La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Partie 3/Châtiment de Ganelon

De Wicri Chanson de Roland
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Fig. 30. — « Seigneurs barons, dit le roi Charlemagne, jugez-moi Ganelon. selon le droit. » (Vers 3750, 3751.)
(Composition de Zier.)

Cette page introduit le dernier chapitre de la troisième partie de La chanson de Roland, édition populaire, publiée en 1895.

C'est également le dernier chapitre de ce poème.

Châtiment de Ganelon
Fin du poème

Facsimilé

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Les couplets (laisses)

CCC

L'Empereur est de retour à Aix.
3735    Le traître Ganelon, tout chargé de chaînes de fer,
Est dans la cité, devant le palais.
Des sergents vous l'attachent à un poteau,
Vous lui lient les mains avec des courroies en peau de cerf,
Et vous le battent à coup de bâtons et de jougs de bœufs.
3740 Certes, il n'a pas mérité meilleur salaire ;
Et c'est ainsi que très douloureusement il attend son plaid.    [Aoi]

CCCI

Il est écrit dans l'ancienne Geste
Que Charles manda les hommes de toutes ses terres.
Ils se rassemblèrent dans la chapelle d'Aix.
3745   C'est un grand jour, une grande fête,
Celle du baron saint Silvestre, s'il faut en croire quelques-uns.
Et c'est alors que commença le procès : c'est ici que vous aurez nouvelles
De Ganelon, qui a fait là grande trahison..
Le Roi ordonne qu'on le traîne devant lui.    [Aoi]

CCCII

3750     « Seigneurs barons, » dit le roi Charlemagne,
« Jugez-moi Ganelon, selon le droit.
« II vint dans mon armée, avec moi, jusqu'en Espagne.
« Il m'a ravi vingt mille de mes Français;
« ll m'a ravi mon neveu, que plus jamais vous ne verrez ;
3755 « Il m'a ravi Olivier, le preux et le courtois.
« Pour de l'argent enfin il a trahi les douze Pairs.
« — C'est vrai, » s'écrie Ganelon, « et maudit sois-je si je le nie ;
« D'or et d'argent Roland m'avait fait tort ;
« C'est pourquoi j'ai cherché sa perte et voulu sa mort ;
5760 « Mais je n'admets point que tout cela soit de la trahison.
« — Nous en tiendrons conseil, » répondent les Français. Aoi.

CCCIII

Il est là, Ganelon, debout devant le Roi ;
Il a le corps gaillard, le visage fraîchement coloré.
S'il était loyal, il aurait vraiment la mine d'un baron.
3765     Il jette les yeux. autour de lui, voit les Français et tous ses juges,
Et trente de ses parents qui sont avec lui.
Alors il élève la voix et s'écrie :
« Pour l'amour de Dieu, entendez-moi, barons.
« Donc, j'étais à l'armée de l'Empereur.
3770 « Avec amour et foi je le servais ,
« Lorsque son neveu Roland me prit en haine,
« Et me condamna à mort , à une mort très douloureuse.
« Oui, je fus envoyé comme messager au roi Marsile,
« Et si j'échappai, ce fût grâce à mon adresse.
3775 « Alors je défiai Roland le brave,
« Je défiai Olivier et tous leurs compagnons.
« Charles et ses nobles barons ont été les témoins de ce défi.
« C'est là de la vengeance, et non pas de la trahison.
« - Nous en tiendrons conseil, » répondent les Francs. Aoi.

CCCIV

3780   Quand Ganelon voit que le grand procès va commencer,
Il rassemble trente de ses parents.
Il en est un qui domine tous les autres :
C'est Pinabel, du château de Sorence.
Celui-là sait bien donner ses raisons, c'est un beau parleur ;
3785   Puis, quand il s'agit de défendre ses armes, c'est un bon soldat.
Ganelon a dit à Pinabel : « C'est en vous que je me fie;
« C'est à vous de m'arracher au déshonneur et à la mort. »
Et Pinabel répond : « Vous allez avoir un défenseur.
« Le premier Français qui vous condamne à mort,
3790   « Où que l'Empereur nous fasse lutter ensemble,
« Je lui donnerai un démenti avec l'acier de mon épée. »
Ganelon tombe à ses pieds. Aoi.

CCCV

Saxons et Bavarois sont entrés en conseil,
Avec les Poitevins, les Normands et les Français.
3795   Les Thiois et les Allemands sont en nombre.
Les barons d'Auvergne sont les plus indulgents,
Les moins irrités, les mieux disposés pour Pinabel :
« Pourquoi n'en pas rester là? » se disent-ils l'un à l'autre ;
« Laissons ce procès, et prions le Roi
3800   « De faire cette fois grâce à Ganelon,
« Qui désormais le servira avec foi, avec amour.
« Roland est bien mort, plus ne le reverrez;
« L'or et l'argent ne pourront pas vous le rendre.
« Quant au duel, ce serait folie. »
3805   Tous les barons disent oui, tous approuvent,
Excepté un seul : Thierri , frère de monseigneur Geoffroi. Aoi.

CCCVI

Vers Charlemagne retournent les barons :
« Sire, » lui disent -ils, « nous vous prions
« De tenir quitte le comte Ganelon :
3910   « Il vous servira désormais avec foi, avec amour.
« Laissez-le vivre; car il est vraiment gentilhomme.
« Roland d'ailleurs est mort ; nous ne le reverrons plus ;
« Et ce n'est point l'or et l'argent qui pourront nous le rendre.
« — Vous n'êtes tous que des félons! » s'écrie le Roi.

CCCVII

3815   Quand Charles voit que tous lui font défaut,
Il baisse la tête,
Et, de la douleur qu'il ressent : « Malheureux que je suis ! » s'écrie -t-il.
Mais voici devant lui un chevalier : c'est Thierri ,
Le frère au duc Geoffroi d'Anjou.
3820   Thierri a le corps maigre, grêle, allongé;
Ses cheveux sont noirs, ses yeux sont bruns ;
Il n'est d'ailleurs ni grand ni trop petit.
Et il a dit courtoisement à Charles :
« Ne vous désolez pas, beau sire Roi.
3825   « Vous savez que je vous ai déjà bien servi ;
« Or, par mes ancêtres, j'ai droit à siéger parmi les juges de ce procès.
« Quelle que soit la faute dont Roland se soit rendu coupable envers Ganelon,
« Votre intérêt eût dû lui servir de défense.
« Ganelon est un félon; Ganelon a trahi votre neveu;
3830   « Devant vous il vient de se mettre en mauvais cas, de se parjurer.
« Pour tout cela je le condamne à mort. Qu'on le pende,
« Et puis qu'on jette son corps aux chiens :
« C'est le châtiment des traîtres.
« Que s'il a un parent qui me veuille donner un démenti ,
3835   « Avec cette épée que j'ai là, à mon côté,
« Te suis tout prêt à soutenir mon avis.
« — Bien parlé, » disent les Francs. Aoi.

CCCVIII

Alors devant le Roi s'avance Pinabel.
Il est grand, il est fort, il est rapide et brave;
3840   Mort est celui qu'il frappe d'un seul coup.
« Sire, » dit -il au roi, « c'est ici votre plaid :
« Ordonnez donc qu'on ne fasse point tout ce bruit.
« Voici Thierri qui vient de prononcer son jugement :
« Eh bien! je lui donne un démenti, et me veux battre avec lui. »
3845   Et il lui met au poing droit le gant en cuir de cerf.
« Bien, » dit l'Empereur, « mais je veux de bons otages. »
Trente parents de Pinabel servent de caution légale.
« Je vous donnerai caution, moi aussi, » dit le Roi.
Et il les fait garder jusqu'à ce que justice se fasse. Aoi.

CCCIX

3850   Thierri, quand il voit que la bataille est proche,
Présente à Charles son gant droit;
Et l'Empereur donne caution pour lui, et fournit des otages.
Puis Charles fait sur la place disposer quatre bancs;
Là vont s'asseoir ceux qui doivent combattre ;
3855   Au jugement de tous, leur plaid est régulier :
C'est Ogier le Danois qui régla tout.
Alors : « Nos chevaux ! nos armes ! » s'écrient les deux champions. Aoi.

CCCX

Depuis qu'ils se sont mis en ligne pour leur duel,
Pinabel et Thierri se sont bien confessés, ont reçu
l'absolution et la bénédiction du prêtre ;
3860   Puis ont entendu la messe et reçu la communion ,
Et pour les églises ont laissé grandes aumônes.
Les voilà enfin revenus devant Charles.
A leurs pieds ont chaussé les éperons,
Puis revêtu leurs blancs hauberts, qui sont à la fois forts et légers,
3865   Ils ont sur leur tête assujetti leurs heaumes clairs
Et ceint leurs épées à la garde d'or pur.
A leur cou ils suspendent leurs écus à quartiers.
Dans leur poing droit ils tiennent leurs épieux tranchants ;
Puis sont montés sur leurs rapides destriers.
3870   Alors on vit pleurer cent mille chevaliers,
Qui pour Roland ont pitié de Thierri.
Mais Dieu sait comment tout finira. Aoi.

CCCXI

Au-dessous d'Aix est une vaste plaine :»
C'est là que les deux barons vont faire leur bataille.
3875   Tous deux sont preux, et leur courage est grand.
Rapides, emportés sont leurs chevaux,
Ils les éperonnent, leur lâchent les rênes,
Et, rassemblant toute leur vigueur, se vont frapper mutuellement.
Ils brisent, ils mettent en pièces leurs écus,
3880   Ils dépècent leurs hauberts, ils déchirent les sangles de leurs chevaux,
Si bien que les selles tournent et que les cavaliers tombent...
Cent mille hommes les regardent, tout en pleurs. Aoi.

CCCXII

Voici nos deux chevaliers à terre :
Vite ils se redressent sur leurs pieds.
3885   Pinabel est fort, léger, rapide.
L'un cherche l'autre. Ils n'ont plus de chevaux;
Mais, de leurs épées à la garde d'or pur,
Ils frappent, ils refrappent sur leurs heaumes d'acier.
Ce sont là de rudes coups, bien faits pour les trancher...
3890   Et tous les chevaliers français de se lamenter vivement :
« O Dieu, » s'écrie Charles, « montrez-nous où est le droit. » . Aoi.

CCCXIII

« Rétracte-toi, Thierri, » dit alors Pinabel.
« Je consens à devenir ton homme par amour et par foi,
« Et je te donnerai de mes trésors tout à souhait :
3895   « Seulement réconcilie Ganelon avec le Roi.
« — Je n'y veux même point songer, » répond Thierri.
« Honte à moi si j'y consens !
« Que Dieu prononce aujourd'hui entre nous. » Aoi.

CCCXIV

« Pinabel, » dit Thierri, « tu es un vrai baron,
3900   « Tu es grand, tu es fort, tu as le corps bien moulé;
« Tes pairs te connaissent pour ton courage ;
« Eh bien ! laisse ce combat,
« Je t'accorderai avec Charles :
« Quant à Ganelon, on en fera si bonne justice,
3905   « Que jamais plus on n'en entendra parler.
« — Ne plaise au seigneur Dieu ! » répond Pinabel ;
« J'entends bien soutenir toute ma parenté,
« Et devant homme mortel je ne reculerai pas.
« Plutôt mourir que de mériter un tel reproche ! »
3910   Alors ils recommencent à échanger de grands coups d'épée
Sur leurs heaumes gemmés d'or.
Le feu clair en jaillit, et vole jusqu'au ciel.
On ne les pourrait plus séparer :
Ce duel ne finira pas sans mort d'homme. Aoi.

CCCXV

3915   C'est un vaillant homme que Pinabel de Sorence.
Il frappe Thierri sur son écu provençal :
Le feu en jaillit, qui enflamme l'herbe sèche,
Il présente à son adversaire la pointe de son épée d'acier,
Lui tranche le heaume sur le front,
3920   Et lui fait descendre la lame jusqu'au milieu du visage ;
La joue droite est tout en sang,
Le haubert déchiré jusqu'au ventre.
Mais Dieu est là qui préserve et garantit Thierri. Aoi.

CCCXVI

Thierri voit qu'il est blessé au visage;
3925   Le sang tout clair coule sur le pré herbu.
Alors il frappe Pinabel sur le heaume d'acier bruni ,
Dont il fait deux morceaux jusqu'au nasal.
Toute la cervelle de sa tète se répand à terre.
Thierri brandit son épée, et l'abat raide mort.
3930   Ce coup termine la bataille.
« Dieu a fait un miracle, » s'écrient les Français.
« Maintenant il est juste que Ganelon soit pendu,
« Lui et ses parents qui ont répondu pour lui. » Aoi.

CCCXVII

Thierri est vainqueur.
3935   L'empereur Charles arrive,
Et, avec lui, quatre de ses barons,
Le duc Naimes, Ogier de Danemark,
Geoffroy d'Anjou et Guillaume de Blaye.
Le Roi a pris Thierri entre ses bras ;
3940   II lui essuie le visage avec ses grandes peaux de martre ;
Puis il les rejette de ses épaules, et on lui en revêt d'autres.
Tout doucement on désarme le chevalier ;
On le fait monter sur une mule d'Arabie,
Et c'est ainsi qu'il s'en revient tout joyeux, le baron.
3945   On arrive à Aix, on descend sur la place.
Alors va commencer le supplice de Ganelon et de ses parents. Aoi.

CCCXVIII

Charlemagne appelle ses comtes et ses ducs :
« Quel conseil me donnez-vous sur les otages que j'ai retenus?
« Ils sont venus au plaid pour Ganelon ;
3950   « Ils se sont portés pour Pinabel.
« — Qu'ils meurent, qu'ils meurent tous, » répondent les Français.
Alors le Roi appelle un sien viguier, Basbrun :
« A cet arbre maudit, là-bas, va, pends-les tous.
« Par cette barbe dont les poils sont chenus,
3955   « S'il en échappe un seul, tu es perdu, tu es mort.
« — Qu'ai-je autre chose à faire? » répond Basbrun.
Avec cent sergents il les emmène de force,
Et il y en a bientôt trente qui sont pendus.
Ainsi se perd le traître, ainsi perd-il les autres. Aoi.

CCCXIX

3960   Là-dessus les Bavarois et les Allemands s'en vont,
Avec les Poitevins, les Bretons et les Normands .
C'est l'avis de tous, et plus encore l'avis des Français,
Que Ganelon meure d'un terrible et extraordinaire supplice.
Donc on fait avancer quatre destriers ;
3965   Puis on lie les pieds et les mains du traître.
Rapides et sauvages sont les chevaux.
Devant eux sont quatre sergents qui les dirigent
Vers une jument là-bas, dans le milieu d'un champ.
Dieu ! quelle fin pour Ganelon !
3970   Tous ses nerfs sont effroyablement tendus :
Tous ses membres s'arrachent de son corps ;
Le sang clair ruisselle sur l'herbe verte...
Ganelon meurt en félon et en lâche.
Il n'est pas juste que le traître puisse jamais se vanter de sa trahison. Aoi.

CCCXX

3975   Quand l'Empereur a fait ses représailles,
Il appelle ses évêques de France,
De Bavière et d'Allemagne :
« Dans ma maison, » dit-il, « il y a une prisonnière de noble race ;
« Elle a tant entendu de sermons et de bons exemples,
3980   Qu'elle veut croire en Dieu et demande chrétienté.
« Pour que Dieu ait son âme, baptisez-la.
« — Volontiers, » répondent les évêques, « donnez-lui pour marraines
« Des dames nobles et de haut lignage. »
Grande est la foule réunie aux bains d'Aix ;
3985   On y baptise la reine d'Espagne
Sous le nom de Julienne.
A son bon escient, elle se fait chrétienne... Aoi.

CCCXXI

Quand l'Empereur eut fait justice ;
Quand sa grande colère se fut un peu éclaircie ;
3990   Quand il eut mis enfin la foi chrétienne en Bramimonde,
Le jour était passé, la nuit sombre était venue...
Le Roi se couche dans sa chambre voûtée ;
Saint Gabriel descend vers lui et, de la part de Dieu, vient lui dire :
« Charles, Charles, rassemble toutes les armées de ton empire ;
3995   « A marches "forcées, va dans la terre de Bire,
« Va secourir le roi Vivien dans Imphe ,
« Dans cette cité dont les païens font le siège,
« Et où les chrétiens t'appellent à grands cris. »
L'Empereur voudrait bien n'y pas aller :
4000   « Dieu! » s'écrie-t-il, « que ma vie est peineuse ! »
Il pleure de ses yeux, il tire sa barbe blanche... Aoi.


Ici s'arrête la Geste de Touroude.

Fig 31. Fin de la Chanson. (Vers 3993. (Composition de Zier.)

Notes originales

3736. Est dans la cité

3736.↑ Est dans la cité.

3958. Trente qui sont pendus

3958.↑ Trente qui sont pendus Dans Huon de Bordeaux, l'abbé do Cluny avec ses quatre-vingts moines, se porte otage pour Huon dans son duel avec Amaury. Mais déjà les idées se sont adoucies, et si Huon est vaincu, ses otages seront seulement privés de leurs terres. Cependant Charles les a tout d'abord menacés de les faire traîner à roncis, et ils sont enchaînés tant que dure le duel. Je ne vois pas qu'on ait encore songé à rapprocher ce passage d'Huon du dénouement de notre Roland.

3982. Marraines

3982.↑ Marraines. L'usage d'avoir plusieurs parrains et marraines a existé dans plusieurs Églises, et il a été prohibé par plusieurs conciles. (Voir la note de Génin, en son édition du Roland, p. 460.) Jl convient d'ajouter qu'Hoffmann propose une leçon toute différente et rejette le mot marraines. (Voir les Notes pour rétablissement du texte.)


Voir aussi

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