Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse CLXXXII

De Wicri Chanson de Roland
< Chanson de Roland‎ | Manuscrit d'Oxford
Révision datée du 29 octobre 2023 à 17:23 par Jacques Ducloy (discussion | contributions) (Notes (version de Léon Gautier))

Cette page introduit la laisse CLXXXII (182) en suivant l'organisation propre au manuscrit d'Oxford.

Dans le manuscrit d'Oxford

La laisse est contenue sur le feuillet 45 verso du manuscrit.

Elle démarre sur une lettrine L.

Elle est numérotée

  • CLXXXIII chez Francisque Michel (page 76).
  • CLXXXIV chez Léon Gautier.
  • CLXXIX chez Edmund Stengel.


 
Page90-2140px-La Chanson de Roland - MS Oxford.djvu.jpg

Transcription et traduction par Léon Gautier


CLXXXIV

Li Emperere s’est culcet en un pret, L’Empereur s’est couché dans un pré ;
Sun grant espiet met à sun chef li bers ; Il a mis sa grande lance à son chevet, le baron ;
Icele noit ne se voelt il desarmer, Car il ne veut pas se désarmer cette nuit.
Si ad vestut sun blanc osberc safret, Il a vêtu son blanc haubert, bordé d’orfroi ;
2500 Lacet sun helme ki est ad or gemmez, Il a lacé son heaume gemmé d’or ;
Ceinte Joiuse, unkes ne fut sa per, Il a ceint Joyeuse, cette épée qui n’eut jamais sa pareille,
Ki cascun jur muet .xxx. clartez. Et qui chaque jour change trente fois de clarté...
Asez savum de la lance parler Nous pourrions vous parler de la lance
Dunt Nostre Sire fut en la cruiz naffrez : Dont Notre-Seigneur fut percé sur la croix :
2505 Carles en ad l’amure, mercit Deu ! Eh bien ! Charles, grâce à Dieu, en possède le fer
En l’oret punt l’ad faite manuverer. Et l’a fait enchâsser dans le pommeau doré de son épée.
Pur ceste honur e pur ceste bontet À cause de cet honneur, à cause de sa bonté,
Li nums Joiuse l’espée fut dunez. On lui a donné le nom de Joyeuse ;
Barun franceis ne l’ deivent ublier : Et ce n’est pas aux barons français de l’oublier,
2510 Enseigne en unt de Munjoie crier ; Puisqu’ils ont tiré de ce nom leur cri de Montjoie ;
Pur ço ne ’s poet nule gent cuntrester. Aoi. Et c’est pourquoi aucune nation ne leur peut tenir tête.

Notes (version de Léon Gautier)

logo travaux partie en cours de rédaction

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 196.jpg[189]

    1. 2496 ##

Vers 2496. — Lire culchet.

    1. 2497 ##

Vers 2497. — Lire ber. O.

    1. 2498 ##

Vers 2498.Ne s’volt. Mu. Le manuscrit porte nettement ne se.

    1. 2499 ##

Vers 2499.Saffret. O. Safret ne prend le plus fréquemment qu’un seul f. Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 197.jpg[190]

    1. 2500 ##

Vers 2500.Laciet. O. La forme lacet se trouve au vers 212. ═ Elme. O. V. la note du vers 996. ═ A or. O. V. la note du vers 2491. ═ Gemmet. O. Pour le cas sujet, il faut gemmez.

    1. 2501 ##

Vers 2501.Unches. O. V. la note du vers 629. ═ Joiuse. — Nous allons résumer, en quelques propositions brèves, l’histoire de l’épée Joyeuse. a. D’après Fierabras (vers 654-657), l’épée Joyeuse est l’œuvre de ce fameux forgeron Veland, qui, d’après le Chevalier au Cygne, Doon de Mayence, Huon de Bordeaux, etc., avait aussi forgé Durendal ; Floberge, l’épée de Renaud ; Hauteclere, l’épée d’Olivier ; Courtain, l’épée d’Ogier ; Merveilleuse, l’épée de Doon, etc. (Cf. Veland le Forgeron, Dissertation sur une tradition du moyen âge, par Depping et F. Michel, pp. 32-46 et 80-95.) ═ b. D’après le Charlemagne de Girart d’Amiens (B. N. 778, f° 35 r° B.), l’épée Joyeuse aurait d’abord appartenu à Pépin. Ses deux bâtards, Heudri et Lanfroi, s’en étaient d’abord emparés ; mais elle fut rendue à Charles, après ses premiers exploits chez le roi Galafre (B. N. 778, f° 35 r° B.), alors qu’il venait de tuer Braimant et allait être adoubé chevalier. ═ c. Cette version est loin d’être adoptée par tous les légendaires. D’après la Cronica general de España d’Alfonse X, ce fut Galienne qui donna au jeune Charles l’épée Giosa, et elle lui avait été donnée à elle-même par le Sarrazin Braimant. Aussi, lorsque Charles engagea cette lutte terrible contre l’émir, se servit-il de Joyeuse pour conquérir Durendal : car Braimant possédait alors la fameuse « Durendarte », et il en porta tout d’abord un rude coup à son jeune adversaire. Mais Charles ne se déconcerta point et coupa, d’un coup de Joyeuse, le bras droit du païen, qui prit la fuite. « Et l’enfant Charles descendit de cheval, et prit l’épée Durendal qui gisait à terre ; puis, il suivit Braimant avec les deux épées dans les mains, » et le tua. (V. l’Histoire poét. de Charlemagne, p. 237.) ═ d. Quoi qu’il en soit, Charles portait Joyeuse à son côté, quand il fit ce fameux voyage à Constantinople, dont la Karlamagnus Saga nous a conservé un récit simple et primitif (indépendamment de sa 8e branche, où elle reproduit le Voyage en vers français qui est parvenu jusqu’à nous). À la suite d’un vœu qu’il avait fait, l’empereur des Francs entreprend un pèlerinage à Jérusalem : à son retour, il passe par Constantinople et délivre le roi grec des païens envahisseurs. Celui-ci, pour lui témoigner sa reconnaissance, lui offre les reliques de la Passion, et notamment le fer de la lance dont Notre-Seigneur avait été percé sur la croix. (Bibl. de l’École des Chartes, XXV, 102, Analyse de la Karlamagnus Saga, par G. Paris.) Et c’est alors que Charles mit cette très-précieuse relique dans le pommeau de son épée. ═ e. C’est alors aussi (suivant la Karlamagnus Saga, l. I. et la Chanson de Roland, v. 2508) qu’il donna à son épée le nom de Joyeuse. (Giovise, dans la Saga ; Joiuse, dans le


Voir aussi

Sur ce wiki :

  1. Version numérique copiée de WikiSource :