Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CVIII

De Wicri Chanson de Roland

Cette page introduit la laisse CVIII (108) du manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit

La laisse CVIII (108) est contenue sur les feuillets 25 (verso) puis 26 (recto) du manuscrit d'Oxford.

Elle démarre avec la lettrine L.

Elle est numérotée CIX chez Francisque Michel et Léon Gautier.


 
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Transcription et traduction par Léon Gautier (1872)


CIX

La bataille est adurée endementres : La bataille cependant est devenue très-rude :
Franc e païen merveillus colps i rendent : Français et païens y échangent de beaux coups.
Fièrent li un, li altre se defendent. Les uns attaquent, les autres se défendent.
Tante hanste i ad e fraite e sanglente, Que de lances brisées et rouges de sang !
1400 Tant gunfanun rumput e tante enseigne ! Que de gonfanons et d’enseignes en pièces !
Tant bon Franceis i perdent lur juvente ! Et que de bons Français perdent là leur jeunesse !
Ne reverront lur meres ne lur femmes, Ils ne reverront plus leurs mères ni leurs femmes,
Ne cels de France ki as porz les atendent. Aoi. Ni ceux de France qui les attendent là-bas, aux défilés.

La transcription commentée de Francisque Michel

Ce couplet est à cheval sur les pages 43 et 44 de l'édition de 1869.


CIX.
La bataille est adurée en dementres*,  *Rude cependant, en attendant.
Franc e paien merveilus colps i rendent ;
Fièrent li un*, li altre se défendent.  *Frappent les uns.
Tant hanste i ad e fraite e sanglente,  *Tant de lances y a et brisées.
Tant gunfanun rumpu e tant enseigne ;
Tant bon Franceis i perdent lor juvente*,  *Jeunesse.
Ne reverrunt lor mères ne lor femmes
Ne cels de France ki as porz* les atendent. AOI.  *Aux passages.
 
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Transcription et traduction de Joseph Bédier

Joseph Bédier fusionne en fait deux laisses.

CIX

La bataille est aduree endementres.
Franc e paien merveilus colps i rendent.
Fierent li un, li altre se defendent.
Tant’ hanste i ad e fraite e sanglente,
1400Tant gunfanun rumpu e tant’enseigne !
Tant bon Franceis i perdent lor juvente !
Ne reverront lor meres ne lor femmes,
Ne cels de France ki as porz les atendent. AOI.
Karles li magnes en pluret, si se dementet.
1405De ço qui calt ? N’en avrunt sucurance.
Malvais servise le jur li rendit Guenes,
Qu’en Sarraguce sa maisnee alat vendre ;
Puis en perdit e sa vie e ses membres ;
El plait ad Ais en fut juget a pendre,
1410De ses parenz ensembl’ od lui tels trente
Ki de murir nen ourent esperance. AOI.

 
CIX

La bataille s’est faite plus acharnée. Francs et païens frappent des coups merveilleux. L’un attaque, l’autre se défend. Tant de hampes brisées et sanglantes ! Tant de gonfanons arrachés et tant d’enseignes ! Tant de bons Français qui perdent leur jeune vie ! Ils ne reverront plus leurs mères ni leurs femmes, ni ceux de France qui aux ports les attendent.

Charles le Grand en pleure et se lamente ; mais de quoi sert sa plainte ? Ils n’auront pas son secours. Ganelon l’a servi malement, au jour où il s’en fut à Saragosse vendre ses fidèles ; pour l’avoir fait, il perdit la vie et les membres par jugement à Aix, où il fut condamné à être pendu ; avec lui trente de ses parents, qui n’attendaient pas cette mort.

 
Chanson de Roland Bedier Int Arch page 108.png

Voir aussi

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