Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse LVI

De Wicri Chanson de Roland
< Chanson de Roland‎ | Manuscrit d'Oxford
Révision datée du 3 février 2024 à 18:27 par Jacques Ducloy (discussion | contributions) (Transcription commentée de Francisque Michel)

Cette page concerne la laisse LVI du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit

La laisse LVI (56) est contenue sur le feuillet 13 verso.

 
Page26-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg

Transcription et traduction par Léon Gautier


LVI

Tresvait li jurz, la noiz est aserie. Le jour s’en va, la nuit se fait noire.
Carles se dort, li emperere riches ; Le puissant empereur, Charles s’endort.
Sunjat qu’il ert as greignurs porz de Sizer : Il a un songe ; il se voit aux grands défilés de Cizre,
720 Entre ses puigns teneit sa hanste fraisnine ; Tenant entre ses poings sa lance en bois de frêne.
Guenes li quens l’ad de sur lui saisie ; Et voilà que le comte Ganelon s’en est emparé,
Par tel aïr l’ad estrussée e brandie, Et la brandit et secoue de telle sorte,
Qu’envers le cel en volent les esclices. Que les éclats en volent vers le ciel…
Carles se dort, qu’il ne s’esveillet mie. Aoi. Charles dormait : point ne s’éveille.

Transcription commentée de Francisque Michel

Francisque Michel-02.png
Chanson de Roland (Francisque Michel 1869) Exemplaire annoté par Paul Meyer
Navigation dans le manuscrit d'Oxford
LV (W: LV ) Previous CDR.png Laisse LVI (page 23)Next CDR.png LVII (W: LVII )
Manuscrit d'Oxford Lettrine 1.png
Healmes lacez e ceintes lur espées,
Escuz as colz e lances adubées*,  *En état.
En un bruill par sum les puis remestrent*.  *En un bois, en haut sur les montagnes restèrent.
.iiii.c. milie atendent l'ajurnée*.  *Quatre cent mille attendent le point du jour.
Deus ! Quel dulur que les Franceis ne l'sevent ! AOI.

LVI. ( => O. )


Tresvait* le jur, la noit est aserie**.  *S'en va. **Devenue épaisse.
Carles se dort, li emperères riches ;
Sunjat qu'il ert* al greignurs porz de Sizer**,  *Était. **Cise.
Entre ses poinz teneit sa hanste frainine* ;  *Sa lance de frêne.
Guenes li quens* l'ad sur lui saisie,  *Le comte.
Par tel aïr* l'at estrussée** e brandie  *Violence. **Secouée.
Qu'envers le cel* en volent les escicles**.  *Ciel. **Éclats.
Carles se dort, qu'il ne s'esveillet mie.

LVII. ( => O. )


Après iceste, altre avisiun* sunjat,  *Vision.
Qu'il en France ert à sa capele ad Ais*.
El destre braz li morst uns vers si mals* ;  *Au bras droit lui mordait un serpent si mauvais.
Devers Ardene vit venir uns leuparz*,  *Léopard.
Sun cors démenie*, mult fièrement asalt**.  *Démène. **Assaillit.
D'ens de [la] sale uns veltres avalat*  *De l'intérieur de la salle un mâtin descendit.
Que vint à Carles le galops e les salz*,  *Sauts.
La destre oreille* al premer ver trenchat,  *L'oreille droite.
Iréement* se cumbat al lépart.  *En colère.
Dient Franceis que grant bataille i ad,

Il ne sevent liquels d'els la veintrat*.

 *Vaincra.
Carles se dort, mie ne s'esveillat. AOI.

LVIII. ( => O. )


Tresvait la noit*, e apert la clere albe*,  *S'en va la nuit, et apparaît la claire aube.
Par mi cel host suvent e menu reguarded*.  *Parmi cette armée souvent et menu regarde.
Li emperères mult fièrement chevalchet* :  *Chevauche.
« Seigneurs barons, dist li emperère Carles,
Veez les porz e les destreiz* passages,  *Étroits.
Kar me jugez ki ert* en l'arère-guarde. »  *Décidez-moi donc qui sera.


 
RCR 543952103 85137 Page 063.jpg

Notes (version de Léon Gautier)

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 111.jpg[104]

Vers 717.

Vers 717.Le jur. O. Pour le cas sujet il faut li jurz. ═ Noit. O. V. la note du vers 611.

    1. 718 ##

Vers 718.Empereres. O. V. la note du vers 1.

    1. 719 ##

Vers 719.Eret. O. C’est peut-être la forme la plus ancienne dérivée de erat. Partout ailleurs nous trouvons ert. (Vers 726, 880, 1214, 1650, 2550, etc.) Lire plutôt iert. ═ Sizer. V. la note du vers 583.

    1. 720 ##

Vers 720.Poinz. O. V. la note du vers 415. Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 112.jpg[105]

    1. 721 ##

Vers 721.L’ad sur. O. Correction de M. Müller. ═ La Keiser Karl Magnus’s Kronike nous fournit ici une variante assez importante : « J’ai rêvé, cette nuit, que l’Ange de Dieu venait vers moi et qu’il brisait mon épée entre ses mains... »

    1. 722 ##

Vers 722.At. O. V. la note du vers 2. ═ Trussée. Mu.

    1. 723 ##

Vers 723. — Lire ciel. V. la note du vers 545. ═ Au vers 726, lire iert.


Voir aussi

Sur ce wiki :

  1. Version numérique copiée de WikiSource :