Histoire poétique de Charlemagne (1905) Paris/Livre premier/Chapitre III

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Livre premier, chapitre III

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CHAPITRE III.

LA LÉGENDE DE CHARLEMAGNE DANS l'ÉGLISE.

Anecdotes pieuses

Les services rendus par Charlemagne à l'Église de Rome, la piété naïve qu'il mêlait à des actions souvent répréhensibles, et qui le portait même à des exercices de dévotion qui nous semblent parfois singuliers[1] le zèle qu'il mit, par politique autant que par religion , à propager le christianisme chez les Germains encore idolâtres, sa guerre contre les Sarrasins, tout le désignait au souvenir affectueux du clergé qu'il avait réorganisé. Aussi son nom fut-il de bonne heure en vénération parmi les moines et les prêtres. Le moine de Saint-Gall consacre déjà tout son premier livre à rassembler sur son compte des historiettes pieuses, et nous raconte deux ou trois prodiges que Dieu fit en sa faveur. Les couvents se transmirent longtemps sur lui des anecdotes édifiantes, qui, dès la fin du neuvième siècle, sortent souvent de la réalité pour entrer dans le domaine de la légende[2]. Il est quelquefois difficile de distinguer, parmi les contes que nous trouvons généralement admis par la suite, ceux qui émanent de la tradition populaire et ceux qui sont sortis de l'Église  ; on peut cependant arriver à le discerner nettement pour le plus grand nombre. Les moines qui écrivaient les chroniques ou les vies des saints fermaient en général l'oreille à tous les récits extérieurs qui manquaient dans les originaux latins qu'ils copiaient ou abrégeaient; une légende chantée par les jongleurs était le plus souvent pour eux un objet de mépris ou du moins de méfiance, et ils ne lui ouvraient pas l'accès de leurs compilations. Celles des fables relatives à Charlemagne qu'ont unanimement adoptées les chroniques latines, peuvent donc être regardées comme étrangères à la grande tradition poétique profane, et nous remarquons en effet qu'elles ne se trouvent pas dans les monuments qui nous en restent, ou qu*elles n'y apparaissent qu'à une époque relativement récente.

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Le départ ne sera donc pas aussi difficile à faire qu'on pourrait le croire au premier abord, en exceptant quelques ouvrages hybrides dont nous aurons lieu de parler séparément.

Nous ne nous occuperons pas ici de divers événements merveilleux rapportés dans des chroniques où les faits historiques seuls étaient censés avoir accès; nous retrouverons ces récits quand nous raconterons la légende de Charlemagne[3] Ils servent seulement à montrer le travail qui s'opérait dans l'Église autour de ce nom vénéré  : il devenait de plus en plus le symbole de la puissance mise au service de la religion, et récompensée par la protection constante et manifeste de Dieu[4]. C'est ainsi que le moine Jocundus, qui écrivait peu après 1088 son histoire delà Translation de saint Servais, disait en parlant de lui  : «  Le pieux Charles ne craignait pas de mourir pour la patrie, de mourir pour l'Église; aussi parcourut-il la terre entière; ceux qu'il voyait rebelles à Dieu, il les combattait, et ceux qu'il ne put soumettre au Christ par la parole, il les lui soumit par le fer [5] [NDLR 1] » On arrivait ainsi peu à peu à changer en auréole sa couronne impériale  ; mais cette tendance, visible avant le douzième siècle, prit à cette époque une vigueur toute nouvelle par suite de circonstances diverses.

Le voyage en Terre Sainte

L'idée d'un voyage de Charlemagne en Terre Sainte se répandit de bonne heure, d'un côté dans la foule, de l'autre dans l'Église  ; elle se produisit dans chacune de ces directions, comme nous le verrons plus tard, sous une forme bien différente. Née d'une croyance assez explicable et parfaitement désintéressée, cette idée fut exploitée par les moines dans un intérêt tout spécial, et donna lieu à des fraudes qu'on est bien obligé de signaler comme coupables. Sur cette donnée, admise par les populations, ils édifièrent de misérables légendes sans aucune valeur, qui n'avaient d'autre but que de garantir l'authenticité de certaines reliques fort suspectes  : tel est le caractère que cette histoire a revêtu dans les monastères et qui s'accuse dans plusieurs fictions sorties de là.

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La plus ancienne est contenue dans la chronique de Benoît, moine de Saint-André sur le mont Soracte, qui écrivait vers 968[6] Cette chronique est assurément un des plus pitoyables monuments de l'esprit humain. L'ineptie des idées n'y est surpassée que par la barbarie du langage. Elle est précieuse en ce qu'elle nous présente le plus ancien témoignage de la tradition poétique dont il s'agit; bien qu'elle contienne certains traits populaires, nous la rangeons parmi les légendes monastiques à cause de l'application que Benoît fait de son récit à l'intérêt de son couvent, en racontant que Charlemagne y avait rapporté d'Orient les reliques de saint André.

Environ un siècle après Benoît, un autre moine eut la même idée que lui, et l'appliqua sur une grande échelle dans son Histoire du voyage de Charlemagne à Jérusalem. Ce n'est plus une relique ordinaire qu'il fait rapporter à son couvent par Charlemagne; c'est la couronne d'épines, un des saints clous, un mor- ceau de la vraie croix, le bras de saint Siméon et bien d'autres choses. Suivant lui, tous ces pieux trésors avaient été rapportés à Aix-la-Chapelle par Charlemagne, puis donnés par Charles le Chauve à l'abbaye de Saint-Denis. L'abbé Lebeuf, d'ans une excellente dissertation sur cette légende *, a cru pouvoir en conclure que l'auteur était un moine de Saint-Denis. Il est au moins cer- tain qu'au douzième siècle l'abbaye de Saint-Denis possédait ces prétendues reliques et leur assignait cette origine; il paraît même probable que la foire du Lendit (indictum) fut instituée pour les montrer aux fidèles  ; leur exhibition avait lieu pendant huit jours, et attirait un grand concours de peuple *. Mais il ne nous paraît pas prouvé que la partie du récit oh il est parlé de la translation des .reliques à Saint-Denis soit de la même main que le corps de l'ouvrage  ; elle le termine sans que rien s'y rapporte dans le cou- rant de l'ouvrage, fait tout entier à la gloire d'Aix-la-Chapelle, et commence après un paragraphe qui semble une conclusion, et dont le dernier mot est amen.. Cependant on peut alléguer deux motife assez puissants en faveur de l'opinion de Lebeuf  : 1° le nom diAquilce capella donné à la ville d'Aix paraît être né de la forme

' les mêmes reliques en Orient, l'abba-ye

  • Histoire de l'Acad. des Inscr.ft.XKl, de Saint- Denis contesta naturellement

p. 126 et suiv. leur authenticité. \'oy . P. Paris, dans le

  • Quand plus tard saint Louis acheta Jahrbuch fur rom. JÂteratur, \, 198.
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française {Aigues-la-Chapelle pour Aix), et n'avoir pu être in- vente à Aix, qui en latin s'est toujours appelé Aquœ Grani ou Aquisgranum, et en allemand Aachen *; 2° les évoques cités coinme témoins des miracles opérés à Aix sont presque sans exception Français. Quant à l'époque de la rédaction de cet opust cule, l'abbé Lebeuf semble la fixer au onzième siècle avec toute raison  : il ne peut être plus ancien, puisque l'abbaye de Saint- Quentin en risle, fondée à la fin du dixième siècle, y est men- tionnée; il ne peut non plus être plus moderne; en effet, «  l'au- teur s'exprime comme nn homme qui voyait encore célébrer

les quatre temps du quatrième mois dans la seconde semaine de juin, usage qui ne fut universellement changé dans l'Occident que sous le pontificat de Grégoire VII *, w mort en 1085. On peut ajouter à cette preuve que l'auteur ne semble pas connaître les croisades; son livre paraît avoir été écrit dans le temps où fer- mentaient les idées qui les décidèrent, mais antérieurement à ces grands événements. Enfin il y est fait allusion dans un pas- sage du faux Turpin, qui est du commencement du douzième siècle. La lecture de cette légende suffit pour en attester l'origine. L'esprit monacal, dans le plus mauvais sens du mot, s'y fait jour de la première à la dernière i)age. Les miracles absurdes qui y sont racontés, le caractère niaisement dévot qu'elle prête à Ghar- lemagne, contrastent singulièrement avec le ton et les récits des chansons de gestes. Elle a été écrite par un moine ignorant, qui a cependant eu l'art de la rattacher à un passage d'Eginhard ', et qui affecte de montrer de l'érudition théologique, et cite même quelques mots grecs, mais contredit de la façon la plus grossière, dans les noms qu'il prête à ses personnages, les données positives de l'histoire. Il a puisé plusieurs traits dans les récits des pèlerins qui revenaient de Jérusalem, et qui croyaient, comme tout le monde, que Gharlemagne les y avait précédés  ; mais en somme il a purement et simplement inventé toute son histoire.

Malgré le peu de valeur de cetouvrage, il lui suffît d'être écrit en latin pour avoir accès dans les compilations postérieures, qui le

' Ce qui fortifie cet argument, c'est ailleurs Aguisgranum. Du reste, elle n'a que la Vie de Gharlemagne, composée pas inséré les chapitres de la fin qui par- vers Ijfio à Aix-la-Chapelle, dont nous lent du transport des reliques À Saint- parlerons plus bas, a conservé dans notre Denis, légende, qu'elle reproduit, le mot d'^- ' Lebeuf, l. l., p. 139. (fuHic capella, tandis qu'elle dit iiartoul ^ Efjinh., Annale.f, s. a. 800.


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reproduisent toutes, depuis Gui de Bazoches, mort en 1203, jus- qu'aux Grandes Chroniques de France et à Robert Gaguin. Nous croyons inutile d'énumérer tous les historiens qui l'ont admis  ; leur crédulité ne lui donne aucune autorité de plus.

Cette légende, intitulée Descriptio qualiter Carolus Magnus clavum et coronam Domini a Constantinopoli Aquisgrani attu- leritj qualiterquc Caroliis Calvus hœc ad sanctum Dionysium re- tuleritj n'a jamais été imprimée en latin, au moins isolément; elle l'est, ainsi que sa traduction en français, dans plusieurs des auteurs qui l'ont copiée. Le plus ancien manuscrit paraît être celui de Saint-Germain des Prés, actuellement à la Bibliothèque Impériale *.

L'église de Saint-Denis ne fut pas la seule à exploiter pour le compte de reliques plus ou moins authentiques la croyance au voyage de Gharlemagne àJérusalem. Le prieuré de Gharroux, par exemple, n'avait pas d'autre titre à invoquer pour l'origine d'une relique assez singulière, qui a été retrouvée de nos jours, et que six autres églises se vantaient d'ailleurs de posséder ". Ce titre, qui donnait alors une si grande certitude à la piété des fidèles, suffirait aujourd'hui pour éveiller nos soupçons les plus légitimes; aussi l'a-t-on généralement abandonné. Il se trouve pour la pre- mière fois dans Pierre Gomestor, ouïe Mangeur, mort vers 1180. D'après lui, un ange aurait apporté à Gharlemagne, pendant qu'il priait dans le saint temple, ce précieux fragment du corps de l'en- fant Jésus  ; il l'aurait déposé à Aix, et plus tard Gharles le Ghauve l'aurait transporté à Saint-Sauveur de Gharroux. On voit que ce récit est tout simplement une appropriation à l'usage spécial de l'abbaye de Gharroux de l'histoire qui avait été inventée ou per- fectionnée au profit de celle de Saint-Denis "'.

Malgré toutes les raisons qui auraient dû la rendre suspecte, cette légende, dans une époque aussi dénuée de critique, fut ad- mise sans contestation par tous ceux qui la lurent et ne contribua

' Ms. Saint-Germain latin, 1085. Tra- Aux cinq églises mentionnées dans la

ductions, ms. fr. 831, 8189; Arsenal, B. 1. note de cette page d'après Thiers, il faut

fr. 283. La légende eu plat-allemand que ajouter la cathédrale de Metz  ; voy. le Cé-

Bredow a publiée (R'ar/ lier Gro^ô^ff^ Al- rémonial de cette église (Metz, 1697,

lona, 1814, p. 100), est sans doute une in-4^j, p. 197.

traduction de notre légende laiine; nous ' Cette relique n'existait pas à Char-

ii'avons pu le vérifier. roux avant le onzième siècle. Voy. Fonce-

  • Voy. Foncemac;ne, dans V Histoire de magne, l. L, p. 153. On a attribué la même

l'Ac(uf. des Inscr., t. XXI, p. loi et suiv. piovenance à bien d'aulres reliques.


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pas peu à répandre dans l'Église l'idée de la sainteté de Charle- magne. Cette opinion ne tarda pas à recevoir un puissant secours d'une autre œuvre apocryphe, plus célèbre que la première, et qui exerça sur tout le moyen âge une grande et fâcheuse influence. Nous voulons parler du Pseudo-Turpin, sorti aussi de mains mo- nastiques et fabriqué dans des vues parfaitement analogues à celles qui avaient guidé l'auteur du Voyage à Jérusalem.

Nous renvoyons, pour les questions de critique, si nombreuses et si délicates, que soulève cet ouvrage singulier, à la dissertation spéciale que nous lui avons consacrée *  ; nous nous bornons à ré- sumer ici les faits qui nous semblent acquis. La chronique fausse- ment attribuée à Turpin est l'œuvre de plusieurs auteurs qui écri- vaient dans des lieux et des temps divers, mais tous entre le com- mencement du onzième siècle et le milieu du douzième. Si le décret de Galixte II qui la déclare authentique (1122) a été sup- posé, si la lettre où ce pape la recommande aux fidèles, en tête du livre des Miracles de saint Jacques^ est également apocryphe, la plus ancienne mention qui en soit faite remonte à 1165; elle est plus d'une fois citée avant la fin du douzième siècle. Le treizième siècle en produit dès ses premières années trois traductions différentes, et dès 1205 les grandes compilations historiques l'admettent sans scrupule  ; ce n'est qu'à la Renaissance que Papire Masson,le pre- mier, la déclare apocryphe et fabuleuse. Elle s'appuie en partie sur des traditions historiques, en partie sur des poëmes français; elle est en partie de pure invention. Consacrée originairement à prou- ver l'authenticité des reliques de Saint-Jacques et à encourager le pèlerinage de Compostelle, elle se prête ensuite à divers inté- rêts qui accusent autant de continuateurs ou d'interpolateurs. Elle contribua plus qu'aucun autre ouvrage à donner à Charle- magne ce caractère d'apôtre armé que lui attribuait Jocundus dès 1088  ; facilement accepté par les laïques, que les chansons de ges- tes avaient habitués à admirer la piété de Charlemagne et à croire aux miracles que Dieu faisait pour lui , ce caractère de- vint de plus en plus prédominant dans l'image qu'on se fît de lui, et bien des gens s'étonnèrent sans doute que l'Église ne l'eût pas admis au nombre de ses saints.

Ce ne fut donc pour personne un scandale ou une surprise, ce

  • De Pseudo-Turpino.


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fut au contraire une satisfaction donnée aux idées générales et au sentiment des fidèles que la cérémonie qui eut lieu à Aix-la-Cha- pelle le 28 décembre 1164.

Le diplôme de Frédéric Barberousse.

Frédéric Barberousse, alors empereur d'Allemagne, était le plus passionné des admirateurs de Chariemagne. Non content de le prendre pour modèle comme empereur *, il le vénérait comme saint et souhaitait ardemment de voir l'autorité ecclésiastique re- connaître officiellement ses droits à ce titre. Ce désir doublement pieux était, à ce qu'il nous apprend lui-même *, vivement encou- ragé par le roi d'Angleterre Henri II, grand enthousiaste, comme on sait, de poésie chevaleresque, et qui ne lisait sans doute pas les chansons de gestes moins assidûment que les romans de la Table- Ronde. Malheureusement ni l'un ni l'autre de ces princes n'était en faveur auprès de la cour de Rome; en 1164, Thomas Becket demandait en France au pape Alexandre III justice de Henri II, et Frédéric, qui avait chassé le pontife de Rome, venait de perdre son pape particulier, l'antipape Victor IV. Mais cette perte n'était pas irréparable, et la même année le cardinal Gui de Crème, se laissant séduire par l'empereur, se fit proclamer par lui pape sous le nom de Pascal III.

C'est à lui que Frédéric s'adressa pour arriver à son but et faire passer Chariemagne du rang des héros dans celui des saints. On sent que Pascal III n'avait rien à refuser à celui qui l'avait mis et le soutenait sur le trône pontifical  ; il partageait probablement d'ailleurs les opinions de son temps et regardait Chariemagne comme très-digne des honneurs qu'on demandait pour lui. Au reste, nous l'avons dit au début de ce chapitre, Chariemagne mé- ritait par plusieurs côtés d'être recommandé au souvenir recon- naissantde l'Église  ; cependant le moine Wettin le plaçait en pur- gatoire, et le vice que lui reprochaient ses contemporains est aussi celui qu'on a toujours opposé depuis à la vraisemblance de sa sain- teté. Baronius prétend, il est vrai, que dans la fin de sa vie il ex- pia ses péchés passés par de dures pénitences '  ; il n'en est pas moins vrai que sur certains chapitres le très-glorieux empereur avait conservé la facilité des mœurs barbares, et il ne se faisait


' Diplôme de Frédéric de 4165, dans ' La vision de Wettin dit positivement les AA. SS. Januariijt II, p. 888 et suiv. le contraire  : vitam voluit finire suetis ' Id.f ibid. sordibus.


60 LIVRE PREMIER.

sans doute pas un grand scrupule de céder au penchant de son naturel à la fois impétueux et tendre* .

Quoi qu'il en soit, Pascal III, cédant aux désirs de Frédéric, canonisa Gharlemagne, et à partir du 28 janvier 1665 les saints inscrits au calendrier pour ce jour-là durent faire place au nou- veau venu. Le premier soin de l'empereur fut de rechercher les ossements, devenus des reliques par la canonisation  ; sans doute à sa dévotion se joignait le désir de contempler les restes de ce grand homme et de s'assurer de la véracité des récits qu'on faisait sur les proportions colossales de sa personne physique. Dans le diplôme qu'il octroya à l'église d'Aix-la-Chapelle quelque temps après et dont nous aurons à reparler, Frédéric nous apprend que ces recherches n'avaient aucun point de départ assuré. «Le corps, dit-il, avait été soigneusement caché, de peur des sacrilèges ou des ennemis, et nous n'aurions pu le trouver sans une illumina- tion spéciale de Dieu '.  » Quand on se rappelle ce qu'Eginhard nous dit de la sépulture de Gharlemagne, de l'arc triomphal qui la décorait, de l'assemblée immense qui assista aux funérailles, on a peine à comprendre l'ignorance oîi on se trouvait au douzième siècle sur l'emplacement de cette sépulture  ; on arrive toutefois à se l'expliquer, et voici comment ^

Soixante-quatorze ans après la mort de Gharlemagne, les Nor- mands envahissaient sa capitale, sous le commandement d'un certain Ordvig. Ils détruisirent son palais et firent l'écurie de leurs chevaux de la basilique où il reposait*. L'arc doré qui, d'après Eginhard, marquait le lieu de la sépulture, disparut dans cette dévastation , et quand plus tard, dans le courant du dixième siècle, on restaura la cathédrale, on ne releva pas cet insigne fu- néraire. Aussi le lieu précis oîi reposaient les glorieux restes n'é- lait-il pas bien connu en l'an 1000, où l'empereur Othon III eut envie de les contempler. On ouvrit le pavé de la cathédrale un peu au hasard, où l'on crut qu'était le tombeau, et on finit par

• La légende de sainte Amauberge a gende de saint Gilles et remonte pour le

conservé le souvenir de ce penchant. Au moins au douzième siècle,

reste, une" autre légende monastique, ' AA.SS.l.l.

grossissant ce péché jusqu'au crime, avait 'Nous avons consulté très-utilement

déjà couvert du pardon de Dieu, mira- pour ce qui suit le Mémoire de M. Arendt,

culeusement obtenu, la faute de l'empc- inséré dans les Bulletins de l'Acad. royale

reur. Nous leparlerons plus tard de ce de Belgique (classe des lettres, année

curieux épisode de l'histoire poétique de 18G1, p. 337 H suiv.).

Gharlemagne; il se trouve dans la lé- • Feiiz, S.S. VI, 58.'); V, 9i).


LES SOURCES. 61

le rencontrer. Les récits contemporains * qui nous sont restés de cette première ouverture du sépulcre de Charlemagne constatent la véracité du témoignage d'Adémar *, reproduit par plusieurs autres historiens, qui nous montre l'empereur assis sur son trône d'or, revêtu de ses habits impériaux, son glaive à la ceinture, sur ses genoux les évangiles. D'après ces mêmes témoignages, Othon, ayant satisfait sa curiosité, fit refermer la crypte funéraire, et les restes de Charlemagne demeurèrent en repos pendant près de deux siècles. Cette action d'Othon fut d'ailleurs fort diversement appréciée  ; les uns y virent un acte de piété , les autres une pro- fanation ; d'après les uns, elle avait été ordonnée à Othon par un songe envoyé de Dieu'; suivant les autres, il en fut bientôt puni: le terrible empereur lui apparut dans son sommeil et lui prédit sa mort funeste et prochaine *.

Cent soixante-cinq ans après Othon III, Frédéric I se trouva dans la même incertitude que lui, et cette fois elle ne peut s'ex- pliquer que par une incurie vraiment incroyable. 11 ne fallut pas moins, nous l'avons vu, qu'une révélation divine pour retrouver le corps. Enfin on pénétra dans le caveau  ; on enleva le grand empereur du trône où il avait siégé pendant trois siècles et demi, et on déposa ses restes sur un catafalque en bois, élevé au milieu de l'église'. Le 27 juillet 1165, eut lieu la translation définitive des reliques *  ; mais on ne sait pas au juste oti elles reposèrent jus- qu'en 1215. A cette époque, elles furent placées, à l'exception du crâne et d'un tibia, dans une châsse d'argent qu'on mit sur l'autel. Par une fatalité qui semble s'être attachée aux dépouilles mortelles de cet homme dont la gloire remplissait le monde, on perdit encore, sans doute vers le seizième siècle', le souvenir de ce que contenait cette châsse, dont nous aurons à reparler, et ce n'est que de nos jours, en 1843, qu'une découverte inespérée a fait retrouver les ossements de l'empereur dans ce qu'on croyait

  • Thietmari Chronicon, ly , 29 {Perlz, livre de Henri Heine j f Allemagne.

SS. III, 781); Ann. Hildeshcimenses (ib.,  » Pertz, SS. VI, 411.

92) ; Ann. Lamberti [ib., 91 ); Chronicon «  AA. SS. l. /., p. 887.

Novttliciense (Pertz, SS. VII, 106). ' Dès le quatorzième siècle, l'empereur

' Pertz, SS. IV, p. il8. Charles IV, dans une lettre adressée aux

' Pertz, SS. IV, p. 1.30. chanoines d'Aix et pleine d'enthousiasme

  • Annal. Hildesh., citées pins haut, pour Charlemagne, leur reproche vive-

Il mourut en i002, à vinj^t-deux ans, ment leur négligence et leur tiédeur à empoisonné, dit-on. Cette légende est l'endroit de ses glorieuses reliques (voy. racontée poétiquement au début du Walch, /. /., p. 100).


62 LIVRE PREMIER.

renfermer les reliques de saint Léopard*. Toutefois les parties du corps indiquées plus haut se conservent depuis des siècles dans la sacristie et se montrent aux fidèles ou aux curieux '  ; en outre l'humérus droit a été extrait de la châsse en 1483, comme le prouve une déclaration des chanoines qu'on y trouva en l'ouvrant, pour être consers'é dans un reliquaire d'or massif, en forme de bras, présent fait h cette expresse intention à la cathédrale par le roi Louis XI ', qui avait, comme nous aurons occasion de le voir, une dévotion spéciale pour saint Gharlemagne. C'est peut-être ici le lieu de mentionner le respect dont les rois de France depuis le quinzième siècle ont entouré la mémoire de celui qu'ils appelaient même leur progéniteur. Un usage singulier en est la preuve  : à chaque sacre , le nouveau roi envoyait à Aix le drap mortuaire qui avait servi aux funérailles de son prédécesseur, pour être étendu sur le tombeau de Gharlemagne*. Comment les chanoines, qui reçurent régulièrement cette offrande jusqu'en 1775, exécu- tèrent-ils l'intention des donateurs à une époque où ils avaient perdu le souvenir de l'endroit oii étaient les ossements de leur fondateur, nous l'ignorons; mais ils n'oubliaient pas à chaque nouveau règne de faire renouveler la rente de quatre mille livres tournois que Louis XI avait constituée à leur profit en 1482 \

Mais revenons à Frédéric, dont cette digression nous a écarté. Il avait l'intention , pour mieux imiter Charlemagne , de faire comme lui d'Aix-la-Chapelle le centre de son empire  ; il donna donc à cette ville des privilèges considérables. Mais le chapitre de la cathédrale ne se contenta pas d'invoquer le souvenir de ce- lui qui l'avait fondé pour demander des faveurs à Frédéric; il produisit à l'appui de certaines prétentions excessives un acte qui trouve sa place dans l'histoire fabuleuse de l'empereur. Ce prétendu diplôme de Charlemagne, dont la supposition n'a même pas besoin d'être discutée ®, fut parfaitement admis et ratifié par

' Arendt, /. /. assez claire  : Hoc diploma quam auctorù

' 11 est étonnant que malp:ré cela la tatem habere debeat alii judicent; corn-

ville d'Osnabriick ait prétendu posséder plura in eo miramur; nam suspectare

le chef de Charlemagne ( voy. AA. SS., aperte guod alter Imperator récitât, et

l. l., p. 888 ). Nous ne savons si on l'y traditio Aquensis ecclesiœ tuetur, vix au-

garde encore. demus{l. L, p. 889). Mais nous ne voyons

• Arendt, /. /. aucune raison pour révoquer en doute,

♦ Arendt, /. /. comme l'a fait J. Basnage {ap. Walch,

  • Arendt, l. l. Historia canonizationis Caroli Magni, p.8),

• La réserve de Bolland à ce sujet est l'authenticité du diplôme de Frédéric.


LES SOURCES. 63

Frédéric I; il nous intéresse à cause d'une légende relative à la fondation d' Aix-la-Chapelle que nous y trouvons rapportée *.

Dans le diplôme oii Frédéric inséra cette pièce supposée, il rappelle la canonisation de Gharlemagne et donne les titres qui lui ont valu cet insigne honneur. Gharlemagne a été, suivant lui, apôtre et confesseur; en outre «  bien qu'il n'ait pas péri par le glaive, toutes les souffrances auxquelles il s'est soumis, ses combats périlleux, et sa volonté constante de mourir pour les incrédules, l'ont fait martyr.  » Pour mieux faire comprendre à tout le monde ces mérites du nouveau saint, l'empereur engagea un écrivain, sans doute quelque moine d'Aix, à composer une Vie de Gharlemagne spécialement destinée à l'édification. Get ouvrage , que d'assez nombreux manuscrits nous ont conservé*, est intitulé: De la Sain- teté des mérités et de la gloire des miracles du bienheureux Char^ lemagne. Il a pour unique but d'édifier les fidèles et de justifier la canonisation de l'empereur par l'exposition de ses vertus et le récit des miracles que Dieu a faits pour lui. Il n'a aucune valeur historique ou littéraire  ; il est écrit dans un style ampoulé et dé- layé qui est juste à la hauteur des idées. L'auteur déclare d'ailleurs qu'il n'a voulu toucher en rien à l'histoire politique et s'est restreint absolument à ce qui regardait la dévotion de son héros. L'ouvrage est divisé en trois livres  ; le premier ne contient guère que des renseignements assez exactement tirés d'auteurs anciens, mais amplifiés et noyés dans le verbiage  ; le second est la légende latine du Voyage à Jérusalem, dont nous avons parlé plus haut; le troisième emprunte ses huit premiers chapitres à la chronique de Turpin, et le reste à différentes sources latines  ; il se termine par le récit de la translation des reliques de Gharlemagne '. L'auteur n'a pas voulu mêler à son récit de fables populaires  ; il ne nous en rapporte qu'une seule, qui se retrouve ailleurs sous diverses formes , et ajoute aussitôt  : «  Mais je passe sous silence bien d'autres choses semblables, ne touchant qu'à ce qui est contenu dans les histoires authentiques.  » Il est vrai que Turpin et le Voyage à Jérusalem sont pour lui parfaitement authentiques.


  • Nous reparlerons ailleurs de cette * Voyez sur ce livre AA. SS. Januarii

pièce. /. l., p. 87fi; Mémoires de l'Acad. des inS'

' Entre autres les manuscrits de la cnptions,y\\, 280; Lambecius, Cataîo-

Biblioth. Impér. 4895A et 6187, et le ma- guscodicum. Vindoh., t. II, p. 329 et suiv.,

nuscrit de la Bibl. Ste-Geneviève Ll 1. 339 et suiv.


64 LIVRE PREMIER.

La canonisation de Gharlemagne était, avons-nous dit, l'œuvre de l'antipape Pascal III; elle n'avait donc aucune valeur. Cepen- dant les historiens ecclésiastiques ne l'attaquent pas, et plusieurs églises l'ont admise, se fondant sans doute sur l'approbation tacite que lui donnèrent, ainsi qu'Alexandre III lui-même, les pontifes régulièrement assis depuis lui sur le siège de saint Pierre *. Ce n'est qu'assez récemment que, sans rayer absolument Gharle- magne du calendrier, on a du moins supprimé l'office qui se disait en son honneur, et qui avait été composé en 1163. Bolland, à l'endroit cité plus haut, donne l'oraison qui se récitait le 28 jan- vier dans plusieurs églises dès 1166. Cette oraison n'avait rien de remarquable pour notre sujet; il n'en est pas de même des leçons et de l'hymne qui étaient en usage dans plusieurs endroits, notam^ ment à Halberstadt en Saxe et à Zurich. Les leçons contenaient en plusieurs fragments un abrégé de Turpin, pris sans doute dans la Vie rédigée en 11 65 par ordre de Frédéric  ; l'hymne rap- pelait plusieurs traits fabuleux également empruntés à cet ouvrage ou à ceux que l'auteur avait mis à contribution *.

L'office de Girone

Le culte de Charlemagne fut d'abord restreint k l'empire germanique ; on le comprend quand on songe au rôle de Pascal III auprès de Frédéric I. L'Italie ne l'a jamais admis ^ L'Espagne sem- ble y être aussi demeurée étrangère; à Girone seulement, ville de Navarre, on chantait en son honneur, jusqu'au concile de Trente, un curieux office. La ville de Girone fat enlevée en 786 par les troupes de Charlemagne à l'émir Mahomet et rendue au christia- nisme ; on s'accorde à croire que la cathédrale fut bâtie sur l'em- placement de la mosquée. Mais la tradition s'empara très-prompte-

' On pense que les protestants n'ont res/i/M/wy (Francf., 1679). Encouragé sans

pas manqué de presser les catholiques à doute par cet exemple, Heidegger, dans

ce sujet  : ou Charlemagne est saint, di- le tome II de ses Dissertationes selectx

sent-ils, et alors un antipape a le droit (Zurich, 1675), a publié une dissertation

de canoniser; ou il ne l'est pas, et toutes pour prouver que Charlemagne était

les prières qu'on lui adresse sont enta- calviniste ( De Carolo Mugno teste veri-

chées d'idolâtrie. Voy. surtout Walch, tatis).

Historia canonisât ionis Caroli Magni. La ' Migne, Œuvres de Charlemagne, t. Il,

cour de Rome ne s'est jamais officielle- p. 1308. A Aix, on célébrait tous les mois

ment prononcée. Au reste, les protestants l'office de saint Charlemagne; on y di-

ont aussi leurs légendes théologiques sur sait sans doute ces leçons et cet hymne;

Charlemagne. Nifanius, au dix-septième au moins on peut le conjecturer d'après

siècle, essaya de prouver qu'il était lu- un passage cité par Reiffenberg (PM.

thérien; réfuté par le jésuite Schaten, il Mousket, t. II, p. CLXViil). lui répliqua dans un livre intitulé  : Caro- ' Voy. Walch, Historia canonisationis,

lus veritatis evangelicce confessor demto p. 84.


LES SOURCES. 6:i

ment de cette guerre, où elle fit naturellement intervenir l'empe- reur lui-même. Une chronique espagnole fort ancienne en fait déjà un récit tout à fait miraculeux *, auquel diverses autres anna- les font allusion '. Les habitants de Girone en avaient conservé un souvenir très-vif, et ce fut sur la tradition qui vivait encore parmi eux que furent composées, un peu tard il est vrai, en 1345, les leçons et les antiennes de l'office solennel institué par l'évêque Arnaud çle Montrond *. Bien qu'ayant revêtu une forme litur- gique, les récits qu'elles contiennent sont donc d'origine popu- laire,et nous y trouverons de curieuses variantes sur l'expédition de Gharlemagne en Espagne. Quand ces singulières prières eurent disparu, l'office persista, et à la fin du dix-septième siècle on pro- nonçaitencore tous les ans à Girone, au 28 janvier, le panégyrique du libérateur de la ville '.

Louis XI et saint Charlemagne

En France, nous n'avons pas trouvé trace d'un culte rendu à Gharlemagne avant le quinzièm.e siècle. Ce fut Louis XI qui l'in- troduisit. Robert Gaguin (mort en 1501) rapporte qu'il employa pour cela un moyen excellent et très-digne de la singulière dévo- tion de ce roi peu tendre. «Il ordonna de rendre h Gharlemagne les honneurs dus aux saints, et il envoya dans les villes des mes- sagers pour indiquer au peuple le jour de la fête, avec peine de mort pour ceux qui refuseraient d'admettre ce nouveau culte *.  » Malgré ce procédé commode, les contemporains ne s'y prêtèrent pas très-aisément; le même Gaguin, dans une lettre particulière"', laisse voir son peu de penchant pour cette dévotion et émet l'opi- nion que cette fête ne sera pas longtemps célébrée. 11 se trompait toutefois  ; car le parlement de Paris décida depuis qu'en l'honneur de saint Gharlemagne le 28 janvier serait jour férié, et il l'a été en effet jusqu'à la révolution.

Saint Charlemagne patron de l'Université de Paris

L'université de Paris, on le sait, a pour patron saint Gharle- magne; ce patronage ne remonte qu'au seizième siècle. L'initia- tive en fut prise en 1478 par les nonces ou bedeaux (numii quos

> Chronicon Rivtpullense. loca quoque monstrent ubi castra posita

' Cf. Chronicon Moissiacense (Pertz, erant, etc. (de Marca, Marca hispunica

SS. I, 298), Chronicon Anianense (Pertz, col. 250).

SS. 111, 201), les Annales Lobienses {ib., < Voy. Marca, /. l.

t. I, p. 13) et Elnonemes (ib., p. 12). * Marca, /. /., col. 251.

  • Ejus obsidionis et sinyulonim even- «  Cité dans Du Boulay, Hist. de l'Uni-

tuum quos tune accidisse aiunt adeo re- versité, W, p. 344.

cens est menioria apud Gerundenses ut ' Du Boulay, ibid.

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66 LIVRE PREMIER. - LES SOURCES.

vacant magni) de la faculté des arts  ; ils choisirent pour protec- teur le saint qu'on venait de leur révéler et lui élevèrent une statue; en 1488 les étudiants de la nation allemande prirent aussi Charlemagne pour patron  ; mais ce ne fut que le recteur Le Maistre qui, en déclarant la fôte de saint Charlemagne annuelle et d'obli- gation pour toute l'université, la mit sous son patronage. Cette ordonnance tomba même bientôt en désuétude; mais Égasse du Boulay, recteur en 1661, la fit renouveler solennellement; c'est de cette époque que date la fête qu'il appelle, dans son Histoire de l'Université de Paris, les Carlomagnalia , la Saint-Charlemagne de nos collèges*.

A ce patronage se rattache une tradition qu'aujourd'hui on ne reconnaît plus comme historiqne, celle qui fait de Charlemagne le fondateur de l'université de Paris. Toute l'argumentation par laquelle du Boulay a voulu la défendre ^ tombe d'elle-même dès que l'on conçoit bien le sens du mot université. Au reste, le prince qui aima tant les études, qui parvint à créer, au milieu d'un siècle barbare, une sorte de Renaissance, qui fonda ou encou- ragea tant d'écoles, méritait bien d'être le patron de la grande université parisienne. Un tel hommage est de tous ceux qu'on a rendus à ga mémoire celui qui l'aurait le plus touché, et les ban- quets de la Saint-Charlemagne auraient réjoui le cœur de ce zélé propagateur de l'instruction, qui ne dédaignait pas de venir inspec- ter lui-même les écoles qu'il avait fondées, et qui trouvait des en- couragements si doux pour les enfants du peuple laborieux et intelligents, de si sévères reproches pour les fils de seigneurs qui négligeaient l'étude comme inutile '.

  • Du Boulay, l. l., p. 443 etsuiv. 11 a (Paiisiir-, 1662, in-8o),

même publié un ouvrage à part sous ce ' Du Boulay, Hist. de l'Univ., l, p. 91

titre  : Carlomagnalia, seu Feriœ concep- et suiv. iivx Caroli Magni in scholis observandœ " Mon. Sanpall., 1. I, c. 2,


Notes de l'article

  1. Voyez, par exemple, dans le moine de Saint-Gall la peine qu'il se donnait pour chanter et faire chanter à l'office suivant une bonne méthode.
  2. Nous en rapportons plusieurs dans notre second livre.
  3. Nous citerons l'apparition dés croix à Rome ; les miracles du torrent desséché, des boucliers célestes, etc., dans la guerre de Saxe; la légende de l'ourse; celles qui cité ont trait à Witikind, etc.
  4. Nous avons déjà vu cette idée formellement exprimée dans un vers du fragment de La Haye, que nous avons cité plus haut,
  5. Pertz, SS. XII, p. 96.
  6. Pertz, SS. III, p. 710.

Voir aussi

Notes de la rédaction
  1. Le texte original : Hoc pius attendens Karolus, mori pro patria, mori pro ecclesia non : timuit; ideo terram circuit universam, et quos Deo repugnare invenit impugnabat, et quos Christo subdere non potuit verbo, subdidit ferro.