La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Partie 2/Roland va mourir : Différence entre versions
De Wicri Chanson de Roland
< La Chanson de Roland | Léon Gautier | Édition populaire | 1895 | Partie 2
(→CCII) |
(→CCIII) |
||
(3 révisions intermédiaires par le même utilisateur non affichées) | |||
Ligne 23 : | Ligne 23 : | ||
{{Corps article/Début}} | {{Corps article/Début}} | ||
===<center>'''CXCVIII'''</center>=== | ===<center>'''CXCVIII'''</center>=== | ||
+ | {{Lien bord droit laisse Oxford|CLXVII}} | ||
{| | {| | ||
|- | |- | ||
Ligne 62 : | Ligne 63 : | ||
|- | |- | ||
|} | |} | ||
+ | |||
===<center>'''CXCIX'''</center>=== | ===<center>'''CXCIX'''</center>=== | ||
{| | {| | ||
Ligne 299 : | Ligne 301 : | ||
===<center>'''CCIII'''</center>=== | ===<center>'''CCIII'''</center>=== | ||
− | Pour la troisième fois, Roland trappe sur une pierre bise : | + | {| |
− | Plus en. abat que je ne saurais dire. | + | |- |
− | 2340 L'acier grince, il ne rompt pas : | + | | |
− | + | |Pour la troisième fois, Roland trappe sur une pierre bise : | |
− | L'épée remonte en amont vers le ciel. | + | |- |
− | Quand le Comte s'aperçoit qu'il ne la peut briser, | + | | |
− | Tout doucement il la plaint en lui-même : | + | |Plus en. abat que je ne saurais dire. |
− | « Ma Durendal, comme tu es belle et sainte! | + | |- |
− | 2345 | + | |2340 |
− | + | | L'acier grince, il ne rompt pas : | |
− | « Une dent de saint Pierre, du sang | + | |- |
− | « Des cheveux de monseigneur saint Denis, | + | | |
− | « Du vêtement de la Vierge Marie. | + | |L'épée remonte en amont vers le ciel. |
− | « Non, non, ce n'est pas droit que païens te | + | |- |
− | + | | | |
− | + | |Quand le Comte s'aperçoit qu'il ne la peut briser, | |
− | + | |- | |
− | « Combien de batailles j'aurai par toi menées à fin, | + | | |
− | « Combien de terres j'aurai par toi conquises, | + | |Tout doucement il la plaint en lui-même : |
− | « Que tient Charles à la barbe fleurie, | + | |- |
− | + | | | |
− | + | |« Ma Durendal, comme tu es belle et sainte! | |
− | de l'Empereur ! | + | |- |
− | « Plaise à Dieu que tu ne tombes pas aux mains d'un | + | |2345 |
− | + | | « Dans ta garde dorée il y a bien des reliques : | |
− | + | |- | |
− | « Que Dieu n'inflige point cette honte à la France ! » | + | | |
− | + | |« Une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile, | |
− | Aoi. | + | |- |
+ | | | ||
+ | |« Des cheveux de monseigneur saint Denis, | ||
+ | |- | ||
+ | | | ||
+ | |« Du vêtement de la Vierge Marie. | ||
+ | |- | ||
+ | | | ||
+ | |« Non, non, ce n'est pas droit que païens te possèdent. | ||
+ | |- | ||
+ | |2350 | ||
+ | | « Tu ne dois être servie que par des mains chrétiennes. | ||
+ | |- | ||
+ | | | ||
+ | |« Combien de batailles j'aurai par toi menées à fin, | ||
+ | |- | ||
+ | | | ||
+ | |« Combien de terres j'aurai par toi conquises, | ||
+ | |- | ||
+ | | | ||
+ | |« Que tient Charles à la barbe fleurie, | ||
+ | |- | ||
+ | | | ||
+ | |« Et qui sont aujourd'hui la puissance et la richesse de l'Empereur ! | ||
+ | |- | ||
+ | | | ||
+ | |« Plaise à Dieu que tu ne tombes pas aux mains d'un lâche ! | ||
+ | |- | ||
+ | | | ||
+ | |« ''Que Dieu n'inflige point cette honte à la France !'' » | ||
+ | |Aoi. | ||
+ | |- | ||
+ | |} | ||
− | |||
{{Corps article/Fin}} | {{Corps article/Fin}} |
Version actuelle datée du 3 juin 2022 à 10:30
Sommaire
Facsimilés
Les chapitres (laisses)
CXCVIII
O. => CLXVII
Roland lui-même sent que la mort lui est proche ; | |
2260 | Sa cervelle s'en va par les oreilles. |
Le voilà qui prie pour ses pairs d'abord, afin que Dieu les appelle. | |
Puis il se recommande à l'ange Gabriel. | |
Il prend l'olifant d'une main (pour n'en pas avoir de reproche), | |
Et de l'autre saisit Durendal, son épée. | |
2265 | II s'avance plus loin qu'une portée d'arbalète ; |
Il s'avance sur la terre d'Espagne, entre un champ, | |
Monte sur un tertre. Sous deux beaux arbres, | |
Il y a là quatre perrons de marbre. | |
Roland tombe à l'envers sur l'herbe verte | |
2270 | Et se pâme, car la mort lui est proche. Aoi. |
CXCIX
Les puys sont hauts, hauts sont les arbres. | ||
Il y a là quatre perrons, tout luisants de marbre. | ||
Sur l'herbe verte le comte Roland se pâme. | ||
Cependant un Sarrasin l'épie, | ||
2275 | Qui contrefait le mort et gît parmi les autres ; | |
Il a couvert de sang son corps et son visage. | ||
Soudain il se redresse, il accourt. | ||
Il est fort, il est beau et de grande bravoure. | ||
Plein d'orgueil et de mortelle rage, | ||
2280 | Il saisit Roland, corps et armes, | |
Et s'écrie : <s Vaincu, il est vaincu, le neveu do Charles ! | ||
« Voilà son épée que je porterai en Arabie. » | ||
Il la prend en son poing et tire la barbe de Roland; | ||
Mais, comme il la tirait, Roland reprit un peu connaissance. | Aoi. |
CC
Roland sent bien qu'on lui enlève son épée ; | ||
2285 | II ouvre les yeux, ne dit qu'un mot : | |
« Tu n'es pas des nôtres, que je sache! » | ||
De son olifant, qu'il ne voulut jamais lâcher, | ||
Il frappe un rude coup sur le heaume couvert de pierreries et d'or, | ||
Brise l'acier, la tête et les os du païen, | ||
2290 | Lui fait jaillir les deux yeux hors du chef | |
Et le retourne mort à ses pieds : | ||
« Lâche, » dit-il, « qui t'a rendu si osé, | ||
« A tort ou à droit, de mettre la main sur Roland? | ||
« Qui le saura t'en estimera fou. | ||
2295 | « Le pavillon de mon olifant en est fendu ; | |
« L'or et les pierreries en sont tombés. » | Aoi. |
CCI
Roland sent bien que la mort le presse; | ||
Il se lève et, tant qu'il peut, s'évertue : | ||
Las! son visage n'a plus de couleurs. | ||
Alors il prend, toute nue, son épée Durendal : | ||
2300 | Devant lui est une roche brune ; | |
Par grande douleur et colère, il y assène dix forts coups ; | ||
L'acier de Duraudal grince, peint ne se rompt, point ne s'ébrèche. | ||
« Ah! sainte Marie, venez à mon aide. » dit le comte. | ||
« ma bonne Durendal, quel malheur! | ||
2305 | « A l'heure où je me sépare de vous, plus ne puis en avoir cure; | |
« Avec vous j'ai tant gagné de batailles ! | ||
« J'ai tant conquis de vastes royaumes | ||
« Que tient aujourd'hui Charles à la barbe chenue! | ||
« Ne vous ait pas qui fuie devant un autre! | ||
« Tant que je vivrai, vous ne me serez pas enlevée : | ||
2310 | « Car vous avez été longtemps au poing d'un bon vassal. | |
« Tel qu'il n'y en aura jamais en France, la terre libre, » | Aoi. |
CCII
Roland frappe une seconde fois au perron de sardoine. | ||
L'acier grince : il ne se rompt pas, il ne s'ébrèche point. | ||
Quand le Comte s'aperçoit qu'il ne peut briser son épée, | ||
2315 | En dedans de lui-même il commence à la plaindre : | |
« O ma bonne Durendal, comme tu es claire et blanche ! | ||
« Comme tu luis et flamboies au soleil ! | ||
« Je m'en souviens : Charles était aux vallons de Maurienne, | ||
« Quand Dieu, du haut du ciel, lui manda par son ange | ||
2320 | De te donner à un vaillant capitaine. | |
« C'est alors que le grand , le noble roi la ceignit à mon côté... | ||
« Avec elle je lui conquis l'Anjou et la Bretagne; | ||
« Je lui conquis le Poitou et le Maine ; | ||
« Je lui conquis la libre Normandie ; | ||
2325 | « Je lui conquis Provence et Aquitaine, | |
« La Lombardie et toute la Romagne; | ||
« Je lui conquis la Bavière et les Flandres, | ||
« Et la Bulgarie et toute la Pologne, | ||
« Constantinople qui lui rendit hommage, | ||
2330 | « Et la Saxe qui se soumit à son bon plaisir ; | |
« Je lui conquis Ecosse, Galles, Irlande | ||
« Et l'Angleterre, son domaine privé. | ||
« En ai-je assez conquis, de pays et de terres, | ||
« Que tient Charles à la barbe chenue ! | ||
2335 | Et maintenant j'ai grande douleur à cause de cette épée : | |
« Plutôt mourir que de la laisser aux païens! | ||
« Que Dieu n'inflige point cette honte à la France! » | Aoi. |
CCIII
Pour la troisième fois, Roland trappe sur une pierre bise : | ||
Plus en. abat que je ne saurais dire. | ||
2340 | L'acier grince, il ne rompt pas : | |
L'épée remonte en amont vers le ciel. | ||
Quand le Comte s'aperçoit qu'il ne la peut briser, | ||
Tout doucement il la plaint en lui-même : | ||
« Ma Durendal, comme tu es belle et sainte! | ||
2345 | « Dans ta garde dorée il y a bien des reliques : | |
« Une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile, | ||
« Des cheveux de monseigneur saint Denis, | ||
« Du vêtement de la Vierge Marie. | ||
« Non, non, ce n'est pas droit que païens te possèdent. | ||
2350 | « Tu ne dois être servie que par des mains chrétiennes. | |
« Combien de batailles j'aurai par toi menées à fin, | ||
« Combien de terres j'aurai par toi conquises, | ||
« Que tient Charles à la barbe fleurie, | ||
« Et qui sont aujourd'hui la puissance et la richesse de l'Empereur ! | ||
« Plaise à Dieu que tu ne tombes pas aux mains d'un lâche ! | ||
« Que Dieu n'inflige point cette honte à la France ! » | Aoi. |
Correspondances
Dans ce chapitre | Dans le manuscrit d'Oxford |
---|---|
CXCVIII | CLXVII |
Voir aussi
- Sur Internet Archive