Chat (Larousse - G.D.U. XIXe siècle)/Chat botté

De Wicri Animaux
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Articles relatifs au Chat botté

Larousse - G.D.U. XIXe siècle - I. A. - Tome 3, page 1068.jpg[1068]

Conte de Perrault

Chat botté (le), un des contes les plus char- mants, les plus ingénieux de Perrault, un véritable chef-d'œuvre d'imagination, de malice et de naïveté. Le' Chat botté, ainsi nomnié' parce qu'il s'est affublé d'une paire de bottes pour accomplir tous ses exploits, met en usage une multitude de ruses des plus habiles pour faire la fortune de son maltre, le marquis de Carabas, qui parvient même k épouser la fille du roi. Le Chat botté devient, sous la plume enchanteresse du conteur, l'exemple de ce que peuvent le travail et l'industrie, le savoir-faire et l'adresse. Le Chat botté est demeure cé- lèbre, surtout parmi les cordonniers! sur les enseignes desquels il balance souvent la po- pularité de saint Çrépin.

Comédie satirique de Ludwig Tieck

Cbat botté (le), comédie satirique de Ludwig Tieck, en trois actes et en ptrose avec des intermèdes, un prologue et un épilogue. La scène se passe simultanément sur le théâtre et au parterre. Au parterre sont réunis des pédants, des niais, des amateurs de drames bourgeois k la manière de Kotzebue, des illu- minés, des abstracteurs de quintessence, un de ces analyseurs intrépides et naïfs dont l'Al- lemagne abonde, qui tirent une longue consé- quence de leurs impressions, et dont Tieck a ai bien personnifié l'espèce dans le digne Bœtticher, qui demande l'acteur comme un furieux, désirant, dit-ilj Kadorer un instant et lui rendre compte de sa,propre sublimité enfin des types de tous les ridicules que l'auteur se propose de persifler. En attendant le iever du rideau, chacun des originaux diMiarterre ex. plique et commente k sa manier^ sens qu'il attribue au titre singulier de la pièce. Celui-ci y voit une allégorie, l'histoire symbolique de quelque infâtue scélérat; celui- là compte sur une pièce féerie l'autre sur un tableau de fii- mille; un quatrième est persuadé qu'il s'agit d'une ruse dramatique, au moyen de laquelle l'auteur se propose d'insinuer par certains signes dans le public certaines idées mysté- rieuses et relatives quelque mystique et rélevée; d'autres soupçonnent quelque injure au bon goûts, qu'ils se préparent â défendre bruyamment; enfin l'honnête Bœtticher, qui représenté les admirateurs fanatiques du jeu du célèbre acteur Ifnand, que Tieck avait pris en grippe, accour our analyser le puissant génie qui doit représenter le Chat botté.

Enfin lôvrideau lève, et alors commence, an milieu croisé d'observations et de réflexions comiques échangées entre le par- burlesque du conte si connu du Chat botté, le tout entremêlé d'intermèdes grotesques des- titrés k satisfaire successivement chacun des personnages du parterre qui murmurent et qui sifflent. Il, va sans dire qu'aucun d'eux n'est satisfait, hormis toutefois Bœtticher. qui a adoré le grand acteur et Schlassec le symboliseur, qui demande l'auteur est lui crie;« Homme de lumière, n'est-il pas vrai que votre sublime pièc&est une théorie mystique cachant'une révélation sur la nature de 1 a- inour ?» i A cela l'auteur répond :«Jene saurais vous dire; je voulais tout bonnement essayer de vous reporter aux jours lointains de votre enfance, et vous rendre les sensations que

le Chat botté vous fit éprouver autrefois,-sans attacher k la chose plus d'importance qu'elle n'en a.. Cette prétention insolente révolte le parterre, et la toile tombe au milieu d'un dé- luge de projectiles, de huées et d'injures lan- cées contre l'auteur.

« Tieck, dit Mme de Staël, saisit d'une façon qui rappelle La Fontaine les plaisanteries auxquelles les animaux peuvent donner lieu. Il a fait une comédie intitulée le.Chat botte qui est admirable en ce genre. Je ne sais quel effet produiraient sur la scène des ani- maux parlants; peut-être 'est-il plus amusant de se les figurer que de les voir; mais toutefois ces animaux personnifiés et agissant à la manière des hommes, semblent la vraie comédie donnée par la nature. Tous les rôles comiques, c'est-à-dire égoïstes et sensuels, tiennent toujours en quelque chose de l'ani- mal. Peu importe donc, dans la comédie, si c'es l'animal qui imite l'homme ou l'homme qui imite l'animal. >