Buffon illustré de la jeunesse - 1893/Mammifères/Domestiques/Âne

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L'âne



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L'âne

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L'ÂNE

L'âne diffère du cheval par une tête plus grosse, pat des oreilles plus longues, par une queue garnie de poils Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f14.jpg[6] à son extrémité seulement, par des épaules moins larges et traversées, chez le mâle, par une ligne noire qui se croise avec une autre ligne de même couleur tracée le long du dos, par un dos plus tranchant, par une croupe moins carrée, enfin par son braiment. Il vit de quinze à seize ans dans notre pays. Sobre, apte au tramail, sûr à la marche, il se rend très utile à l'homme qui malheureusement ne reconnaît presque toujours ses services qu'en l'accablant de mauvais traitements.

Il est de son naturel aussi humble, aussi patient, aussi tranquille que le cheval est fier, ardent, impétueux il soutire avec constance, et peut-être avec courage, les châtiments et les coups. Il est sombre et sur la quantité et sur la qualité de la nourriture il se contente des herbes les plus dures et les plus désagréables. Il est fort délicat sur l'eau il ne veut boire que de la plus claire et aux ruisseaux qui lui sont connus. Il boit aussi sobrement qu'il mange, et n'enfonce point du tout son nez dans l'eau, par la peur que lui fait, dit-on, l'ombre de ses oreilles. comme l'on ne prend pas la peine de l'étriller, il se roule souvent sur le gazon, sur les chardons, sur la fougère: mais il ne se vautre pas comme le cheval, dans la sange et dans l'eau; il craint même de se mouiller les pieds, et se détourne pour éviter la boue aussi a-t-il la jambe plus sèche et plus nette que le cheval. Il est susceptible d'éducation, et l'on en a vu d'assez bien dressés pour faire curiosité de spectacle.

Dans la première jeunesse, il est gai, et même assez joli il a de la légèreté et de la gentittesse mais il la perd bien- tôt, soit par l'age. soit par les mauvais traitemeuts, et il devient lent, indocile et têlu. Il a pour sa progéniture le plus fort attachement. Il sattache aussi à son maìtre, à moins que son naturel n'ait été vicie; il le sent de loin et le distingue de tous Ils autres hommes il reconnaît aussi les lieux qu'il a coulume d'habiter, les chemins qu'il a sréquentés. Il a les yeux bons. l'odorat admirable, Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f15.jpg[7] l'oreille excellente. Lorsqu'on le surchirge, il le marque cn inclinant la tête et baissant les oreilles. Lorsqu'on le tourmente trop, il ouvre la bouche et retire les lèvres d'une manière très désagréable ce qui lui donne l'air moqueur et dérisoirc. Si on lui couvre les yeux, il reste immobile. Il marche, il trotte et il galope comme le che- val mais tous ses mouvements sont petits et beaucoup plus lents. Quoiqu'il puisse d'abord courir avec assez de vitesse, il ne peut fournir qu'une petite carrière pendant

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un petit espace de temps; et quelque allure qu'il prenne. si on le presse, il est bientôt rendu.

Comme on ne prend pas la peine de l'étriller, il se roule souvent sur le gazon, sur les chardons, sur la fou- gère et, sans se soucier beaucoup de ce qu'on lui sait porter, il se couche pour se rouler toutes les fois qu'il le peut. et semble par la reprocher à son maître le peu de soin qu'on prend de lui. L'âne est courageux et se dé- send coutre les loups et les chiens; il ne craint même pas de lutter contre le cheval, l'ours, le taureau et le sanglier. De tous les animaux couverls de poils, l'âne est celui qui est le moins sujet à la vermine jamais il n'a de poux, ce qui vient apparemment de la duveté et de la séche- resse do sa peau. Buffon illustré de la jeunesse - 1893 Gallica page f16.jpg[8] il y a parmi les ânes différentes races, mais qu'on con- naît moins que celles des chevaux. Dans les climats froids, il est plus faible que dans les climats chauds. Il paraît être venu primitivement d'Arabie en Egypte, d'Egypte en Grèce, de Grèce en Italie, d'Italie en France, en Allemagne, en Angleterre, en Suède, etc.

Primitivement, il n'y avait pas d'ânes en Amérique ceux qui existent proviennent des individus apportés par les Espagnols, qui maintenant se trouvent de tous côtés par troupes à l'état sauvage.

La peau de l'âne est très dure et très élastique elle sert à plusieurs usages on en fait de forts souliers, des cribles, des tambours, du gros parchemin, du sagri ou chagrin; les anciens faisaient des flûtes avec ses os. Les bateleurs sont parvenus à apprendre aux ânes des tours assez extraordinaires à exprimer quelques petits nombres en levant et en abaissant la patte; à indiquer, au commandement, une carte rouge ou une carte noire jetées pèle-mêle avec d'autres; à s'asseoir sur les jambes de derrière et à se laisser gravement mettre un chapeau sur la tête, une serviette au cou, un long manche à balai au bras a braire d'une manière plus ou moins douce, plus ou moins bruyante, et à imiter l'éternuement.