Chat (Larousse - G.D.U. XIXe siècle)

De Wicri Animaux
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Le chat associé à la lettre C

Cet article qui traite du Chat est extrait du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle.

Avant-propos

Cet article a été légèrement adapté par rapport à l'original sans modifications réelles sur le contenu.

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L'article

Larousse - G.D.U. XIXe siècle - I. A. - Tome 3, page 1064.jpg[1064]

CHAT sémantif masculin

Lexicographie

CHAT s. m. (cha). Ce mot français vient directement du latin catus, même sens, par suite du changement normal du c en ch, et de la chute de la désinence.

Certains dialectes offrent même une forme intermédiaire plus voisine du latin catus, par exemple le picard cat. Les langues néo-latines présentent, pour le nom de cet animal, un remarquable accord. Ainsi, l'italien l'appelle gatto l'espagnol gato, le catalan gat, le provençal cat. La chatte porte, dans ces mêmes langues, les noms également similaires de gatta, gata, cata, auxquels il faut ajouter le grec moderne gata. On sait que le latin a un autre nom générique pour désigner le chat, celui de felis, et il est étrange que ce ne soit pas ce mot qui soit passé dans nos idiomes romans.

On croit cependant pouvoir en retrouver un dérivé immédiat dans le picard fèle, qui, avec cat, désigne quelquefois le chat. Ce ne sont pas seulement les langues néo-latines, mais encore les langues celtiques et germaniques, qui ont donné à ce mot droit de cité par exemple, l'irlandais cat le cymrique câth, l'anglo-saxon cat, etc., reproduisent assurément le catus latin.

Mais d'où vient ce catus latin ? Grosse question et qui a inspiré bien des hypothèses plus ou moins acceptables, Catus par un a long, est un mot relativement moderne en 1atin; le véritable nom du chat est felis, que nous avons vu plus haut. On ne trouve catus que dans Palladius, et dans un vers anonyme de l'Anthologie latine. Les uns ont voulu identifier catus avec un autre mot latin catus, par un a bref, emprunté à la langue sabine, et paraissant être une contraction de cautus, rusé, malin. Ce nom conviendrait, en effet, assez bien au chat ; mais la différence dans la quantité des deux a ? D'autres ont cherché à catus une origine plus moderne et assez ingénieuse catus ou cattus serait un dérivé du verbe captare, saisir, par contraction cattare. Cattus serait alors pour captus, avec le sens actif. C'est de ce verbe que les Italiens ont fait leur gattare et les français guetter : Le chat serait alors l'animal qui guette, qui se met à l'affût. Cette étymologie, raisonnable pour le sens, est au point de vue linguistique, assez peu admissible.

M. Pictet est, lui, d'un tout antre avis dans ses Origines indo-européennes. Pour mieux faire comprendre sa théorie, il faut mettre sous les yeux des lecteurs les quelques considérations dont il l'a fait précéder.

« C'est en Égypte, paraît-il, dit le savant philologue, que le chat a été mis au nombre des animaux domestiques, et, d'après le témoignage d'Hérodote, il y était tenu en grande vénération.
Suivant Ruppert et Ehrenberg, on doit regarder deux espèces nubiennes sauvages, les felix maniculata et Bubastis, comme la souche probable du chat égyptien. On n'en connaît point le nom hébreu, car nulle part il n'en est fait mention dana la Bible. Les Grecs et les Romains n'en avaient point: dans leurs maisons, et employaient la belette, galé, muslela, pour se débarrasser des souris. Link, d'après cela, regarde comme probable que c'est ao moyen âge seulement que le chat domestique égyptien a été importé en Europe et dans une partie de l'Asie. Cela semble douteux cependant, depuis que l'on a trouvé à Moosseedorf, canton de Berne, dans les restes «un ancien établissement lacustre qui parait remonter à de chat mêlés à ceux de chien, de bœuf, de cheval, de cochon, de chèvre et de mouton. »

Après ces détails intéressants sur les origines de l'histoire de cet animal domestique, M. Pictet constate que le catus latin se lie à l'arabe kitth et au syriaque katô, lesquels mots se rattachent eux-mêmes à différents termes des langues africaines, par exempte au Dada d'un dialecte bormian, au kadiskaàu nouba, au kadiskaa du bwabras. Il en conclut que l'origine du mot catus est africaine, comme t'animât qu'il désigne, et il mentionne, pour mémoire seulement, l'ancien égyptien eau, pai, et le cophte shau, qui, en effet, ne pré- sentent avec les mots précédemment cités qu'une ressemblance très-éloignée. Ce voca- ble se retrouve jusque l'arménien gadu, et l'ossète gado, ainsi que dans d'autres idiomes parlés par des nations limitrophes. Si main- tenant nous interrogeons le sanscrit, il nous offre un mot qui présente avec celui qui nous occupe un certam rapport extérieur; c'est celui de khattaça, en indou khatas, qui dé- signe, non pas le chat, mais un autre animal, la civette. Malheureusement, l'étymologie de ce mot, qui veut dire qui mange f herbe ap- pelée khatta, rend bien difficile la défense de l'origine sanscrite, à moins que cette herbe khatta ne soit analogue à la valériane, qui, on le sait, est appelée avec raison l'herbe aux chats, à cause de la véritable passion que ces animaux éprouvent pour son,parfum. M. Pic- tet fait remarquer que ladomesticationdu chat dans l'Inde doit remonter une haute anti- quité, et que l'espèce féline propre à' 'l'Inde est différente de l'espèce égyptienne, car le sanscrit possède pour le chat une série de noms appellatifs très caractéristiques tels sont l'animal de la maison, rapafu le loup de la maison, çalavrika; le mangeur de rats, alchubudj 1 ennemi de la 'souris, mdahake- rata. L'avis de M. Pictet est que les Aryas, nos ancêtres, ne possédaient pas le chat, quoi-' que sans doute ils en aient connu quelque espèce sauvage. Chez plusieurs nations, le chat parait avoir été caractérisé par sa longue queue, car il semble que dans le nom grec du chat, ailouros, on retrouve le mot oura, queue. Par suite d'une coïncidence curieuse, il y a toute une séSçie de mots persan, afghan, kourde, turc, pushak, pishik, psik, psi, p'sai, psaka, qui semblent se rattacher au mot sans- crit putchchha ou pitchchha, queue, comme le mot grec ailouros à oura).

Définition, syntagmes et exemples

Mammifére, Animal carnassier domestique qui sert de type à un genre du même nom :

un chat noir, gris, blanc. Le chat d'Angora. Un chat d'Espagne.
  • Le chat est un domestique infidèle que l'on ne garde que par nécessité. (Buff.)
  • Le chat est joli, léger, adroit propre et voluptueux il aime ses aises, il cherche les meubles les plus mollets pour ay reposer et s'ébattre. (Buff.)
  • Dans le chat, la forme du corps et le tempérament sont d'accord avec le naturel. (Buff.)
  • Les CHATS n'ont de l'attachement que les apparences. (Buff.)
  • Le CHAT ne nous caresse pas, il se caresse à nous. (Rivarol.)
  • En Chine, il y a des CHATS à long poil extrêmement luisant, avec les oreilles pendantes. (Focillon.)
  • Henri III ne pouvait demeurer dans une chambre avec un CHAT. (Raspail.)
Et quel fâcheux démon, durant des nuits entières.
Rassemble ici les chats de toutes les gouttières?
BOILEAU.
De vos courtisans hypocrites
Mes chats me rappellent tes tours.
Voltaire.
La nation des belettes,
Non plus que celle des chats.
Ne veut aucun bien aux rata.
La FONTAINE.

Le genre chat

Il Genre de mammifères, de l'ordre des carnivores et de la famille des digitigrades, qui renferme, outre l'animal domestique du même nom, un grand nombre d'espèces caractérisées par un museau court et arrondi, des mâ- choires très-fortes, des on, les rétractiles Le lion et lé tigre sont dea espèces du genre CHAT.

-On distingue plusieurs variétés du chat domestique, ou mieux du chat commun, Il Chat aauvage, Variété de chat qui vit dans les bois, et qui parait être la souche de notre chat domestique. Il Chat chartreux on lies chartreux, Chat domestique dont le pelage est gris bleuâtre. n Chat d'Angora, Belle variété de chat do- mestique à poil long et soyeux. Il Chat d'Es- pagne, Chat a pelage roux ou mêlé de blanc, de roux et de noir.

Quelques espèces du genre cHat on même appartenant à d'autres genres portent, connue nom spécifique, le nom de chat. Chat mi..qué ou chat bizaum, Civette. a Chat de Con6l -nti- ,,opte, Genette. il Chat épineux, Nom vulgaire du coendou. Il Chat du Canada, Espèce delynx du Canada. Il Chat à crinière, Guépard, m Chat de mer, Espèce de phoque. Cliass. Chat haret, Chat sauvage-, chat domestique qui se retire dans les et les garennes et y vit de gibier.

Sens familiers

Sens Familier. Terme d'affection que l'on adresse à un enfant, ou à une personne avec laquelle on des relations d'amitié :

  • embrasse moi mot petit chat.
  • Pauvre chat! dit-elle à son mari en lui caressant te menton tu n'es pas malheureux! (Hait.)
  • 'Alfred, mon gros chat!
  • Qu'est-ce que tu veum, Minette/ (X. de Montépin.)

Argot. Geôlier.

Par plaisanterie. Chat fourré. Se dit des docteurs, des magistrats et de certains des 1 taires qui portent des fourrures à leurs habits de cérémonie Si les chats foorb.es de la Sorbonne étaient assez foui pour lâcher un décret. (Volt.)

Chat grillé Jeune enfant chétif et qui ne grandit pas.

-Musique de chat, Musique aigre et dis- cordante, comme les cris des chats qui se querellent.

Loc.fam. Chien et chat, Personnes qui ne peuvent se souffrir, qui ont une grande antipathie l'une contre l'autre.

Ecrire, griffonner comme un chat, Ecrire d'une manière illisible Je trouve récriture trop lentepour rendre la parole, et je qeif- tfONNE COMME UN CHAT. (G. Sahd.)

Avoir joué avec les chats, Se dit d'une personne qui a des égratignures au visage. C'est le chat Explication ironique par laquelle on feint de justifier une réponse né- gative à laquelle on ne croit pas:'Ce n'est pas moi, je vous assure.- Non, C'est LE chat. Pas un chat, Personne, absolument: Il n'y a PAS on CHAT dans la maison. On ne rencontre PAS un CHAT dans la rue.

grand Dès que les chats seront chaussés, De très- Il ;n'y a pas là de quoi fouetter un chat, C'est une chose sans importance, sans gravité c'est une bagatelle Nous ne gommes point cou- pables; IL N Y A PAS DE QUOI FSSSBR UN CHAT. (Dancourt.)

Laisser aller le chat au fromage, Se dit d'une femme qui ne défend pas assez bien sa vertu.

-Mettre une chose dans l'oreille du chat, Ne plus y penser, l'oublier entièrement; n'en pas tenir compte Ce que ie vous dis. là, j'ai grand'peur que vous ne le mettiez dans l'o- reille d'un CHAT maia si vous ne le faites pas, vous vous en repentirez grandement un jour. (G. Sand.)

C'est le nid d'une souris dans l'oreille d'un ehat Se dit en parlant de quelque chose d'impossible.

Guetter quelqu'un comme le chat fait la souris, Se dit en parlant d'un homme qui en épie un autre avec beaucoup d'attention. Aller eomme un chat maigre, Courir vite et beaucoup

Lors, dispos du talon, je vois comme un chat maigre. RÊOHrjEK.

Aller voir pécher les chats, Se laisser trop facilement convaincre.

Passer sur quelque chose comme chat aur braise, Se dit d'un hvmme qui glisse rapide- ment sur un fait duquel il veut écarter l'atten- tion Il faut courir là-dbssus comhb CHAT suit braise. (Beaumarch.)

Etre propre comme une écueUe à chat. Se dit d'un homme ou d'une chose très-malpropre. Etre comme le cAat qui retombo toujours sur ses pieds, Se dit d'une. personne adroite, qui sait toujours se tirer d'affaire, même dans les situations les plus embarrassantes. S'ap- plique, surtout en politique, à ceux qui _vent conserver leurs places sous tous les gouver- nements.

Entendre bien chat sans qu'on diae minon. Se dit d'une personne fort éveillée et qui en- de quelqu'un. Lui susciter des embarras Les calvinistes sont bien 4isea de jeter LB CHAT aux jambbs des papistes. (Volt)

Jeter sa langue'au chat, Avouer que l'on ne saurait deviner; se reconnaître confondu: Holà, ne coupon» pas la langue au célibat. Marquise! 1 ma faudrait jeter la mienne au chat. iL Auoisa.

Il On' dit pius ordinairement Jeter sa langue aux chiens.

Avoir un chat dans la yorge Eprouver duquel la voix se trouve arrêtée eu voilée. un jeune homme d'avoir des chats dans lu gorge. n'y a rien lit d'étonnant, reprit le galant, vous avez tant de sourit sur la ligure. • C'é' idon n'aurait ps» mieux dit..

Payer en ckaii. et en rata Payer en ba- gatelles; en toutes sortes d'effets de peu de valeur.

Pailler le chat par les pattes. Présenter une chose par l'endroit, le coté le plus difficile. Se servir de la patte du chat pour tirer les marrons du feu. Faire courir à un autre le espère recueillir soi-même le profit

Avoir une mine de chat fâché Paraître furieux. chat au trépassemmt d'un chat, a un cl.At en gardait un certain trouble dans –importer la chat, dire adieu A personne, et aussi déménager complètement, ne rien laisser, pas même Un chat, dans son logement Les Savants disent çu'emporter LE CHAT signifie simplement par- tir saut dire adieu; et faire un trou la lune veut dire s'enfuir de nuit pour.une mauvaise alfaire; un ami qui part le matin de la maison de campagne de ton ami A emporté le CHAT un banqueroutier qui t'est enfui a fait un trou Il la lune. (Volt) Avoir un ail Il la poêle et foutre au chat, Veiller à deux choses à la fois. Acheter, vendretKai en' poche, Acheter vendre sans voir, sans montrer l'objet acheté ôn vendu Vous êtes- vous mis en tite que

Léonard de Pourceaugnac soit un homme

.ACHETER CHAT EN POCHE? (Moi.)

Oh! cousin, D'aile. pas acheter chat en poche.

Pour savoir si la belle est droite nu de travers,

Faites-la visiter avant par des experts.

RlOKiRD.

Il On disait autrefois ACHETER CHAT EN sac:

Veux -tu ÉPOUSES CHAT EN SAC? (B. Des-

champs.) Les fille. qui se marient achètent

CHAT EN SAC. (Montaigne.)

Il y a deux manières d'expliquer cette ex-

pression proverbiale l'auteur des Remarques

sur le Dictionnaire de l'Académie prétend que

le mot chat a été ici altéré, et que cela sigui.

ne acheter un bijou chatoyant sans l'aooir dé-

monté. Mais il s'agit- certainement non d'un

bijou, mais d'un chat mis h la place d'un liè-

vre dans une poche de gibecière, pour tromper

j'acheteur. On sait en effet-que, aux barrières

de Paris surtout, beaucoup 46 chats, après

leur mort, sont décorés pompeusement du titre

de lapin ou de lièvre.

Eveilter le cltat qui dort, Réveiller nne

affaire assoupie i se susciter un danger que

l'on aurait dû éviter prudemment.

Loc. prov. On ne peut prendre dejek

chats sans mitaines, Se dit d'une affaire qui pré-

sente de grandes difficultés, qui est épmeuse.

H Chat parti, les souris dansent, Quand les

maîtres ou les chefs sont absents, les éco-

liers, les inférieurs se livrent au désordre; on

donne diverses formes à ce proverbe Vous

avez fait fête à mon neveu; c'est très-bien!

Quand le CHAT COURT SUR LES toits, LES

SOURIS DANSENT Sur les planchea. (Balz.) il La

nuit, tous les chats sont gris, La nuit, on peut

facilement se méprendre dans l'obscurité, il

est aisé de confondre les personnes et tes

choses Ahl coquin ivrognel disait M. Du-

val d Jocrisse, c'est donc toi qui bois mon vin!

Moi, monsieur? Oui, toi. Je vous jure

que non. Qui peut le boire? Dame, mm-

sieur, je n'en sais rien. C'est peut-lire le

chat,? Dame, monsieur, ça se pourrait bien,

car 1ea chats aiment beaucoup le vin. Les

chats -aiment le vin? Oui, monsieur; puis-

qu'on dit que LA NUIT TOUS les CHATS sont

GRIS. >

Veux-tu, ma Rosinette,

Faire emplette

Da roi des maris?

Je ne suis point Tircis;

Mais la nuit, flans l'ombre,

Je vaux encor mon prix

Et quand il fait sombre.

Tous les chats sont orà.

BSA11HARC1U18.

1 Le mou est pour le chat Se dit de ce qui

revient naturellement h quelqu'un. n A man-

vaisrat mauvais chat, Il faut être méchant

avec les méchants, Il A bon chat bon rat, Se

dit quand celui qui attaque trouve un ants-

goniste capable de lui résister Le mari

a'Araminte est amoureux de ma maitresse.

Oh bien, mon enfant, à, DON CHAT BON R,AT;

Je marine ta maitresse est amoureux d'Àra-

minte.t (Dancourt.)

On voulait m'attaquer, mais é bon chat bon. rat.

Destouches.

Maudit soit le premier qui nom ensorcela

Mâle d bon chat bon rat et ce n'est par merveillf,

Si tea femmes souvent leur rendent la pareille:

Beohard.

H Chat échauSé cramt l'eau froide, On redoute

même la fausse apparence du mal qu'on a

ressenti Une fois. On dit dans le même sens,

mais plus rarement, Chat échaudé ne revient

Sens spécialisés par métier

Marine
Bâtiment de commerce des mers du Nord, peu usité aujourd'hui qui était constrait a plates varangues et arrondi aux deux bouts.
Il Espèce de galère en usage au moyen
Pêche
Petit grappiu avec lequel les pécheurs retirent du fond de la mer la leslure

ou le filet qui leur a échappé. Les matelots

.appellent chattk un instèument tout sem-

Art milit. Machine de guerre usitée an

moyen &ge, et qui consistait en une sorte de

bascule au moyen do laquelle on vait hisser des soldats la hauteur des remparts,

et les faire pénétrer dans la place. Il Sorte de

tour mobile portant une poutre armée d'un

plusieurs branches de far élastique, et qui sert

$, découvrir les chambres qui peuvent exister

dans des canons. H Chat d griffes, Instrument

de (et, muni de plusieurs dont on se

lues dans des canons de fusil- t

Chat à neuf queues, Sorte de fouet formé de Larousse - G.D.U. XIXe siècle - I. A. - Tome 3, page 1065.jpg[1065] dont les Anglais se servent pour châtier les soldats.

Comm. Nom d'une ancienne sorte de

drap de basse qualité, que l'on teignait quel-

quefois en bleu foncé, le plus souvent en noir

La chaîne des CHATS était ordinairement de

laine blanche; quant d la trame, on la formait

des résidus des laines filées qui avaient servi à

la fabrication des draps de couleur teints en

lame. (Savary.)

Techn. Accident qui survient lorsque la

matière en fusion s'échappe du creuset pour

se répandre dans le feu, soit par suite de la

rupture du creuset, soit par toute autre cause.

Il Morceau de métal percé d'un trou, dan

lequel passe la corde de l'aplomb du charpen-

tier. Il Matière étrangère dure qu'on trouve

dans l'ardoise, et qui ne permet pas de la débi-

ter. Il Chevalet de couvreur.

Blas. Figure de chat qui symbolise,

selon les uns, la liberté et 1 indépendance,

selon d'autres, l'astuce et même l'hypocrisie

Les Bourguignons avaient pria le CHAT pour

symbole, avec cette devise: Tout par amour

et rien par force. La Chelardie de Paviera

D'azur, d deux CHATS d'argent. Charon: De

gueules au chevron d'or, surmonté d'une étoile

du même, et accompagné de trois CHATS asaia,

d'argent. Chaffardon D'azur à trois CHATS

d'or, les deux au chef affrontés. Il Chat effa-

rouché, Celui qui est rampant. il Chat héria-

sonné, Celui qui lève le train de derrière plus

haut que la tête.

Jeux. Sorte de jeu d'enfants qui consiste

il atteindre et à toucher un joueur lequel, à

,on tour, cherche à en atteindre et Il en tou-

cher un. autre. Il Chat coupé, Jeu du même

genre, dans lequel un joueur peut se substi-

tuer à celui qui est poursuivi, en passant entre

lui et le poursuivant, il Chat perché, Autre jeu,

où l'on échappe au poursuivant en se suspen-

dant au-dessus du sol par la force des poignets. Il Le chat et le rat, Jeu où deux joueurs se

poursuivent les yeux bandés et attachés aux

bouts d'une même corde. il Le chat et la souris,

Jeu où un joueur cherche à atteindre une

dame dans un cercle de joueurs qui la protègent

Mus. Sorte de harpe des Birmans, .figu-

rant un. chat assis, dont ta queue, relevée sur

le dos, sert de point d'attache aux cordes de

l'instrument.

Hortic. Chat brûlé, Variété de poire d'au-

tomne, qui est fort pierreuse. il Couper les

Granchea d'un arbre en doa de chat, Leur faire

faire une espèce de coude en haut.

Ichthyol. Chat de mer, Nom vulgaire du

loup de mer, de la roussette, d'un pimélode,

de la chimère monstrueuse. Il Chat rochier ou

chat-rochier, Nom vulgaire d'un squale.

Moll. Chat de mer Nom vulgaire de

l'aphysie et de quelques coquilles qui sont

hérissées d'épines.

Bot. Espèce de garance, qui croit au Ma-

labar, il Herbe de chant, Nom vulgaire d'une

sorte d'antennarie appelée aussi PIED DR

CHAT. II Nom vulgaire de la valériane plante

sur laquelle les chats aiment à se rouler.

s. m. pl. Nom vulgaire des folles fleurs des

noyers, des coudriers, des saules.

Orfèvrerie

Orfévr. Œil-de-chat, Nom donné par les lapidaires aune pierre âne au genre de l'agate, qui est gris de paille, ou jaunâtre, ou verdâtre, avec un pomt central d'où rayonnent des lignes d'un vert lumineux tranchant sur le fond. On taille i/œil-de-chat soit en rond, soit >'n ovale, selon la direction de son chatoiement.

Aspects encyclopédiques

Emcyct. Mamm. 'Les animaux du genre chat sont, de tous les carnassiers, les mieux armés pour le combat. Ils se distinguent aisément par leurs dents et par leurs ongles. Leur système dentaire est composé de trente dents chaque mAchoire est munie de six incisives et de deux canines énormes. Il y a, en outre, huit molaires à la mâchoire supérieure et six à l'inférieure. Ces molaires sont comprimées, tranchantes et dentelées comme une scie. Au lieu de se toucher par leur couronne, elles se correspondent par leurs faces, comme des la- mes de ciseaux, ce qui provient de ce que la machoire inférieure est plus étroite que la supérieure. Les molaires qui garnissent les deux côtés de cette dernière se subdivisent en deux avant-molaires, deux molaires principales et quatre arrière-molaires. Les avant-molaires sont relativement très-petites. Les molaires principales sont plus grandes, a couronne triangulaire, à sommet presque médian et peu pointu. Les premières arrière-molaires, appelées aussi, carnassières supérieures, sont les plus grosses de toutes. Ces dents, très caractéristiques, sont formées d'une pointe tranchante, avec un lobe conique a la base antérieure, et en arrière, un autre lobe beaucoup plus étendu, qui s'écarte en une sorte d'aile tranchante. Les secondes arrière-molaires se font remarquer par leur petitesse et leur forme entièrement tuberculeuse. Elles sont disposées transversalement et ont une couronne bilobée. Les molaires de la mâchoire inférieure comprennent deux molaires principales et quatre arrière-molaires. Les molaires principales, qui viennent après une bosse assez marquée, sont légèrement triangulaires, comprimées avec un talon basilaire en avant, et un talon beaucoup plus grand, presque bi-

lobé, en arrière. Les premières arrière-jno-

laires diffèrent peu de leurs correspondantes

supérieures elles sont cependant un peu plus

grandes. Les secondes, ou carnassières infé- rieures, sont très/minces, assez élevées eut formées presque/entièrement de deux lobes tranchants, que sépare une échancrure plus ou moins profonde. Ces dents sont tellement serrées cont tes précédentes, qu'elles les dé- passent quelquefois en dedans d'une manière assez marquée. Les mâchoires sont courtes, et mue par des muscles extrêmement forts. C'est développement de ces muscles et de l'arcade zygomatique sur laquelle Us sont in- sères qui donne la tête des chats cette lar- geur caractéristique, et à leur museau cette forme arrondie qui les font distinguer au pre- mier abord de tous les autres mammifères carnassiers.

Les ongles des chats constituent des armes tout aussi redoutables que leurs dents. Un mécanisme particulier empêche qu'ils ne s'ê- moussent ou ne s'usent dans la marche. A cet effet, la phalange ongnéale tourne dur la tête de la phalange précédente, et de celle-ci part un ligament très-fort, qui, par son élasticité, tient la phalange onguéale relevée sans au- cun effort dé la part de l'animal. L'ongle est. en outre protégé par un repli de la peau. Quand un chat veut saisir et déchirer s proiea il contracte les muscles fléchisseurs des a- langes et fait sortir ses griffes acérées; (dès que la contraction volontaire cesse, ces nières se relèvent naturellement. Cette dis- position particulière dés ongles ne se rencon- tre que dans les chats. Les ongles ainsi con- formés sont désignés sous le nom d'ongles rétractiles. Quoique moins importantes an point de vne purement zoologique les autres particularités de la structure des chats sont aussi fort inté- ressantes pour l'observateur. Leurs pieds sont matelassés de tissu cellulo-fibreux, ce qui, joint à l'extrême élasticité de leurs membres, rend leur marche tout à fait silencieuse et -leur permet de tomber de très-haut sans se blesser. La langue est couverte de papilles cornées, dont la pointe se trouve dirigée en arrière. Le nez est terminé par un mufle as- sez petit, côté et au-dessous duquel s'ou- vrent les narines. Les oreilles sont courtes, droites, triangulaires. Les jambes sont assez courtes. Les pieds de devant ont cinq doigts, ceux de derrière n'en ont que quatre; Les on- gles des pieds antérieurs sont les seuls com- piétement rétractiles. Le gland des mâles est couvert de petites papilles cornées, ce qui peut rendre raison des cris aigu que la te- melle de plusieurs espèces jette pendant l'ac- couplement, et qui semblent dénoter une grande douleur. On ne trouve ni poches ni follicules aux environs des organes de la gé- nération. Les intestins sont très-courts. Le cerveau est petit et proportionnellement plus développé dans le sens de la largeur, de sorte qu'il présente une saillie très-apparente à l'en- droit où Gall place la protubérance du'meur- tre. L'odorat est moins actif que celui des chiens. Les yeux sont remarquables par le volume et la sensibilité de l'iris. La pupille est linéaire ou arrondie, et certaines especes voient aussi bien la nuit que le jour. Le goût paralt assez obtus, car la langue est garnie de papilles cornées qui la transforment en une sorte de répe peu propre à transmettre les sensations. Le sens de l'ouïe ai, au contraire, une excessive finesse on est même frappé, en examinant le squelette des chats, de l'am- pleur extraordinaire de la caisse du tympan. Le toucher a son siège principal dans la mous- tache qui environne la bouche, et dont les poils, très-longs et très-forts, recouvrent de très-gros nerfs.

Comme la vie est en général très-active chez les chais, la respiration leur est très- nécessaire, et ils s'asphyxient aisément. La circulation est très-rapide.

Tous les chats, même dans les grandes es- pèees, expriment leur satisfaction en faisant entendre ce bruit monotone qu'on nomme ronron. Dans la menace, ils feulent en sôuf- dant et montrant les dents. Malgré ces deux caractères communes, leur voix varie beau-. coup d'une espèce à 1 antre. Ainsi le lion rugit d'une voix creuse et presque semblable h celle du taureau, le jaguar aboie comme un chien, le chat domestique miaule, et le cri de la pan- thère ressemble au bruit d'une scie. Le pe- lage, des chats est généralement doux, et leur fourrure forme l'objet (l'un commerce impor- tant. La plupart des espèces ont des poils laineux de couleur grise et des poils soyeux formant souvent une robe très-riche et très- variée.

Les mœurs des chats ont été étudiées avec le plus grand soin par plusieurs naturalistes. • Ces animaux,, dit F. Cuvier, sont; les plus carnassiers de tous les mammifères, et, quoi- que répandus sur la surface presque entière du globe, leurs mœurs sont partout a peu près les mêmes. Doués d'une vigueur prodigieuse, et pourvus des armes les plus puissantes, ils attaquent rarement les autres animaux à force ouverte; la ruse et l'audace dirigent tous leurs mouvements, sont l'âme de toutes leurs actions. Marchant sans bruit, ils arrivent a lieu où l'espoir de trouver une proie les dirige, s'approchent en rampant de leur victime, se tapissent dans le silence, sans qu'aucun mou- vement les décelé, attendent t'instant propice avec uaq patience que rien n'altère; puis, s élançant tout coup ils tombent'sui- elle, la déchirent de leurs ongles et assouvissent pour quelques heures la soit de sang qui les dévo- rait. Rassasiés, Us se retirent au centre du

domaine qu'ils ont choisi pour leur empire. Là, dans un profond sommeil, ifs attendent que quelque besoin nouveau les presse encore d'en sortir. Celui de l'amour, non moins puis- sant sur leurs sens que celui de la faim, vient Il son tour les arracher au repos; mais la fé- rocité de leur naturel n'est point adoucie par ce besoin, dont la conservation de la vie est seulement le but. Le mate et la femelle s'ap- pellent par des cris aigus, s'approchent avec défiance, assouvissent leur ardeur en se me- naçant et se séparent remplis d'effroi. L'amour des petits n'est connu que des mères; les cAote mâles sont les plus cruels ennemis de leur progéniture. Il semblerait que la nature n'a pu trouver qu'en eux-mêmes les moyens de proportionner leur nombre à celui des au- tres êtres, comme elle n'a pu trouver qu'en nous ceux de mettre des bornes a l'empire de notre espèce. Cependant ces animaux, qu'au- cun amour ne peut apprivoiser, sont capables de s'attacher par le sentiment de la recon- naissance. Lorsque la contrainte les force à recevoir des soins et leur nourriture d'une main étrangère, l'habitude finit par les rendre confiants, et bientôt leur confiance se change en une affection véritable; elle va même jus- qu'à en faire des animaux domestiques car le naturel des chats est tellement semblable dans toutes les espèces, qu'il n'est pas permis d'éle- ver un doute sur la possibilité de rendre do- mestiques le lion et le tigre, comme notre cAat, lui-même. Une grande force, une grande in- dépendance, nuisent, on le sait au dévelop- pement des facultés intellectuelles en les ren- dant inutiles. C'est toujours le moyen le'plus simple d'arriver au but qu'on préfère. Or, excepté l'homme, les chats n'ont nf$s d'enne- animaux dont il'font leur proie ne pSut leur résister; la seule ressource de cèuxNâ est dans une prompte fuite. Les chats bondissent avec une incroyable légèreté, mais ne peu- vent courir rapidement c'est le seul dévelop- pement de force auquel leur organisation ne se prête pas; et, sous ce rapport, c'est leur seule imperfection, si l'on peut toutefois ap- peler ainsi la privatipn d'une faculté qui au- rait entraîné la dévastation des continents, et y aurait éteint la vie animale; car, après 'avoir vu ce que peut la force d'un tigre poussé par la faim, et Yadresse ou la légèreté d'un chat sauvage, il est impossible de con- cevoir comment les autres animaux auraient pu échapper à la mort si la fuite leur eut été inutile. Les chats ne montrent jamais dans l'état sauvage une très-grande mteiiigence; aussi ne les chasse-t-on pas, à proprement parler; on les attaque à force ouverte ou par surprise. !Murs ruses ne consistent guère que dans le silence et le mystère. Lorsqu'ils sont une fois soumis à l'homme, lorsqu'ils sont con- traints pas sa puissance vivre dans des cir- constances' où ils ne se seraient jamais placés d'eux-mêmes, alors leur entendement se dé- veloppe, s'accroit et présente des résultats tout à fait inattendus. La défiance Parait être le trait le plus marqué de leur caractère; aussi c'est celui que la domesticité n'efface jamais tout à fait, et qui présente le plus d'obstacles quand on veut les apprivoiser.La moindre circonstance nouvelle suffit pour les etfrayer pour leur faire craindre quelque dan- ger, quelque surprise. Il semblerait qu'ils se jugent comme nous les jugeons nous-mêmes. Le genre chat, tel qu a a été adopté par Linné et par Cuvier, c est-$-dire en y com- prenant le guépard et les lynx, forme aujour- d'hui, sous le nom de fé lins une des plus importantes familles de l'ordre des mammi- fères carnassiers. Pris dans le sens et avec la valeur qu'on lui accorde généralement de nos jours, ce genre comprend encore un grand nombre d'espèces, parmi lesquelles on doit citer comme particulièrement importantes le lion, le tigre, les pumas ou cougouars, la pan- thère, le léopard, fonc jaguars, l'ocelot, ,le serval et le cliat proprement dit.

Ce dernier, le seul do t nous ayons nous occuper dans cet articule, n'est autre que le chat sauvage des for de l'Europe et de l'Asie. Nous lui assignerions, d'après A. -G. Çesmarest, les caractères spécifiques sui- vants poillonget touffu, principalement sur les joues parties supérieures et latérales du corps variant du gris, foncé jaunâtre au gris brun; parties inférieures blanchâtres; dos marqué dans son milieu d'une ligne longitudi- nale noire, de laquelle partent des bandes transversales peu tranchées, assez nombreu- ses, et qui 's'étendent parallèlement les unes aux autres sur les flancs-, les épaules et les cuisses, quelques petites lignes également parallèles entre elles sur le front et le sommet de la tête; coins de la bouche gris blanc de même que la poitrine et le dessous du Ventre; lèvres noires queue très-touffue, annelée de noir, et ayant son extrémité de la même cou- leur oreilles droites, roides; pupille se con- tractant longitudinalement.

Le chat proprement dit n'est guère haut de plus de 0 m. 20; la longueur de son corps, mesuré depuis le bout du museau jusqu'à l'ori- gine de la queue, est d'environ 0 m. 50. Ou rencontre dans ce, petit carnassier toutes les habitudes des grandes espèces il vit isplé dans les bois, faisant une chasse active aux lièvres, aux lapins, aux Perdrix et a d'autres animaux. Il grunpe aveo agilité, sauta comme les écureuils, et place ses petits dans les trous des arbres. Chassé par les chiens couranta.il ruse comme le. renard; puis, quand il est fa-

tigué, Il S'élance sur un arbre, se couche irar

une grosse branehe, et de la regarde tran-

France; on ne le voit plus aujourd nui <)ue

dana les grands bois de la partie méridionale,

et il y est même très-rare. Cest lui que

M. Strauss-Durkheim a eu en vne dans «on

magnifique ouvrage intitulé Anatorm» des-

cri itve et comparée du e typ* des mam-

mifères en générat et des iarnivoret en parti-

culier.

Les diverses variétés de chats que nous

élevons a l'état domestique descendent évi-

demment du chat sauvage dont nous venons

de parler; on en distingue quatre principales

le*ehat tigré; qui se rapproche le

plus du type sauvage par ses moeurs et par la

coloration de sa robe; \e chat des Charirew,

d'un gris uniforme à reflets bleuâtres: leehat

d'Espagne, dont le pelage est entièrement roux ou bien formé d un mélangede blanc, de

roux et de noir, pour la femelle, le mâle

ayant des poils de deux couleurs seulement,

jamais de trois; le chat d'Angora, àpoils longs

et soyeux, ordinairement blancs, quelquefois

gris, fauves ou tachetés.

Les chats ont été transportés par les Euro-,

péens dans toutes les parties de la terre, mais

ils n'ont été que légèrement modifiés parla

diversité des climats. L'éducation, au con-

traire, les a profondément modifiés tant au

physique qu'au moral. Si les uns sont restés

fripons, d'autres passent leur %*le au mi-

lieu des offices sans rien dérober; on en

voit qui suivent comme ferait un chien. D'a-

près P. Cuvier, ce haut degré de domesticité

chez certains chats serait l'exemple le plus

remarquable de la puissance de l'homme sur

les animaux, de la, flexibilité de la nature de ceux-ci, des ressources nombreuses qui leur

ont été données pour se ployer aux circon-

stances et pour se modilîer suivant les causes

qui'agissent sur eux.

Buffon a chargé de sombres couleurs le

portrait du chat. Le chat, dit-il, est un do-

mestique infidèle, qu'on ne garde que par né-

cessite, pour l'opposer à un autre ennemi do-

mestique encore plus incommode et qu'on ne

peut chasser. Quoique ces animaux, surtout

quand ils sont jeunes, aient de la gentillesse,

ils ont en même temps une malice innée, un

caractère faux, un naturel pervers, que. l'âge

augmente encore, et que l'éducation ne fait

que masquer. De voleurs déterminés, ils de-

viennent seulement, lorsqu'ils sont bien éle-

vés, souples et flatteurs, comme les fripons;

ils ont la même adresse, la même sensibilité,

le même goût pour faire le mal, le même pen-

chant à la petite rapine; comme eux, ils sa-

vent couvrir leur marche, dissimuler leur

dessein, épier les occasions, attendre, choisir,

saisir l'instant de faire leur coup, se dérober ensuite au châtiment, fuitf et demeurer éloi-

gnés jusqu'à ce qu'on les rappelle,Us pren-

nent aisément des habitudes de société, mais

jamais des mœurs; ils n'ont ue l'apparence

de l'attachement on le voit leurs mouve-

ments obliques, à leurs yeux équivoques; ils

ne regardent jamais en face la personne ai-

mée soit défiance ou fausseté, lis prennent

des détours pouf en approcher, pour chercher

des caresses auxquelles Ils ne, sont sensibles

que pour le plaisir qu'elles leur font. » A ce

portrait, trac4'de main de maître, mais un peu

outré, nous opposerons le suivant ni1 le

mérite d'être plus vrai Le chat, dit M.Boi-

tard, est d'un caractère timide; il devient sau-

vage par poltronnerie, défiant par faiblesse,

rusé par nécessité et voleur par besoin; il

n'est jamais méchant que lorsqu'il est en co-

lère, et jamais en colère que lorsqu'il croit sa

vie menacée; mais alors il devient dange-

reux, parce que sa fureur est alors celle du

désespoir, et qu'il combat avec tout le cou-

rage des lâches poussés iL bout. Force, dans

la domesticité, iL, vivre toujours en so.ciété du

chien, son plus cruet ennemi, sa défiance na-

turelle a d0 augmenter, et c'est probablement

à cela qu'il faut attribuer ce que Buffon ap-

pelle sa fausseté, sa démarche insidieuse; il

a conservé de son indépendance tout ce qn

lui en fallait pour assurer son existence dans

la position que nous lui avons faite, et, si l'on

rend cette position meilleure, comme «.Paris, par exemple, où le peuple aime les animaux,

il abandonne aussi une partie de son indépen- affection. » v

Les chats-ont acquis tout leur développ»

ment à dix-huit mots; il» peuvent engendrer

avant l'âge d'un an, et s accoupler pendant la femelle n'ont que peu de rapports. Celle-

ci parattétre plus ardente que le mile, qu'elle

cherche en poussant de hauts cris.

dinairement deux fois par as, au printemps

et en automne, que le rut se manifeste cher

les chattes; il dure chaque fois neuf ou dix jours. Les chatttt portent de cinquante-cinq h

cinquante-six jours, et font de quatre k abc

petits à chaque portée. Elles se cachent pour mettre bas, car les mâles sont «ujets à.

petits pendant quelques leur apportent des souris, de* petits oiseaux afin de les accoutumer a manrar ds là

Larousse - G.D.U. XIXe siècle - I. A. - Tome 3, page 1066.jpg[1066]

part accomplissent avec sollicitude tous les

devoirs de la maternité cependant on en voit

quelquefois qui dévorent leurs petits.

Les chats ont la mastication lente et diffi-

cile; leurs dents sont disposées pour déchirer

et non pour broyer: aussi cherchent-its do

préférence les viandes les plus tendres. Ils

boivent fréquemment. Leur sommeil est lé-

ger, et ils dorment moins qu'ils ne font sem-

blant de dormir. Ils marchent légèrement,

presque toujours en silence et sans faire au-

cun bruit. Ils se cachent pour rendre leurs

excréments, qu'ils recouvrent de terre. Comme

ils sont très-propres, et que leur robe est

toujours sèche et lustrée, leur poil s'électrise

aisément, et l'on en voit sortir des étincelles

dans l'obscurité, lorsqu'on les frotte avec la

main. Les chats craignent l'eau et les mau-

vaises odeurs. Ils aiment à se tenir au soleil,

à se gtter dans les lieux les plus chauds, der-

rière les cheminées ou les fours; ils aiment

aussi les parfums et se laissent volontiers ca-

resser par les personnes qui en portent l'o-

deur 4b la valériane et de le cataire les affecte

si fortement et si délicieusement, qu'ils en

paraissent transportés de plaisir.

Aspects historiques

Depuis que les chiens ont presque un état civil, un sort fatal menace la gent féline un impôt, la cote personnelle, c'est-à- dire une Terreur, un massacre des Innocents, attend les chats. Bientôt peut-être les rivières charrieront leurs cadavres; bientôt leurs membres palpitants rissoleront à foison dans les casseroles des gibelottiers de nos barrières.

Eloignons ces funèbres idées, et, quel que soit le sort réservé à cette intéressante espèce de quadrupèdes, ayons le courage de prendre leur défense eu portant a la connaissance de tous des faits qui, depuis la plus haute antiquité, n'ont cessé de témoigner de l'estime dans laquelle ils ont toujours été tenus par les humains.

D'abord, et pour être fixé sur la valeur intrinsèque, tant morale que physique, d'une race d'animaux. consultons les proverbes, cette sagesse des nations. Que disent les pro- verbes ? Fripon comme une .chouette; Triste

comme un hibou Cruel comme un tigre Sale

comme un pourceau Sauvage et misanthrope

comme un ours; Rusé comme un reoard;

Vorace comme un loup; Myope commune

taupe; Têtu comme un muret: Colère,jpindi-

catif comme une vipère Inconstant^comme

un papillon, etc. Le chien, cet ami de l'homme,

voyez comme l'homme le comprend un mau-

vais souper, c'est un souper de chien; il pleut

vente à décorner les boeufs il grêle à briser les

vitres, c'est un temps de chien. Comment s'en-

nuie- t-on? On s'ennuie comme un chien. Achille,

eu colère contre Agamemnon, traite le roi

des rois de face de chien. Mais le chat l. le

chat, au contraire. Jugez-en, toujours d'a-

près la sagesse des nations Chat échaudé

craini l'eau /roide. Ici, le chat symbolise la

prudence un chat ne peut être dupe qu'une

seule fois en sa vie; l'eau chaude lui a joué

un tour pendable, il redoute l'eau, même

froide. Etre debout avant que les chats soient

chaussés. Ce proverbe indique clairement l'op-

posé de la paresse. On est du naturel des

chats lorsqu on retombe toujours sur ses jam-

bes, ce qui est le comble de l'habileté, et le

mot chat a eu l'honneur d'être pris comme

terme de comparaison, quand on a voulu pein-

dre la dextérité avec laquelle le plus fin poli-

tique du siècle passait sain et sauf d'un gou-

vernement à nu autre. Nous pourrions conti-

nuer ces honorables citations, mais une étude

ne se composant pas que d'apophthegmes

rompons le courant et passons à d'autres dé-

tails.

Si les bêtes étaient susceptibles d'amour-

propre, quels animaux devraient en avoir au-

tant que les chats? Ils ont, non pas une figure,

mais une véritable physionomie. Et puis, ils

portent la moustache. et fièrementl L'élas-

ticité de leur corps, leurs mouvements agi-

les, leurs bonds sans retentissement sem-

blent faire d'eux des êtres mystérieux qui pa-

raissent vouloir garder un secret.

Les Arabes adoraient un chat d'or, d'après

Pline. Les Alains, les Suèves, les 'Vandales

pour représenter la Liberté, avaient adopte

le chat, qui peut être dompté,, jamais sou-

mis. En Egypte dès la plus haute anti-

quité, le chat fut divinisé. Le dieu chat (le

dieu de la musique) était représenté. avec sa

tête naturelle sur un corps d homme et tenant

un cvstre. La déesse chatte était la déesse

des amours. A Memphis, la beauté des fem-

mes était d'autant,plus appréciée qu'elle se

rapprochait davantage du type chat. Il n'y

avait pas un temple qui n'eût une famille de

chats. Alors on vouait les enfants au chat,

d'après Diodore, comme aujourd'hui on les

voue a la Vierge, ou au bleu, ou au blanc Les

enfants ainsi consacrés portaient au cou un

petit médaillon sur lequel était figurée la tête

du chat du temple où le vœu avait été pro-

noncé. Chaque temple en élevait une espèce

différente. La vente de ces médailles produi-

sait de gros bénéfices aux prêtres dA ce culte,

dont les mystères furent plus tard révélés aux

pontifes grecs par Orphée. On voit bien que

nen n'est nouveau sous le soleil. Au temps

d'Hérodote, lorsqu'il mourait un ckat dans une

maison égyptienne, tous les habitants se ra-

taient les sourcils en.aigne de deuil. Si quel-

qu'un en tuait un, même accidentellement, le

peuple se jetait sur le meurtrier et le faisait

expirer dans les plus crueis.tourmenta. On sait que la ville de Corinthe possédait une statue colossale de bronze représentant un chat accroupi.

Les Turcs considèrent le ehat comme un animal pur; ils l'admettent et le choient dans leurs maisons, tandis qu'ils en proscrivent le chien, animal impur. Chez tous les musul-. mans, d'ailleurs, les chats sont encore en grand honneur; Mahomet avait pour eux beaucoup d'égards, comme le prouve le conte suivant Le chat du Prophète s'était un jour couché sur la manche de son habit et semblait y méditer si profondément, que Mahomet, pressé de se rendre à la prIère, mais, n'osant te tirer de son extase, coupa, pour ne pas le déran- ger, cette partie de son vêtement. A son re- tour, le chat, qui était revenu de son assou- pissement, vint lui faire la révérence ou remercier d'une attention ai marquée. !Mt(ho- met comprit ce que cela signifiait, et assura au chat, qui faisait le gros dos, une place dans son paradis. Ensuite, passent trois fois la main sur l'animal, il lui imprima par cet at- touchement la vertu de ne jamais tomber que sur ses pattes.

Il existe au Caire, près de la porte delà Victoire ou Babel iVazr, un hôpital créé spé- cialement pour les chais. Dans cet établisse- ment, on recueille tous les chats malades et sans asile. Un voyageur raconte avoir vu plus d'une fois les fenêtres encombrées d'hommes et de femmes qui leur donnaient Il manger travers les barreaux. ̃ Je me suis souvent arrêté, dit-il, devant ce curieux spectacle; ces chats avaient sur leurs bonnes faces une véritable expression de béatitude. >

Homère, dans la Batrachomyomachie ne parle des chats qu'avec les plus grands égards, et Platon, le divin Platon, leur donne la plus belle place dans sa description de cet âge d'or, où, dit Montaigne

Où l'épouse tendre et chérie

Ne connaissait de sort plue doux

Que de passer toute sa vie

Entre son dtat et son époux.

Pour l'homme, en effet, le chat est un ami avec lequel il s'entretient et converse tout-à l'aise. Il est aussi un comédien pantomime qui l'égayé, le distrait et l'amuse. C'est un astro- nome météorologiste, qui lui prédit les chan- gements de temps beaucoup mieux que ne pourra jamais le faire le directeur actuel de Observatoire impérial. De plus, le chat est musicien. Musicien? Oui; ne vous récriez pas, nous allons vous le démontrer.

Deux savants éminents, Grew et Le Clerc, ont dit Les chats sont très-avantageuse- ment organisés pour la musique ils sont ca- pables de donner diverses modulations à leur voix, et, dans l'expression des différentes passions qui les occupent, ils se servent de différents tous. En effet aucune nuance ne leur est inconnue, depuis le ronron en pédale jusqu'au fortissimo le plus aigu, en passant par toutes les transitions notées sur la mu- sique des mattres. Il est probable, presque certain, que ces dissonances qui nous aga- cent sont de réelles beautés, qui, faute d'une intelligence musicale suffisamment dévelop- pée, nous échappent. Peut-être est-ce la mu- sique de l'avenir, peut-être celle du passé, dans les temps antéhistoriques, alors que pro- bablement la délicatesse des organes humains était développée sur une échelle différente. Les arts ne sont-ils pas sujets à de grandes révolutions? Voyez d ailleurs les Asiatiques: notre musique leur semble ridicule, et, par contre, nous trouvons que la leur n a pas le sens commun. L'organisation musicale du chat persiste jusqu'après sa mort; après le rôle actif, le rôle passif. N'est-ce pas avec les boyaux de chats que l'on fabrique les meil- leures chanterelles, ces cordes à violon so- nores entre toutes

Astronomes et météorologistes, voyez-les la patte qu'ils contournent et promènenfsavec tant <'̃̃' grâce snr leur tête est un signé certain d'un 1 -uchain changement.dans l'état de l'at- mosphère s'il fait beau, attendez-vous au mauvais temps s'il pleut, espérez le soleil et le ciel pur. Le froid s'apprête à sévir, le vent doit bientôt souffler avec violence le chat couche son poil aussi près que possible de la peau résultats concentration de la chaleur, défaut de prise pour le vent. La chaleur pro- met de devenir intense le chat dresse et hérisse son poil; résultats rayonnement de -fa chaleur, déperdition de vapeur, équilibra- tion de sa température animale. Le chat est l'être logique par excellence.

Quant au savoir-vivre, quel autre animal peut lui être comparé? L'heure des repas lui est indifférente chaumière ou palais, il n'est aucun endroit d une maison qui ne lui soit liou de plaisance sur l'appui d'une fenêtre, sur le bras d'un fauteuil, il dort en équilibre étendu où pelotonné sur un fagot de broussailles, il s'y trouve plus à l'aise qu'un sybarite sur un lit de feuilles de rosés. Sa propreté est tra- ditionnellé. Pline l'a signalée, et Dubellay l'a célébrée dans l'épitaphe qu'il composa poqr la tombe de son chat Bélaud

Il avait cette honnêteté

De cacher dessous de la cendre

Ce qu'il était contraint de rendre.

Ajoutons que le chat ne déviant jamais enragé spontanément.

Etudions maintenant notre sujet en point,de vue de la sociabilité. Richelieu raffolait des

jeux de son olutt étaient pour lui une récréa- tion autant qu'une véritable étude. Colbert avait toujours, dans son cabinet ministériel, un troupeau de jeunes et folâtres chatons. Fontenelle, dès son enfance, adorait les chats; un entre autres, cp'il plaçait dans un fauteuil, et à qui il débitait des discours pour s'exercer à parler en public. Un beau jour, ennuyé du rôle d'auditeur que son mattre le forçait IL jouer, ce Met, à bout de patience, se sauva et ne revint jamais.

Les philosophes du siècle dernier afflr- maient, avec connaissance de cause sans doute, que le goût prononcé de certaines per- sonnes pour les chats était l'indice d'un mé- rite supérieur. Témoin nos contemporaina dont l'affection pour les chats est de notoriété publique Théophile Gautier, Albét·ia Se- cond, Léon Gozlan, Charapnenry, Théodore Barrière. Paul de Kock et quelques autres'. Mm« de )a Sablière, qui avait passé une par- tie de sa vie au milieu des chiens, s'en dé- fit un jour et les remplaça par autant de chata, tous noirs. Mm0 la duchesse du Maine composa un rondeau sur les mérites de son chat Marlamain. Mma de Lesdiguières fit éle- ver un mausolée en marbre blanc à sa chatte morte vierge, et y fit graver ce quatrain Ci-glt une chatte jolie

Sa maltresse, qui n'aima rien,

L'aima jusque$ a, la folle.

Pourquoi le dire?. on le voit bien.

Mm« Deshouliéres aussi a dit en l'honneur de sa chatte Quand mon mari s'absente Grisette me suffit. Ronsard détesta d'abord les chats

Homme ne vit qui tant haïsse au monde

Les chais que moi, d'une hatne profonde.

Je hais leurs yeux, leur front et leur regard; En les voyant, je m'enfuis d'autre part.

Mais il revint bientôt à de meilleurs senti- ments

Mais parsus tout l'animal domestique,

Le chat a l'esprit prophétique;

Et faisoient bien ces vieux Egyptiens

De l'honorer

Est-ce assez d'exemples pour prouver la haute estime et l'amitié Sont les chats opt été honorés! Ajoutons cependant que la Biblio- thèque impériale possède une médaille frappée en 1 honneur d'un chat. L'exergue, autour de la tête, porte

CHAT NOIR ler, NÉ EN 17:5.

Sur le revers on lit

SACHANT À QUI JE PLAIS, CONNAIS CE QUE JB VAUX.

Si l'on envisage leur utilité et les services qu'ils rendent au genre humain les ehats ne peuvent être trop vantés. Le plus grand re- proche qu'on puisse leur adresser, c'est de croquer quelques inoffensifs pierrots; mais, en revanche, ils détruisent les immondes ani- maux qui rongent et empestent nos habitations. L'lie de Chypre jadis était infestée de ser- pents. Près de Bafa (Paphos), au cap des Chattes, s'élevait un monastère dont les reli- gieux entretenaient autrefois une. véritable armée de chats, élevés à faire la guerre aux reptiles qui pullulaient. Dès matines, les portes du couvent s'ouvraient, et les légions félines se répandaient dans la campagne. Le soir, aux premiers coups de fangelus, qui annon- çait le souper, les chats accouraient comme une fourmilière et rentraient dans le couvent, pour recommencer le lendemain. Les Turcs, en s'emparant de 111e, détruisirent le monas- tère..

Richard Whittington le fondateur de la Bourse actuelle de Londres,dut àun simple et modeste chat d'avoirlavie sauve, d'immenses richesses et les honneurs de l'édilité. Orphe- liu, sans fortune, il s'embarque comme mousse pour les Indes. Pour toute pacotille, il possédait un chat qu'il avait sauvé des flots de la Tamise. D'abord navigation heureuse, puis tempête, puis naufrage et perte du navire sur les c&tes d'une Me peuplée de cannibales, mais ravagée par les rats de la plus pitoyable façon, Sitôt que les naufragés sont amenés IL terre, le pre- mier mouvement du chat, en apercevant ses ennemis naturels, est de s'élancer sur eux, a la grande joie des indigènes, qui n'avaient ja- mais pu se débarrasser de ces animaux, aussi incommodes que sans gêne. A la suite de cette premiélra hécatombe de rata, qui fut bientôt suivie de beaucoup d'autres, et en re- connaissance" de cet éminent service, les sau- vages font grâce page; Richard est nommé premier ministre, et son cltat généralissime des armées du roi. Quelques années après, Richard, prodigieu- sement enrichi par les libéralités de là nation revint à Londres, où il fut bientôt nomme lord-maire. Son aventure connue, on ne l'ap- pela plus que mylord Gat (mytord Cha(), nom qu'il conserva et qui devint patronymique. Les chats ayant de tout temps rendu service & l'espèce humaine, il devrait nécessairement arriver un moment ou celte-ci se montrerait in- grate. Aussi ont-ils été souvent victimes, ou de l'ignorance, ou des préjugés ou de la mauvaise foi. Nous en citerons un exemple, dans lequel ces trois vices se trouvent réu. nis. Pendant ona interminable suite d'années, et presque jusqu'il la du du xvtu* siècle, i Metz, on célébrait annuellement sur la place publique une atroce cérémonie, 4ont les chats

étaient les héros et les victimes. Les magis.

trats, assistés du clergé en habits de fête ap.

portaient une cage de fer remplie de chats.

Ils la plaçaient au sommet d'un bâcher élevé

par la populace, puis mettaient le feu auxfa.

gots. Alors cette populace se gaudissait et se

tordait de rire aux cris affreux et aux horri,

bles convulsions des pauvres bêtes grillées

vives. Qui avait invente ces réjouissances

publiques? La légende lorraine dit que c'est

en mémoire d'une sorcière qui, autrefois con-

damnée par les prêtres h périr dans les tient.

mes expiatoires, s'était métamorphosée en

chatte et sauvée au moment où on allait la ti.

rer de prison pour la conduire au bûcher. La

vérité est que la prétendue sorcière était jeune

et jolie, qu elle avait fait une vive impression

sur le coeur du prélat en chof et qu'elle pré-

féra l'alcôve épiscopale aux fagots de l'into-

lérdnce. On sait que jusqu'à la fin du vne siè.

cle, les prêtres ne faisaient pas vœu de con-

tinence, et qu'ils pouvaient se marier. Pour

donner satisfaction à l'opinion publique hébé-

tée de cette époque et des époques qui suivi-

rent, on immolait a chaque anniversaire une

certaine quantité de a pris au hasard ou

offerts par la plèbe elle-même.

Cet usage, du reste, n'était pas particulier

au pays messin. A Paris, le feu de la Saint-

Jean s'allumait autour d'un mât élevé sur la

place de Grève des chats, retenus dans un

panier, étaient lâchés lorsque le feu flam-

boyait tout autour d'eux. Ils n'avaient de re-

traite possible que le mit au haut duquel ils

grimpaient; mais là, bientôt étouffées par la

tumée, ils retombaient dans les flammes et y

périssaient. Frédéric Soulié raconte une scène

de ce genre dans un de ses romans. • Cepen-

dant, dit-il, le roi Charles IX était arrivé; on

lui avait remis une torche de cire blanche de

deux livres, garnie de deux poignées de ve-

lours rouge. Sa Majesté, s'étant approchée de

l'arbre de la Saint-Jean, en avait allumé les:

premiers fagots, puis était remontée à l'Hôtel

de ville. l'eu peu le feu gagna les bourrées-

cotrets et les 'tonneaux vides accumulés à

une grande hauteur autour de l'arbre; et

alors, tandis que Michel Noirét, trompette

juré du roi, et six compagnons trompettes

jouaient des fanfares, on vit un spectacle ré-

jouissant. Leschats, amarrés et retenus jusque-

là au pied de l'arbre, se prirent à s'élancer

de toutes les façons, les uns grimpant jusqu'au

plus haut de 1 arbre pour retomber dans la

fournaise allumée au pied, d'autres s'y préci-

lements qui dominaient le bruit des trompet-

tes. Tout coup, du milieu des flammes, on

vit s'élancer un maître chat qui gravit jusqu'à

la plus fine pointe du màt et qui, de cette

hauteur, tournait autour de lui des yeux aussi

flamboyants que le feu lui-même; en même

temps, on entendit par-dessus les rires de la

multitude la voix d'une vieille femme qui

criait de toutes ses forces Le voilà, Martial

» mon chat Martial, Martial l Murtial 1 La

vieille avait reconnu son chat. L'animal re-

connut aussi la voix de sa maîtresse, car au

moment où il était près de disparaître dans

les tourbillons de flammes il s'élança d'un

bond prodigieux et tomba au delà du cercle

de feu qui entourait l'arbre. Les sergents qui

veillaient autour pour l'attiser voulurent frap-

per le cbat, mais il s'enfuit du côté de sa mal-

tresse, au milieu des rires de la cour et dn peu-

ple, ravis de voir cet cisimnl sauvé par son

mtrépidité..

Au moyen âge, avouons-le, chez les nations

chrétiennes,la gent féline n'était pas à beau-

coup près aussi estimée que chez les peuples

infldèles. On croyait que les chats assistaient

au sabbat, qu'ils y dansaient avec les sorciè-

res, et que celles-ci, de même que le diable

leur maître, prenait volontiers la forme et la

figure de cet animal On lit à ce sujet, dans

la Démonomanie de Bodin, que des sorciers

de Vernon s'assemblaient ordinairement en

très-grand nombre dans un vieux château,

sous la forme de chats quatre hommes qui

avaient résolu d'y coucher se trouvèrent as-

saillis par cette multitude de chats; l'un d'eux

y fat tué, les antsea blessés; Les prétendus

sorciere forent poursuivis, et, par conséquent,

Aujourd'hui encore, une horrible coutume

que la Révolution n'a pas abolie; c'est la ma-

nie qu'ont certaines personnes de faire muti-

ler leurs cAals. Nous savons que jadis le prê-

tre de Oybèle, après cette opération, n'en était

que plus considéré; mais le chat qui a subi

cet outrage est en butte aux mauvais traite-

ments des autres chats et au mépris des chat-

'tell; car les chattes ne sont pas du tnême sen-

timent que l'amante d'Abailard, qui avait as-

sez de philosophie pour écrire Le coeur

fait tout, disait-elle le reste est inutile! Les

Chattes sont plutôt de favis de Psyché

Encor et j'ignorais la moitié de tes oharmea!

Mais je les ai tous vus j'ai vu toutes les armes

Qui te rendent vainqueur.

Au xvne et au xvni» siècle, les chaudron-

niersavaient la spécialité de ces sortes de mu-

tilations. Après 1793, ce furent les trotteurs

d'appartements, les écrivains publics, les car-

deurs de matelas et les tondeurs de chiens,

qui héritèrent de ce triste privilège. La

mutilation ne s'opérait que sur les mâles;

mais la deuxième moitié du mime siècle a

vu apparaître la castration des chattes. A

propos des chattes, Aristote, qui a dit tant de bonnes choses, IL commis cette sottise :

Larousse - G.D.U. XIXe siècle - I. A. - Tome 3, page 1067.jpg[1067]

Les chattes ayant beaucoup plus de tempérament que les chats, bien loin d'avoir la force de leur tenir rigueur, leur font d'éternelles agaceries, sans ménagement, sans pudeur, au

point même qu'elles en viennent quelquefois

à la violence. C'est une affreuse calomnie.

L'anecdote suivante est de beaucoup plus pro-

bable `Une chatte avait un rendez-vous avec un chat qu'elle aimait d'amour tendre. Chatte ne parlait pas, chat ne répondait rien, mais leurs cœurs battaient à l'unisson, et tous deux se comprenaient. Tout à coup une souris pa-

rait d'aventure; le chat court après elle, lia

saisit, la happe, et, tout en la croquant, oublie

sa Dulcinée. Chatte, piquée dans son amour-

propre, se promit bien que pareil affront ne lui

arriverait plus. Voici ce qu elle imagina cha-

que fois qu'elle était en tête-à-tête avec son

amant, elle poussait de temps en temps de

grands cris, histoire d'efffrayer les souris et de les empêcher devenir troubler ses amours.

Voici une légende indienne sur la véritable

origine du chat Les premiers jours que les

animaux furent renfermés dans l'arche, étonnés

du mouvement de la barque et de la nouvelle

demeure qu'ils habitaient, ils restèrent chacun

dans leur ménage sans trop s'informer de ce

qui se passait chez leurs voisins. Le singe fut

le premier qui s'ennuya de cette vie séden-

taire il alla faire quelques agaceries à une

jeune lionne du voismage. Cet exemple, im-

médiatement suivi, répandit dans l'arche un

esprit de coquetterie qui dura pendant tout le

séjour qu'on y lit, et que quelques animaux

ont encore gardé sur la terre. Il se fit dans

différentes espèces un nombre étonnant d'infi-

délit6s, qui donnèrent naissance à des ani-

maux mconnus jusqu'alors. Ce fut des amours

du singe et de la lionne que naquirent un chat

et une cAatte, qui, par une différence bien

marquée avec les autres animaux, nés comme

eux des galanteries qui se passèrent dans

l'arche, acquirent en naissant la faculté de

multiplier leur espèces. Quoi qu'il en soit de

cette origine, il est certain que si le chat a

quelques-unes des qualités du singe il a

beaucoup de celles du lion, le chat d'Europe

surtout. Les chats persans (angoras) sont

les plus beaux de tous les chats. Ils furent

importés en Italie, en 1551, par Pietro de!

Lavale. Un siècle plus tard Ménard enleva

da Rome et passa en contrebande une chatte

angora qu'il apporta en France.

Du Bellay prétend qu'il y a des chats qni ont

les yeux couleur de l'àro-en-ciel évidem-

ment il a dû rencontrer un phénomène ou

avoir une hallucination. Les yeux pers suffi-

sent à la gloire des chats pers, c esMi-dire

verts et changeants » la déesse aux yeux

pers, a dit La Fontaine pour désigner Mi-

nerve. Les yeux verts humains ne changent

pas de nuance, tandis que les yeux félins ont

des augmentations et des dégradations de

couleur qui constituent les yeux ers. Les

yeux pers passent pour inspirer de grandes

passions la dame de Fayel, à qui, sous Phi-

lippe-Auguste, un mari jaloux fit manger le

cœur de son amant, avait les yeux pers.

Les biographes du chat, depuis le grand

naturaliste jusqu'au très-spirituel M. Tousse-

nel, se sont montrés sévères pour le héros

dont ils ont raconté la vie, et c'est une sorte

de réhabilitation que nous entreprenons ici.

Que l'on accueille donc à titre de fantaisie

les deux portraits suivants que nous tirons de

notre journal l'Ecole normale et qui ont dû

étre imités en majeure partie de deux au-

teurs dont nous no nous rappelons plus les

noms.

LES CHATS.

e On a généralement mauvaise opinion de

leur caractère, et leurs griffes leur ont fait

beaucoup. d'ennemis; mais il faudrait aussi

nous rendre justice s'ils sont méchants, nous

ne sommes pas très-bons. On les accuse d'é-

goïsroe et c'est [nous, hommes, qui leur fai-

sons ce reproche 1 Ils sent fripons, mais pour-

rions-nous affirmer que ee ne sont pas nos

mauvais exemples qui les ont gâtés ? Ils flat-

tent par intérêt, et nous disons, avec un de

nos plus spirituels écrivains, que le chat ne

nous caresse pas, qu'il se caresse à nous;

mais y a-t-il beaucoup de flatteurs désintéres-

sés ? Nous-mêmes, à chaque instant, noua ai-

mous nous provoquons 1 adulation. Pourquoi

donc (eut fanons-nous un crime, a eux, de ce

qui, h nos yeux, estle plus grand dés mérites?

Je ne parlerai point ici de leur grâce nide leur

gentillesse; je ne dépeindrai point ces mi-

nauderies enfantines, à l'aide desquelles ils

savent si bien nous intéresser et nous plaire

des motifs plus puissants 'militent en leur fa-

veur. Si nous détruisions les chats, qui mon-

gerait les souris qui grugent nos greniers?

Nous comptons sur nos souricières mais il y

a longtemps que les souris, plus malignes que

nous, savent se garantir des lièges que nous

leur tendons. il faudrait donc nous attendre

à voir au premier jour la gent trotte-menu

ronger impunément tous les liv res de nos bi-

bliothèques ? D'où nous concluons que, dé-

truire les chats., ce serait rétablir le vanda-

lisme en France. Mais nous consentons même

à fermer les yeux sur les sourls. Songeons au

moins qu'un ennemi cent fois plus terrible

nous menace les rats, à qui les chats im-

posent encore une certaine contrainte, les rats

sont aux aguets ils n'attendent que le mo-

ment ou nous aurons détruit les chats pour

entrer en campagne et venir s'établir dans

nos habitations, que nous serons forcés, oui,

que nous serons forcés de leur abandonner. Catilina est à nos portes, qt nous délibérons I • à KON chat.

· Mon joli petit minet, il est temps que je te paye le tribut d'éloges que tu mérites. On vante si souvent des gens qui ne te valent pas pourquoi rougirais-ie de donner de la publicité à toutes tes perfections ? Tu es fait à peindre les nuances les plus délicates co- lorent ta robe de tigre, tes yeux sont vifs et doux, ton regard est velouté, ta queue est d'une beauté qui fait envie ton agilité, tes grâces et ta souplesse sont admirables-! Tes qualités morales ne sont pas moindres ta- chons de les récapituler. D'abord tu m'aimes beaucoup, ou, du moins, tu me caresses beau- j coup, ce qui, pour bien des gens, revient au même. Je sais bien que tu m'aimes moins qu'une tranche de gigot ou une cuisse de pou- j let; mais cela est tout simple: je suis ton maître, et un gigot vaut une fois mieux qu'un mattre deux fots mieux que deux maîtres, etc. Tu as beaucoup d'esprit, et le meilleur esprit, car tu as précisément celui qui t'est utile; tout autre genre d'esprit te paraîtrait une sot- tise. La nature fa donné des ongles que nous nommons impoliment des griffes, et ils sont. d'une structure admirable, bien emboîtés dans une membrane qui rentre ou sort comme les doigts d'un gant; tu fais h volonté griffe me- naçante ou patte de velours.

Tu sais bien que tu n'as pas de griffes pour t'en servir mais que tu t en sers parce que tu en as. Tu ne crois point aux causes nnales mon chat, tu es un grand philosophe. Tu ne connais que le bien et le mal phy- sique. Un chat qui en étranglerait un autre ne te paraîtrait pas plus coupable qu'un homme qui tue des hommes mon chat le grand Hobbes ne pensait pas mieux que toi. Tu flattes le maître qui te caresse, tu ca- resses la bonne qui fait ta pâtée tu fuis à l'aspect d'un gros animal, tu te jettes auda- cieusement sur les petites bêtes mon chat, tu es un profond politique.

Tu vis fraternellement avec le chien ton commensal; par reconnaissance pour moi, tu fais accueil toutes les personnes pour qui j'ai de la bienveillance tu présentes la griffe à ceux à qui tu supposes de mauvaises inten- tions, et tu dresses la queue pour mes amis mon chat, tu es un grand moraliste.

Quand tu promènes tes grâces sur un toit, tu portes adroitement la masse de ton corps à l'opposé du danger, tes muscles se tendent ou se relâchent avec discernement, et tu trouves la sécurité là où tant d'autres bêtes seraient transies de frayeur mon chat, tu connais parfaitement la statique des corps. Si, par inadvertance, étourderie ou préci- pitation, tu manques de point d'appui, c'est alors que tu es admirable tu te courbes en enflant ton dos, tu portes le centre de gravité vers la région de 1 ombilic, et, par ce moyen, tu retombes toujours sur tes pattes mon chat, tu es un excellent physicien.

» Voyages-tu dans l'obscurité tu épanouis la prunelle de ton oeil tu en fais un cercle parfait pour présenter une plus large sur- face et recueillir la plus grande somme de rayons lumineux épars dans l'atmosphère. Parais-tu au grand jour; ta prunelle prend une forme elliptique, se rétrécit et ne reçoit qu'une partie des rayons, dont la trop grande abondance blesserait ta rétine mon chat, tu es un parfait opticien.

Quand tu veux franchir un précipice, tu calcules la distance avec une justesse inex- primable. D'abord tu piétines, comme pour mesurer l'espace que tu divises dans ton rai- sonnement par les mouvements de tes pattes, puis tn t'élances juste sur le lieu désigné, dont tu as comparé l'éloignement à l'effort de tes muscles mon chat, tu es un savant géo- mètre.

T'égares-tu dans la campagne; tu exa- mines les plantes avec un soin minutieux, tu distingues la cataire qui te plaît, tu » roules sur elle, et tu témoignes ta joie par mille gam- bades tu connais aussi toute la famille des graminées qui sont pour toi la panacée uni- verselle et qui te purgent merveilleusement: mon chat, tu es un bon botaniste.

Enfin mon cher minet, qu'on me montre un homme qui en sache autant que toi dans tous les genres, je le proclame une encyclo- pédie vivante, un compendiurn des connais- sances humaines. Mais,* que vois'je 1 je te loue, et tu t'endors. Mon chat, c'est encore de la philosophie.

Puisque nous voila en pleine fantaisie, res- tons-y le plus longtemps possible. Cela fera trêve un moment à ces longues excursions que l'ordre alphabétique nous contraint d'en- treprendre dans le domaine de l'économie po- litique et sociale, politique surtout, chemin difficile et raboteux semé de casse-cou et de chausse-trapes, par ce temps béni de liberté de la presse, où, si l'on en croit Beaumarchais, il est permis de tout dire a à la condition ex- Icî, notre fantaisie vh consister à donner la dont notre ami Alfred Beberle a fait dernière* ment cadeau notre bébé, portant au cou, à titre d'Introduction "et attachée a un ruban rose, la missive suivante, qu'elle avait sans doute griffonnée sous la dictée de notre spiri- tuel collaborateur.

Parle, ce 5 «trier 1866.

'e,st toute confiante en votre bon petit () nI' que je mets la patte à la plume et que je viens, en faisant le gros dos, comme il confient une chatte honnêtement élevée, vousWpplier. de prendre ma tendre jeunesse en considération.

s'appelle Cosette et suis âgée d'un an, j'ai d'assez beaux yeux, une oreille passable, le museau rosé, les dents blanches, une taille avantageuse. J'aime le jeu passionnément, et je ne quitte jamais la partie que si l'on triche. Mes mœurs sont douces, mon caractère porté la bienveillance, et l'on me vit plus d'une fois revenir la première après une fâcherie. » Inutile d'ajouter que je suis de bonne mai- son, ayant des parents au Grand Dictionnaire universel du XIX» siècle.

Je ne vous cacherai point qu'on me prête quelques défauts, et, puisque entre fillettes on se dit tout, c'est ici le cas de vous miauler, mademoiselle, un petit bout de confession. » Et d'abord je ressemble au chien fameux de Jean de Nivelle, je m'enfuis. vous devi- nez le reste. Mais si, d'aventure, une souris mal avisée se permet une promenade sur-vies domaines ou vient faire sa toilette à mon nez, à ma barbe, crac I en un tour de griffes j'en- voie son âme au diable. C'est ainsi que toute fausse modestie à part, je puis, quoique fort jeune, revendiquer d'assez jolis états de ser- vice en ce genre. Permettez-moi d'ajouter que cette même griffe, qui sait être terrible en temps de guerre, devient douce, mignonne et Caressante en temps de paix je n'ai pas ma pareille pour faire patte de velours, et je veux mourir a l'instant si j'ai jamais causé le moindre dommage au visage de mes amis. » Mais revenons à mes défauts. Aussi bien, j'ai hâte d'en finir avec eux, craignant de vous inspirer, en vous les contant, de l'éloignement pour moi. Ah 1 mademoiseile, ne me con- damnez pas à me repentir toute ma vie d'a- voir été franche avec vous. On m'a dit tant de bien de votre personne que j'ai juré, foi de Cosette de passer mes jours à vous aimer et à vous servir. Certes, ce n'est pas moi qui glisserai sournoisement sur mes péchés comme pour avoir l'air de dire «Bah 1 c'est peu de » chose 1 Je souhaite pourtant que celui de tous qui me coûte le plus à avouer vous trouve compatissante. J'ai assez vécu, made- moiselle, pour savoir que les chats aussi bien que les hommes aiment à retrouver chez leurs .amis les défauts qui leur sont familiers. J'ai- merais donc, moi aussi. Mais vous ne le con- naissez pas, j'en suis certaine, cet affreux péché qui me jette toute confuse, oreilles basses, à vos genoux.Donc, je suis gour- mande. Le mot est lâché Oui, mon petit mùseau qui n'a pas l'air d'y toucher est friand de bonnes choses. Est-ce h dire que je suis voleuse? Non. Je fais ronron devant le buffet mais ne m'y introduis jamais. pourvu que les portes en soient hermétiquement fermées. ̃ Vous dirai-je aussi que je suis curieuse? toutes les personnes de mon sexe le sont. Mon père n'est que paresseux, mol, je suis fai- néante, le commerce des philosophes dont j'ai grignoté tes livres au moment où les dents me poussaient m'ayant enseigné qu'il faut tendre en toutes choses à surpasser son père. Or, je surpassa de beaucoup le mien, moi! 1 Vous verrez donc comme je m'allonge bien sur les tapie, tantôt couchée sur le ventre, tantôt sur le côté, le nez entre les pattes, parfois même étendue sur le dos, regardant voler les mouches, dont je raffole.

• Ajouterai-je, maintenant que mes défauts sont étalès sous vos jolis yeux, que j'ai au moins une qualité qui les efface tous, si bien que mon départ a fait verser des larmes ? f Pourquoi pas? Eh bien 1 donc, inadem oiselle, sans entrer dans des détails de propreté qui seraient d'ailleurs tout à mon avantage soyez-en persuadée, sachez que je sais aimer qui me caresse, et que j'ai au fond de mon cœUr de chatte des trésors de reconnaissance aveo lesquels j'ai l'honneur d'être,

Mademoiselle,

Votro très-dévouée et très-respectueuse servante

Alfrkd Debebi-b.

» P. S. J'oubliais. Mon plus grand bon- I heur, après celui de vous aimer, est de trem- per légèrement l'extrémité do ma patte dans un encrier et de la poser ensuite sur une belle page blanche. J'obtiens ainsi d'admirables ré- | sultats. Un eàvant de mes amis, lunettes sur

le nez, s'y est trompé tout dernièrement, et

a pris un morceau de ma façon pour là page

détachée d'un manuscrit arabe du

Cela m'amène & vous dire que j'écris comme un chat, mais que j'aime comme un chien. »

Jeux. Chat coupé. Jeu d'enfants qui se

joue en plein air et entre un nombre quel-

conque de joueurs. V, coopb (chat). Il Chat

perché. Jeu d'enfants ui' aune grande ana-

Jogie avec le précédent. V. pbrchb (chat). «

Le chat et le rat. Jeu surtout en faveuu chez

les écoliers en promenade. V. rat (le ohat

et le). n Le chat et la souris. Jeu de jardin

qu'aux enfants. V.jSodris (le chat et la).

Iconographie

Icône de détail Article détaillé : /Iconographie.

Allusion littéraire

Allas. Uttér. j'appelle un ehat o« chat,

et Rol«« un tripva, Allusion à un vers de

Boileau, satire Jfe.

Je ne sais ni tromper, ni ftindre, ni mentir;

Et, quand je la pourrais, je n'y puis consentir.

Je ne sais point, en l&che, essuyer les outrages

D'un faquin orgueilleux qui vous tient & set gagem

De mes sonnets flatteurs lasser tout l'univers.

Pour un si bu emploi ma musa est trop attitré.

Je suis rustique et (1er, et j'ai l'àme grossiers:

Je ne puis rien nommer, si c» n'est par ton nom j

J'appelle un

Roiet (v. ce nom) était un procureur* au

parlement, bien connu par son avidité et ses friponneries, lequel, qui portait le même nom, et qui avait. Larousse - G.D.U. XIXe siècle - I. A. - Tome 3, page 1068.jpg[1068] prit le vers pour lui et adressa au poète, par Ia poste, cent coups de b&ton, en attendant qu'à put aller les lui administrer lui-même. Dans l'application, le vers de Boileau ex- prime l'absence de tout euphémisme, de toute réticence dans les expressions

t Je suis toujours émerveillé de cette poli- tosse mielleuse, qui fait doucement avaler à tous ces gens-là et l'aigreur de vos reproches et l'amertume de vos leçons. Il faut rire, mal- gré qu'on en ait, de cet air bénin et de ce geste d'aménité avec lequel vous leur distri- buez, et d'estoc et de taille, de vigoureuses férules; en un mot, après l'inflexibilité coura- geuse de celui qui appelle un chat un chat et Rolet un fripon, je ne connais rien de plus aimable, de plus charmant, que votre genre de sournoiserie. »

Suleau à'Necker.

Vous voyez que je dis tout, monsiettritfarin, et qu'il n'y a ni réticences, ni points, ni phrases en l'air, ni ridicules ménagements, ni plate économie dans mon style; je suis comme Boi- leau,

Je ne pute rien nommer si ce n'est par son nom; JappfiUe un chat un chai, et Marin un frippier de mémoires, de littérature, de censure, de nouvelles. »

BEAUMARCHAIS, Premier Mémoire.

« Tu lis l'Univers illustré, donc tu es un 4 Athénien, pensais-je en moi-même, et je laissais ma plume courir en toute liberté, très- heureux et très-fier de me sentir compris k demi-mot par ma complice spirituelle.

C'était le bon temps. On savait ce que par- ler voulait dire. Personne n'exigeait de la chronique qu'elle appelât un chat un chat et Rolet un fripon. Plus l'épigramme était fine, plus on la goûtait; plus l'ironie était voilée, plus on lui faisait fête,

âlbéric SECOND, l'Univers illustré.

Nous passons en revue les poètes qui s'in- spirent de l'esprit moderne. C'est d'abord Barrillot, le satirique populaire, l'Aristophane du Petit journal, qui maintenant encore fus- tige chaque semaine, dans le Triboulet, les vices et les ridicules, dont le vers virulent, souvent heureux, parfois cynique,

Appedle un chat un chat, et Bolet un fripon.

VICTOR CHAUVIN, Revue de

l'Instruction publique.

Il existe à l'usage des femmes tout un dic- tionnaire de sous-entendus. Celui qui n'entend pas et ne parle pas cette langue doit renoncer au commerce des femmes j'entends des vraies femmes il est condamné à celles qui appellent un chat un chat et les sentiments par leur nom.

Alphonse RARE, Encore les femmes.

Allas: littér. Va aainl homme de rhnl, Allusion à un hémistiche d'un vers de la fable de La Fontaine, le Chat, la Belette et le Petit Lapin. La belette et le lapin en contestation, s'en rapportent au jugement de Grippeminaud C'était un chat vivant comme un dévot ermite, Un chat faisant la chattemite,

Un saint homme de rhat, bien fourré, gros et gras. Celui-ci leur dit d'approcher, qu'il est sourd, que les ans en sont la cause

L'un et l'autre approcha, ne craignant nulle chose. Auuit6t qu'à portée il -vit* les contestants,

Crippeminaud le bon apôtre,

Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Mit lea plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre. Dans l'application, ces mots Un saint homme de chat, caractérisent l'hypocrisie et la mé- chanceté cachées sous des apparences de dou- ceur et de bonhomie

M. Dupin, écrivant au P. Loriquet, lui dit qu'ami sincère de la liberté, il entend rester toujours le même affectueux pour tous les gens de bien, de quelque parti qu'ils soient; n'être lui-même d'aucun parti, sauf à être méconnu et froissé par tous en peu de mots, P bien faire et laisser dire.

̃ N'est-ce pas le cas de s'écrier Ah saint homme de .chat

L. Viioiixot, l'Univers.

« Les robes soyeuses de l'espèce du grand- duc, ses mains gantées jusqu'aux ongles, sym- bolisent l'amour du bien-être matériel et des vêtements de luxe qui caractérise l'homme pieux. Un saint homme de duc bien fourré, gros et gras, aurait dit La Fontaine, s'il eût su ,que, de tous les rapaces, ceux de nuit étaient les seuls qui prissent de l'embonpoint. e

TOUSSENEL, Monde des oiseaux.

Entrées secondaires


-CBAT, CHATTE adj. (cha, cha-te de

chat, s. m.). Familier, doux, caressant et quelque peu hypocrite Vous serez enlacé par

tes manières chattes et vous ne croire: ja-

mais à la profonde et rapide arithmétique de

sa pensée intime. (Bala.)

CHAT (lac du), lac de l'Amérique anglaise

du Nord, entre le haut et le bas Canada,

alimenté par l'Otawa. Il a 31 kilom. de long

sur 4 kilom. de large.


Voir aussi

Sources