La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Éclaircissements/3

De Wicri Chanson de Roland
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Cette page décrit la vie de Roland à partir de l'ensemble des chansons de geste sur Charlemagne.

Avant propos

La section suivante reprend intégralement le texte original.

La présentation a été simplement aérée (présentation des listes avec sauts de ligne par exemple).

Le texte original

Naissance de Roland

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Roland, dans toute notre légende épique, est représenté comme le neveu de Charlemagne.

2° La mère de Roland s'appelle Berte dans le Charlemagne de Venise (XIIe - XIIIe siècle), Bacquehert dans Acquin (XIIe siècle), Gille, Gilain, dans la plupart cle nos autres poèmes. Si ce dernier nom est un souvenir historique de Gisèle, sœur de Charlemagne, ce souvenir est faux; car Gisèle fut toute sa vie religieuse à Ghelles. Quoi qu'il en soit, Gille ou Gilain nous est offerte, dans la plupart de nos vieux poèmes, comme la sœur de Charles.

3° D'après une légende qui n'apparaît pas avant le XIIe siècle, le père de Roland aurait été Charlemagne lui-même. (Voir la Karlamagnus Saga, XIIIe siècle, 1re branche, 36, etc.) Tel est peut-être ce grand péché que l'Empereur omit à dessein dans sa confession à saint Gilles, et dont plusieurs textes parlent avec mystère, sans rien préciser.

  • Légende latine de saint Gilles, Acta sanctorum septembris, I, 302, 303; mais ce texte ne peut s'appliquer qu'à Charles Martel.
  • Prose Promat pia vox, attribuée à Adam de Saint-Victor (XIIe siècle).
  • Office de Charlemagne, composé en 1165.
  • Kaiserchronik, XIIe siècle.
  • Ruolandes Liet, poème du curé Conrad, XIIe siècle.
  • Huon de Bordeaux, fin du XIIe siècle.
  • Carolinus , de Gille de Paris, poème latin composé pour l'éducation de Louis, fils de Philippe-Auguste. — Philippe Mousket, vers 1240.
  • Légende dorée , XIIIe siècle, etc..


4° Une autre légende fait naître Roland près d'Imola, de la sœur de Charles et du sénéchal Milon. (Charlemagne, de Venise, XIIIe siècle.)

5° D'autres poèmes enfin semblent croire à la naissance très légitime et très pure de notre héros. Le Roland est de ce nombre, et, ici comme partout, c'est encore la meilleure de toutes les sources.

Enfances de Roland

Sur les premières années de Roland, nous n'avons d'autre témoignage légendaire que le Charlemagne de Venise...

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Le fils de Berte et du sénéchal Milon grandit dans la misère et l'abandon. Un jour, l'enfant rencontre la grande armée de Charlemagne qui revient de délivrer Rome. Roland se précipite dans le palais de Sutri, qu'habite l'Empereur : il y est accueilli, et réjouit bientôt toute la cour par sa belle humeur et son esprit. Naimes, le sage conseiller, soupçonne que le petit bachelier doit être de bonne race ; on suit l'enfant et l'on découvre la pauvre Berte avec Milon. Charles veut les frapper : car il n'a point pardonné à Berte sa fuite coupable avec le sénéchal. Mais Roland ne craint pas de défendre sa mère, et fait jaillir le sang des ongles de l'Empereur : « Ce sera le faucon de la chrétienté, » s'écrie Charles, qui est déjà très fier de son neveu. C'est alors que Berte et Milon se marient ; c'est alors aussi que commencent les véritables « Enfances » de notre héros.

Ces enfances ont donné lieu à plusieurs récits, non seulement différents, mais contradictoires, et il nous faut encore ici montrer les divers courants de la Légende.

1° D'après le roman d'Aspremont (dernières années du XIIe siècle, premières années du XIIIe ), Charles, défié par Balant, ambassadeur du roi païen Agolant, réunit toutes les forces de son empire et se dirige vers les Alpes. La grande armée passe à Laon. Or c'est là qu'on a enfermé le petit Roland (Rolandin) avec d'autres enfants de noble race : Gui , Hatton , Berengier et Estout. Mais ces enfants ont déjà le courage des hommes, et ne peuvent supporter l'idée de se voir ainsi éloignés du théâtre de la guerre. Sur la proposition de Roland, ils essayent de corrompre leur « portier ». Celui-ci demeurant incorruptible, ils l'assomment et s'éloignent. Trop fiers pour aller à pied, ils volent des chevaux aux bons Bretons du roi Salomon, et n'ont point trop de peine à se faire pardonner tant d'escapades. Bref, ils sont admis dans les rangs de l'armée; ils iront, eux aussi, à Aspremont. (Voir Aspremont, édition Guessard, pp. 15-16.) Le récit de cette guerre est interminable : nous l'abrégerons. Il nous importe uniquement de savoir que Roland en devient bientôt le héros, avec le jeune Eaumont, fils d' Agolant. Celui-ci, auquel le trouvère prête d'ailleurs les qualités les plus françaises et les plus chrétiennes, est sur le point de triompher de Charlemagne et de le tuer en un combat singulier qui va décider de toute la guerre, lorsque Roland accourt comme un lion et frappe Eaumont d'un coup mortel. Or Eaumont avait une épée admirable nommée Durendal : elle appartiendra désormnis au neveu du grand Empereur. (B. N. fr. 25529; anc. ras. Lavall., 123 f° 44 v° — 55 v°), et nous la retrouverons bientôt dans le Roland.
2° Les débuts de Roland, dans Girars de Viane, sont tout charmants. Il accompagne son oncle au fameux siège de Vienne. Or c'est sous les murs de cette ville qu'un jour il aperçoit pour la première fois la sœur d'Olivier, la belle Aude, et se prend pour elle d'un violent amour. C'est là qu'il s'illustre par ses premiers exploits; c'est là qu'il veut brutalement enlever Aude, et en est empêché par Olivier (Girars de Viane, éd. P. Tarbé, pp. 90-92); c'est là enfin que les deux partis désarment, pour confier 'leur querelle à Olivier d'une part, et à Roland de l'autre. (Ibid., pp. 92-186.) On connaît les vicissitudes de ce combat, dont Aude est la spectatrice et dont elle doit être le prix. Roland et Olivier, ne pouvant se vaincre , tombent aux bras l'un de l'autre et se jurent une éternelle amitié. (Ibid., pp. 133-156.)
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3° Tout autre est le récit de Renaus de Montauban. (IIIe siècle.) Les quatre fils Aymon se sont enfermés dans le château de Montauban; Charles les y assiège en vain, et, comme toujours, le vieux duc Naimes conseille au roi de faire la paix, lorsqu'arrive un valet suivi de trente damoiseaux. Il éclate de jeunesse et de beauté :
« Je m'appelle Roland, dit-il, et suis fils de votre sœur.
— Tue-moi Renaud, » lui répond l'Empereur.
Roland, qui a de plus hauts desseins, se jette d'abord sur les Saisnes, qui viennent de se révolter, et en triomphe aisément. (Edition Michelant, pp. 119, 120.) C'est alors qu'il revient près de son oncle et que, dans cette grande lutte contre les fils d'Amyon, il apporte au roi le précieux secours de sa jeunesse et de son courage. Son duel avec Renaud est des plus touchants. Renaud, qui n'a jamais eu le cœur d'un rebelle, le supplie de le réconcilier avec Charles, et va jusqu'à se mettre aux genoux de Roland qui pleure. (Ibid., p. 230.) Aussi notre héros se refuse-t-il plus tard à tuer de sa main le frère de Renaud , Richard , qui est devenu le prisonnier de Charles : « Suis-je-donc l'Antéchrist, pour manquer ainsi à ma parole? Malheur à qui pendra Richard ! » (Ibid., pp. 261-267.) Et il dit encore: « Je ne veux plus m'appeler Roland, mais Richard, et je serai l'ami des fils d' Aymon.» Comme on le voit, rien n'est ici plus noble que le rôle du neveu de Charles ; il efface celui de l'Empereur.
4° C'est à Vannes que Girard d'Amiens, dans son Charlemagne (1301) Girard d'Amiens (commencement du XIVe siècle), place les débuts de Roland. L'enfant se jette en furie sur les veneurs de son oncle, qui ne le connaît pas encore. On l'amène devant l'Empereur; nouvelles brutalités. Charles le reconnaît à ce signe, et tout finit bien. (B. N. fr. 778, f° 110-112.) Cf. les Reali, la Karlamagnus Saga, et les vers si précieux de notre Roland qui sont relatifs au val de Maurienne et à l'épée Durendal.

Vie et exploits de Roland jusqu'à sa mort à Roncevaux

Le père de Roland était mort durant l'expédition de Charles dans la Petite-Bretagne. (Acquin, poème de la fin du xn e siècle, B. N. fr. 2233, f° 18, r° et v°.)

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Roland fut un de ceux qui accompagnèrent le grand Empereur dans ce fameux voyage à Constantinople, qui commença d'une façon si auguste et s'acheva d'une manière si ridicule. Tout au moins s'y conduisit-il plus noblement que son ami Olivier. Lorsque les douze Pairs se livrent à leurs vantardises, son gab est encore le moins odieux : « Je soufflerai sur la ville et produirai une tempête. » (Voyage de Charlemagne , poème du premier tiers du XIIe siècle, vers 472-485.)

Dans Jehan de Lanson, Roland prend part à cette singulière ambassade en Calabre, qui est égayée par les enchantements et les plaisanteries de Basin de Gênes. Son épée, sa Durendal, est, comme celles de tous les Pairs, volée par le traître Alori. (Bibl. de l'Arsenal 3145, f° 121.) Pour se venger, Roland conseatt à une assez misérable comédie : il contrefait le mort, on l'enferme dans une bière, et il pénètre ainsi dans le château de Lanson, dont les Français parviennent à s'emparer. (B. N. fr. 2495, f° 4-5.) Les aventures de Roland, dans le reste de ce pauvre poème, se confondent avec celles des douze Pairs.

Dans Otinel, son rôle est plus beau. Il lutte avec le géant païen qui se nomme Otinel. Une colombe sépare les deux combattants; et, désarmé parce miracle, Otinel se convertit. (Otinel, poème du XIIIe siècle, vers 211-659.)

C'est dans l'Entrée en Espagne (XIIIe - XIVe siècle) que la place de Roland devient tout à fait la première : Roland suit son oncle dans cette fameuse expédition, qui doit pour lui se terminer à Roncevaux. C'est lui qui, après les onze autres Pairs, lutte contre le géant Ferragus. (Ms. français de Venise, xxi, f° 17-32.) Ce combat est plus long que tous les autres, et les adversaires y luttent aidant de la langue que de l'épée, théologiens autant que soldats. Ferragus s’entêtant dans son paganisme, Roland le tue. (Ibid., f° 32-79.) Une grande bataille s'engage alors sous les murs de Pampelune, et Roland y prend part. Dans la mêlée brille le courage du jeune Isoré, fds du roi Malceris : Isoré est fait prisonnier, mais ne consent à se rendre qu'à Roland. (Ibid., f° 10-105.) Charles, cependant, contrairement à la parole donnée, veut faire mourir son prisonnier : Roland le défend énergiquement , et, de colère, se retire sous sa lente. Isoré est sauvé. (Ibid., f° 106-125.) Uue nouvelle bataille commence, plus terrible que toutes les autres : Roland est placé à l'arrière-garde. (Ibid., f° 125-162.) C'est durant cette bataille que le neveu de Charles, au lieu de secourir l'Empereur en détresse, abandonne le champ de bataille et va s'emparer de la ville de Nobles, que les païens ont laissée sans défense. (Ibid., f° 162-213.) Lorsque Roland revient au camp, il est fort mal accueilli par son oncle, qui même le condamne à mort; mais aucun des Pairs ne veut exécuter la sentence. L'Empereur alors frappe sou neveu au visage, et Roland, indigné de cet affront, quitte le camp français pour n'y plus revenir de longtemps. C'est en vain que les Pairs adressent à l'Empereur les plus rudes remontrances et les pires injures. Lorsque Charles se repent enfin de sa violence et envoie chercher son neveu», on ne peut plus le retrouver. Il est déjà trop Loin. (Ibid., f° 213-221.) Où est Roland ? Il se dirige du côté delà mer, et s'embarque sans savoir où il va. Bref, il arrive... à la Mecque, près du roi de Perse. (Ibid., f° 221-232.)

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Or ce roi est en ce moment menacé par un voisin redoutable, le vieux Malquidant, qui lui a demandé sa fille en mariage. Mais la jeune Diones se refuse obstinément à épouser ce vieillard. Roland, qui d'ailleurs ne se fait pas connaître, s'écrie que rien ne révolte plus la loi de Dieu qu'un mariage forcé, et qu'il saura bien empêcher celui-là. Il lutte avec le messager de Malquidant, Pelias, et ne tarde pas à en être vainqueur. C'est seulement au moment de le tuer qu'il lui crie : « Je suis Roland. » Mais il demeure encore inconnu à tous les autres. (Ibid., f° 232-254.) Cette victoire le met en lumière. Il devient l'ami du jeune Samson, fils du roi, et, s'il n'eût pas tant aimé la belle Aude, il eût volontiers répondu à l'amour de Diones. Mais, d'ailleurs, il a de quoi s'occuper. Il s'est mis en tète de réformer tout ce pays, et de lui donner une adminis- tration à la française. C'est à quoi il s'occupe longuement. Il fait mieux : il convertit toute la maison du Soudan, et le roi lui-même. (Ibid., f° 254-271.) Mais il ne pense qu'à revoir Cbaiies, Olivier et les barons français. On lui offre en vain le commandement d'une armée destinée à conquérir tout l'Orient. Il s'empresse de faire son pèlerinage au saint Sépulcre, et s'embarque pour l'Espagne avec Samson et deux autres compagnons. (Ibid., f° 271-275.) Ils débarquent. Après vingt aventures, — et notamment après qu'un ermite lui a pré- dit sa mort au bout de sept années , — le neveu de Charlemagne arrive enfin au camp français et tombe dans les bras de Charles et d'Olivier. (Ibid., f° 275-302.)


Le siège de Pampelune continue. Celui qui défend la ville contre les Français, c'est encore cet ancien adversaire de Roland , c'est Isoré avec son père Malcens. Dans le poème consacré à cette résistance, dans la Prise de Pampelune (premier quart du xiv e siècle), Roland ne joue réellement qu'un rôle secondaire. Cependant lorsqu'une lutte sanglante éclate dans le camp français entre les Allemands et les Lombards, c'est Roland qui sépare les combattants, c'est Roland qui les réconcilie. (Vers 1-425.) Il est encore un de ceux qui refusent d'admettre Malceris dans le corps des douze Pairs. (405-561.) Puis il s'efface, et Isoré prend le premier rang, que son père Malceris lui dispute. (561-1199.) Charles, sur le point de périr, est sauvé par les Lombards. (1199-1953.) Altumajor est vaincu ; Legrono et Estella tombent au pouvoir des Français. (1830-2474.) A Marsile, dernier adversaire de Charlemagne, on envoie tour à tour deux ambassades, et Marsile fait tour à tour mas- sacrer les ambassadeurs: d'abord Rasan et Rasile; puis, le bon chevalier Guron. (2597-3850.) Cette fois la paix devient tout à fait impossible et la guerre implacable. Les Français triomphent décidément de Malceris, et emportent Tudela, Cordres, Charion, Saint-Fagon, Masele et Lion. (3851-5773.) Roland prend part à ces triomphes comme au siège d'Astorga, et il ne reste plus, devant ce vainqueur, que Saragosse à prendre. (5773-6113.) C'est ce que constatent les premiers vers de la Chanson de Roland.

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Fig. 32. — D'après le « Vitrail de Charlemagne » à la cathédrale de Chartres (XIIIe siècle)

Il est à peine utile de signaler la place qu'occupe notre héros dans le roman de Gui de Bourgogne, œuvre toute littéraire et qui ne renferme aucun élément traditionnel ({XIIIe}} siècle): nos lecteurs savent déjà comment les jeunes chevaliers de France vinrent, un jour rejoindre en Espagne leurs pères absents depuis vingt-sept années. (Vers 1-391.) Gui de Bourgogne était à leur tête, et nous avons ailleurs raconté ses victoires à Carsaude (392-709), à Montorgueil et à Montesclair ( 1621-3091), à la Tour-d'Augorie (3184-3413) el à Maudrane. (3414-37I7.) Le jeune vainqueur brise la résistance des païens, triomphe surtout d'Huidelon, qui est leur meilleur capitaine, et, toul couvert de gloire, rejoint enfin l'armée de Charlemagne. (3925-4024.) Ce Gui, ce nouveau venu, est, comme os le voit, un véritable rival pour Roland, dont il fait un instant pâlir la vieille gloire. Aussi tous deux se disputent-ils l'honneur d'avoir conquis Luiserne : Dieu me1 fin à cette lutte en engloutissant la ville, et l'on part pour Roncevaux. ( 1137-4301.)

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Nous n'avons pas à revenir sur le rôle que joue le neveu de Charles dans la Chanson de Roland. Il en est le centre, l'âme, la vie. La Trilogie dont se compose le vieux poème lui est presque uniquement consacrée : dans la première partie, il est trahi ; dans la seconde, il meurt; dans la troisième, il est vengé. Son importance survit à sa mort et jusqu'au dernier vers de la chanson, il en est le héros. = Nous avons énuméré ailleurs les variantes et les modifications principales de la Légende en ce qui touche l'expédition d'Espagne et la mort de Roland. Il ne nous reste donc qu'à renvoyer le lecteur à notre Eclaircissement sur l'Histoire poétique de Charlemagne.

Ajoutons seulement que les monuments figurés ont céléhré, tout autant que nos vieux poèmes, la gloire du neveu de Charles. Nous avons placé, sous les yeux de nos lecteurs, les deux statues d'Olivier et de Roland qui décorent le portail de la cathédrale de Vérone (la reproduction en est due au crayon de M. Jules Quicherat), et un médaillon du « Vitrail de Charlemagne » à la cathédrale de Chartres, où sont naïvement représentés les derniers moments de Roland, qui sonne du cor et fend le rocher avec sa Durendal.



Facsimilés

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Voir aussi