Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CCVII

De Wicri Chanson de Roland
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Révision datée du 14 juillet 2022 à 13:24 par Jacques Ducloy (discussion | contributions) (Transcription et traduction par Léon Gautier)

Cette page introduit la laisse CCVII (207) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur le feuillet 52 verso du manuscrit.

Elle démarre sur une lettrine C.

Elle est numérotée :

  • CCVII chez Francisque Michel (page 88).
  • CCIX chez Léon Gautier.
  • CCIV chez Edmund Stengel.


 
Page104-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg

Transcription et traduction par Léon Gautier


CCIX

Carles li reis revint de pasmeisun, Le roi Charles revient de sa pâmoison ;
Par les mains le tienent .iiii. de ses baruns, Quatre de ses barons le tiennent par les mains.
Guardet à tere, veit gesir sun nevuld ; Il regarde à terre, il y voit le corps de son neveu :
2895 Cors ad gaillard, perdue ad sa culur,
Roland a perdu toutes ses couleurs, mais il a encore l’air gaillard ;
Turnez ses oilz, mult li sunt tenebrus. Ses yeux sont retournés et tout remplis de ténèbres :
Carles le pleint par feid e par amur :
Et voici que Charles se met à le plaindre, en toute reconnaissance, en tout amour :
« Ami Rollant, Deus metet t’anme en flurs, « Ami Roland, que Dieu mette ton âme en saintes fleurs
« En Pareïs, entre les glorius ! « Au Paradis, parmi ses glorieux !
2900 « Cum en Espaigne venis à mal, seignur ! « Pourquoi faut-il que tu sois venu en Espagne ?
« Jamais n’ert jurz de tei n’aie dulur.
« Jamais plus je ne serai un seul jour sans souffrir à cause de toi.
« Cum decarrat ma force e ma baldur !
« Et ma puissance, et ma joie, comme elles vont tomber maintenant !
« Nen averai ja ki sustienget m’honur ; « Qui sera le soutien de mon royaume ? Personne.
« Suz cel ne quid aveir ami un sul, « Où sont mes amis sous le ciel ? Je n’en ai plus un seul.
2905 « Se jo ai parenz, n’en i ad nul si proz. » « Mes parents ? Il n’en est pas un de sa valeur. »
Trait ses crignels pleines ses mains ambesdous. Charles s’arrache à deux mains les cheveux,
Cent milie Franc en unt si grant dulur Et cent mille Français en ont si grande douleur,
N’en i ad cel ki durement ne plurt. Aoi. Qu’il n’en est pas un qui ne pleure à chaudes larmes.
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Gautier - La Chanson de Roland , 1872 - Vol. 1 - Illustration page 453.jpg

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