Buffon (correspondance) (Larousse - G.D.U. XIXe siècle)

De Wicri Animaux
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Cet article est extrait du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle.

L'article de l'encyclopédie

Buffon (correspondance de)

Buffon (correspondance de), recueillie et annotée par M. Nadault de Buffon, son arrière-petit-neveu (Paris, 1860, 2 vol.). Ce recueil épistolaire est une révélation pour bien des lecteurs. Le portrait du célèbre naturaliste était exagéré jusqu'au grotesque ; l'opinion reçue sur son compte appelait une révision conforme à la vérité historique. Cependant, dès 1851, l'infatigable M. Sainte-Beuve avait redressé le préjugé courant pour lui substituer un type exact, conforme aux données de la correspondance, dont une partie seulement était connue.

Ce qu'il faut chercher dans cette correspondance , ce n'est ni le naturaliste ni l'écrivain ; ils sont aujourd'hui appréciés à leur mesure et à leur rang. C'est l'homme qu'il faut y voir, l'homme dont la physionomie a été défigurée, parce qu'il a été peint par ses détracteurs. Ennemi des coteries, suspect aux 'encyclopédistes, Buffon voua son existence au travail gigantesque qui réclamait toutes les forces de son génie. Jaloux de vivre en paix avec le parlement et la Sorbonne, au prix de quelques concessions peut-être peu sincères sur les théories scientifiques, il se tint à l'écart des discussions de parti et des querelles philosophiques.


Rien de moins guindé que le style de ces let- tres : «  Venez donc manger la soupe avec nous,  » écrit ce roi de la période majestueuse. Les prin- cipaux correspondants de' Buffon sont ses amis d'enfance  : les présidents de Ruffey et de Brosses, l'abbé Leblanc; ou ses collaborateurs  : Guéneau de Montbéliard et l'abbé Bexon. l( I échange aussi des lettres avec deux femmes  : j M»i«  Daubenton , cette gracieuse nièce de | Guéneau de Montbéliard, et M"ie Necker t l'amie dévouée , l'admiratrice éloquente qui reçut dans ses bras le dernier soupir de son grand homme. Avec la première de ses cor- respondantes, Buffon est d'une bonté pater- nelle, d'une galanterie fine et délicate; avec | M">«  Necker, le ton s'élève, son âme déborde; 1 il s'exprime presque avec la passion de Saint- Preux, mais d'un Saint-Preux âgé de soixante- quinze ans. Pour son fils , et dans une cir- constance grave, il est noble, généreux , dé- voué , résolu , simple et grand. Ce même Buffon était poste à son heure. Quelle jolie im- provisation que le quatrain suivant, crayonné dans un salon, à Montbard, sur les genoux d'une jeune et jolie femme  :

Sur vos genoux, o ma belle Eugénie.' A des couplets je songerais en vain  ; Le sentiment étouffe le génie, Et le pupitre égare l'écrivain.


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Sources