Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse LXI

De Wicri Chanson de Roland

Cette page concerne la laisse LXI du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit

La laisse LXI (61) est contenue sur le feuillet 14 verso.

La laisse commence à la lettrine D et s'arrête à la lettrine L (noter l'absence de mention [Aoi])

Léon Gautier et Joseph Bédier démarrent une nouvelle laisse à la neuvième ligne.

En revanche Francisque Michel suit rigoureusement le manuscrit.

Edmund Stengel donne 2 propositions.

 
Page28-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg

Transcription et traduction par Léon Gautier (1872)

Source : WikiSource [1]


LXI

« Dreit Emperere, dist Rollanz li barun, « Droit Empereur, dit Roland le baron,
« Dunez-mei l’ arc que vus tenez el puign ; « Donnez-moi l’arc que vous tenez au poing.
« Men escientre, ne l’ me reproverunt « À mon escient, on ne me reprochera pas
« Que il me chedet cum fist à Guenelun « Qu’il me tombe des mains comme à Ganelon,
770 « De sa main destre, quant reçut le bastun. » « Quand de sa main droite il reçut le bâton. »
Li Emperere en tint sun chef embrunc, L’Empereur reste là, tête baissée ;
Si duist sa barbe e detoerst sun gernun, Il tourmente sa barbe et tord ses moustaches ;
Ne poet muer que de ses oilz ne plurt. Aoi. Il ne peut s’empêcher de pleurer...


LXII

Enprès iço, i est Neimes venuz : Naimes ensuite est venu ;
775 Meillur vassal n’out en la curt de lui, Il n’est point en la cour de meilleur vassal :
E dist al Rei : « Ben l’avez entendut ; « Vous l’avez entendu, dit-il au Roi ;
« Li quens Rollanz il est mult irascuz : « Le comte Roland est en grande colère :
« La rere-guarde est jugée sur lui ; « On lui a confié l’arrière-garde ;
« N’avez barun ki jamais là remut.
« Et certes il n’est pas de baron qui jamais y alla volontiers.
780 « Dunez li l’arc que vus avez tendut, « Donnez-lui l’arc que vous avez tendu,
« Si li truvez ki très ben li aïut. » « Et trouvez-lui bonne aide. »
Li Reis li dunet, e Rollanz l’a reçut. Aoi. Le Roi lui donna l’arc, et Roland le reçut.

Transcription commentée de Francisque Michel

Pages 24 et 25


LXI.
« Dreiz* emperère, dist Rollans le barun,  *Légitime.
Dunez-mei l'arc que vos tenez el poign* ;  *Au point.
Men escientre, ne l'me reproverunt*  *Ils ne me reprocheront.
Que il me chedet* cum fist à Guenelun  *Tombe.
De sa main destre*, quant reçut le bastun. »  *De sa main droite.
Li emperères en tint sun chef enbrunc*,  *Baissé.
Si duist* sa barbe e détuerst sun gernum**,  *Il caresse. **Détord sa moustache.
Ne poet muer que de s[es] oilz ne plurt*.  *Il ne peut s'empêcher de pleurer des yeux.
Auprès iço* i est Neimes venud,  *Après cela.
Meillor vassal n'out en la curt de* lui.  *Il n'y eut en la cour que.
E dist al rei : « Ben l'avez entendut.
Li quens Rollans il est mult irascut* :  *Courroucé.
L'arère-guarde est jugée sur lui* ;  *Lui est adjugée.
N'avez baron ki jamais là remut*.  *Bouge.
Dunez-li l'arc que vos avez tendut,
Si li truvez ki très-bien li ajut*. »  *Aide.
Li reis li dunet, e Rollans l'a reçut. [AOI.]


 
RCR 543952103 85137 Page 064.jpg
RCR 543952103 85137 Page 065.jpg

Voir aussi

Sur ce wiki :