Nuvola apps important.png Attention, suite à une faille de sécurité, quelques liens vers les serveurs d'exploration sont désactivés.

-

Les nouvelles frontières de la connaissance (2014) CSRT, partie 3, section C

De Wicri France
Révision datée du 7 août 2014 à 23:02 par imported>Jacques Ducloy
logo travaux page en cours de construction


Diffusion, partage et exploitation de la connaissance
 

Cette page introduit la deuxième section (B) de la troisième partie du rapport « Les nouvelles frontières de la connaissance» rédigé en 2014 par le Conseil supérieur de la recherche et de la technologie (CSRT)

 
C (71)


Diffusion, partage et exploitation de la connaissance

Les nouvelles technologies de l’information ont complètement changé et bouleversé non seulement le mode de diffusion de la connaissance à travers ses mécanismes mais aussi notre rapport à la connaissance. Une information diffusée peut-elle être assimilée à une connaissance scientifique ?

Il s’avère indispensable de distinguer, comme nous l’avons vu, information et connaissance. Même s’il y a un certain continuum entre ces deux concepts, dans le passage des informations aux connaissances, il y a un « travail » de transformation et d’appropriation qui appartient à chacun ce qui explique que les mêmes informations n’aboutissent pas nécessairement aux mêmes connaissances.

La question est alors, dans les milieux de recherche, de trouver de bonnes conditions pour favoriser cette transformation de l’information en connaissance et le cas échéant de rendre possible l’exploitation de celle-ci sans stérilisation du processus.


C1 (71)

La diffusion de la connaissance est issue d'une démarche humaniste

Dans les rapports entre chercheurs ou dans les rapports entre Science et Société, les recherches scientifiques convergent pour mettre en évidence que les comportements altruistes sont plus rentables que les comportements égoïstes. Les progrès de la science n’ont-ils pas toujours été un atout pour la démocratie ? Toutefois, jusqu’à présent, les deux ont évolué plutôt indépendamment. Aujourd’hui, les processus scientifiques et démocratiques ont tendance à se croiser. Comment prendre en compte et intégrer ces croisements ? Comment rendre effectif le partage entre les acteurs ? Comment intégrer dès le début le citoyen dans la diffusion de la connaissance ?

Ces comportements altruistes s’expliquent en partie par l’attitude des chercheurs qui sont fiers de leur production, la connaissance étant une valeur en soi, indépendamment de l’utilité qui en est faite et sa diffusion étant un devoir. Les chercheurs manifestent, par ailleurs, une certaine modestie quand ils présentent les inventions comme le produit de la science et du pragmatisme.

Aujourd’hui, des constats alarmants montrent que ce partage est de plus en plus difficile car il exige que soit pris en compte la complexité croissante de la connaissance qui remet en cause les découpages traditionnels des communautés scientifiques : l’exemple de la biodiversité est significatifs.


C2 (72)

La diffusion de la connaissance est au cœur de son dispositif de production

Au-delà des textes fondateurs qui ont posé le cadre en déclinant les différentes missions du chercheur (faire avancer la connaissance, la communiquer, la valoriser (y compris par l’expertise), les politiques de recherche accordent une place essentielle aux publications et aux brevets comme un continuum de l’avancement de la connaissance. Diffusion, partage et exploitation sont, ainsi, étroitement imbriqué dans le processus de production de la connaissance à la fois en amont et en aval.

Les découvertes sont le fait d’individus, mais elles s’inscrivent toujours dans une continuité et un environnement. Il n’y a pas de chercheur et encore moins de découvreur isolé et même certaines disciplines comme les mathématiques, plus solitaires, ne pourraient se passer de lieux d’échange et de partage. Ces constats nourris par de multiples références historiques[1](3) sont aujourd’hui plus que jamais d’actualité, s’agissant de la science moderne et contemporaine[2](3). Cette dernière est, le plus souvent, le fruit d’un travail collectif au sein d’une communauté de chercheurs travaillant en réseaux aujourd’hui transnationaux, réunissant des expertises techniques et cognitives pluridisciplinaires. Or ces réseaux reposent fondamentalement sur le partage d’informations et l’utilisation d’un langage et de concepts communs.

Les congrès scientifiques, revues, sites, mais aussi les grands équipements doivent être considérés aujourd’hui comme des « outils » incontournables de production et de validation de la Connaissance.

Sauf exception, un chercheur qui ne s’investit pas dans une démarche collective se trouve très vite décalé et isolé comme l’ont été les savants méconnus que décrit Laurent Lemire.

Dans un monde de plus en plus complexe, le chercheur ne peut s’enfermer dans sa tour d’ivoire et échapper au partage inhérent à ses obligations : expliquer, défendre une thèse, confronter ses résultats avec d’autres, échanger…

Parallèlement le chercheur doit aussi s’investir dans une démarche vers le citoyen qui devrait être valorisée dans sa carrière, au même titre que ses publications.


C2 (72)

La diffusion de la connaissance est indispensable à la mutation sociale

Dans le prolongement de l’analyse de la « crise/mutation », qui a été le point de départ du présent rapport nous partons du présupposé que l’utilisation de la connaissance peut être un levier de transformation. Transformation positive due aux progrès de la science mais aussi bouleversement et possibilité d’accroissement des inégalités.

La prise de conscience de ces potentialités ne peut se faire sans cette diffusion[3](5). A la lecture de l’histoire de savants méconnus, on mesure les conséquences tragiques du retard dans la compréhension de certaines découvertes.

Toutefois, les connaissances scientifiques doivent toujours être remises en contexte, que ce soit dans le temps mais aussi en prenant en compte les capacités de compréhension de ceux à qui elles sont communiquées.

Cela suppose un mode de diffusion qui rende cette connaissance accessible et utilisable non seulement aux pairs mais aussi aux décideurs politiques ou économiques et, bien entendu, aux citoyens.

Les premiers ont besoin des éléments pour mesurer les enjeux découlant de l’utilisation de cette connaissance. C’est le rôle de l’expertise des scientifiques qui est alors sous-jacente avec la mise en contexte de celui qui communique (d’où parle-t-il, quels sont ses conflits d’intérêt). La confiance en cette expertise (qui peut être individuelle ou collective) dépendra des modalités et condition de cette diffusion.

Quant au rapport au temps, il est essentiel pour la société : on ne peut engager la responsabilité de ceux qui ne savaient pas et ceux qui ont besoin des connaissances scientifiques doivent assurer une veille pour suivre l’évolution de celles-ci. On en déduira que la responsabilité de la diffusion relève à la fois de ceux qui savent mais aussi de ceux qui ont besoin de connaître l’état des connaissances à un instant donné.

Comme nous le verrons, la diffusion de la connaissance reste le préalable à la mobilisation la plus large pour trouver et mettre en œuvre des solutions nouvelles pour le besoin de la société.


Voir aussi

Notes de bas de page

la numérotation est décalée de 2 par rapport à l'original

  1. (3) Voir l’histoire des prix Nobel
  2. (4) On citera comme exemple les prix Nobel et médailles d’or du CNRS qui récompensent à la fois un homme et une équipe.
  3. (5) Là encore, on pourra évoquer en contre-exemple quelques cas de découvertes qui n’ont pas été reconnues faute de diffusion, avec un retard dans la prise en compte réelle de ces découvertes. Il s’agit du thème des « savants méconnus »