Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse XLVIII

De Wicri Chanson de Roland

Cette page concerne la laisse XLVIII du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit

La laisse est contenue sur les feuillets 11 verso puis 12 recto du manuscrit.

 
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Transcription et traduction par Léon Gautier


XLVIII

Atant i vint uns païens, Valdabruns, Voici venir un païen, du nom de Valdabron ;
Icil levat le rei Marsiliun ;
C’est lui qui, pour la chevalerie, fut le parrain du roi Marsile ;
Cler, en riant, l’ad dit à Guenelun : Clair et riant, a dit à Ganelon :
620 « Tenez m’espée, meillur n’en ad nuls hum, « Prenez mon épée, aucun homme n’en a de meilleure,
« Entre les helz ad plus de mil manguns : « Et dans sa poignée il y a plus de mille mangons :
« Par amistet, bel sire, la vus duins, « Je vous la donne par amitié, beau sire ;
« Que nus aidez de Rollant le barun, « Mais aidez-nous contre Roland le baron,
« Qu’en rere-guarde truver le poüssum. « Et faites que nous puissions le trouver à l’arrière-garde.
625 « — Ben serat fait, » li quens Guenes respunt ; « — Ainsi sera-t-il fait, » répond le comte Ganelon.
Puis se baiserent es vis e es mentuns. Aoi. Et tous les deux se baisent à la joue et au menton.

Transcription commentée de Francisque Michel

Francisque Michel-02.png
Chanson de Roland (Francisque Michel 1869) Exemplaire annoté par Paul Meyer
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Manuscrit d'Oxford Lettrine 1.png

XLVIII. ( => F. M. )


Atant* i vint uns paiens Valdabruns ;  *Alors.
Icil en vait* al rei Marsiliun,  *Celui-ci s'en va.
Cler en riant 'lad dit* à Guenelun :  *Il a dit.
« [T]enez m'espée, meillur n'en at nuls hom ;
[E]ntre les helz* ad plus de mil manguns** :  *Gardes. **Mangons (espèce de monnaie).
Par amistiez, bel sire, la vos duuns*  *Donnons.
Que* nos aidez de Rollant le barun.  *Pour que.
Qu'en rère-guarde trover le poüsum*. »  *Puissions.
– « Ben serat fait, » li quens Guenes respunt ;
Puis se baisèrent ès vis* e ès mentuns. AOI.  *Aux visages.
 
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Notes (version de Léon Gautier)

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 102.jpg[95]

Vers 618.
    1. 618 ##

Vers 618.Icil en vait à l’Rei. O. La correction est de Génin, et a été adoptée par Müller.

    1. 620 ##

Vers 620.At. O. Ad est la forme employée dans le manuscrit 19 fois sur 20.

    1. 621 ##

Vers 621. — Pour les helz, qui sont sans doute la garde et la poignée (le helz étant la garde, et le punz la poignée), voyez notre note Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 103.jpg[96]

    1. 621 ##

sur les armures (au v. 994). ═ Le texte de Versailles est précieux : Entre le heut et le pont qui est en son. — De l’or d’Espaigne vaut dis mille mangons. ═ Il est connu que les mangons sont une sorte de monnaie. (V. Ducange, au mot Mancusa.) Mais le sens est d’ailleurs assez difficile à établir. S’agit-il d’une épée dans le pommeau de laquelle on a mis des pièces d’or ? C’est ce que semblerait dire le vers 1528 : Il li dunat s’espée e mil manguns ; et ce vers, en effet, se rapporte au même fait que le vers 621. Ne s’agirait-il pas de pièces d’or, de marcs d’or que l’on aurait soudés ou fondus entre le pommeau et la garde de l’épée ? ou seulement à la garde ? N’est-il question que de la valeur métallique de cette partie de l’épée ? La difficulté subsiste.

    1. 622 ##

Vers 622.Amistiez. O. À cause du cas régime, et parce que ce mot se trouve, comme assonance, dans les couplets en ier, lire plutôt amistiet. ═ Vos. O.

    1. 623 ##

Vers 623.Nos. O.

    1. 624 ##

Vers 624.Trover. O. D’après la phonétique de notre Ms., la vraie forme est truver, qui se trouve aux vers 2735 et 2859. ═ Poüsum. O. La forme correcte nous est donnée sept vers plus loin : c’est poüssum.


Voir aussi

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