Discussion:Chanson de Roland (Gilles Mathieu)/4 - La Trahison/Mesures 9 à 16
Prologue - La cité sur la colline - Cordres - IV - La Trahison - Départ de Charles - Présages - Écho des Montagnes - Mort de Roland - Retour à Roncevaux - Épilogue Mesures : 1 à 8, 9 à 16, 15 à 32, 33 à 43, 43 à 49, 49 à 64, 65 à la fin // Piano - SATB // Soprano, Alto, Ténors, Basses // Cor, Timbales // Violon 1, Violon 2, Violon alto, Violoncelle, Contrebasse |
Sommaire
Travail sur la rythmique décasyllabique
Cette section retrace un dialogue entre un amateur motivé (Jacques Ducloy) et le compositeur (Gilles Mathieu).
L'amateur cherche à comprendre la relation entre la versification (qu'il vient de découvrir) et la rythmique musicale. Cette démarche induit une analyse très précise qui conduit, sur ce passage, à de légères modifications.
Ligne originale ténors
Une édition critique montrant la métrique 4 + 6
L'édition critique d'Eduard Böhmer, publiée en 1872 met en évidence la métrique 4 + 6 de la versification du manuscrit d'Oxford.
La page ci-dessous fait partie de cette édition. Pour chaque vers, un espace matérialise la séparation entre la première hémistiche de 4 pieds, et la suivant de 6 pieds. Elle contient les vers 405 et 406 de la ligne muscale.
Vers 405, respect du texte initial
Une erreur de transcription a fait sauter la conjonction « et » matérialisée par la lettre « e » dans le manuscrit. En effet, celui-ci contient :
- Tant chevalcherent e veies e chemins
Suite à un échange avec le compositeur la ligne musicale devient :
Le vers suivant pose un autre problème.
Vers 406, le ent de descendent est-il muet ?
Le manuscrit contient :
- Qu’en Sarraguce descendent suz un if.
Le compositeur a supposé que le « ent » de descendent devait être muet.
Dans son édition de 1895, section introduction / versification, Léon Gautier précise :
- Le Roland, comme nos plus anciens poèmes, est écrit en décasyllabes.
- Ces décasyllabes ont une pause intérieure après leur quatrième syllabe sonore.
- A la fin du premier comme du second hémistiche, les voyelles muettes ne comptent point : Damne Deu PerE, nen laiser unir FrancE. [NDLR 1]
- Sont assimilés à l'e muet, les e non accentués qui sont suivis d'un s, d'un t, d'un nt :
- Li EmpererES est pur matin levet. [NDLR 2]
- Le Roland, comme nos plus anciens poèmes, est écrit en décasyllabes.
Ici, le premeir hémistiche se termine par un « e » qui doit donc être muet; comme dans la partition initiale.
En revanche le mot « descendent » n'est pas en fin de la deuxième hémistiche.
L'amateur pose donc la question suivante : une écriture respectueuse de la rythmique 4 + 6 serait-elle du type suivant ?
La version finale
Dans un courriel à un groupe de travail, Gilles Mathieu décrit ainsi la réponse.
- j'ai relu plusieurs fois le vers 406, et - en essayant de faire abstraction de la rythmique que j'avais choisie pour la partition - j'ai essayé de le réciter.
- Ce qui me tombe le plus facilement sous la langue est le découpage suivant (en gras, les accents toniques) :
- Qu'en sarraguce / descendent / suz un if
- Mais mettre 4 noires à la mesure 14 ne me semble pas rendre justice à l'accent tonique...
- je préfère largement -scen(noire pointée) -dent(croche) suz(noire) un(noire)
- On revient donc vers la métrique 4/6 tout en restant au plus proche de la partition originale...
Voici le résultat :
Voir aussi
- Notes de la rédaction
- ↑ Voir vers 2337, laisse CLXXI
- ↑ Voir vers 669, laisse LIV