Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse XVI

De Wicri Chanson de Roland

Cette page concerne la laisse XV du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit

La laisse XVI (16) est contenue sur le feuillet 5 recto du manuscrit.

 
Page9-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg

Transcription et traduction par Léon Gautier


XVI

230 Après iço i est Neimes venuz , Naimes alors s’avance à son tour ;
Meillur vassal n’aveit en la curt nul ; Dans toute la cour il n’est pas de meilleur vassal :
E dist al Rei : « Ben l’avez entendut, « Vous l’avez entendu, dit-il au Roi ;
« Guenes li quens ço vus ad respundut : « Vous avez entendu la réponse du comte Ganelon.
« Saveir i ad, mais qu’il seit entenduz. « Sage conseil, pourvu qu’il soit suivi !
235 « Li reis Marsilies est de guere vencuz, « Le roi Marsile est vaincu dans la guerre.
« Vus li avez tuz ses castels toluz, « Vous lui avez enlevé toutes ses forteresses ;
« Od voz cadables avez fruiset ses murs, « Vos machines ont brisé tous ses murs ;
« Ses citez arses e ses humes vencuz. « Vous avez brûlé ses villes, vous avez battu ses hommes.
« Quant il vus mandet qu’aiez mercit de lui,
« Or il ne vous demande aujourd’hui que d’avoir pitié de lui :
240 « Pecchet fereit ki dunc li fesist plus, « Ce serait péché que d’exiger davantage,
« U par ostages vus en voelt faire soür ; « D’autant que par ses otages il vous offre toute garantie.
« Ceste granz guere ne deit munter à plus. » « Il est temps que cette grande guerre prenne fin. »
Dient Franceis : « Ben ad parlet li dux. » Aoi. Tous les Français de dire alors : « Le duc a bien parlé. »

Transcription commentée de Francisque Michel

Francisque Michel-02.png
Chanson de Roland (Francisque Michel 1869) Exemplaire annoté par Paul Meyer
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Manuscrit d'Oxford Lettrine 1.png

XVI. ( => F. M. )
Après iço* i est Neimes venud,  *Après cela.
Meillor vassal n'aveit en la curt* nul ;  *Cour.
e dist al rei : « Ben l'avez entendud,
Guenes li quens* ço vus ad respondud,  *Le comte.
Se veir i ad, mais qu'il seit entendud*.  *Si vérité il y a, pourvu qu'il soit entendu.
Li reis Marsilie est de guere vencud
Vus li avez tuz ses castels toluz*,  *Enlevés.
Od voz caables avez fruiset ses murs*,  *Avec vos câbles avez froissé ses murs.
Ses citez arses*, et ses humes vencud :  *Brûlées.
Quant il vos mandet qu'aiez mercit de lui,
Pecchet fereit ki dunc li fesist* plus,  *Fit.
U par ostage vos en voelt* faire sours**  *Veut. **Sûrs.
Ceste grant guerre ne deit munter à plus. »
Dient Franceis : « Ben ad parlet li dux. » AOI.
 
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Notes (version de Léon Gautier)

logo travaux partie en cours de transcription
logo lien externe Nous avons légèrement modifié l'ordre des 3 premières notes (sur le vers 230)

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 076.jpg[69] Le couplet précédent était en un, et la présente laisse est en u. Ces deux systèmes de consonnances sont distincts et donnent lieu à deux familles de couplets. Or c’est la première fois que nous les rencontrons dans notre texte : c’est donc ici l’occasion de rectifier et de compléter ce que nous avons dit en notre Introduction au sujet de ces laisses en u, un, etc. Nous prions le lecteur de remplacer, dans notre tome I, les lignes 12 et suivantes de notre page li par les propositions suivantes, qui sont le résultat d’une étude plus approfondie.

Il y a ici à distinguer trois familles de couplets masculins : 1° Laisses en u (quand cette voyelle ne se diphthongue pas en ou dans la prononciation). Telles sont les laisses 64, 84, 121, 149, 155, 158, 178, 204, 268, 294, 296, où nous notons les assonances suivantes : u, ud, ui, uist, uit, ul, uls, um (Hum et Loüm), un et uns (aün et brun), ur, us, ust, ut, ux, uz. (Une seule fois l’on trouve un mot tel que herbus.) 2° Laisses en un. Tels sont les couplets 15, 17, 50, 63, 72, 115, 145, 169, 226, 242 et 284, où nous ne trouvons que les assonances suivantes : um, (om, oem), umpt, ums ; un, (on), uign, oign, uins, uinst, uinz ; unc ; und ; uns, (ons), unt, unz. On y trouve aussi, mais une fois chacune et en quatre couplets différents, uld, ur, (or), urt. 3° Couplets mixtes en un, ur et u, ce dernier se diphthonguant en ou dans la prononciation. (C’est sur ce dernier fait que nous n’avions pas assez fixé notre attention et nous avions confondu entre elles les deux notations u.) À ce troisième groupe appartiennent les couplets 34, 70, 82, 96, 100, 108, 114, 140, 165, 181, 189, 197, 211, 235, 274, 280, où nous notons les assonances suivantes : ub, (od), uls, uilz, (olz), old, um, (om), umpt, un, (on), uign, (oign), uinz, (oinz), uns, (ons), unt, (ont), (unz), ur, (or), urs, (ors), urt, (ort), urz, us, (os), (ous), uz, (oz), oiz (?). Remarquons, pour être complet, que les laisses 16 et 68 sont plus particulièrement en ur, u (sans un). ═ Il en est à peu près de même pour les couplets féminins, et il faut les partager en deux ou trois groupes : 1° Laisses en u (quand cette voyelle ne se diphthongue pas dans la prononciation). Il n’y en a que trois dans le Roland, et non pas cinq : ce sont les 106, 174 et 272, où nous notons les assonances uble, ude, ue, uet, ues, uie, uiet, uigne, uisent, une (cumune), ure (cheveleüre, etc.), uret (duret, asoüret) ; urent, ustes. ═ 2° Laisses beaucoup plus nombreuses, où les sons un et u sont suivis d’autres consonnes et d’un e muet ; mais il s’agit ici de l’u qui se diphthongue. Tels sont les couplets 2, 52, 76, 101, 117, 136, 153, 190, 194, 241, 266, 271, où se trouvent les assonances : ubles, uce, uche, uchet, ucle, ucles, ode (?), ue, uissent, uisent, uisset, oisset, oiset, uindre, oigne (onie, onies), ulce, ulces, ulcet, ulchet, ultre, umbe, umbre, umbrent, umbret, ume, (ome), umes, umpet, umpre, umtes, une, (one), (ones), unces, unches, unchet, uncle, uncles, unde, (onde), undet, undre, unent, unes, unge, unget, ungres, unkes, unne, unte, untes, untre, ure (amure, desure) ; urne, urnet, urnent, usche, usches, use, (ose), uset, ustet, ustret, ute, utes, utent, utet. 3° Enfin, l’on peut signaler deux couplets féminins en un pur (31 et 263) ; mais il ne serait pas impossible de les faire rentrer dans la famille précédente. (Cf. au vers 96, p. 51, ce que nous avons dit des couplets en er et en ier.) On peut également ne distinguer que deux groupes de couplets féminins en e, suivant que l’e est ouvert ou fermé. (V. p. l de notre Introduction.) Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 075.jpg[68]

Vers 230.
Venud
. O. Pour le cas sujet il faut venuz. On peut ajouter ici le vers suivant du remaniement de Versailles, ramené à notre dialecte :

Blanche out la barbe et tut le peil canut.

Naimes
C’est Girart d’Amiens qui nous a conservé, sur la généalogie et la naissance de Naimes, les plus précieux détails, qui nous paraissent d’ailleurs n’avoir rien de traditionnel.

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 077.jpg[70]

Vers 231.
Meillor
O. À cause de la phonétique du manuscrit, il faut meillur, comme nous l’avons montré dans la note des vers 17, 45 et surtout 51.

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 078.jpg[71]

Vers 232.

Vers 232.Entendud. O. V. la note des vers 2 et 122.

Vers 233.

Vers 233.Respondud. O. Pour l’o changé en u, voy. la note des vers 17, 45, 51. ═ Pour le d final changé en t, voy. la note des vers 2 et 122.

    1. 234 ##

Vers 234.Entendud. O. V. la note des vers 2 et 122.

    1. 235 ##

Vers 235.Marsilie. O. Pour le cas sujet, il faut Marsilies. ═ C’est pour la même cause que nous avons substitué vencuz à vencud. O.

    1. 236 ##

Vers 236.Vos. O.

    1. 239 ##

Vers 239.Vos. O.

    1. 241 ##

Vers 241.Vos. O. ═ Soürs. O. Naimes ne parlant qu’à Charlemagne, il faut au régime singulier : soür.

    1. 242 ##

Vers 242. Grant. O. À cause du cas sujet, il faut granz. Sur les adjectifs à une seule terminaison pour le m. et le f., voy. la note du v. 19.

    1. 244 ##

Vers 244.Qui. O. V. la note du v. 18. ═ Enveieruns. O. V. la note du v. 42, sur les premières personnes du pluriel.


Concordances et compléments

Cette laisse est reprise dans :

Elle est alignée avec la laisse XVI du manuscrit de Châteauroux.

Voir aussi

Notes
  1. Version numérique copiée de WikiSource :


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