L’IST en France (1993) Dusoulier/France/Début

De Histoire de l'IST

L’IST en France

L'IST en France. Ses débuts


 
 

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L'IST en France. Ses débuts

1939 a été pour la France un tournant décisif dans le domaine de la documentation ; il est vrai que c'était la guerre et que nos chercheurs étaient privés d'informations qui étaient de source américaine ou qui venaient d'Angleterre et l'idée d'un centre national de documentation, d'un organisme central, avait pris idée dans les discussions d'un certain nombre de savants. Au cours de la séance du 16 novembre 1939 du Centre National de la Recherche Scientifique, présidée par Monsieur Henri Lonchambon, Directeur de la Section Recherche Appliquée, celui-ci annonce que le CNRS qui a actuellement la responsabilité du travail d'un grand nombre de laboratoires en France, est amené à se préoccuper du problème de leur documentation scientifique. Les mesures ainsi prises doivent être élargies pour que cette oeuvre soit utile à tous les laboratoires français dépendant du centre ou non. Monsieur Pierre Auger a été chargé de bien vouloir étudier ce problème et de jeter les grandes lignes de l'organisation que le CNRS devrait mettre sur pied. Une discussion très détaillée à laquelle ont participé des personnalités prestigieuses telles que Monsieur Laugier, Directeur du CNRS, Jean Gérard, Audie Mayer, le Professeur Champetier a jeté les bases de l'IST en France. On a aussi longuement discuté de ce qu'il conviendrait comme matière première pour traiter par exemple de la physique ou de la chimie. Champetier et Jean Gérard avaient des discussions du type : 200 périodiques servent largement à couvrir le domaine de la chimie alors que d'autres considéraient qu'à moins de 3 000 on n'était pas exhaustif.

A titre indicatif, CAS traite aujourd'hui plus de 16 000 périodiques. A cette époque a . donc été créé un centre de documentation par accord entre le CNRS et divers autres organismes.

En 1940, monsieur Pierre Auger produisait le premier rapport sur la constitution et l'activité du service de documentation. Le budget du Centre en 1940 était de un million et demi et le personnel de neuf "temps plein" et 20 extracteurs. Ce fut l'année de la création du "bulletin analytique" qui contenait déjà plus de 15 000 analyses et il y avait déjà des clients industriels. C'est assez étonnant. J'ai relevé dans les documents de l'époque que le laboratoire Abadie, le Comité des forges de la Compagnie Générale d'électricité, Michelin, Philips étaient déjà les clients du Centre de documentation ! Ce service s'est développé très rapidement et a présenté ses activités au cours de réunions ou congrès. J'ai retrouvé par exemple le compte rendu du 17ème cycle d'études de la Cegos du 5 au 9 mars 1945 sur les trois facteurs de la prospérité française qui étaient : recherche, inventions et brevets. On y parlait de l'élaboration et de la diffusion de l'information scientifique et technique. Les français se préoccupaient déjà de regrouper leurs activités. Julien Cain nous représentait à l'étranger dans le cadre du comité français de documentation et l'UFOD, l'Organisation Française des Organismes de Documentation commençait à s'intéresser à la formation des documentalistes.

En 1947, à la séance du 29 octobre, un projet de statut du Centre de documentation a été préparé. Ce premier statut a été entériné par la délibération du Directoire du CNRS en date du 13 novembre 1947, date à laquelle le Professeur Wyart, Directeur du Service de Documentation devient Directeur du Centre de documentation scientifique et technique.

Dans les années 50, il existait en France déjà 309 organismes français s'occupant de documentation. On a vu à l'étranger apparaître également un peu plus tard les premiers développements de l'informatique avec l'automatisation des "Chemical titles" en 1960, en 1965 l'automatisation de "Science Abstracts" et les premières tentatives en France de Monsieur Cordonnier et du Docteur Samain avec son système de sélection électromécanique Filmorex pour résoudre nos problèmes d'information scientifique et technique. Ils étaient les précurseurs de nos recherches on-line, le bulletin signalétique du CNRS a commencé son automatisation en 1966, et on avait tout d'abord automatisé la fabrication des bulletins. Il n'était pas question encore de la création de bases de données.

Les années 60 ont été le témoin d'essais d'organisation de l'information en France et au niveau international, c'est à ce moment que le CDST a déménagé au Quai Anatole France.

En 1963, a été remis sur sa demande au Ministre d'Etat chargé de la recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales, un rapport préparé par un Comité d'Etude Documentation sous l'égide de la DGRST, connu sous le nom de rapport ANEDA. Ce rapport, qui listait un grand nombre de recommandations, concluait entre autres au remplacement du Centre de Documentation du CNRS par un organisme national unique qui aurait des fonctions de coordination, d'incitation, de promotion et de représentation et prendrait le nom d'ONIS.

Evidemment, comme beaucoup d'autres rapports, celui-ci a fait couler beaucoup d'encre et alimenté beaucoup de polémiques mais n'a pas abouti à grand chose. En Angleterre à la même époque a été crée l'OSTI, et l'American Documentation Institute a pris son essor. Aujourd'hui appelé ASIS, l'ADI comptait alors 2 000 membres.

Au même moment, on a vu surgir un intérêt des grands organismes internationaux pour la documentation : l'UNESCO, l'OTAN par son panel AGARD, l'ICSU (Conseil International des Unions Scientifiques).

"En raison du rôle vital qu'aura à jouer l'information scientifique et technique dans le développement des nations" le Directeur Général de l'UNESCO a été autorisé par la Conférence Générale de l'UNESCO à ses 14ème (1966) et 15ème (1968) sessions à entreprendre et réaliser conjointement la mise en place d'un système mondial d'information pour la science appelé UNISIST.

Un Comité central UNESCO/ICSU a été créé en janvier 1967 pour réaliser l'étude. Dans ce rapport, on trouve 22 recommandations qui ont été endossées par le Comité et qui forment toujours l'ossature de l'information internationale. La dernière de ces recommandations préconise l'établissement d'un programme, avec des fonctions administratives appropriées pour la mise en route des premières recommandations.

C'est ainsi qu'est né, après quelques années, le programme général d'informations de l'UNESCO, appelé PGI.

A ce moment aussi l'UNISIST et l'ICSUAB (émanation de l'ICSU) ont commencé à créer des normes dont certaines sont encore utilisées aujourd'hui pour assurer des interfaces entres les systèmes d'information, d'une part entre bibliothèques et Centres de documentation et par ailleurs avec les systèmes d'information des pays du monde entier. Ces travaux se sont ajoutés aux travaux du Comité Technique 46 de l'organisation internationale de normalisation (ISO). C'est ainsi que sont apparues des normes comme le UNISIST Reference Manual for data Interchange et qu'ont démarré les travaux du Format Commun de Communication (1970) qui forme la base du format utilisé par l'INIST.

En 1971, l'Europe a décidé de donner un coup d'accélérateur à l'IST en créant le Comité d'Information Scientifique et Technique auquel j'ai participé jusqu'en 1978. Le réseau Euronet a été mis en route en 1971 après une résolution du Conseil des Ministres de la CEE ; il avait pour objectif de créer une infrastructure télématique pour permettre l'échange d'informations entre les pays de la CEE et avait adopté la méthode de commutation par paquets. Il a fonctionné jusqu'à l'arrivée de Transpac et de ses homologues.

A la fin des années 1970, en 1979, la Conférence des Nations Unies pour la science et la technologie a proposé la création d'un réseau mondial d'information scientifique et technique ; une dizaine de réunions avec des spécialistes du monde entier n'ont pas réussi à faire aboutir ce projet qui ne verra probablement jamais le jour. C'était un concept idéologiquement raisonnable, celui de l'information produite par chaque pays disponible pour tous, mais techniquement et économiquement peu réalisable. Pendant ce temps là au CNRS, la tourmente de l'ANEDA étant passée, les activités évoluaient à grands pas. L'automatisation et l'information du Centre conduisaient au système Pascal (Programme Appliqué à la Sélection et à la Compilation Automatique de la Littérature) permettant un enregistrement sur bandes magnétiques de toutes les informations essentielles décrivant un document. De 1973 à 1976, le système s'est amélioré et s'est appelé Pascal 3.

L'année 1970 a vu la création du Centre de Documentation Sciences Humaines à partir de la section sciences humaines du CDST. Ce centre avait pour mission d'effectuer des travaux de recherches documentaires en sciences humaines, de fournir de la documentation bibliographique mais aussi de coordonner l'activité documentaire des laboratoires.

Les principales caractéristiques des années 80 ont été une évolution rapide des technologies disponibles et une sensibilisation des besoins des utilisateurs. Ceux-ci ne sont plus nationaux, les producteurs deviennent internationaux, les utilisateurs s'associent au sein d'associations de toutes sortes. La commercialisation de l'information s'organise. Les années 80 ont aussi vu naître commercialement la micro informatique et de nouvelles mémoires optiques telles que les disques optiques numériques. Au cours des années 1980, le projet d'un grand centre national a été à nouveau évoqué. En 1984, la première pierre de ce qui devait être l'INIST a été posée par le Ministre de l'époque et après beaucoup d'études (Rapport Sakoun, Rapport Jacobiak, Rapport Creyssel), l'INIST a été enfin créé en mars 1988 et a démarré ses activités sur le plateau de Brabois en janvier 1990.