La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Partie 2/Charlemagne approche : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
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Fig. 20. — Les païens s'enfuient, et laissent Roland seul, — Seul et à pied. (V. 2162, 2163.)
(Composition de Zier.)

Facsimilés

Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 179.jpg
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 180.jpg Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 181.jpg
Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 182.jpg Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 183.jpg Chanson de Roland Gautier Populaire 1895 page 184.jpg

Les couplets (laisses)

CLXXXII

Le comte Roland fut très hardi et fier,
Et Gautier de l'Hum fut un très bon chevalier.
Pour l'Archevêque, c'est un brave éprouvé.
L'un ne veut pas abandonner l'autre :
2070   C'est au plus fort de la mêlée qu'ils frappent les païens.
Il y a là mille Sarrasins à pied,
Et quarante milliers à cheval.
En vérité, ils n'osent approcher des trois Français.
De loin, ils jettent sur eux lances et épieux,
2075 Javelots, dards, flèches et piques.
Les premiers coups ont tué Gautier.
Quant à Turpin de Reims, son écu est percé,
Son heaume brisé, sa tête blessée,
Son haubert rompu et démaillé ;
2080 Quatre lances lui sont entrées dans le corps ;
Son destrier meurt sous lui.
Ah! c'est grande douleur quand l'Archevêque tombe.
Que Dieu les aide, le glorieux du ciel! Aoi.

CLXXXIII

Quand Turpin de Reims se sent abattu,
Quand il se voit percé de quatre coups de lance,
2085   II se relève en un instant, le brave; il se redresse,
Cherche Roland du regard, court vers lui
Et ne lui dit qu'un mot : « Je ne suis pas vaincu.
« Tant qu'un bon vassal est vivant, il ne se rend pas. »
Alors il tire Almace, son épée d'acier bruni,
2090   Et se lance en pleine mêlée, où il frappe plus de mille coups.
C'est Charlemagne qui en rendit plus tard le témoignage : Turpin ne fit grâce à aucun ,
Et l'Empereur trouva quatre cents cadavres autour de lui,
Les uns blessés, les autres tranchés par le milieu du corps,
Les autres privés de leurs têtes.
2095   Voilà ce que dit la Geste, et aussi celui qui était sur le champ de bataille,
Le baron saint Gilles, pour qui Dieu fit des miracles.
Il en écrivit le récit au moutier de Laon.
Qui ne sait ces choses n'y entend rien. Aoi.

Notes originales

2089. Almace

Almace est une des trois épées que le juif Malakin d'Ivin donna pour la rançon de son père Abraham. Les deux autres étaient Durendal et Courtain. (Bibl. de l'École des chartes, XXV, 101.)

L'épée de Turpin est une de celles qui furent essayées sur le perron d'acier du palais de Charlemagne, à Aix. Elle résista à l'épreuve.

2095-2098. Voilà ce que dit la Geste

Voilà ce que dit la Geste... et saint Gilles.

Saint Gilles a été mêlé d'une façon très intime à la légende de Charlemagne. Historiquement parlant, il a vécu sous Charles Martel ; mais nos poètes le font vivre sous le fils de Pépin, et c'est lui qui lut, dit-on, sur un parchemin tombé du ciel, le péché dont le grand Empereur n'avait pas voulu se confesser. Ce dernier fait es! relaté dans un vitrail de Chartres et dans nos textes liturgiques. (Adam do Saint- Victor, Promut pia vox , etc. Cf. la Légende dorée.) = Ayant été mêlé, dans cel épisode, à l'histoire poétique du grand Empereur, sainl Gilles le fui sans doute plus profondément. Le Stric- ker (remaniement allemand du lluo- landes Liet) nous montre à Roncevaux « l'immaculé saint Cilles, qui depuis longtemps vivait solitaire dans une grotte de France ». Un poème français il.- la décadence , Hugues Capet (p. 210 de l'édition de M. de la Grange), nous parle d'un vieillard qui fut en Bain- cheval où Roland fut perdu, et qui lit vœu de se faire ermite s il échappail au désastre. .Mais le document le plus précieux que l'eu puisse consulter suc cette tradition est la Keiser Karl Ma- gnus's kronike. (Édit. de 1867, p. 130.) Après avoir énuméré les prodigi


annoncèrent la mort de Roland, l'au- teur danois cite, à l'appui de son récit, le témoignage de saint Gilles : « Le même jour il arriva un grand miracle chez les Franks. Il se lit aussi obscur (pie s'il avait été nuit. Le soleil ne donna plus de lumière, et maint homme craignit pour sa vie. Saint Gilles dit que ce miracle arrivait à cause de Roland . parce qu'il devait mourir ce jour-là. » = Voila quelles sont les données de la légende au sujet de saint Cilles, lie la à le supposer l'auteur d'une Geste écrite,

ou d'un récit de ce COmbal dans une

charte conservée a Laon , il n'\ a pas laiu . pour qui connail les coutumes lit- téraires du moyen âge. « Il n'est pas étonnant, avons- nous dil ailleurs, qu'on ail mis sur le compte d'un saint aussi populaire une relation apocrj plie île la défaite de Roncevaux. i = li. ne km t

RIEN CHERCHER DE PLUS DANS LES QUATRE VERS QUI SON! L'OHJET DE CETTi: NOTE : telle est notre conclusion.



Fin brute d'OCR

CLXXXIII



CLXXXIV


Il se bat noblement, le comte Roland : 2100 II a tout le corps en sueur et en feu ;

Mais surtout quel mal, quelle d ouleur dans la tête!

D'avoir sonné son cor sa tempe est tout ouverte;

Toutefois il voudrait bien savoir si Charles viendra.

De nouveau il prend son cor et en tire un son, bien faible--, hélas ! 2105 L'Empereur, là-bas, s'arrêta et l'entendit :

« Seigneurs, » dit-il, « tout va mal pour nous,

« Et mon neveu Roland va nous manquer aujourd'hui.

« Aux sons de son cor, je vois qu'il n'a plus long- temps à vivre.

« Si vous désirez arriver à temps, pressez vos chevaux.



182


LA CHANSON DE ROLAND


2110 « Tout ce qu'il y a de trompettes dans l'armée qu'on les sonne ! » Alors on sonne soixante mille trompettes, et si haut Que les monts en retentissent et que les vallées y

répondent. Les païens les entendent, ils n'ont garde de rire : « C'est Charles qui arrive, » disent-ils l'un à l'autre, <r c'est Charles! s Aoi.


CLXXXV

2115 « L'Empereur, » s'écrient les païens, « l'Empereur revient sur ses pas, « Et ce sont bien les trompettes françaises qu'on

entend. « Si Charles arrive , quel désastre pour nous ! « Si Roland survit, c'est toute notre guerre qui

recommence, « Et l'Espagne, notre terre, est perdue. » 2120 Alors quatre cents d'entre eux se rassemblent, bien couverts de leurs heaumes, Parmi les meilleurs de toute l'armée païenne. Et voici qu'ils livrent à Roland un affreux, un hor- rible assaut. Ah ! le Comte a vraiment assez de besogne. Aoi.

CLXXXVI


Quand le comte Roland les voit venir, 2125 11 se fait tout fier, il se sent plus fort, il est prêt. Tant qu'il aura de la vie, il ne se rendra pas : Plutôt la mort que la fuite.


2127. Veillantif. C'est dans la Chan- son d'Aspremont (nous en possédons un manuscrit de la première moitié du xm e siècle) que nous assistons à la conquête par Roland, encore enfant,


de l'épée Durendal et du cheval Veil- lanlif. Il les conquiert l'une et l'autre sur le jeune Eaumont, fils du roi païen Agolant. La scène de ces exploits est la Calabre.


LA CHANSON DE ROLAND 183

Il monte son cheval Veillantif, De ses éperons d'or fin le pique, Et, au plus fort de la mêlée, court attaquer les païens. 2130 L'archevêque Turpin y va avec lui.

Et les Sarrasins : « Fuyez, amis, fuyez, » disent-ils

l'un à l'autre ; « Car nous avons entendu les trompettes de France. « Il revient, le roi puissant! Charles arrive! » Aoi.


CLXXXVII

Jamais le comte Roland n'aima les lâches


2135 Ni les orgueilleux, ni les méchants,

Ni les chevaliers qui ne sont pas bons vassaux.

Il s'adresse à l'archevêque Turpin :

« Sire, » lui dit- il, « vous êtes à pied et moi à cheval.

« Par amour pour vous, je veux faire halte. 2140 « Nous partagerons ensemble le bien et le mal,

« Et pour aucun homme du monde, je ne vous aban- donnerai.

« Tous les deux nous rendrons aux païens leur assaut ;

« Les meilleurs coups sont ceux de Durendal !

« — Honte à qui ne frappe pas de son mieux, » dit l'Archevêque.

« Après cette bataille nous n'en aurons plus d'autre. 2145 <( Charles arrive, qui vous vengera. » Aoi.


CLXXXYIII

« Nous sommes nés pour notre malheur, » disent les

païens. « Et ce jour s'est levé pour nous bien funeste ! « Nous avons perdu nos seigneurs et nos pairs. « Et voilà que Charles, le baron, revient avec sa

grande armée :


184 LA CHANSON DE ROLAND

2150 « Nous entendons d'ici les claires trompettes de ceux de France

« Et le grand bruit que fait le cri de Monjoie.

« Rien n'égale la fierté du comte Roland,

« Et il n'est pas d'homme vivant qui le puisse vaincre.

« Tirons de loin, et laissons-le sur le terrain. » 2155 Ainsi firent-ils. Ils lui lancent de loin dards et javelots,

Epieux, lances et flèches empennées;

Ils ont mis en pièces et troué Vécu de Roland ;

Ils lui ont déchiré son haubert, dont l'orfroi est enlevé ,

Mais point ne l'ont touché dans son corps. 2160 Pour Yelllantif, il a reçu trente blessures

Et sous le Comte est tombé mort.

Les païens cependant s'enfuient et laissent Roland seul,

Seul et à pied. Aoi.

CLXXXIX

Les païens s'enfuient, pleins d'effroi :

« Roland, » se disent-ils l'un à l'autre, « Roland

nous a vaincus, « Et le grand Empereur revient sur ses pas. « Entendez les clairons de l'armée française. « Attendre les Français, c'est être assuré de mourir. « Tant de nobles rois se sont déjà mis aux pieds de

l'Empereur! « Ce n'est pas Marsile qui nous pourra jamais

sauver, « Et nous avons perdu la riche Espagne, « Si l'Émir ne vient la défendre pour nous. » Aoi.

2163. — Lacune comblée. Voir la note du v. 318.


LA CHANSON DE ROLAND

Voir aussi

Source