La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/1872/Volume 2/Glossaire/A

De Wicri Chanson de Roland
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A


A. Préposition

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 284.jpg

A. Préposition. (Du latin ad et, plus rarement, d’a, ab.) Ce mot présente, dans le texte d’Oxford, les significations suivantes :

1° A offre tout d’abord le sens étymologique et primordial de vers, dans la direction de ; en d’autres termes, il exprime « l’idée de tendance » : Angles de l’ ciel i descendent a lui, 2374. Le sens devient plus précis, et se rapproche de celui de sur dans l’expression : A la terre se culchet, 2013. Mist la main a l’espée, 443. Et, ailleurs, a va jusqu’à signifier dans : Quant cascuns ert a sun meillor repaire, 52. A Ais, 2556, etc.
2° A indique, non-seulement une direction prise, mais un but atteint : Par mun saveir vinc-jo a guarisun, 3774. Cunduit a mendisted, 527.
3° Un des sens les plus fréquents d’a est celui d’avec. C’est le seul pour lequel on puisse faire dériver a de la préposition latine ab : A l’une main si ad sun pis batud, 2368. L’olifant sunet a dulor e a peine, 1787. Funt les enguardes a XX milie chevalers, 548, etc. etc. De ce sens en dérive un autre : Espées a or, 1798, etc.
4° A signifie encore pendant : Metez le siége a tute vostre vie, 212. A mun vivant, 791.
Pour. Il s’emploie ainsi avec le verbe juger (le latin disait également condemnare ad : Si me jugat a mort e a dulur, 3772.
Par : A mil Franceis funt ben cercer la vile, 3661.
7° D’après, à cause de : Le recunut... a l’ fier visage e a l’ reguart, 1596-1598.
Selon, suivant : Sire a vostre comant, 946.
Comme, en qualité de : E cil de France le cleiment a guarant, 1161.
10° A l’avantage de : A l’ Jhesu e a l’ mien, 339.
11° A indique le moment et équivaut à lors de : Vos le siurez a la feste seint Michel, 37. A icest mot, 1481. A icest colp, cil de France s’escrient, 3365. — 
Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 285.jpg
12° Locutions diverses. A ben petit que il ne pert le sens, 305, etc. etc. ═ A s’emploie avec les verbes comme avec les substantifs : Cumencet a penser, 138. Mur ne citet n’i est remés a fraindre, 5. ═ A devant une voyelle devient souvent ad, qui est plus étymologique : ad Ais, 36, 52, etc. etc. ═ A combiné, contracté, fondu avec le (ad illum), donne al ; avec les (ad illos, ad illas), il donne as : A lduel qu’il ad, 3817. As Innocenz vos en serez seant, 1480. Voyez al (que nous écrivons à l’) et as.

A. Verbe

A. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Habet.) La forme presque toujours employée dans notre poëme est ad ; mais on trouve aussi at et a. Cette dernière forme se rencontre aux vers 1244, 1785, 1957, 2297.

    1. aates ##

AATES. Adj. s. s. m. Rapide, excité. (Dérive, d’après M. Diez, du nordique at (?), excitation au combat, etc.) Li destrers est aates, 1651. — S. p. m. aates : Lur chevals sunt aates, 3876.

    1. abandunet ##

ABANDUNET. Verbe employé tantôt à l’actif, tantôt au réfléchi ; 3e p. s. de l’ind. prés. (Le mot bandun : Si se met en bandun, 1220, vient d’un vocable tel que bando, synonyme de bannus, derivé du germ. bann, band. Aller à bandun, à sun bandun, c’est « aller à sa volonté, à sa guise ». De là le verbe abanduner et s’abanduner qui a encore dans la Chanson de Roland un sens très-primitif.) ═ 1° Actif : ind. prés. 3e p. s. Le frein li abandunet, 1493. — Part. prés. (avec le sens du part. passé) : Seint Pareïs vos est abandunant, 1479. ═ 2° Réfléchi : ind. prés.3e p. s. De mort s’abandunet, 390. 3e p. p. A nus s’abandunent, 928. Cf. 3082.

    1. abat ##

ABAT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Abatit, de abattere, pour a-battuere.) Plus en abat que jo ne vos sai dire, 2339. Cf. 1204, 1534, 1579. — Parf. simpl., 3e p. s. : abatiet, 1317, et abatied, 98. — Parf. comp. 3e p. s. avec un r. s. m. Si l’a mort abatut, 1957. Cf. 3929. Avec un r. s. f. : ad la porte abatue, 3650. — Part. passé, r. s. m. : abatut, 1957, 2083, 3929. R. s. f. : abatue, 3650.

    1. abez ##

ABEZ. R. p. m. (Abbates.) Asez i ad evesques e abez, 2955.

    1. Abisme ##

ABISME. S. s. m. (Abyssimus.) Nom d’un Sarrazin, 1631. — R. s. m. : abisme : Ne laisserat qu’Abisme nen asaillet, 1659.

    1. Acelin ##

ACELIN. S. s. m. (Acelinus.) Nom d’un comte français : Naimes li dux e li quens Acelin, 2882. — R. s. m. : Acelin, 172.

    1. acers ##

ACERS. S. s. m. (Aciarius.) On trouve au cas sujet du s. les deux formes : acers (1362, 2302, 2313), et acer (1507, 1953). — Au cas régime du s., acer (997, 2089, 3431, 3926, etc.). Ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les couplets en ier. C’est donc aciers, acier, qu’il faut restituer.

    1. achevée ##

ACHEVÉE (estre). Verbe passif, infinit. prés. (Achever est de la famille de chef, et vient directement d’un vocable barbare : adcapitare. Achevée vient d’adcapitata.) Ceste bataille... ne poet estre achevée, 3577, 3578.

    1. achiminez ##

ACHIMINEZ (sunt). Verbe pass. 3e p. s. de l’ind. prés. (Chemin venant de caminus, acheminer vient de ad-caminare.) Vers dulce France tuit sunt achiminez, 702. ═ Réfléchi, 3e p. s. du parf. comp., avec un s. s. m. : S’est achiminez : Entret en sa veie, si s’est achiminez, 365.

    1. acoeillent ##

ACOEILLENT. Verbe actif, 3e p. p. de l’indic. présent (Accolligunt) : Quatre serjanz les acoeillent devant, 3967. Le sens est ici celui de saisissent. — Parfait simpl., 3e p. s. : Aquillit : Si’s aquillit e tempeste e oret, 689.

    1. acorde ##

ACORDE. R. s. f. (Lat. barb. accordiam. Accorde est la forme féminine qui correspond à la forme masculine accord. Ce sont les deux substantifs verbaux d’acorder.) Se ceste acorde ne vulez otrier, 433.