine de la connaissance


C6a (78)

Pourquoi partager la connaissance ?


C6b (79)

Les freins à la diffusion et la transmission de la connaissance


C6c (79)

Partage et crise de confiance dans la science


C7 (80)

Partage des connaissances et propriété intellectuelle


Recommandations X du Conseil

Concernant la diffusion de la connaissance et du patrimoine numérique, le CSRT recommande :

  • Développer une pédagogie de l’apprentissage au questionnement et des outils d’aide à l’interrogation et à la navigation sur les sites
  • Encourager le développement de codes de bonnes pratiques reprenant les règles fondamentales (citer ses sources, les dater, être attentif au respect de la vie privée en cas de traitement de données personnelles….)

Voir aussi

Notes de bas de page

la numérotation est décalée de 2 par rapport à l'original

  1. (3) Voir l’histoire des prix Nobel
  2. (4) On citera comme exemple les prix Nobel et médailles d’or du CNRS qui récompensent à la fois un homme et une équipe.
  3. (5) Là encore, on pourra évoquer en contre-exemple quelques cas de découvertes qui n’ont pas été reconnues faute de diffusion, avec un retard dans la prise en compte réelle de ces découvertes. Il s’agit du thème des « savants méconnus »
  4. (6) Statistiques données sur le site WIKIPEDIA http://fr.wikipedia.org/wiki/
  5. (7) Bruno Maresca Les enquêtes de fréquentation des bibliothèques publiques : À quelle méthodologie s'en remettre ? BBF 2006 - t. 51, n° 6
  6. (8) Bruno Maresca Les enquêtes de fréquentation des bibliothèques publiques : À quelle méthodologie s'en remettre ? BBF 2006 - t. 51, n° 6