Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CCLXXV

De Wicri Chanson de Roland
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Cette page introduit la laisse CCLXXV (275) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.


Cette laisse introduit la chapitre sur la châtiment de Ganelon. (voir Gautier 1895).

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur le feuillet 67 verso du manuscrit.

Elle démarre sur la lettrine L.

Elle est numérotée :

  • CCLXXIV chez Francisque Michel (page 114). Par un découpage non matérialisé dans le manuscrit, il y ajoute une laisse CCLXXV)
  • CCLXXV chez Léon Gautier, qui fait comme Francisque Michel (CLXXVI)
  • CCLXXII chez Edmund Stengel, qui respecte le manuscrit.


 
Page134-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg

Transcription et traduction par Léon Gautier


CCLXXV

Li Emperere est repairez ad Ais. L’Empereur est de retour à Aix.
3735 Guenes li fels en caeines de fer Le traître Ganelon, tout chargé de ses chaînes de fer,
En la citet est devant le paleis ; Est dans la cité, devant le palais.
A une estache l’unt atachet cil serf, Des sergents vous l’attachent à un poteau,
Les mains li lient à curreies de cerf, Vous lui lient les mains avec des courroies en peau de cerf,
Tres ben le batent à fuz e à jamelz : Et vous le battent à coups de bâton et de jougs de boeufs.
3740 N’ad deservit que altre ben i ait ; Certes il n’a pas mérité meilleur salaire ;
A grant dulur iloec atent sun plait. Aoi. Et c’est ainsi que très-douloureusement il attend son plaid.


CCLXXVI

Il est escrit en l’anciene Geste Il est écrit dans l’ancienne Geste
Que Carles mandet humes de plusurs teres. Que Charles manda les hommes de ses nombreux royaumes.
Asemblet sunt ad Ais à la capele. Ils se rassemblèrent dans la chapelle d’Aix.
3745 Halz est li jurz, mult par est granz la feste, Ce fut un grand jour, une grande fête,
Dient alquant de l’ barun seint Silvestre.
Celle du baron saint Sylvestre, s’il faut en croire quelques-uns.
Dès or cumencet li plaiz et les nuveles
Et c’est alors que commença le procès : c’est ici que vous aurez nouvelles
De Guenelun, ki traïsun ad faite. De Ganelon qui a fait la grande trahison...
Li Emperere devant sei l’ad fait traire. Aoi. L’Empereur ordonne qu’on le traîne devant lui.

Notes (version de Léon Gautier)

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 242.jpg[235]

    1. 3735 ##

Vers 3735 et suiv. — Sur le procès de Ganelon, qui commence à ce vers, nous allons reproduire quelques pages de notre Idée politique dans les Chansons de geste. (Revue des questions historiques, 1869, Modèle:Ppg101 et suivantes.)

« Que nos Épopées françaises soient d’origine germanique ; qu’elles soient barbares par leurs héros, par leur action, par leur esprit, c’est ce qui a été déjà démontré plusieurs fois. Et néanmoins il semble que la plus forte démonstration n’ait pas encore été donnée. Il reste, en effet, à prouver le germanisme de nos Épopées par le germanisme de la procédure qui est exposée dans ces poëmes.

« Or, dans cette procédure, rien de romain ; rien qui, de près ou de loin, porte la trace de la législation romaine ou du droit canonique. Tout est emprunté aux lois barbares. Le procès de Ganelon suffit à le démontrer. Nous suivrons avec soin toute la marche de cette procédure criminelle et politique, la plus ancienne que nous rencontrions dans nos Chansons de geste. Et nous n’aurons pas de peine à établir, par une comparaison attentive, que chacun des vers de notre poëme se rapporte à quelque titre des lois germaines.

« Il semble que dans ce Drame intitulé : Le Procès de Ganelon, on puisse distinguer sept « Actes » ou sept « Tableaux », s’il est permis de se servir d’une expression aussi moderne à l’occasion d’un poëme aussi antique. Ces sept Actes pourraient recevoir les titres suivants : la Torture, — le Plaid royal, — le Duel, — les Champions, — la Messe du Jugement, — la Mort des Otages, — le Supplice de Ganelon. Et, pour chacun de ces sept Tableaux, nous avons sept familles de textes empruntés aux législations barbares…

« La belle Aude vient de mourir. Charlemagne, les yeux pleins de larmes, se retourne avec plus de fureur du côté de Ganelon et se promet de donner au supplice du traître un éclat plus terrible encore. Et d’abord des serfs s’emparent de Ganelon, qui est tout chargé de fers : « Ganelon, le traître, tout enchaîné, — est dans la cité devant le palais. — Les serfs l’attachent à un poteau, — lui lient les mains avec des courroies en cuir de cerf, — et le battent à coups de bâton et de corde… » Ce supplice est d’origine purement germanique. « Les coups de discipline, dit Davoud-Oglou (Histoire de la législation des



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Notes
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