Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CLXXII
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Cette page introduit la laisse CLXXII (172) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.
Sommaire
Dans le manuscrit d'Oxford
La laisse est contenue sur le feuillet 42 verso et du manuscrit. Elle démarre à la lettrine R. Elle est numérotée
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Transcription et traduction par Léon Gautier
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Édition critique et traduction[1] CLXXIII (W: CLXXI ) ![]() ![]() |
CLXXIV | |||
Rollanz ferit en une perre bise : | Pour la troisième fois, Roland frappe sur une pierre bise : | ||
Plus en abat que jo ne vus sai dire. | Plus en abat que je ne saurais dire. | ||
2340 | L’espée cruist, ne fruisset ne ne briset, | L’acier grince ; il ne rompt pas : | |
Cuntre le cel amunt est resortie. | L’épée remonte en amont vers le ciel. | ||
Quant veit li quens que ne la freindrat mie. | Quand le comte s’aperçoit qu’il ne la peut briser, | ||
Mult dulcement la pleinst à sei meïsme : | Tout doucement il la plaint en lui-même : | ||
« E ! Durendal, cum es bele e seintisme ! | « Ma Durendal, comme tu es belle et sainte ! | ||
2345 | « En l’oret punt asez i ad reliques : | « Dans ta garde dorée il y a assez de reliques : | |
« La dent seint Perre e de l’ sanc seint Basilie, | « Une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile. | ||
« E des chevels mun seignur seint Denise ; | « Des cheveux de monseigneur saint Denis, | ||
« De l’ vestement i ad seinte Marie. | « Du vêtement de la Vierge Marie. | ||
« Il nen est dreiz que païen te baillisent, | « Non, non, ce n’est pas droit que païens te possèdent ! | ||
2350 | « De Chrestiens devez estre servie. | « Ta place est seulement entre des mains chrétiennes. | |
« Ne vus ait hom ki facet cuardie ! | « Plaise à Dieu que tu ne tombes pas entre celles d’un lâche !
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« Mult larges teres de vus averai cunquises | « Combien de terres j’aurai par toi conquises, | ||
« Que Carles tient, ki la barbe ad flurie | « Que tient Charles à la barbe fleurie, | ||
« E li Emperere en est e bers e riches. » | « Et qui sont aujourd’hui la richesse de l’Empereur ! » |
Notes (version de Léon Gautier)
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Notes et variantes |
Il est inutile d’ajouter que chaque manuscrit donne ici une énumération différente. Paris : J’en ai conquis Anjou et Alemaingne ; — J’en ai conquis et Poitou et Bretaingne, — Puille et Calabre et la terre d’Espaingne. — S’en ai
conquise et Hungrie et Poulaingne, — Constantinnoble qui siet en son domaigne, — Et Monbrinne (?) qui siet en la montaigne. — Et Berlande prins-je et ma compaingne, — Et Engleterre et maint païs estraingne. Lyon : J’en ai conquis Poitou et Alamaigne, — Puelle et Calabre et la terre Romaine. — S’en ai conquis Ongrie et Aquitaine, — Constantinnoble et la terre d’Espaigne. — Je en pris Borge qui siet sur la montaigne, — Et Engleterre... ═ Au vers 2322, le manuscrit d’Oxford porte Namon, leçon évidemment fautive pour Anjou. Normendie la franche. Cet éloge donné à la Normandie, tandis que l’Angleterre est assez cavalièrement appelée le pays que Charles teneit sa chambre, nous paraît une preuve de plus en faveur de l’origine normande de notre poëme.
- 2327 ##
Vers 2327. — Flandres. O. Erreur du scribe, à moins peut-être d’écrire tutes.
- 2328 ##
Vers 2328. — Puillanie. Mot dont le sens est bien douteux. Est-ce la Pologne ? est-ce la Pouille ? Le texte de Paris dit que Roland conquit d’une part la Puille, de l’autre la Poulaingne. Nous avons traduit ce mot par Pologne pour trois motifs : 1° parce que ce pays est nommé ici à côté de la Bulgarie, et que, dans toute cette énumération, on nomme ensemble les pays qui sont situés à peu près dans une même zone ou dans une même direction ; 2° parce que le mot Puillanie répond à celui des Polanes, ou Slaves de la plaine, qui envahirent les vallées de la Vistule au vie siècle, et donnèrent plus tard leur nom à tout ce pays ; 3° parce que Puille se trouve au vers 371.
- 2335 ##
Vers 2335. — Dulor. O. V. la note du vers 489.
- 2336 ##
Vers 2336. — Mielz. O. V. la note du vers 1500. ═ Remaigne. O. Le scribe a oublié le t final, qui est étymologique.
- 2337 ##
Vers 2337. — Damnes n’est pas dans O. La restitution est de G. ═ Laiser. O. Lire laisser. V. la note du vers 265. ═ Cet emploi de l’infinitif peut être constaté plusieurs fois dans notre texte : Sire cumpainz, amis, ne l’ dire ja. (Vers 1113, etc.)
- 2338 ##
Vers 2338. — Ferit est le parfait, fiert le présent. (Cf. vers 2312.)
- 2339 ##
Vers 2339. — Vos. O.
- 2340 ##
Vers 2340. — Brise. O. Le scribe a encore omis le t étymologique, qui est scrupuleusement conservé dans les 3mes personnes de tous les verbes de notre Chanson.
- 2341 ##
Vers 2341. — Le n’est pas dans O. ═ Lire Ciel. O. V. la note du vers 545 et celle du vers 1500.
- 2344 ##
Vers 2344. — « Dans ton pommeau se trouvent un morceau de dent de saint Pierre, du sang de saint Blaise et des cheveux de saint Denis. » (Keiser Karl Magnus’s Kronike.)
Voir aussi
- Notes
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